samedi 18 janvier 2020

HAÏTI, L'HISPANIOLA OUBLIÉE

En hommage aux centaines de milliers de victimes du séisme d'Haïti et aux millions d'habitants dont le chaos est toujours la vie quotidienne,
À cette portion de l'île d'Hispaniola oubliée de tous sauf des narcotrafiquants et des voleurs et escrocs de tous bords,
Une nouvelle déjà publiée mais qui, peut-être, nous rappellera le malheur quotidien de ces habitants, décriés, chassés, certainement pas sans reproches, mais qui mérite de vivre ainsi en 2020 ?

L'ENFANT ET LES ROSES D'HAÏTI

    Je suis né il y a 13 ou 14 ans .Bien sûr, je ne m'en rappelle plus , mais les autres non plus . Il n'y a que la facture de l'hôpital qui soit là pour se souvenir de ma date de naissance . Ma mère doit l'avoir peut-être quelque part , cette facture , mais moi je n'ai plus ma mère.

    En fait , pour moi ,même si je n'en ai aucun souvenir , ma naissance , je considère que c'est mon arrivée dans les bras de celle que j'appelle maman.Je devais avoir 2 ou 3 mois . Mon père avait plusieurs femmes . Mais ça , c'est courant et c'est finalement moins hypocrite que dans d'autres sociétés . Tout le monde le sait , les femmes , les hommes bien sûr , les enfants le savent. Et ça ne nous traumatise pas.On n'a guère le droit au luxe des traumatismes psychologiques .

    Donc , mon père , certes polygame mais réaliste , a décidé que ma vraie mère , celle qui m'a donné naissance , n'était pas faite pour s'occuper de moi . Il devait avoir ses raisons . Il m' a donc confié à une autre de ses compagnes . Pas plus riche que les autres , pas plus favorisée . Elle a pris comme son enfant le petit bébé que mon père lui apportait . C'est elle , ma mère .
    Ce qui est drôle , c'est que moi , je connais l'histoire de ma naissance .Pour moi, ce n'est pas un drame mais au contraire une chance que d'avoir eu cette femme comme vraie mère .Elle pense que je ne connais pas la réalité et elle s'est toujours acharnée à me la cacher . Jamais elle ne m'a dit que je n'étais pas son fils . Quand elle a eu d'autres enfants , il n' y a eu aucune différence avec mes frères et soeurs , ni dans les câlins , ni dans la gentillesse , ni dans la nourriture ...quand il y en avait .
    On ne vivait pas dans notre pays  , mais cependant dans la même île  . Il est vrai que c'était parfois un peu compliqué .   
D'abord , pour la langue .
    Chez moi , on parlait créole , avec mon père , ma mère , mes frères et soeurs , mes cousins , cousines , oncles et tantes et tous les autres haïtiens de la communauté .
    A l'école , car mon père nous avait inscrit dans une école haïtienne , on parlait français avec le maître , un vieil instituteur qui essayait de nous enseigner le français , puisque c'est la langue officielle de Haïti . Il le faisait très consciencieusement , avec les moyens qu'il avait et qui étaient très sommaires : quelques vieux livres , quelques cahiers . De temps en temps , de jeunes étudiants haïtiens passaient et nous donnaient quelques cours , puis ils repartaient vers d'autres lieux : ils nous parlaient d'universités étrangères , de grandes villes d'Europe ou des Etats-Unis ... Bref , ils nous faisaient un peu rêver ...ça ne fait jamais de mal , le rêve ..Le problème , c'est quand  ça vous envahit .  ll vaut mieux éviter  ou se donner les moyens de les réaliser.Pas toujours facile pour nous , même en le souhaitant très fort.
