tag:blogger.com,1999:blog-11603293478091577742024-03-14T01:16:30.138-04:00Les Femmes et L'HistoireRaconter une histoire,un conte pour éclairer la vie quotidienne,pour rêver un peu,beaucoup,parler de ce qui me tient à coeur,le Maroc,les femmes,le temps qui passe,l'histoire...Publier quelques extraits de mon livre,préparer le prochain sans se décourager!!!DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.comBlogger147125tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-76858377324035674982024-02-29T14:43:00.000-04:002024-02-29T14:43:01.396-04:00Le printemps arrive !<p> Bonsoir à tous,</p><p>Je suis peu présente en ce moment... Des soucis comme bien d'autres !</p><p>Quelques nouvelles donnent un peu de joie...</p><p>Je serai présente au salon du Livre de La Rochelle les 21 et 22 septembre. J'espère vous y rencontrer !!!</p><p> J'attends d'autres confirmations dont je vous avertirai.</p><p>Suivant les conseils d'une autrice, je présente mes manuscrits à de "prestigieuses" maisons d'édition ... ce</p><p> que je n'osais pas faire jusque-là. Après tout, qui n'ose rien n'a rien et, ne dit-on pas, que la chance sourit</p><p> aux audacieux ? Alors osons, ou plutôt j'ose... Je vous informerai des résultats🤞🏽</p><p>Plongez-vous dans les voyages et le dépaysement avec mes livres disponibles sur Amazon:</p><p><a href="https://www.amazon.fr/s?k=vietti+letoille&crid=2E6B553R1VQS4&sprefix=vietti%2Caps%2C252&ref=nb_sb_ss_ts-doa-p_1_6">https://www.amazon.fr/s?k=vietti+letoille&crid=2E6B553R1VQS4&sprefix=vietti%2Caps%2C252&ref=nb_sb_ss_ts-doa-p_1_6</a></p><p>Bonne lecture.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqFDdijTwCsHoh6BHwgLnZlQmIEgtI1Oo1Ep9lzofu6CBJhbHjrCZM_Cnrjj6Joj92NRUUMkLECUUyPeCwMrEv9piXdNt3tHZThZJ-Q3AkEENPhrsYzETSP2JTyeg3Xtl_q4ED3EL7hiyy_kaQIPF65NigkgRdm3UhUj_T6GtU-zJCpzdHvipTK3Gmwqg/s4032/IMG_1624.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqFDdijTwCsHoh6BHwgLnZlQmIEgtI1Oo1Ep9lzofu6CBJhbHjrCZM_Cnrjj6Joj92NRUUMkLECUUyPeCwMrEv9piXdNt3tHZThZJ-Q3AkEENPhrsYzETSP2JTyeg3Xtl_q4ED3EL7hiyy_kaQIPF65NigkgRdm3UhUj_T6GtU-zJCpzdHvipTK3Gmwqg/s320/IMG_1624.jpeg" width="240" /></a></div><br /><p><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-84295749477102326692024-01-20T12:02:00.002-04:002024-01-20T12:02:20.600-04:00Pour bien commencer 2024 !<p>Bonne année nouvelle à tous !</p><p>En vous souhaitant une année 2024 pleine de bonheur, de joie, de santé, de prospérité !!! Et bien sûr, beaucoup de lectures pour rêver, voyager, rire, pleurer peut-être, vivre en lisant !</p><p>Je vous propose deux extraits de livres pour vous donner envie de découvrir deux mondes littéraires différents...</p><p><br /></p><p><b><span style="color: #2b00fe;">SKIPPERS EN POÉSIE</span></b></p><p>Aux deux vieux loups de mer profitent de leur pseudo retraite sous le soleil de Caraïbes en toute confiance, la vie semble paradisiaque. De petites sorties leur permettent d'améliorer financièrement le quotidien. Ils ne s'interrogent pas sur le but de ces balades qu'ils considèrent comme anodines. Mais cela va s’avérer bien différent et douloureux !!!</p><p><a href="https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES-ebook/dp/B08CCFSJ9G/ref=sr_1_2?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1OPFLRF7FSO9C&keywords=skippers+en+poesie&qid=1705764405&sprefix=skippers+en+poesie%2Caps%2C259&sr=8-2">https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES-ebook/dp/B08CCFSJ9G/ref=sr_1_2?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1OPFLRF7FSO9C&keywords=skippers+en+poesie&qid=1705764405&sprefix=skippers+en+poesie%2Caps%2C259&sr=8-2</a></p><p><br /></p><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Antoine est seul sur le voilier. Yalisa est descendue à quai, munie de la cinquantaine de dollars pour faire quelques courses. Le bateau oscille doucement, au gré des vagues qui viennent mourir dans la marina où il est seul. Les autres bateaux sont la plupart du temps vides. Il est arrivé à leurs employeurs d'y arriver par la mer, dans des vedettes puissantes, pour y déposer les touristes et leurs bagages. Antoine attend Pierre qui doit arriver aujourd'hui d'Europe pour l'accompagner durant cette mission. Il a atterri hier sur l'île voisine, dotée d'un aéroport plus important, et doit prendre un petit coucou pour arriver à Sainte Poésie dans ce qui ressemble davantage à un aérodrome d'aéroclub qu'à un aéroport, en dépit de la grande pancarte qui le désigne « Aéroport International de Sainte Poésie ». Un bien joli nom pour une île héritée des flibustiers et des corsaires qui ont écumé (et écument toujours !) les Caraïbes. La petite île commence à développer quelques établissements touristiques destinés à de très riches clients, souvent américains, du nord ou du sud, quelques russes et très peu d'Européens. Antoine et Pierre, lors de leur symbolique résidence à Sainte Poésie, ont été invités par le gouverneur de l'île. Une invitation très formalisée, sur un carton ouvragé et remis officiellement par un policier local en grand uniforme. Ils s'y sont rendus, difficile de se soustraire à une telle cérémonie. Le buffet était coloré et appétissant, le champagne, le rhum et le whisky coulaient à flot et les hôtesses, légèrement vêtues, des plus accueillantes. Une musique caribéenne de fond rendait presque l'atmosphère irréelle.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>J'ai l'impression de me trouver dans un James Bond ! chuchota Pierre à l'oreille d'Antoine, tandis qu'une très jeune callipyge s'accrochait comme une bouée à ses épaules.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Ne te pose pas de questions et profite, lui répondit Antoine. Un rêve tropical, bien payé de surcroît, dont on aurait tort de se priver.</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Le gouverneur a été des plus chaleureux, leur a glissé sa carte avec son numéro de téléphone personnel et a précisé que l'île avait bien besoin de résidents sérieux et qu'il était prêt à accueillir leur famille s'ils le désiraient. Pierre et Antoine acquiescèrent en souriant .</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Nous n'y manquerons pas. Ce sera avec plaisir que nous ferons découvrir votre paradis à nos enfants, répliqua Pierre.</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Après la cérémonie, Antoine demanda à son ami s'il était sincère quand il prétendait accueillir en vacances ses enfants. Pierre éclata de rire.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Jamais, tu plaisantes. Une réponse de circonstance. C'est notre coin secret. Paradis ou pas, je ne sais pas, mais il n'est pas question d'y venir en famille. Trop risqué !</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Tu me vois soulagé. Risqué, dis-tu ! Tu le penses ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Je ne crois pas aux miracles. La prise me semble trop belle. Je me suis renseigné. Apparemment, tout est clean chez International Sea Transport . Mais des questions se posent. Qui et que transportons-nous ? Crois-tu qu'on nous paie si généreusement pour accompagner des croisiéristes lambdas avec leurs bagages ? Vraiment ? Nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie. Ils utilisent notre pseudo notoriété d'anciens officiers sérieux et espèrent qu'ainsi nous n'attirerons pas l'attention des autorités, pas très regardantes. Deux vieux baroudeurs, copains de toujours, qui ne veulent pas raccrocher et qui sont contents d'engraisser leurs retraites plutôt minces. Contents de reprendre la mer, de retrouver un peu de tranquillité loin de chez eux. Tu ne crois pas que ces cadeaux, ces invitations, ces greluches qui nous tombent dans les bras sont offerts sans contrepartie. Ils veulent juste que nous fermions les yeux, tout en sachant pouvoir compter sur notre expérience de vieux loups de mer. Qui pourrait soupçonner deux retraités de la Royale, aux excellents états de service ?</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Antoine réfléchit.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Je ne vais pas faire ça jusqu'à la saint Glinglin. Quand j'aurai une somme suffisamment rondelette, je m'arrêterai. Il faut que je termine les travaux dans notre maison, en ce moment la piscine et le tennis. Isabelle pourra bientôt s'arrêter et Clara finit ses études. Je compte lui acheter un petit appartement et ensuite, stop !</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Ça dépend si tu veux acheter un appartement dans le seizième à Paris ou à Monaco ou au fin fond de la campagne ! Et ta piscine, tu la veux olympique ou pour faire trempette ? répliqua Pierre en riant. Mes projets ne sont pas les mêmes, liquider mes divorces avec les prestations demandées par mes ex et leurs avocats. J'ai deux enfants et donc deux pensions alimentaires. Ma progéniture s'attarde dans ses études. Donc toi comme moi, on en a pour quelques années encore. Mais, tout ça, ils le savent !</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Ils ? De qui parles-tu ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>De nos mystérieux employeurs. Ils savent pertinemment qu'on a encore besoin d'eux pour quelque temps. Moi, tant qu'on ne nous demande pas davantage, ça me va très bien... à condition qu'il n'y ait pas un grain de sable qui grippe l'engrenage.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Tu crois qu'il y a un risque ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>On n'a rien sans rien, tu le sais. Je pense que le système est bien rôdé et que les risques sont limités, mais pas inexistants. On fait notre boulot correctement. Mine de rien, je me renseigne auprès d'anciennes relations. Pour l'instant, pas de nuages en vue, je t'assure. Je te préviendrai si j'apprends qu'il y a un problème en vue. Allez, viens, on en profite !</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Antoine a longtemps ruminé après cette conversation, un peu inquiet. Mais il sait pouvoir compter sur Pierre, qui n'est pas une tête brûlée ni un casse-cou. Si un problème se profile, ils le sauront à temps. Ils se sont souvent interrogés tant sur leurs voyageurs que sur les marchandises transportées. Ils se doutent de la limite légale de leurs transports, même si officiellement, tout est correct, passeports, visas, contrôles. Ils ont finalement opté pour une réponse qui les satisfait et leur évite de s'interroger davantage : ils pensent transporter des cigarettes de contrebande, c'est la raison pour laquelle les paquets sont si soigneusement emballés, pour éviter l'humidité. Leurs touristes, toujours très polis et discrets sur leurs affaires, doivent être de riches personnages qui veulent voyager discrètement avec leurs jeunes compagnes et débarquer en Europe sans être reconnus. Ils n'ont jamais à transporter ni marchandises ni voyageurs lors des traversées en provenance d'Europe vers la paradisiaque île de Sainte Poésie, les voyages allers se font seuls.