Aventures tropicales !
Pour oublier l'hiver et la morosité ambiante ...
Je vous invite durant quelques jours à partager quotidiennement les aventures tropicales de deux skippers qui vont découvrir le paradis et l'enfer d'une île tropicale au nom si plaisant
SAINTE POÉSIE
Je mettrai à votre disposition tous les deux jours un chapitre de mon livre.
Mon cadeau de Noël !!!
Bonne lecture
ROMAN D'AVENTURES TROPICALES
héloïse shaylah
1
Ça tangue légèrement. Antoine se réveille en grommelant. Est-ce le rhum ? Le roulis ? Un peu des deux. Il ouvre les yeux, les cligne en se demandant où il peut bien se trouver. En tâtant de sa main gauche, il sent une forme chaude. Bien éveillé, il tourne la tête et aperçoit une tignasse brune frisée qui repose sur l'oreiller. En descendant son regard, il se trouve face à une forme gironde, comme il les aime, couleur pain brûlé, tiède et douce au toucher, qui réagit insensiblement à ses caresses. La mémoire lui revient. Il a passé une soirée sur le port et c'est bien sur son bateau qu'il se trouve. L'alcool qu'il a ingurgité doit aider certainement au mouvement du lit. La jolie et jeune créature qui partage sa couche, il l'a levée dans un bar où il a éclusé de nombreux verres, rhum, bière, whisky et il ne sait plus quoi encore. Son retour sur le voilier lui apparaît comme une réalité brumeuse . Il s'appuyait sur sa compagne qui l'a mené jusqu'à la grande couchette. Ce qu'il a fait ensuite ? Il ne sait trop. Ce qu'il constate, c'est que la jeune créature et lui sont nus comme des vers. De là à penser qu'ils ont conclu !
Il ferme les yeux pour rétablir l'équilibre dans sa tête, respire fort et entreprend de se lever. Plus facile à penser qu'à faire... Mais en y allant doucement et prudemment, il parvient à se dresser sur ses jambes. Il regarde autour de lui. Des vêtements épars, sa chemisette, son bermuda, son caleçon, et une petite chose en dentelle qui doit être le vêtement de sa compagne de lit.
— Tiens, se dit-il, elle ne portait rien dessous. Possible, c'est plus rapide !
Ses souvenirs n'entrent pas dans ces détails. Il s'ébroue, plus comme un vieux chien qu'il est devenu que comme un jeune chiot qu'il n'est plus depuis longtemps. La mémoire lui revient. Il se dirige d'un pas presque ferme vers le coin cuisine et entreprend de se préparer un café. Tout en entendant le liquide chaud et noir passer à travers le filtre, il se hisse sur le pont où l'air à peine frais achève de le réveiller. Le paysage est merveilleux. Il est accosté dans une marina aux eaux turquoises translucides. Peu de bateaux amarrés autour de lui. Un autre voilier et quelques bateaux dotés de gros moteurs destinés à survoler l'eau à toute vitesse pour semer les bateaux suiveurs.
En dépit du paysage féérique, ce ne sont pas vraiment des vacances. Il lui est possible de mêler les deux, mais il ne doit pas oublier l'essentiel de sa mission. Il s'étire paresseusement : pour l'instant, son boulot est d'attendre qu'on le contacte. Il n'est là que depuis trois jours. Pierre doit le rejoindre incessamment . À deux, ce sera plus facile, le bateau est suffisamment grand avec ses trois cabines. Cela fait longtemps qu'ils bourlinguent ensemble. Ils en ont connu, des aventures. Celle-ci n'est pas des plus difficiles et, pour lui, ce sera une des dernières. Encore deux ou trois voyages et ce sera bon. Pierre pense comme lui. Ne pas trop tenter le diable.
Antoine pense à sa maison construite et enfin payée. Ce voyage achèvera de lui payer la piscine et le tennis, tant réclamés par sa femme et sa fille dont les études se terminent. Il espère avec les prochaines missions lui acheter un studio où elle pourra s'installer. Lui n'a pas eu autant de confort quand il était jeune, un petit deux pièces dans une barre de banlieue qu'il partageait avec Isabelle et qu'il payait grâce à sa solde de militaire marin. Isabelle terminait ses études et faisait des petits boulots pour joindre les deux bouts. Quand elle s'est retrouvée enceinte, elle a réussi à décrocher un poste de professeur de français dans une école privée, de bonnes sœurs, où elle est finalement restée. Leur situation s'est peu à peu améliorée. Ils ont acheté un appartement plus grand dans un quartier moins populaire, puis une vieille maison , retapée pendant leurs vacances. Sa solde s’améliorait, tout comme le salaire d'Isabelle, mais il fallait tout de même faire attention. Certes, ils n'avaient pas à se plaindre. Avant même de prendre sa retraite, que l'Armée lui accorda encore jeune et en forme, il s'était dit qu'il ne pouvait pas se retirer de la vie active. Isabelle en avait pour quelques années et il ne se voyait pas en homme de maison. Il avait cherché, quelques mois, et était tombé sur cette boite de navigation qui recherchait des marins d'expérience, si possible d'anciens militaires. Il avait postulé, après tout, il avait dirigé plusieurs navires, et après quelques entretiens, on lui avait proposé un boulot de skipper sur un voilier. Il y avait un certain temps qu'il n'avait pas navigué sur des voiliers, mais il en avait une bonne expérience. Face à l'inquiétude d'Isabelle, il a répondu que c'est comme le vélo, cela ne s'oublie pas. Il a, pour se replonger dans la voile,
accompagné quelques croisières en Méditerranée et une traversée transatlantique vers les Antilles. Il a vite retrouvé son assurance, ses gestes et c'est avec plaisir qu'il a pris ses nouvelles fonctions qui consistent essentiellement à accompagner de riches oisifs dans des voyages qu'ils n'osent faire seuls. Il y a parfois un accompagnateur à bord pour les servir, les guider. Antoine et Pierre se contentent de l'aspect navigation et n'hésitent pas à demander à leurs hôtes une petite aide de temps en temps, ce qui leur donne l'impression de participer à la navigation. Le salaire est très intéressant, accompagné de primes substantielles, le tout versé sur une banque étrangère, les paiements sont réguliers. Antoine a vite pris l'habitude de ne pas trop s'interroger sur ses « invités », sans s'attarder sur le très jeune âge des demoiselles, ni sur les volutes de fumée douceâtre de certaines cigarettes ou sur les poussières blanches qui traînent sur les tables. Il faut vivre avec son temps et accepter de fermer les yeux sur quelques extravagances de ses riches clients.
La place est bonne et il y a entraîné Pierre, son ami de toujours, avec qui il a partagé l'armée et tant d'aventures. Il ne lui a pas caché grand-chose des voyages qu'on leur demande d'accompagner, ce qui n'encombre pas Pierre, à la recherche lui aussi d'un complément à sa retraite qu'il considère comme insuffisante pour payer les pensions alimentaires auxquelles ses deux divorces le contraignent, et vivre aisément, sans trop compter ses dépenses. Ils ont tellement vécu d'horreurs durant leurs missions militaires qu'ils ne s'offusquent pas de ce qu'ils voient.
Mais cette mission-là est un peu différente, comme les deux ou trois précédentes d'ailleurs, très, très bien payées. Peut-être même qu'ils pourront s'arrêter après !
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