 Donc , on parlait un peu le français , que l'on apprenait aussi à lire et à écrire . Mon père voulait que l'on fasse des études , plus tard .Lui savait lire et écrire , pas ma mère , et il disait qu'à Haïti , c'était une des choses qui fonctionnait le mieux , l'école . De toutes les façons , c'était la seule école que l'on pouvait fréquenter parce que , sans papiers officiels  , on ne pouvait pas être inscrit ailleurs . Là , au moins , on était tous dans le même cas .
    Et il y avait une troisième langue que l'on parlait , dans la rue , avec nos copains , avec les voisins , avec les commerçants : c'était l'espagnol , c'était , je  crois , la langue que je pratiquais le mieux . C'était celle dont j'avais le plus besoin pour m'amuser avec les gamins de mon âge ! et j'en avais des copains ! O h , c'est vrai , on n'avait pas de jouets , ou très peu , mais on s'en fabriquait avec des branches , du caoutchouc , des objets que l'on récupérait .Et on s'amusait bien ,la plage était tout à côté ,  on faisait des bêtises comme tous les autres enfants , de temps en temps , on se faisait attraper par un adulte ,mais on recommençait ! comme tous les enfants ! On était très solidaires .
    Après la langue et l'école , l'autre problème , c'était le logement et la nourriture . Mais je reconnais que mes parents se débrouillaient assez bien . Ils travaillaient tous les deux , de façon assez régulière , le plus souvent dans les hôtels fréquentés par de nombreux touristes ou dans les maisons des étrangers qui les employaient comme femme de ménage ou jardinier . D'ailleurs , mon père était jardinier  le plus souvent , même s'il a exercé d'autres métiers , comme manoeuvre ou maçon ou gardien .Mais son principal métier , c'était jardinier .C'est lui qui m'a fait découvrir les fleurs et en particulier les roses .Ce n'est pas une fleur très courante sous nos latitudes mais pourtant c'est une plante robuste qui pousse assez facilement et surtout qui fournit des fleurs colorées à toute saison (il paraît que c'est différent dans les pays froids ) Mais , ici , les roses fleurissent toute l'année . Je ne sais pas pourquoi , c'est devenu ma fleur préférée .Et oui , moi , un garçon , j'aimais une fleur .Mon père a ramené des boutures de rosiers d'un jardin qu'il entretenait et les a plantées.Plusieurs rosiers ont alors poussé dans notre jardin .Car nous avons un jardin .En fait , nous occupons une maison en construction sur la plage . Non , on ne la squatte pas , mon père s'en occupe , il en est le gardien : c'est nous qui empêchons  d'éventuels squatters de s'y installer ! D'accord , on est nombreux car mon père a plusieurs cousins qui sont venus nous rejoindre  . Moyennant un petit loyer , ils vivent là .Normal , le petit loyer , c'est mon père qui est responsable . Et puis , on leur offre un toit , c'est important quand il pleut , on a un accès à l'électricité , un petit branchement qui fonctionne évidemment quand il y a de l'électricité , on a de l'eau , et on est au bord de la plage .Il y a bien pire ! Donc , mon père a aménagé un petit jardin avec des boutures de plantes qu'il a prélevées ailleurs ou qu'il a cueillies dans la campagne .Tout pousse facilement ici , on a des bananes (cela évite d'en acheter  et on en consomme beaucoup , sous toutes les formes , cuites , frites , crues  ), des papayes , on a même quelques pommes de terre et des poules .Bon , ça , ça ne pousse pas mais c'est bien pratique à manger de temps en temps ...et , en plus  , on a aussi quelques oeufs !
    Mais moi , ce que je préfère , ce sont les rosiers .J'aime les regarder , toucher les pétales des fleurs en faisant attention à la tige parce que c'est rempli de piquants . Mon maître , à l'école , m'a  dit que les roses exhalaient un délicieux parfum . J'ai essayé de les sentir , les nôtres , mais , le parfum est très léger , encore que , en reniflant très fort , on peut en sentir l'odeur un peu sucrée. D'ailleurs , cela fait bien rire mes copains quand ils me voient sentir les roses . Ils me demandent si je suis enrhumé !