</i></p><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Antoine s'est assoupi sur le bateau quand le bruit de pas sur le pont le réveille. Il se relève du hamac qu'ils ont installé et aperçoit une silhouette qui vient de sauter à bord. Il reconnaît la démarche décidée de Pierre, vêtu de son éternel jean et d'une chemisette blanche, mettant en valeur sa silhouette athlétique et son bronzage. Un bel homme qui ne paraît pas avoir légèrement dépassé la soixantaine. Il s'avance de sa démarche chaloupée, un sourire éclatant accroché aux lèvres.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Alors, flemmard, on bronze ? Et tout seul en plus.</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Ils partagent une franche accolade, contents de se retrouver. Ils hésitent, par prudence, de rester seuls à Sainte Poésie. Mais Pierre a été retenu en France par un rendez-vous médical et Antoine, à la demande de leurs employeurs, a du arriver quelques jours auparavant. Il ne sait pas vraiment pourquoi, car il n'a reçu ni visites, ni marchandises. Seuls quelques policiers en goguette sont passés le saluer et s'enquérir si tout allait bien, en lui demandant si son ami allait bientôt arriver. Il a répondu qu’il l'attendait incessamment. Cette réponse a paru satisfaire les militaires qui, il l'a remarqué, jetaient de loin un œil sur le voilier. Quand il a interrogé le gardien du port, celui-ci lui a répondu qu'il n'avait vu personne, et, après réception d'un petit billet vert, l'a rassuré d'un sourire en lui précisant que tout allait bien et qu'il veillait au grain.</i></p><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Antoine se sent moins seul maintenant que Pierre est arrivé. Il faut qu'il arrête d’échafauder des rêves délirants et inquiétants. Ils ne font que transporter des gens munis de toutes les autorisations et la loi ne leur impose pas de fouiller leurs bagages, aussi imposants et encombrants soient-ils. La police et la douane sont là pour ça. Tout est réglo. Mais la vieille morale judéo-chrétienne et la méfiance traditionnelle de l'armée le rendent prudent à l'excès. De l'argent trop facilement gagné, entend-il son père lui répéter, comme lorsqu'il était jeune, ce n'est pas normal. Mais c'était une autre époque ! Isabelle a paru inquiète lors de leur dernier séjour en Europe. Elle se doute sans doute de ses aventures, se dit-il, et en ressent une certaine jalousie. L'arrivée de Pierre le sort de ses pensées pessimistes. Ils vont pouvoir travailler ensemble. La perspective de leur prochaine transatlantique les réjouit. L'appel de la mer est toujours là, le plaisir de sentir le voilier répondre à leur gouvernance, le silence de la mer , le ciel et l'océan comme seuls horizons. Pierre dépose son sac et demande :</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Des nouvelles de notre prochain départ ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Rien de précis, dans les prochains jours, je suppose. Pour l'instant, ni voyageurs, ni marchandises.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Tiens donc, réplique en riant Pierre et passant la tête dans la porte de la cabine de son ami. Une nuit accompagnée... Tu ne perds pas de temps ! Où l'as-tu cachée ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Il faut bien s'occuper. Tu sais que je n'aime pas être seul quand on est au port. Je l'ai envoyée faire quelques courses au village.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Elle va pouvoir nourrir sa famille. J'espère que tu n'as pas été trop généreux. Tu as tendance à te faire avoir.</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Antoine éclate de rire.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Tu ne vas pas pleurer pour quelques dollars. Considère cela comme une bonne action. Elle va nous rapporter des fruits et des légumes frais. Il va falloir que l'on fasse quelques provisions avant de partir. Encore faut-il connaître notre date de départ et si nous aurons des touristes pour ce voyage. Les flics sont passés nous faire un petit coucou.</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Pierre s'arrête de disposer ses affaires dans la cabine et se relève brutalement.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Que veulent-ils ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Rien de précis, juste nous saluer. Ils m'ont demandé quand tu serais là.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Bizarre ! Cela ne s'est jamais produit. Tu as vu avec le gardien ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Il m'a répondu qu'il n'y a rien de spécial. Ils sont venus chercher un petit bakchich que je leur ai donné. C'est bientôt le carnaval et ils ont besoin d'argent. Il n'y pas de quoi s'inquiéter.</i></p></li></ul><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Pierre ne semble pas très convaincu et hoche la tête, dubitatif.</i></p><ul><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Ouais ! Espérons. Je les sens un peu inquiets ces derniers temps.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Qui donc ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>International Sea Transport. Leurs demandes manquent de précision. Ils ne nous ont fait jamais attendre ainsi au port. Leurs missions sont nettes et sans fioritures, date et lieu de départ et d'arrivée, nombre de voyageurs. En ce moment, c'est plus flou. Mais tu as sans doute raison, je suis inutilement inquiet.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Bon, des nouvelles de ta santé ? Que t'a dit le cardiologue ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>C'est reparti pour vingt ans encore.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Il ne t'a pas dit davantage ?</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Bof ! Doucement sur l'alcool, les gros cigares cubains et les petites beautés tropicales. La norme à notre âge, quoi. C'est certainement la même chose pour toi. On va manger sur le port. Je rêve de poisson frais. Au fait, tu as raison, je me suis habitué aux voyages en classe Affaires. J'ai dormi comme un loir et me sens en pleine forme, sans souffrir du décalage horaire. Ce sont de bons employeurs, qui nous traitent très respectueusement.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Ils ont besoin de nous.</i></p></li><li><p align="LEFT" style="margin-bottom: 0in;"><i>Et nous d'eux. Allez, on y va.</i></p></li></ul><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWQKjBURwqG8K2J1d0Y_BAgmrNHmvDrmGdQXKN4tj7j1A9NUXWt_gBv8Xzl26NlJuSIRBSHa1AjKZ36UaIfdomqVEaxJXrcypjrrD9E1i3EKk6clN1f1KAfWYztDxdFWtvxfoS3CjLIcOVvGPIyxyDZKMkNd8Og7BFQpxVBmix8FDr4ufshPuTMEZAOIk/s1600/55858640-24bc-4271-b2c6-f0fcf57216d2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="900" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWQKjBURwqG8K2J1d0Y_BAgmrNHmvDrmGdQXKN4tj7j1A9NUXWt_gBv8Xzl26NlJuSIRBSHa1AjKZ36UaIfdomqVEaxJXrcypjrrD9E1i3EKk6clN1f1KAfWYztDxdFWtvxfoS3CjLIcOVvGPIyxyDZKMkNd8Og7BFQpxVBmix8FDr4ufshPuTMEZAOIk/s320/55858640-24bc-4271-b2c6-f0fcf57216d2.jpg" width="180" /></a></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><span style="color: #741b47;">UNE GRAND-MÈRE REDOUTABLE</span><div><span style="color: #741b47;"><br /></span></div><div>Un cadre géographique et social très différent.</div><div>Les grands parents aiment leurs petits enfants. Mais l'attachement de cette grand-mère à sa petite fille disparue l'entraîne dans une vengeance presque folle mais que l'amour peut comprendre. </div><div><br /></div><div><a href="https://www.amazon.fr/UNE-GRAND-M%C3%88RE-REDOUTABLE-DOMINIQUE-VIETTI-LETOILLE-ebook/dp/B076XFJ7YM/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=5HIP6W">https://www.amazon.fr/UNE-GRAND-M%C3%88RE-REDOUTABLE-DOMINIQUE-VIETTI-LETOILLE-ebook/dp/B076XFJ7YM/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=5HIP6W</a></div><div><br /></div><div><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;">Le lendemain fut jour de grasse mâtinée. Attablés au bord de la mer et face à un copieux petit-déjeuner, nous décidâmes de visiter la ville, sa médina, un petit tour au port, avant de partir dans l’après-midi, vers le village natal de Fati. Son père m’avait recommandé d’éviter les routes de campagne, la nuit. Nous ferions donc une étape en fin de journée. Nous trouvâmes une petite auberge, un peu pompeusement nommée « Riad », tenu par un couple franco-marocain qui avait passé de nombreuses années en région parisienne avant de venir s’installer dans ce coin un peu perdu mais qui avait un certain charme. Une petite mosquée d’où cinq fois par jour, le muezzin appelait à la prière, jouxtait l'auberge.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— En fait, c’est un enregistrement, me confia l’aubergiste comme un secret. Mais ne dites rien à ma femme, je lui fais croire qu’il grimpe à chaque fois sur le minaret pour l’appel à la prière…Et je crois que ça la fait rêver. Ne la décevez pas !</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Autour de la mosquée, quelques maisons en terre et quelques échoppes auxquelles menaient des chemins de terre.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Heureusement, ou malheureusement, il n’a pas plu depuis bientôt quatre mois. Je dis heureusement parce que, avec la pluie, on a de la boue partout. Mais malheureusement, parce les cultures et les champs auraient bien besoin d’eau. Que peut-on faire sinon prier et espérer, ajouta notre hôtesse.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Si les chambres propres n’offraient qu’un confort sommaire, une ampoule centrale et des lampes à pétrole qui signifiaient que de temps en temps, l’électricité faisait défaut, des draps un peu rêches d’avoir séché sur les buissons au soleil, une couverture de laine pour les hivers qui pouvaient s’annoncer rigoureux, un petit meuble de bois brut pour poser nos valises et pas d’eau chaude, la cuisine était par contre sublime. La femme de notre hôte avait su avec génie mêler les saveurs de la cuisine marocaine, très riche, et toute la variété de la cuisine française de ses origines. Elle nous proposa en entrée une variété de salades, tomates, poivrons, citrons confits, olives parfumées. En plat principal, elle avait préparé un gigot d’agneau pour lequel elle avait mélangé les épices traditionnels comme la coriandre, le cumin, le ras el hanut (mélange d’épices) avec du safran et du thym, faisant mijoter pendant la cuisson des petites pommes de terre nouvelles qu’elle m’assura venir de son potager. J’en garde encore, des années après, un souvenir que je qualifierai de royal. Elle termina son repas en nous offrant une pastilla à la crème anglaise. Nous calâmes devant les cornes de gazelle proposées avec le thé à la menthe. Elle nous les enveloppa délicatement pour le lendemain.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Comme je la complimentais sur ses talents de cuisinière hors pair, son époux, avec un air de clown triste, me montra son ventre rebondi en affirmant :</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Quand je l’ai connu, on m’appelait le maigre ! Voyez ce que produisent trente années de mariage.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il éclata de rire.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Mais je n’en changerai pour rien au monde…Et pas uniquement pour sa cuisine, affirma-t-il en la prenant tendrement par les épaules, un geste rare dans sa tradition. Mais, comme il nous le répéta timidement: "Je l'aime"!</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Ma grand-mère m’a toujours dit qu’on gardait les hommes avec de bons petits plats ! C’est ce que j’ai fait, confirma son épouse en souriant de toutes ses rides.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>La chaleur et la tendresse que diffusait ce couple hors normes étaient un vrai bonheur. Nous restâmes deux jours de plus dans cette étape improvisée, parcourant les petites pistes environnantes ou discutant avec nos hôtes. J’en conserve un souvenir ému et, quand nous partîmes, j’avais l’impression de laisser de vieux amis.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Notre prochaine étape nous mena au village de la famille Manri, là où Fati et tous les siens étaient nés et avaient vécu avant de traverser la mer pour s’installer en France. Abdellatif avait franchi le pas le premier, quand, dans les années soixante, les usines réclamaient à grand renfort de publicité de la main d’œuvre pour leurs chaînes de fabrication, leurs fonderies, leurs mines, leurs travaux publics. C’étaient des travaux durs que l’on proposait à ces hommes qui venaient la plupart du temps en célibataires des anciennes colonies françaises. Les conditions de vie qui les attendaient en France étaient difficiles. Logés dans des foyers surpeuplés ou dans des bidonvilles, c’est avec bonheur que certains découvrirent les premiers HLM, avec des constructions en dur, de l’eau courante, du chauffage et un confort comme ils n’en avaient jamais connu. Leur intégration se faisait mal en Europe, ils vivaient en communautés, envoyaient l’essentiel de l'argent durement gagné à leur famille et au village, retournaient<span class="Apple-converted-space"> </span>chez eux chaque année, tels des pères Noël du mois d'août, date de fermeture des usines, chargés de cadeaux et ne pensaient qu’au jour où ils auraient suffisamment d’argent pour retourner finir leur vie au pays.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 0px 85px; text-align: justify;"><i><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Abdellatif avait fait partie des premiers émigrés du village. Il avait à peine dix-huit ans quand il décida de partir. Son père avait un petit lopin de terre insuffisant pour nourrir toute la famille, il était jeune, fort et se sentait le goût de l’aventure, car c’était vraiment une aventure que ces départs vers des pays inconnus, lointains (il fallait plusieurs jours de bateau), froids et avec qui les rapports restaient souvent très ambigus.</span></i></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigUPJ5Fib9-KuL0S0-efJeYHyu0Rb06C_p6pLiuQwsYPeQU9X_I6_hgnTiJdLrsf2g1tS8Xx9Y8YFqKbca-1oxiDrk_mUtq7b24ha1CvMzPhD_cbO9-xCoAxXLjqTn4So_EG394ae1uJmjFQiPHN8cs3Y_orHtbA5Nd8oIg8S_l0vDGawADe16u6Syby0/s2448/IMG_5303.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2448" data-original-width="2448" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigUPJ5Fib9-KuL0S0-efJeYHyu0Rb06C_p6pLiuQwsYPeQU9X_I6_hgnTiJdLrsf2g1tS8Xx9Y8YFqKbca-1oxiDrk_mUtq7b24ha1CvMzPhD_cbO9-xCoAxXLjqTn4So_EG394ae1uJmjFQiPHN8cs3Y_orHtbA5Nd8oIg8S_l0vDGawADe16u6Syby0/s320/IMG_5303.JPG" width="320" /></a></div><br /><i><br /></i><p></p><p><span style="font-family: courier;"><b><i>Je vous souhaite une bonne journée et de délicieuses lectures !</i></b></span></p><p><i><br /></i></p><p> <span> </span></p></div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-69485597521454289132023-08-21T11:55:00.001-04:002023-08-21T11:55:17.824-04:00<p>Un extrait de </p><p><b><i>SORAYA</i></b></p><p>pour vous donner envie de le lire</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQBGcx29oxsBkdI0laKDJieh1tzPBLirZGv8_QK-WvsbTAUu0kTnN2FLfmQ4wgixkD_-o96qCjTPXddV_C4K9hYj5V4YZ45euGDNYT1HrsIStNZyo-404R7A8dpt1FPiZPF2EvqwLgqK5ji5iFPykwQ0AvtyX9Th9zgMeBpGuQJiy7wuCfX5p-k71qGko/s3264/IMG_6591.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3264" data-original-width="2448" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQBGcx29oxsBkdI0laKDJieh1tzPBLirZGv8_QK-WvsbTAUu0kTnN2FLfmQ4wgixkD_-o96qCjTPXddV_C4K9hYj5V4YZ45euGDNYT1HrsIStNZyo-404R7A8dpt1FPiZPF2EvqwLgqK5ji5iFPykwQ0AvtyX9Th9zgMeBpGuQJiy7wuCfX5p-k71qGko/s320/IMG_6591.JPG" width="240" /></a></div><br /> <span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px;">La vie est dure sans Grand-mère. Je m’ennuie alors que j’ai de plus en plus de travail à la maison. J’apprends à cuisiner, à coudre, mais aussi à ne plus parler, à ne plus sourire. Mon grand frère va à l’école, pas moi : je suis trop jeune, et surtout, je suis une fille. Ma belle-mère, qui ne sait ni lire ni écrire, ne voit pas l’utilité pour moi d’aller à l’école. Papa insiste bien, mais il n’a plus le soutien de sa mère pour résister et se réfugie dans le silence, restant aux champs le plus longtemps possible, y partant très tôt le matin, rentrant tard le soir. Mon frère me fait remarquer qu’il a recommencé à dormir dans le même lit que sa femme.</span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-indent: 35.4px;">— Bientôt, elle va encore se retrouver enceinte. Cela va être encore le cirque, tu verras.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Moi, je pense que ce serait plutôt bien, un petit bébé dans la maison. La vie sera moins triste et tout pourra recommencer, un peu, même sans Grand-mère. J’ai toujours aimé les bébés.</p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-indent: 35.4px;">— Tu ne comprends rien. Elle va essayer de se débarrasser de nous.</p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-indent: 35.4px;">— Papa nous aime. Il nous défendra.</p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-indent: 35.4px;">— Elle est plus maligne qu’il n’y paraît. Et papa est faible. Il recherche la paix et la tranquillité. Il a connu trop de malheurs et préfère laisser faire.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Je proteste vigoureusement.</p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-indent: 35.4px;">— Papa nous aime, comme maman et Grand-mère nous aimaient. Il nous protègera et, j'en suis sûre, n’acceptera pas qu’elle nous fasse du mal.</p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-indent: 35.4px;">—Il ne se rendra pas compte. Elle le persuadera d'agir pour notre bien.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Les prévisions pessimistes de mon frère vont très vite s’avérer réelles : notre belle-mère est enceinte. Dès le début de sa grossesse, elle nous avertit qu’elle doit se reposer, ce qui signifie qu’elle ne fait plus rien, passant la journée allongée, à nous donner des ordres. Parfois, elle empêche mon frère d’aller à l’école, prétextant qu’elle a besoin de lui à la maison. C’est avec beaucoup de mauvaise grâce qu’il se plie à ses ordres. Il s’en plaint à papa qui excuse sa femme et parfois l’envoie tout de même à l’école. Pour moi, pas de problème semblable puisque je ne vais pas à l’école. Je nettoie, je cuisine, je lave, je vais chercher l’eau, j’obéis. Elle est loin, l’insouciance de ma petite enfance, et je n’ai que huit ans !<span class="Apple-converted-space"> </span>Plus le ventre de ma belle-mère s’arrondit, plus elle devient autoritaire.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Despotique, dit mon frère, qui a appris le mot dans son livre d’école.<span class="Apple-converted-space"> </span></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il m’explique ce que cela signifie et je comprends vite le sens de ce mot que j’aurai l’occasion de subir si souvent durant ma vie.<span class="Apple-converted-space"> </span></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Alors que le terme de sa grossesse approche, elle commence à nous regarder bizarrement, c’est du moins l’impression que nous avons.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Faisons attention, elle nous prépare quelque chose, m’avertit mon frère. Je le sens. Mais quoi ?</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>De longs conciliabules ont lieu avec sa mère et les femmes de sa famille qui se taisent quand nous approchons. Mon frère essaie d’en parler à mon père qui nous assure qu’il n’en est rien, que c’est simplement son état qui la rend irascible, qu’elle a encore le souvenir traumatisant de la mort des bébés. Il promet de se montrer vigilant et garantit qu’il nous aime et nous protégera dans toutes les circonstances.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Je surprends un jour, c’est à cette époque que j’ai appris à écouter aux portes, à m’approcher sans bruit, et là, j’entends l’expression « enfants porte-malheur ». Je comprends qu’il s’agit de nous. Toutes ces bonnes femmes superstitieuses sont persuadées que nous sommes responsables de la fausse-couche de notre belle-mère. Il est toujours tellement facile d’accuser les autres d’être responsables de nos malheurs ! Il faut qu’elle nous écarte avant la naissance du bébé. Elles réfléchissent toutes à la solution. Laquelle y a songé la première ? <span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>C’est maintenant sans importance. Toujours est-il que, quelques jours après cette conversation, notre belle-mère redevient aimable, nous sourit. Je révèle alors ma découverte à mon frère qui est aussitôt sur ses gardes.