    Moi , les roses , ça me fait rêver , voyager loin , très loin .C'est mieux que sniffer de la colle ou de la poudre . J' ai interrogé  mon instituteur . C'est vrai qu' il est souvent ma référence , il connaît beaucoup de choses  .
Parfois,je m'adresse au curé qui nous aide pour certaines démarches administratives . Je me suis dit que , pour les roses , il valait mieux demander au vieux maître . Le curé allait encore me parler de la création du monde , du jardin d'Eden , du Paradis , d'Adam et d'Ève ...Moi,je voulais juste parler des roses et je n'avais pas envie d'un cours de catéchisme.Une fois , cependant , j'ai apporté des roses à l'église , pour Noël . Cela a fait plaisir à maman et au curé.
     Mon vieil instituteur m'a donc raconté , en réponse à mes questions sur les rosiers ,que , dans de très lointains pays , les roses poussaient par centaines, tiens , un peu comme les palmiers et les bananiers chez nous .L'air y est parfumé par leur senteur comme dans un conte de fée .  Il m' a d'ailleurs prêté un de ses livres , un vieux bouquin qu'il m'a confié précieusement comme si c'était un trésor . J'ai apprécié son geste car il n'a pas beaucoup de livres ni beaucoup d'argent pour en acheter . Il en prête  rarement .  Il m'a  prêté un livre de contes que je ne connaissais pas en m'assurant que c'était un des livres plus célèbres au monde .Cela s'appelle "Les contes des Mille et une nuits ".Je lui ai même dit :"ça en fait du temps,mille et une nuits !".Cela l'a fait rire . Je ne l'ai pas tout lu , c'est bien trop long et je ne lis pas très vite . Mais j'ai bien aimé la princesse Schéhérazade , les génies , les magiciens et surtout Aladin , Ali-Baba et Sinbad le marin . Je me voyais bien en aventurier sauvant la princesse et ramenant tout un trésor !!! Cela aurait été bien ...pour ma famille et surtout ma mère ..Mais enfin , ce n'était qu'un rêve qui m'a fait du bien .Un jour , à la télévision (et oui , nous avons la télévision, comme beaucoup de pauvres ,c'est notre fenêtre ouverte sur le monde ) , j'ai reconnu les aventures d'Aladin . J'étais fière de mes connaissances ce jour - là . J'en ai parlé au maître qui m'a dit : "Tu vois , l'école sert toujours ,même pour regarder la télévision ". Je ne lui ai pas dit que tout le monde a râlé ce soir-là devant la télévision ( et nous étions nombreux )parce que j'ai raconté la fin de l'histoire avant que le film ne s'achève . J'ai compris ensuite que je leur avais ôté le plaisir de la découverte.
    Donc telle était ma vie dans la petite ville dominicaine où nous vivions , jusqu'au jour où mon père me prévint que j'allais partir vivre à Haïti . Mais pourquoi donc ? J'étais bien ici , avec mes frères et soeurs .Ils étaient plus petits que moi , je m'en occupais .Quand maman travaillait , je leur faisais la cuisine , je les gardais .J'avais mes copains , je connaissais tous les coins et recoins du village . S'il voulait , je pouvais travailler comme nombre de mes copains .Des petits boulots , il y en avait plein pour nous les  enfants . Je venais d'avoir 13 ans . J'étais grand . Je n'allais à l'école , quand elle était ouverte , que le matin . Je pouvais travailler dans un atelier , dans un super-marché , dans une maison , dans un jardin .Je pouvais même cirer des chaussures comme beaucoup d'enfants de mon âge , porter des commissions .Il y avait des tas de choses que je pouvais faire . Je ne voulais pas partir , je ne voulais pas laisser ma mère , mes frères et soeurs , ma "maison" , mes rosiers .Oui , je pensais à mes fleurs quand mon père m'annonça sa décision .