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Méfions-nous, ça sent le coup fourré.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Mais, non, elle va bientôt avoir son bébé, tout s’est bien passé jusqu’à présent. Elle est plus tranquille.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Tu es vraiment trop naïve ! Une vraie gourde. J’espère que tu changeras un jour. Je te dis qu’elle va nous jouer un sale tour.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>On y a réfléchi, mais jamais, au grand jamais, on a pensé à ce qu’elle nous a concocté.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Un matin, la voilà, à la fois souriante et embarrassée. Elle s’adresse à mon père :</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Je suis contente. Tout semble bien se passer cette fois-ci. Comme la naissance approche, ma famille va venir de la ville. Ils ont des enfants. Ce sera une compagnie pour les deux nôtres.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>C’est bien la première fois qu’elle parle de nous ainsi. La proximité de sa propre maternité, peut-être! C'est ce à quoi papa a sans doute songé !</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Mon frère et moi restons méfiants, mais nous sommes aussi très contents d’avoir de la visite. La maison est si triste. Et c’est avec un certain plaisir que nous voyons débarquer quelques jours après, d’une vieille camionnette, toute une smala d’adultes et d’enfants bruyants, qui ont les bras chargés de menus cadeaux, qui nous embrassent et nous complimentent et qui font éclater leurs rires et leur bonne humeur dans tout le village. Les enfants découvrent avec nous la campagne, les bois, les fermes, les animaux. Les filles partagent avec moi la corvée d’eau qui n’en est plus une, mais l’occasion de rire, de chanter, de jouer.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Le père est chauffeur de taxi, la mère s’occupe de la maison et de sa nombreuse nichée et fait des travaux de couture pour les gens. Leur vie paraît harmonieuse, ponctuée de cris et de rires, pleine d’une joie de vivre que nous avons oubliée. La mère prend la maison en main, qui résonne à nouveau de cris, qui embaume de bonnes odeurs de cuisine. La vie est revenue et papa apprécie les discussions avec le cousin, un homme actif, qui a voyagé et qui, de plus, accepte de l’aider aux champs. Volubile, il a toujours des histoires à raconter qui souvent se terminent par de grandes claques sur ses cuisses ou sur les épaules de son interlocuteur, accompagnées de rires sonores. Notre belle-mère se détend, comme rassurée. Toujours méfiant, tout en appréciant la présence de camarades de son âge, mon frère me tient en haleine.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Je me demande où elle veut en venir. Il y a quelque chose qui va nous tomber sur la tête.<span class="Apple-converted-space"> </span></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il a raison. Les jours passent, harmonieux en apparence. On attend l’arrivée du bébé. La cousine de la ville régit la maisonnée avec une certaine autorité. Elle a eu de nombreux enfants et a aidé de nombreuses femmes à accoucher. Elle fait nettoyer la pièce où le bébé doit naître, demande du linge propre et prépare de la tisane qu’elle fait boire à la future maman, pour la calmer, dit-elle. Mon père ne semble pas inquiet et continue à écouter les récits bruyants du cousin qui lui assure qu’une naissance est une affaire naturelle et féminine. Sa femme en a eu tant, sans problème !</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>En effet, le bébé naît, sans trop de problèmes, même si le travail a duré plusieurs heures. Il est très sage. Je le trouve mignon. Après tout il est mon petit frère. Les cousins parlent de repartir.</p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><a href="https://www.amazon.fr/BONHEUR-QUAND-EST-L%C3%80-ebook/dp/B07L9FL63K/ref=sr_1_1?crid=17EDV4EONBTAT&keywords=vietti+letoille&qid=1692633232&sprefix=viett">https://www.amazon.fr/BONHEUR-QUAND-EST-L%C3%80-ebook/dp/B07L9FL63K/ref=sr_1_1?crid=17EDV4EONBTAT&keywords=vietti+letoille&qid=1692633232&sprefix=viett</a><br /></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #6aa84f;">BONNE LECTURE !</span></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-4168230376212985712023-08-04T06:00:00.001-04:002023-08-04T06:00:23.702-04:00Maladies rares et invisibles<p> La maladie est difficile à vivre, surtout quand il s'agit d'une maladie rare, que la plupart des généralistes ignorent et que la mienne qualifie de "psychosomatique", me taxant presque d'hypocondriaque. Mes très nombreuses hospitalisations et mon suivi par un centre très spécialisé ne lui semblent pas convaincants ! J'ai même eu un médecin qui m'a "accusée" d'être, avec les nombreux examens effectués à l’hôpital, responsable, avec des gens comme moi, des problèmes financiers de la sécurité sociale... Il est vrai qu'une opération de l’hypophyse et des traitements permanents depuis plus de dix-huit ans ne sont effectués que pour le plaisir !</p><p>Une maladie rare et inconnue qui ne se voit pas, n'est pas, pour bien des gens, une "vraie"maladie, surtout quand, en plus, elle fait grossir ! </p><p>"Fais donc un régime!!! Bouge-toi !!!"</p><p> Que n'ai-je entendu ? J'ai laissé tomber l'explication, je vis avec ma maladie (tiens, je me l'approprie!), ses symptômes, la fatigue permanente, les douleurs et la dépression, sans parler des kilos... Je sais que c'est une maladie qui ne se guérit pas, elle peut rester sous-jacente, se "cacher" quelque temps, et puis elle ressurgit, triomphante, avec ses déformations physiques, ses troubles tant physiques que psychologiques, sa fatigue , ses douleurs ...</p><p>J'ai souvent envie de mettre un point final à tout cela.</p><p>Cette maladie s'appelle la maladie de Cushing, à laquelle s'ajoute, depuis peu, à la suite de la prise d'un médicament destiné à essayer de la combattre, une insuffisance surrénalienne.</p><p>Les deux conjuguées, c'est difficile. Et si j'arrêtais tout, me délivrant et délivrant mon entourage... </p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-84514238301570170442022-12-02T13:22:00.001-04:002022-12-02T13:22:51.334-04:00<p><i><u></u></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><u><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWESFbpUICvZuxV60q54jwAodPDWE-eh7_3n91X1KLzIoh2Bj8QB0qh6OTkMz_MlK0GUK2VM22fNY47aq6VQ508tygmfc56Do6BkoGnRVgVyD7_sabSDt4uojTzAjMBBN9-nYtqlKt9IZTl3tevNPjHMTlIaKkhheHtehSrlO-TyWdyOnXJRKHH6Z4/s567/9782492598036_AUT.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="378" data-original-width="567" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWESFbpUICvZuxV60q54jwAodPDWE-eh7_3n91X1KLzIoh2Bj8QB0qh6OTkMz_MlK0GUK2VM22fNY47aq6VQ508tygmfc56Do6BkoGnRVgVyD7_sabSDt4uojTzAjMBBN9-nYtqlKt9IZTl3tevNPjHMTlIaKkhheHtehSrlO-TyWdyOnXJRKHH6Z4/s320/9782492598036_AUT.jpg" width="320" /></a></u></i></div><i><u><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje1kIXnBuKn1YZyj3l1SM5dIbs4ABdPiF6r2aoLbVx__s01TAJg_6clINbT384FumTY1V6uoSYlctV5Jd_SjhEGq_f6GSz9Icn8k5UmPsn7o4fyAc1PO-Gsbu_CMaF5oSZ2g7p6p-j6fkMy39unCMJflSj1o2QPLxz4x3reehnoeehouRL2BoE6VOv/s236/timbre%202_2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="236" data-original-width="236" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje1kIXnBuKn1YZyj3l1SM5dIbs4ABdPiF6r2aoLbVx__s01TAJg_6clINbT384FumTY1V6uoSYlctV5Jd_SjhEGq_f6GSz9Icn8k5UmPsn7o4fyAc1PO-Gsbu_CMaF5oSZ2g7p6p-j6fkMy39unCMJflSj1o2QPLxz4x3reehnoeehouRL2BoE6VOv/s1600/timbre%202_2.jpg" width="236" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5WfESZo1YOG1rlx6bwTr7lndHbt0rPjK0HiynHYtA-P_zHJdR7Y95HhizdPFhjLCb_WblWRCQuv3eLump57NLyaKVWrx2OB5kajs6GMPsgl8plaPLx3HIUtMxG36rh-cHzkxbroXgsGw3BwurzOQoS2uEgmBxrY_KpofM-4Ww62tCWeWW0nAZzgOn/s640/CP%20Nonna%20des%20sources.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="455" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5WfESZo1YOG1rlx6bwTr7lndHbt0rPjK0HiynHYtA-P_zHJdR7Y95HhizdPFhjLCb_WblWRCQuv3eLump57NLyaKVWrx2OB5kajs6GMPsgl8plaPLx3HIUtMxG36rh-cHzkxbroXgsGw3BwurzOQoS2uEgmBxrY_KpofM-4Ww62tCWeWW0nAZzgOn/s320/CP%20Nonna%20des%20sources.jpeg" width="228" /></a></div><br /><br />NONNA DES SOURCES</u></i><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrC0mqz9BwqhZWQBO2GVUorY6uicPJQRoJVgR-3WbO5s4IPfkIwD5A-BhmUpTkxUbPB2gALplKrKa-BadWQwEincoK8UcZhg6xEtbLgCpON2mhqHsURdPSRXE5EFSk8gzOO3Vt4jWg7nWmE0NhZ0eKCUF0vz3CdgF97QeJvlbi85vjz78u5c72FbxZ/s640/de%CC%81dicace%20DVL.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="452" height="348" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrC0mqz9BwqhZWQBO2GVUorY6uicPJQRoJVgR-3WbO5s4IPfkIwD5A-BhmUpTkxUbPB2gALplKrKa-BadWQwEincoK8UcZhg6xEtbLgCpON2mhqHsURdPSRXE5EFSk8gzOO3Vt4jWg7nWmE0NhZ0eKCUF0vz3CdgF97QeJvlbi85vjz78u5c72FbxZ/w246-h348/de%CC%81dicace%20DVL.jpeg" width="246" /></a></div><p></p><p>Pour ceux qui habitent dans l'Orne, près de L'Aigle, j'aurai le plaisir de vous retrouver le samedi 3</p><p> décembre au centre culturel Leclerc de L'Aigle pour vous présenter mon livre qui a gagné un prix</p><p> littéraire au Salon du Livre de Buzet sur Baïze .</p><p>NONNA DES SOURCES</p><p>Je le vous dédicacerai, nous pourrons en discuter.</p><p>Quelques images et documents pour vous donner envie de le lire et de vous évader !!!</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfn7v2kZ6WwNCGrVdzWWldNbxUvBCMXUQI_mq1GSXx_loRCMj8NjODNefjbxBdkpjXjBtsHPtMKHY-XG8TsIrakHPZLpVXr2rJdhEdk62qadB-C2na86Rphq6ajtw5Uxe0GFKqVHRGXJkIf5NK5N6jyx23T8ssURO__pU6j4vRjfqY6r9hmfcjghMa/s640/CP%20Nonna%20des%20sources%20(1).jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="455" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfn7v2kZ6WwNCGrVdzWWldNbxUvBCMXUQI_mq1GSXx_loRCMj8NjODNefjbxBdkpjXjBtsHPtMKHY-XG8TsIrakHPZLpVXr2rJdhEdk62qadB-C2na86Rphq6ajtw5Uxe0GFKqVHRGXJkIf5NK5N6jyx23T8ssURO__pU6j4vRjfqY6r9hmfcjghMa/s320/CP%20Nonna%20des%20sources%20(1).jpeg" width="228" /></a></div><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4TyO3kMPwADlLIe9QzT1C1Mhd4Wq_-WNr5OMvTQ74YGrspTpyd1L-M0g4AQ4Ze6ucoID3Y8jPKaF-t7_Mw4-69td8nfKGP6nXGWeUgg-MRhboQbh6cOJTpQEDtBXLg4ETd1fiQGKbB5gYPNKHvDviajQ5NpV4ovs0o2sqm37CbA6dCUl5M_J656VB/s640/9782492598036_1_75.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="446" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4TyO3kMPwADlLIe9QzT1C1Mhd4Wq_-WNr5OMvTQ74YGrspTpyd1L-M0g4AQ4Ze6ucoID3Y8jPKaF-t7_Mw4-69td8nfKGP6nXGWeUgg-MRhboQbh6cOJTpQEDtBXLg4ETd1fiQGKbB5gYPNKHvDviajQ5NpV4ovs0o2sqm37CbA6dCUl5M_J656VB/s320/9782492598036_1_75.jpeg" width="223" /></a></div><br /><p><br /></p><p><br /></p><p> </p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-64196524838286044272022-10-26T12:21:00.001-04:002022-10-26T12:21:28.848-04:00<p> BIZARRE ?</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNbX8PVOoi_lM8zctwncfzDkeiNR3QVfome2ObFuX1YrWiYwM64Hg3mbeDINNGPtkaaBFlT4N2STgy8EOumpQi8YNdHZb6R-CGGsAp5ib92I0fa2GoQa424rpvv4etMVaXuoR6fYAYplJkPys6KTxXEiVdMY6TZEV6cCCwdg5y37rK4t9v78bMMqc0/s2835/IMG_9174%202.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2835" data-original-width="1978" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNbX8PVOoi_lM8zctwncfzDkeiNR3QVfome2ObFuX1YrWiYwM64Hg3mbeDINNGPtkaaBFlT4N2STgy8EOumpQi8YNdHZb6R-CGGsAp5ib92I0fa2GoQa424rpvv4etMVaXuoR6fYAYplJkPys6KTxXEiVdMY6TZEV6cCCwdg5y37rK4t9v78bMMqc0/s320/IMG_9174%202.JPG" width="223" /></a></div><br /><p><br /></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;">Elle avance en se dépêchant, avec cette satanée pluie qui lui donne l'impression d'être transpercée jusqu'aux os. Elle n'a pas de parapluie, comme d'habitude. Elle les perd tout le temps, ou ils se cassent. Elle trouve ça tellement gênant pour se déplacer ! On accroche les gens, ou les autres parapluies, il faut soulever le parapluie ou le mettre de côté, s'excuser quand on heurte les passants.Encore que sa grande taille lui permette de passer plus facilement que les petites mamies et leurs ombrelles dont on a l'impression parfois qu'elles comptent s'en servir comme d'une arme.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Ce matin, redoutant la pluie et écoutant les prévisions météorologiques qui pour une fois ne se sont pas trompées, elle s'est prudemment vêtue d'un long ciré rouge qui, avec sa capuche, la protège tant bien que mal. Il n'empêche que la pluie est si dense qu'elle semble s'immiscer même sous le vêtement imperméable.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il lui tarde de retrouver la chaleur et l'intimité de son appartement. Elle n'a pas de courses à faire, son réfrigérateur et son congélateur sont bien pourvus de toutes sortes de denrées qu'elle aime. Elle s'imagine déjà sous une douche chaude, puis confortablement installée dans son canapé de cuir,<span class="Apple-converted-space"> </span>son plateau de sushis et de fruits sur la table basse, hésitant entre regarder un film à la télévision ou se plonger dans sa liseuse pour y choisir un bon livre. Elle vient de terminer une étude sur le bouddhisme contemporain et a bien envie de se choisir un bon polar. Elle y pense tout en luttant contre l'eau qui inonde son visage.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Je me demande si mon maquillage waterproof a résisté. C'est une façon de le tester !</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Plus que deux ou trois cents mètres. Le porche de son confortable immeuble est en vue, enfin. Il y a un mois qu'elle a arrêté de fumer. Ce soir, va - t - elle avoir le courage de poursuivre ou va - t - elle, comme elle l'a fait pendant des années, allumer une cigarette, après avoir ôté son imperméable et ses bottes ? Il faut qu'elle tienne, même si l'envie de fumer est très forte après une journée comme celle-là. Elle se promet un voyage au bout d'un trimestre d'abstinence sans tabac. Au bureau, sa secrétaire assure qu'elle a un teint beaucoup plus clair. Elle essaie une ou deux fois par semaine de nager une vingtaine de longueurs de bassin dans la piscine de son club sportif où son coach lui affirme, entre deux séances d'abdo-fessiers, qu'elle n'a pas “vraiment grossi” <span class="Apple-converted-space"> </span>après son sevrage tabagique . C'est le “vraiment” qui la gêne un peu !<span class="Apple-converted-space"> </span></span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Enfin arrivée devant la porte. Le code, un clic, le lourd portail s'ouvre. Elle enjambe la marche en bois qui marque le coffrage du système de fermeture et se retrouve sous le porche, protégée des intempéries. Elle marque un arrêt devant les boîtes aux lettres. Quelques pubs, un petit mot de la concierge lui signifiant qu'elle a déposé un colis chez elle. Quelle commande a - t - elle faite, récemment ? Elle ne se souvient pas. Elle verra bien. Elle regarde distraitement la végétation de la cour de l'immeuble, soigneusement entretenue par le syndic, hume en passant le bosquet dégoulinant de lavande et de romarin, traverse rapidement le jardin qui constitue un luxe en plein centre-ville et pénètre dans le hall de l'immeuble. Elle hésite, ascenseur ou escaliers, comme le conseillent toutes les revues féminines et son coach ? Elle considère qu'elle a fait suffisamment d'exercices pour pouvoir emprunter l'ascenseur. Quatre étages plus haut, elle foule l'épaisse moquette beige qui conduit à son appartement et s'arrête devant la porte. Elle fouille dans son sac à la recherche de ses clés. Deux tours dans la serrure trois points et elle pousse la porte blindée dont sont équipés tous les logements.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>À peine entrée, elle s'arrête. Claire a peut-être des problèmes de myopie, bien que corrigés par une opération ophtalmique, elle craint et est très attentive aux troubles de l'audition dont souffrent de nombreux membres de sa famille, mais elle a un sens olfactif extrêmement développé. Chaque endroit, en particulier chaque maison, a son odeur, à laquelle on s'habitue et à laquelle peu de gens sont sensibles. Mais Claire sent le monde. Il y a, dès l'entrée, une odeur anormale. Une deuxième respiration lui fait reconnaître l'odeur entêtante du gaz, associée à un autre parfum, plus subtil, qui lui échappe. Elle réagit aussitôt : ne pas allumer pour ne pas risquer une étincelle. Elle se dirige dans l'obscurité dans son logement qu'elle connait bien vers la terrasse pour en ouvrir la baie. Un pouf de cuir a été déplacé, ainsi qu'une petite table qu'elle heurte. Elle parvient tout de même au balcon dont elle ouvre en grand la porte coulissante. Une bouffée d'air frais et de pluie s'engouffre dans le salon, tandis que Claire reste quelques minutes dehors à inspirer l'air humide et pollué de la ville, mais infiniment moins dangereux que le gaz. Elle bénit son idée récente d'arrêter la cigarette et n'ose imaginer ce qui se serait produit si elle était entrée en fumant, comme cela lui est arrivé si souvent.</span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle se dirige ensuite vers sa chambre où l'odeur est moins violente mais ouvre cependant la porte qui donne sur une petite véranda. Elle termine son inspection par le bureau qu'elle aère en levant le store resté fermé depuis le matin.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"><span class="Apple-converted-space"><br /></span></span></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span style="color: #660000;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><span style="color: #660000;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOtPjgn0mSG_QyOnQkwbBk5k0ozO-72GJaNyzpAzqFFZ98vbZ5dBqE1SmUZL_TUQ4erHTvh1-GbwJawxfgPrwuEU_A5IMQpCXeojF7U63wqA01b47EbQdGQnq4BnWKYw_KwrgbxPFM-EFRGKPpnkUteEHAhpd6wlfvvMQP3tAdBhrj8VHtbZfMhFA6/s3264/IMG_1092.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3264" data-original-width="2448" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOtPjgn0mSG_QyOnQkwbBk5k0ozO-72GJaNyzpAzqFFZ98vbZ5dBqE1SmUZL_TUQ4erHTvh1-GbwJawxfgPrwuEU_A5IMQpCXeojF7U63wqA01b47EbQdGQnq4BnWKYw_KwrgbxPFM-EFRGKPpnkUteEHAhpd6wlfvvMQP3tAdBhrj8VHtbZfMhFA6/s320/IMG_1092.JPG" width="240" /></a></span></i></div><i><span style="color: #660000;"><br /><span class="Apple-converted-space"><br /></span></span></i><p></p><p><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-35325643394086033272022-09-14T05:06:00.003-04:002022-09-14T05:06:55.396-04:00Une rose pour accompagner votre lecture <p><span style="color: #990000;"><u> EXTRAIT DE </u></span></p><p><span style="color: #990000;"><u>NONNA DES SOURCES</u></span></p><p>classé dans les meilleures ventes chez Leclerc,</p>
<div class="page" title="Page 163">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">Une famille recomposée, atypique mais qui partage rires et
tendresse, et qui va servir de soutien affectif à Maria, Tonio,
Paolo et Luisa qui, tout en gardant son objectivité pour les
évaluer, ne les abandonnera jamais. Andy est la figure
paternelle, de référence, le roc à qui ils se confient, qui connaît
leur fragilité et qui les aime comme ils sont, se plaît – il à le
préciser.<br />
La guerre qui endeuille l'Europe ne semble pas les concerner,
sauf, quand Ézéchiel, à peine âgé d'une vingtaine d'années,
annonce à sa mère qu'il s'engage dans l'armée des États – Unis
dont il a la nationalité par son père.Luisa est désespérée,
l'histoire va – t – elle se répéter ? Non, ce n'est pas possible!Elle
fait tout pour le dissuader, il est trop jeune, elle est seule,
l'Europe est loin, ce conflit ne les concerne pas, il peut aider les
belligérants en recueillant des réfugiés, il y en a beaucoup en
Argentine. Ils viennent d'Allemagne, font escale à Buenos Aires
pour s'y installer ou pour partir ailleurs,mais apprécieront son
aide. Andy peut l'aider à les recevoir. Ézéchiel ne veut rien
savoir. Il s'est documenté auprès de l'ambassade des États – Unis
et veut rejoindre l'armée américaine. Il a été horrifié par Pearl
Harbour et se sent autant argentin qu’étasunien. Comme son
père dont il a fait un héros, il veut défendre sa patrie et la liberté.
Ni Luisa ni Andy ne parviennent à le faire changer d'avis.
Laissant sa mère et ses grands – parents en larmes sur le quai du
port de Buenos Aires, il s'embarque pour les États – Unis où il va
rejoindre ses grands – parents paternels qu'il ne connaît
qu'épistolairement et qui sont ravis de l'accueillir. De là, il
s'engagera et s'embarquera pour l'Europe sur un de ses
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 164">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">nombreux Liberty Ship qui depuis 1943 partent pour l’Europe.