    Mais rien n'y fit , ni les larmes de ma mère , ni mes cris et protestations , ni mes propositions pour rester .
Mon père me dit qu'il voulait que j'aille à l'école à Haïti , que cela lui paraissait la seule possibilité pour moi d'étudier . J'eus beau lui dire que je ne parlais pas assez bien le français , que je voulais continuer à vivre ici . Il ne céda pas .Je pense qu'il était sincère dans sa volonté de me voir faire des études . Mais la réalité a été tout autre .
    Je suis parti avec lui , avec mes quelques affaires dans un petit sac . Ma mère y joignit un petit paquet de gâteaux , le vieil instituteur un crayon et moi , sans rien dire à personne , je coupais quelques branches de rosiers , bien décidé à les planter dans mon nouveau lieu de vie . J'avais du mal à dire mon pays car je ne m' y étais jamais rendu . Nous prîmes le car qui nous mena à Port au Prince après plus de 10 heures de voyage . Comme je n'avais pas de papiers , mon père dut glisser quelques billets pour que je puisse passer .
    Mon père avait décidé que je vivrais chez une de ses femmes qui avait trois enfants qu'on me présenta comme mes petits frères . Je me suis retrouvé dans un quartier de petites maisons de bois et de tôle qui bordaient des ruelles boueuses .A ça , j'étais habitué .
    Ce qui me changea le plus , ce fut la grande ville qui m'entourait . Deux ou trois millions de gens dans une ville à la croissance anarchique , dont la plupart des habitants survivaient sans savoir de quoi demain serait fait .
    Le problème de la nourriture était essentiel .Je connaissais ce genre de problèmes , j'avais été éduqué à faire attention depuis mon plus jeune âge .Mais nous avions toujours eu à manger , parfois moins , parfois un peu plus , mais on se débrouillait . On avait quelques fruits ou légumes dans le jardin . On ne mangeait pas souvent de la viande , le riz et les pommes de terre étaient notre quotidien avec quelques bananes , des avocats , des mangues ou des papayes suivant la saison et que l'on "trouvait" dans la campagne toute proche .En général , on n'avait pas faim .
Je fus d'abord un peu ébahi par cette métropole, mais très vite , je regrettais ma petite ville . Ma mère , mes copains , mes petits frères et soeurs  me manquaient . Mon père ne resta que quelques jours  et repartit . Il m'inscrivit avant de partir dans une école puisque c'était le but de ma nouvelle vie . Je me sentais étranger au milieu de mes nouveaux compagnons , je parlais mal le français qui était la langue d'enseignement , pas trop bien le créole et répondais souvent en espagnol  que peu comprenaient .
     La "femme de mon père " n'était pas une mauvaise femme mais elle avait bien des problèmes pour faire vivre sa maisonnée . Elle considéra vite que l'argent que mon père lui avait laissé pour moi et celui qu'il lui envoyait de temps en temps était très insuffisant . Il fallait que je travaille  pour manger tous les jours et aussi pour l'aider .
    Dès mon arrivée , j'avais planté mes boutures de rosiers devant la baraque qui nous servait de maison . Elle avait regardé avec méfiance ces tiges vertes qui , je l'avais prévenue , ne se mangeaient pas .Puis elle avait paru intéressée par les premières fleurs . Elle travaillait comme domestique dans une grande maison bourgeoise et avait eu l'idée , non désintéressée , d'apporter quelques roses , parmi les plus belles , celles que je préférais , un peu orangé , à sa patronne . Cela plut à "la dame " qui en réclama de temps en temps , quand elle avait des invités .