Tonio essaie de le raisonner en lui expliquant que l'Italie, leur
patrie d'origine, est engagée dans la guerre et qu'il ne faudrait
pas qu'il se retrouve à combattre ses cousins.Rien n'y fait ! Aussi
tête brûlée que son père et engagé dans ce qu'il nomme la
défense de la liberté et de la démocratie, il part. Luisa a un très
mauvais pressentiment. Elle va jusqu'à consulter des machis,
chamanes traditionnels d'Argentine. De nombreux escrocs,
attirés par la fortune de la famille Prietti, se précipitent, prêts à
déclamer ce qu'elle veut entendre. L'un d'entre eux, Jeronimo, la
regarde et la prend dans ses bras en la serrant affectueusement
sans rien dire, avant de s'éloigner. Luisa comprend que l'avenir
lui réserve bien des drames. Elle inonde les églises de la ville
d'aumônes, de prières, entreprend des pèlerinages,va jusqu'à
solliciter le rabbin de la grande synagogue Or Torah récemment
ouverte et dont le style oriental lui rappelle les églises d'origine
byzantine qu'elle a visitées en Italie.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">Ézéchiel embarque, elle reste dans l'attente de courriers, et dans
la crainte du télégramme, comme pour Harry. Ézéchiel est
heureux de lui annoncer son départ pour l'Europe. Elle suit
comme elle le peut la progression des soldats américains ,
n'hésitant pas à faire appel à toutes ses connaissances pour se
tenir au courant. Il participe à l'opération Husky de
débarquement en Sicile et en Italie. Sur la terre de ses ancêtres,
il ne peut rien lui arriver. Les oncles eux – mêmes réussissent à
lui fournir des renseignements par l'intermédiaires de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">« collègues » qui aident et profitent des américains.Les combats
se poursuivent et Lucia pense que la guerre est bientôt terminée
et qu'elle va retrouver son fils.
</span></p><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;"><br /></span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOpO4bAKiWmV7_QiMF_AS2bf-sGCzWVrsrm2G-ndyZqtdtTXjQDd_5gxXKbMLd8IxaJuMdGFs-7v7QZ0S4A2eXRDYnlN6_IZ7r0fz8FlTgD3IPZbRyCmqtzArY63rGapqL_hfVLRWR5FpVmQaxAVCkmQrWPsA_zGzk-Ce3KQnNpgwstoluh28IMsoF/s4032/IMG_9188.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOpO4bAKiWmV7_QiMF_AS2bf-sGCzWVrsrm2G-ndyZqtdtTXjQDd_5gxXKbMLd8IxaJuMdGFs-7v7QZ0S4A2eXRDYnlN6_IZ7r0fz8FlTgD3IPZbRyCmqtzArY63rGapqL_hfVLRWR5FpVmQaxAVCkmQrWPsA_zGzk-Ce3KQnNpgwstoluh28IMsoF/s320/IMG_9188.jpeg" width="240" /></a></div><br /><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">Bonne lecture et de doux moments, dont nous avons bien besoin !!!</span><p></p>
</div>
</div>
</div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-1331980207954800252022-08-21T05:42:00.000-04:002022-08-21T05:42:05.596-04:00<p> LIRE </p><p>NONNA DES SOURCES</p><p><br /></p><p>En souhaitant que cet avis de lecteur vous donnera envie de vous plonger dans la lecture de </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCy_q23jafB5LAwHr2ULMUJ3rOS7eGtc5BU6OhaO8DLJpPwmqqE-euZO0aUYw_QfMRQPBrTV6l_z4k0tDG0nXGMqGPGDcL4KYCuwD6IGZV_3RlOaxtQAh62Jm9tkaZcGQ3tcRCFUSAMCWKxr-qPsAbjikIJTe55U5FgduYx2b0r1I0N4yseFwoVGvA/s2282/2D2BB390-CC0E-40C9-AD59-28D061034F3E.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2282" data-original-width="1284" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCy_q23jafB5LAwHr2ULMUJ3rOS7eGtc5BU6OhaO8DLJpPwmqqE-euZO0aUYw_QfMRQPBrTV6l_z4k0tDG0nXGMqGPGDcL4KYCuwD6IGZV_3RlOaxtQAh62Jm9tkaZcGQ3tcRCFUSAMCWKxr-qPsAbjikIJTe55U5FgduYx2b0r1I0N4yseFwoVGvA/s320/2D2BB390-CC0E-40C9-AD59-28D061034F3E.jpg" width="180" /></a></div><br /><p></p><p><br /></p><div class="genome-widget-row" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #0f1111; display: table; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px;"><div class="profile-widget-with-avatar" style="box-sizing: border-box; display: table-cell;"><div class="a-row a-spacing-mini" data-hook="genome-widget" style="box-sizing: border-box; margin-bottom: 4px !important; width: 101.281px;"><a class="a-profile" data-a-size="small" href="https://www.amazon.fr/gp/profile/amzn1.account.AFO6YVZCVHPUJIPCKFOQ7ZFJLLPA/ref=cm_cr_dp_d_gw_tr?ie=UTF8" style="box-sizing: border-box; color: #007185; display: table; text-decoration-line: none;"><div aria-hidden="true" class="a-profile-avatar-wrapper" style="box-sizing: border-box; display: table-cell; padding-right: 9px; width: 43px;"><div class="a-profile-avatar" style="box-sizing: border-box; height: 34px; position: relative; width: 34px;"><img class="" data-src="https://images-eu.ssl-images-amazon.com/images/S/amazon-avatars-global/4e21b607-47ff-404c-9b18-e9b37121049e._CR112,0,415,415_SX48_.jpg" src="https://images-eu.ssl-images-amazon.com/images/S/amazon-avatars-global/4e21b607-47ff-404c-9b18-e9b37121049e._CR112,0,415,415_SX48_.jpg" style="border-radius: 34px; border: 2px solid rgb(255, 255, 255); box-sizing: border-box; max-width: 100%; vertical-align: top; width: 34px;" /></div></div><div class="a-profile-content" style="box-sizing: border-box; display: table-cell; min-height: 34px; vertical-align: middle;"><span class="a-profile-name" style="box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-size: 13px; line-height: 19px; position: relative; unicode-bidi: isolate;">Cassiopée</span></div></a></div></div><div class="badges-genome-widget" style="box-sizing: border-box; display: table-cell; vertical-align: middle;"><div class="a-row a-spacing-mini" style="box-sizing: border-box; margin-bottom: 4px !important; width: 224.742px;"><span class="a-letter-space" style="box-sizing: border-box; display: inline-block; width: 0.385em;"></span><span class="a-size-mini a-color-link c7yBadgeAUI c7yTopDownDashedStrike c7y-badge-text a-text-bold" style="border-bottom: 1px dashed rgb(169, 169, 169); border-top: 1px dashed rgb(169, 169, 169); box-sizing: border-box; color: rgb(0, 113, 133) !important; font-size: 12px !important; font-weight: 700 !important; letter-spacing: 0.5px; line-height: 16px !important; padding: 2px; text-transform: uppercase; white-space: nowrap;">500 PREMIERS REDACTEURS D'AVIS</span></div></div></div><div class="a-row" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px; width: 680px;"><a class="a-link-normal" href="https://www.amazon.fr/gp/customer-reviews/R1N4TSXPXFOVE5/ref=cm_cr_dp_d_rvw_ttl?ie=UTF8&ASIN=2492598039" style="box-sizing: border-box; color: #007185; text-decoration-line: none;" title="5,0 sur 5 étoiles"><i class="a-icon a-icon-star a-star-5 review-rating" data-hook="review-star-rating" style="background-image: url("https://m.media-amazon.com/images/S/sash/ZNt8quAxIfEMMky.png"); background-position: -2px -2px; background-repeat: no-repeat; background-size: 512px 512px; box-sizing: border-box; display: inline-block; height: 18px; position: relative; vertical-align: text-top; width: 80px;"><span class="a-icon-alt" style="box-sizing: border-box; clip-path: circle(0px at 50% 50%); display: block; font-size: inherit; height: 18px; left: auto; line-height: normal; opacity: 0; overflow: hidden; position: absolute; top: auto; width: 80px;">5,0 sur 5 étoiles</span></i></a><span class="a-letter-space" style="box-sizing: border-box; display: inline-block; width: 0.385em;"></span><a class="a-size-base a-link-normal review-title a-color-base review-title-content a-text-bold" data-hook="review-title" href="https://www.amazon.fr/gp/customer-reviews/R1N4TSXPXFOVE5/ref=cm_cr_dp_d_rvw_ttl?ie=UTF8&ASIN=2492598039" style="box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-weight: 700 !important; line-height: 20px !important; text-decoration-line: none;"> <span style="box-sizing: border-box;">Un beau roman !</span></a></div><p><span class="a-size-base a-color-secondary review-date" data-hook="review-date" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: rgb(86, 89, 89) !important; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px; line-height: 20px !important;">Commenté en France le 19 août 2022</span></p><div class="a-row a-spacing-mini review-data review-format-strip" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px; margin-bottom: 4px !important; width: 680px;"></div><div class="a-row a-spacing-small review-data" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px; margin-bottom: 8px !important; width: 680px;"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body" style="box-sizing: border-box; line-height: 20px !important;">Claire est directrice des relations humaines dans une grosse entreprise, elle vit seule avec son chat (en garde alterné avec son ex-mari, dont elle n’est pas divorcé, il fait traîner….). Elle aime sa liberté, son quotidien, ses amis. Son ancien conjoint aimerait reprendre la vie commune mais elle n’en a aucune envie. Ses parents vivent le plus souvent au Maroc où ils ont acheté une médina. Elle a trouvé un équilibre et ne se plaint pas.<br style="box-sizing: border-box;" />Un jour, elle reçoit un courrier d’une société de généalogie qui lui demande de la contacter au plus vite. Étonnée, surprise, dubitative, elle se décide finalement à les rencontrer. Elle va alors apprendre qu’elle peut hériter d’une lointaine aïeule. Beaucoup de questions se bousculent en elle mais bon, pourquoi ne pas creuser cette information ?<br style="box-sizing: border-box;" />À partir de là le récit va se partager entre la vie de Maria et Tonio en 1900 et Claire en 2020. Tonio est parti vers l’Amérique pour essayer de sortir sa famille de la misère, a-t-il réussi ? On se doute que oui car l’héritage susceptible de parvenir à Claire doit être assez conséquent si on la dérange pour les démarches. Mais pourquoi elle et pas sa mère ?<br style="box-sizing: border-box;" />J’ai été très agréablement surprise par ce roman. Je ne m’attendais pas à un récit aussi foisonnant et approfondi. Les chapitres alternent entre passé et présent. Nous découvrons la riche personnalité d’une ancêtre originale, qui n’avait pas froid aux yeux et qui a sans doute inspiré Claire à travers le temps et l’espace, sans qu’elle s’en rende compte (tout est dans les gènes diraient certains). L’aspect historique, les déboires dans un pays étranger, la volonté de s’en sortir, les liens qui se tissent, tout est soigneusement présenté, analysé. Et pour ici et maintenant, les questions, les hésitations, les peurs de Claire sont également exposées avec intelligence.<br style="box-sizing: border-box;" />L’auteur a une très belle écriture, elle vous plonge immédiatement dans les lieux qu’elle évoque (j’ai même pensé que cette histoire ferait un beau téléfilm). Elle ajoute un petit côté psychologique à ses personnages mais sans excès. C’est très bien dosé. Il y a du rythme car les événements se succèdent et on s’interroge sur le devenir des uns et des autres. J’ai apprécié les réflexions sur les concessions à faire pour réussir, le fait que ce ne soit ni noir ni blanc, que certains hésitent à tricher, à fréquenter ceux qu’il ne faut pas pour « se protéger », les doutes de Claire, ses angoisses face aux situations déstabilisantes, etc.<br style="box-sizing: border-box;" />J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage qui m’a captivée très rapidement. J’ai apprécié les femmes de caractère de cette histoire, de beaux portraits !</span></div><div class="a-row a-spacing-small review-data" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px; margin-bottom: 8px !important; width: 680px;"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body" style="box-sizing: border-box; line-height: 20px !important;"><br /></span></div><div class="a-row a-spacing-small review-data" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #0f1111; font-family: "Amazon Ember", Arial, sans-serif; font-size: 14px; margin-bottom: 8px !important; width: 680px;"><span class="a-size-base review-text" data-hook="review-body" style="box-sizing: border-box; line-height: 20px !important;">AGRÉABLE JOURNÉE ET BONNE LECTURE</span></div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-69828647888610822022-07-28T13:26:00.000-04:002022-07-28T13:26:02.681-04:00Pour mieux connaître NONNA DES SOURCES...<p> NONNA DES SOURCES</p><p><br /></p><p>Pour vous donner envie de suivre Claire dans ses pérégrinations et ses aventures....</p><p>Un extrait de Nonna des Sources...</p><p><br /></p><p><a href="https://www.amazon.fr/s?k=nonna+des+sources&crid=1BEZXWVO4ZZ90&sprefix=%2Caps%2C104&ref=nb_sb_ss_recent_1_0_recent">https://www.amazon.fr/s?k=nonna+des+sources&crid=1BEZXWVO4ZZ90&sprefix=%2Caps%2C104&ref=nb_sb_ss_recent_1_0_recent</a></p><p>Sur Amazon mais également dans toutes les librairies !</p><p>Je serai présente le 28 août 2022 au salon "Les écrivains chez Gonzague Saint Bris" à Chanceaux-près-Loches, près de Tours.</p><p><span style="color: #660000;"><br /></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>"Claire est engoncée dans son confortable fauteuil de cuir, les pieds reposant sur un pouf. La télévision est allumée, projetant une lumière diaphane, et le son, réduit au minimum, produit un vague bruit musical de fond. Elle réfléchit et c'est pour éviter le silence de son appartement qu'elle a gardé l'appareil allumé.</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Trop de faits inattendus se sont accumulés en si peu de temps. Elle est encore sous le choc de l'invraisemblable nouvelle de cet héritage qu'elle n'arrive pas à intégrer. Est - ce une blague ? Mais de qui et dans quel intérêt ? Si cela se révèle vrai, sa vie va être totalement bouleversée. Mais de quelle façon ? Il est vrai que, comme de nombreuses personnes, Claire a rêvé d'être riche par un extraordinaire hasard, ce qui lui arrive, actuellement. Elle a récemment lu une étude qui prouve que au-delà d'une certaine richesse, on n'est pas plus heureux. Elle a souri en se disant que cela restait à vérifier. Maintenant que la voilà au pied d'une immense richesse, elle se pose la question :</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Sera - t - elle plus heureuse ?</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle aurait envie de connaître les critères utilisés par le Bhoutan qui, dans son gouvernement et ses statistiques, intègre le bonheur. Que pourra - t - elle s'offrir qu'elle ne possède pas ? Ne plus travailler ? Pas sûr ! Elle aura à gérer des sommes colossales, de nombreuses entreprises, dont celle où elle travaille. Des milliers d'emplois, de familles, dépendront des décisions qu'elle prendra. Elle devra se méfier des gens attirés par son argent, ne plus faire confiance spontanément. S'entourer de conseillers, de domestiques pour les multiples maisons dont elle risque d'hériter... Tiens, le mot « risque » lui est venu spontanément à l'esprit. Avoir des gardes du corps, éventuellement. Mais elle va perdre sa liberté ! Cela en vaut - il le coup ?</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— C'est une réaction égoïste, lui souffle une petite voix intérieure. Donne, si tu ne veux pas garder.</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Donner ? Mais donner un trust de ce genre, c'est assurer sa faillite si les gestionnaires ne sont pas compétents, ou augmenter encore la fortune des dirigeants en place si elle leur en laisse les rênes.</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Finalement, elle était plus heureuse, certainement plus tranquille avant ce fabuleux héritage !<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il faut qu'elle se ressaisisse et, tout d'abord, aller voir sur place ce qu'il en est. Un périple que Bruno Lamberet lui a annoncé comme long, mais qu'elle doit accomplir pour se rendre compte de la situation. Elle ne veut pas faire ce voyage d'études en la seule compagnie du généalogiste. À priori, elle lui fait confiance. Il a beaucoup d'intérêt dans cette affaire, mais elle ne le connaît pas, sinon par ses propos et les dires de Céline. Il lui faut quelqu'un de confiance pour réaliser ce premier pas vers l'acceptation, ou le refus, oui, elle y songe, de ce cadeau du hasard familial.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>La première personne à laquelle elle pense, est son père. Il compte beaucoup dans sa vie. Posé, logique, affectueux, c’est un homme sensé et gentil. Elle sait bien que ce mot est considéré comme une espèce de parodie, mais la gentillesse de son père, une qualité qui n'a rien à voir avec la bêtise, mot auquel on l'assimile souvent et faussement, a toujours été un modèle dans sa vie. Il en fait un homme juste, et c'est une qualité rare. Elle sait que son père acceptera de l'accompagner, sans aucune hésitation. Mais elle s'inquiète de la fatigue que cela lui imposera. Des heures de voyage en avion,<span class="Apple-converted-space"> </span>les décalages horaires risquent d'exténuer son père dont la santé s'est fragilisée ces derniers temps. Elle sait pouvoir compter sur lui pour l'aider à prendre la décision finale, quand elle aura tous les éléments en main, mais ne veut pas qu'il en souffre physiquement. Il viendrait, elle le sait, sans penser à son bien - être, mais elle préfère ne pas le lui proposer, sans parler des problèmes que cela posera avec sa mère. Celle - ci a été éliminée de l'héritage par cet étrange testament. Il va être suffisamment compliqué de lui expliquer ce choix, sans embarrasser, ni impliquer son père.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il y a Céline. Une personne de confiance, mais pourra - t - elle être disponible ?<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Marc, son futur ex - mari ? Peut - être pas une bonne idée. Il est sorti de sa vie, même s'il semble peu disposé à le faire de façon définitive. Alors que indifférence et silence ont encombré leurs derniers mois de vie commune, il paraît maintenant regretter cette décision qu'ils ont pourtant prise ensemble. Céline lui répète que, sorti par la porte, il essaie de s'introduire par la fenêtre. Cela fait sourire Claire qui doit reconnaître que ce n'est pas si faux. On ne regrette jamais autant quelqu'un ou quelque chose que quand on l'a perdu ! Elle a retrouvé sa tranquillité dans cette séparation. Elle ne veut pas perdre cette sérénité récupérée. Même ce fabuleux héritage ne la privera pas de sa liberté enfin appréciée.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Qui reste sur la liste ? Rodolphe ! Pourquoi pas ? Elle le connaît moins bien que Céline dont il est un ami proche, mais elle le sait solide, intelligent et surtout de bon conseil économique. C'est avec lui qu'elles projettent de se rendre au prochain rendez - vous avec Bruno Lamberet, si prochaine rencontre il y a, car ce dernier semble bien pressé de régler l'affaire. Sans doute, la commission importante qu'il va recevoir, justifie son empressement. Il y a aussi ces fameux treize ans, prétend - il, qu'il ne faut pas dépasser, faute de quoi l'héritage lui échappe , et donc<span class="Apple-converted-space"> </span>sa commission de généalogiste.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle jette un vague coup d'oeil sur l'écran de la télévision qui propose un reportage sur les Terres Australes. Tiens, si elle en a envie, elle pourra y aller en croisière, ce qu'elle ne regardait pas jusque là car trop cher. Finalement, être riche offre des possibilités, à condition de faire de bons choix, rajoute - t - elle, en élevant le son du reportage qu'elle regarde jusqu'à la fin, plus pour occuper son esprit qu'avec une réelle envie d'y aller.</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="color: #660000;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>En se coulant sous sa couette, elle prend sa décision : ce sera Céline ou Rodolphe. Elle les appellera demain pour leur poser la question, d'abord sa cousine, ensuite le copain - trader. En ultime choix, s'ils sont occupés, il restera David. Claire ne sait pas s'il sera un décideur efficace, mais un compagnon de voyage agréable, sans aucun doute."</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaEUEwMjLhNSK9owu6czMNftMQhJPwDIaiDuUoFoT9eoaE278riq3mmuU0Gd_RInMqwDtktEWJZDKHsa8CeQf6Vmm6F0acyK0DShChn06SKX7R5YMs5i3H2IUhFA3OjmIysIT6AwHqQP4TxkdPLKL_R2V0lA8iN-69GQrvgZTXF40Z-aDsY4iEWrwP/s2835/IMG_9174.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;" target="_blank"><img border="0" data-original-height="2835" data-original-width="1978" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaEUEwMjLhNSK9owu6czMNftMQhJPwDIaiDuUoFoT9eoaE278riq3mmuU0Gd_RInMqwDtktEWJZDKHsa8CeQf6Vmm6F0acyK0DShChn06SKX7R5YMs5i3H2IUhFA3OjmIysIT6AwHqQP4TxkdPLKL_R2V0lA8iN-69GQrvgZTXF40Z-aDsY4iEWrwP/s320/IMG_9174.JPG" width="223" /></a></div><br /><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-31099785540903566022022-05-17T04:44:00.001-04:002022-05-17T04:44:38.476-04:00NONNA DES SOURCES !<p> NONNA DES SOURCES</p><p>Enfin paru et disponible.</p><p>Ce dernier livre, édité par les Éditions Au Pluriel, se déroule en France, en Italie, en Argentine, et s'est inspiré de mon histoire familiale, très romancée, et pourtant très présente ! C'est aussi pour cela que le Maroc y est cité, toujours si présent dans ma vie...</p><p><a href="https://www.leseditionsaupluriel.com/produit/nonna-des-sources/">https://www.leseditionsaupluriel.com/produit/nonna-des-sources/</a></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhaBXrx407VmA9vM9b9c3um-WcbCbp_EqbJLzSIFlBlvuqYWe8ogSBdJp91_N68nmnqlRETPBTkv-sHMNzVncnUWs9FaB7YDWTHEdNu1IJJXs3zG4T0vBt9uz1VlFuIQYiq8dRL01Hf6fCpBijfpiFd-yu4VgG7KRN2q3TEthCyxFs-ju_kHXCYFKMF" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="2835" data-original-width="1978" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhaBXrx407VmA9vM9b9c3um-WcbCbp_EqbJLzSIFlBlvuqYWe8ogSBdJp91_N68nmnqlRETPBTkv-sHMNzVncnUWs9FaB7YDWTHEdNu1IJJXs3zG4T0vBt9uz1VlFuIQYiq8dRL01Hf6fCpBijfpiFd-yu4VgG7KRN2q3TEthCyxFs-ju_kHXCYFKMF" width="167" /></a></div><br /><br /><p></p><p>Je vous en offre un extrait qui vous donnera, j'espère, envie de le lire dans son ensemble!</p><p><br /></p><p>" <span style="font-family: TimesNewRomanPS; font-size: 16pt; font-style: italic;">Luisa est fatiguée, fatiguée de tout gérer, de tout décider. Ses
parents vieillissent et lui laissent la gestion de leurs affaires. Sa
mère devient la grand-mère gâteau de ses deux petits – enfants et
n'est plus la femme combative qui a construit sa vie avec tant de
détermination. Son père se retire des affaires et semble décidé à
repartir finir sa vie en Italie, dans son Piémont natal qui reste
son pays de cœur.</span></p><div class="page" title="Page 160"><div class="layoutArea"><div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">Ce soir, elle va à l'opéra, avec Andy qui est un des rares en qui
elle a confiance. Elle le sait honnête, pas intéressé par sa
fortune, mais elle le sait aussi amoureux. En fait, elle y est
attachée, mais elle a aussi envie de dire qu'elle l'aime...bien.