Elle décida donc que je vendrais mes fleurs pour payer ma contribution . Après tout , j'aurai pu avoir un travail plus difficile . Beaucoup de nos voisins envoyaient leurs enfants trier les poubelles ou travailler dans des fabriques ou dans des ateliers sombres plus de 10 heures par jour . Mon travail consistait à m'occuper de la pousse de mes rosiers et à vendre les fleurs . On a vite été obligé de mettre du fil de fer barbelé autour de notre petit bout de terrain et finalement de prendre un chien trouvé à moitié mort de faim  dans la rue . On l'attachait près de la maison pour qu'il empêche les intrus de  voler nos fleurs.A charge pour moi de le nourrir.Je fus donc obligé , comme mes petits voisins , de chercher dans les détritus qui jonchaient les sols de notre quartier de quoi nourrir le chien . Je m'attachais au chien et parfois je restais avec lui à parler en lui racontant des histoires , n'importe quoi , ce qui me passait pas la tête , juste pour avoir l'impression d'avoir un ami . Je l'appelais le gardien des roses et moi , j'étais le chef des roses . C'est ce que je lui disais : " Toi,tu es le gardien et moi ,je suis le chef !"
    Notre petit commerce de fleurs était fragile comme les roses mais nous permettait de survivre . Mais il finit par me prendre tellement de temps que je n'avais plus le temps d'aller à l'école . Il fallait soigner mes rosiers pour pouvoir vendre quelques fleurs , il y avait des jours sans fleur , d'autres avec trois ou quatre , rarement plus ;
    J'avais quelques clientes habituelles qui me les achetaient ...quand j'en avais .Il y en avait une en particulier qui travaillait dans une administration du centre-ville où j'avais compris que les roses se vendaient le mieux . Elle m'appelait le gamin aux roses .Elle n'était pas très riche , mais suffisamment pour s'offrir quelques roses pour quelques gourdes de temps en temps . Elle savait où je me tenais le plus souvent . Elle passait me voir et me disait :"Demain , mon amoureux vient chez moi . Tu pourras m'apporter quelques roses ?"
    Je me débrouillais toujours pour qu'elle en ait . Elle me donnait quelques pièces , parfois un bonbon ou un petit gâteau sec , et toujours une petite caresse sur la tête . "Tu me fais penser à mon petit frère.Il est parti vivre aux Etats-Unis avec son père.Cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu!"ajoutait-elle avec un petit air triste.
    J'avais envie de lui répondre qu'elle me faisait penser à ma mère ,mais j'avais peur de la vexer et qu'elle pense que je la trouvais vieille.Non , c'est juste qu'elle avait le même sourire et le même air gentil .Je me contentais de lui dire "Merci ".
    La vie continuait , que seuls les roses et mon chien égayait . Je me prenais à rêver d'un vrai jardin . J'avais lu qu'on appelait les jardins de roses , des roseraies.Une roseraie avec plein de fleurs que je pourrais vendre à toute la ville , enfin à tous les riches habitants de la ville.Peut-être que je pourrais même en vendre dans tout le pays , dans toute l'île et même à l'étranger,en Europe , aux Etats-Unis . Je voyais le nom de mon entreprise"Les Roses d'Haïti" , en grandes lettres , orangé ,sur mes camions , avec un magnifique dessin de rose . On a beaucoup d'artistes peintres dans notre pays . J'en trouverais un qui me fera un magnifique dessin représentant une rose aux pétales de velours si doux qu'on aurait envie de les toucher .Elle sera rouge ou jaune ou rose ...Je ne sais pas encore..
    Assis sur mon petit morceau de trottoir , là où mes clientes savent me trouver quand elles rentrent chez elles , vers 5 ou 6 heures , en fin de journée , après le travail , je rêvais quand j'entendis un grondement sourd .De la poussière , des cris ,les maisons qui tremblent , la cathédrale qui vacille , mes roses ,je n'en ai pas beaucoup aujourd'hui , j'ai une réservation ,je ne dois pas les lâcher !!!

    Plus rien , plus d'enfant aux roses ,  et au milieu des gravats , une rose ,  rescapée , posée là comme une tâche de sang .