Bien, c'est cela qui la gêne. Elle se sent apaisée avec lui, mais
cela n'a rien à voir avec la passion qui l'animait avec Harry. Une
confiance tranquille, un vrai bain de douceur ! Cette soirée à
l'opéra de Buenos Aires la ravit. Ce magnifique théâtre, inauguré
en 1908, est considéré comme une des meilleures scènes
acoustiques du monde.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">Luisa s'y prépare soigneusement. Il est loin le temps où, dans la
petite maison, Maria lui cousait avec des morceaux de tissu, les
robes que ses camarades de l'école du village lui enviaient. Loin
également, les premiers temps dans l'arrière – boutique de la
boulangerie quand sa mère ajustait ses vêtements tout en cousant
pour les femmes de la bourgeoisie portègne.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 16.000000pt; font-style: italic;">Elle a accès maintenant aux couturiers les plus fameux. Il lui
arrive de faire venir ses tenues des États – Unis et d'Europe,
quand elle ne demande pas aux créateurs de la marque de
vêtements de luxe, Malui, créée par Maria et dont elle a la
charge, de concevoir pour elle des vêtements exclusifs. Avec son
sens du commerce aiguisé, elle n'hésite pas à en faire le
mannequin et la promotion.Ce soir, elle se décide pour une robe
en organza jaune pâle qui met en valeur ses cheveux châtain et
sa peau délicate. Complétée par une étole en poils de vigogne, la
laine des dieux, elle ne doute pas que le gratin de Buenos Aires
l'admirera et l'enviera. Une petite vengeance par rapport à ceux
qui se targuent souvent d'une ascendance aristocratique ibérique
ou même française et qui considèrent de haut les descendants des
immigrés italiens. Mais l'argent fait oublier bien des </span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; font-size: 16pt; font-style: italic;">origines dans cette Argentine de la première moitié du vingtième
siècle."</span></p><p><span style="font-family: TimesNewRomanPS; font-size: 16pt; font-style: italic;">Bonne lecture !</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy4ZM0P93Um24VpxncqG1yir7urc1mXEZvgCe9YA0LrFUh82xPv8IV2TWF8PX35ai4aYsATlDhuhGmI-JoRf8RGjIJOGmtL7Vi0UtAhwgw-mSHh-FcN2hungdSNO1RR6_htzpXJx3dEDWX3MdW1Z-Jb1W7YVUMlTcrCZI2R4SiRS1nCAbCmKcGQrUr/s291/281233921_1188626315237629_6056969402131596598_n.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="206" data-original-width="291" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy4ZM0P93Um24VpxncqG1yir7urc1mXEZvgCe9YA0LrFUh82xPv8IV2TWF8PX35ai4aYsATlDhuhGmI-JoRf8RGjIJOGmtL7Vi0UtAhwgw-mSHh-FcN2hungdSNO1RR6_htzpXJx3dEDWX3MdW1Z-Jb1W7YVUMlTcrCZI2R4SiRS1nCAbCmKcGQrUr/s1600/281233921_1188626315237629_6056969402131596598_n.jpg" width="291" /></a></p><p><br /><span style="font-family: TimesNewRomanPS; font-size: 16pt; font-style: italic;"><br /></span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><span style="font-family: TimesNewRomanPS; font-size: 16pt; font-style: italic;"><br /></span><p></p></div></div></div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-60054639152933269512022-04-16T13:00:00.000-04:002022-04-16T13:00:12.374-04:00NONNA DES SOURCES<p> Bonjour à toutes et à tous !</p><p>En cette veille de dimanche de Pâques, fête de joie et de résurrection, je vous souhaite un bon week-end .</p><p>Je vous en avais déjà parlé . Je vous annonce avec un immense plaisir la sortie de mon nouveau roman, qui vous fera voyager de l'Italie du début du XX ème siècle à l'Argentine contemporaine.</p><p><span style="background-color: white;"><span style="color: #b45f06;">NONNA DES SOURCES</span> </span><i>(</i>Éditions Au Pluriel)</p><p><i> </i>Imaginez qu'un fabuleux héritage vous soit destiné, un héritage qui fait de vous une riche capitaliste, une influente femme d'affaires ! Un rêve éveillé, certes, mais avec ses parts d'ombre avec lesquelles il faut composer !</p><p>Un dilemme qui change votre vie, mais aussi vos rapports avec les autres en dévoilant des secrets pas toujours avouables.</p><p><u>SORTIE PRÉVUE LE 15 MAI</u>,</p><p>en librairie, sur le site de l'éditeur et sur internet !</p><p>Un extrait pour vous donner envie...</p><p><br /></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><span class="Apple-converted-space"> </span>La jarre pleine pesant sur son épaule, Maria pénètre dans la petite maison de terre. La soudaine obscurité l'aveugle quelques secondes. Elle n'a pas assez d'argent pour laisser une lampe allumée la journée. On ne l'allume que le soir, et encore, quand le feu crépite dans la cheminée, on se contente de sa lueur. Elle pose la lourde jarre près de l'évier de pierre qui sert pour laver les quelques assiettes et plats qu'elles utilisent, mais aussi le linge, faire la toilette, cuisiner. La maisonnette est constituée de deux pièces, une salle principale où sont installés une table de bois foncé, quatre chaises et, dans un coin, un petit lit recouvert d'un couvre-lit de patchwork soigné, surprenant dans ce lieu et œuvre de Maria, constitué de bouts de tissus des ouvrages qu'elle a fabriqués pour les uns et les autres. Pour le plus grand bonheur de Luisa, elle l'a rebrodé de petits nœuds de rubans de couleurs qui donne douceur et élégance au petit lit et même à toute la pièce car Maria a poussé le luxe jusqu'à confectionner un rideau assorti qui voile légèrement la seule<span class="Apple-converted-space"> </span>fenêtre éclairant la petite maison. La deuxième pièce fermée par un rideau de toile écrue est pompeusement appelée la chambre. C'est un petit lieu clos où un lit un peu plus grand a été casé, laissant à peine un minuscule espace pour y accéder. Pour cette chambre, Maria a également utilisé des pièces de tissu pour fabriquer un couvre-lit, moins sophistiqué que celui de Luisa, mais agréablement coloré, sur lequel elle a brodé avec la laine filée des chèvres, des petits angelots qui donnent de façon surprenante à cette pièce rustique un air raffiné.</i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i><br /></i></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU3F8GS4f3J2J7a_wPr13cqtvIpAkKMQUpLsUdRtc-rpXXPwV-VyFtcvhs8qOyfze_CeZNBvkZGlWsvr20Bwjxv22n62jtdTBLCCKHNK_rifBeSJAoJ2R9DZPSKvvt-QfONhjo7DkYX9bdWXM4yntnE01XDKJi-GcvT734keYtWjFUrjioQ0bi_8_8/s640/Nonna%20des%20sources%20Couverture.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="447" height="398" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU3F8GS4f3J2J7a_wPr13cqtvIpAkKMQUpLsUdRtc-rpXXPwV-VyFtcvhs8qOyfze_CeZNBvkZGlWsvr20Bwjxv22n62jtdTBLCCKHNK_rifBeSJAoJ2R9DZPSKvvt-QfONhjo7DkYX9bdWXM4yntnE01XDKJi-GcvT734keYtWjFUrjioQ0bi_8_8/w279-h398/Nonna%20des%20sources%20Couverture.jpeg" width="279" /></a></div><i><br /></i><p></p><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i>BONNE LECTURE...bientôt</i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><p class="p1" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 16px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-53337011791928894062022-03-25T08:16:00.001-04:002022-03-25T08:16:27.040-04:00<p> Bonjour à toutes et tous,</p><p>Quelques nouvelles pour vous permettre de vous déconnecter et de rêver en ces temps si tourmentés .</p><p>Deux nouvelles parutions ou reprises s'annoncent.</p><p>Sous mon pseudo Héloïse SHAYLAH, aux Editons La Grande Vague,</p><p>GOLONDRINA</p><p>La traversée de la Grande Guerre, ainsi que l'on nomme la première guerre mondiale, d'une famille</p><p> paysanne française, la décision de quitter la France et leur installation en République Dominicaine, les</p><p> difficultés et les joies, les réussites et les tensions, et surtout l'arrivée inespérée de l'enfant tant attendue,</p><p>Golondrina, lien entre le vieux continent et les Caraïbes, si jolie, si épanouie, si tendre...</p><p>Et quand le destin s'invite !!!!</p><p><a href="Rhttps://www.facebook.com/yves.roumiguieres.96?locale=fr_FR">Rhttps://www.facebook.com/yves.roumiguieres.96?locale=fr_FR</a></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieP6iAP0Sb0e4rDtcOZf65uhBkcS_Lq6EEXDoyuSDqPXtFkN9bu-JcKalgh-t342ukHbpYr0p4elaymd3UX-CqFJtdK_dCf7q_dhJvzY14ES23FW3JJpochWW7ZQfTdFyScgIgjj9PNbGg59DEOHTQBo20JQrBq-qscTwFmFjbNJOb56kwiqIxnDZp/s960/276014532_538210217828923_5202146583320018810_n.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="939" data-original-width="960" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieP6iAP0Sb0e4rDtcOZf65uhBkcS_Lq6EEXDoyuSDqPXtFkN9bu-JcKalgh-t342ukHbpYr0p4elaymd3UX-CqFJtdK_dCf7q_dhJvzY14ES23FW3JJpochWW7ZQfTdFyScgIgjj9PNbGg59DEOHTQBo20JQrBq-qscTwFmFjbNJOb56kwiqIxnDZp/s320/276014532_538210217828923_5202146583320018810_n.jpg" width="320" /></a></div><br /><p>Je vous souhaite une bonne lecture et un bon voyage dans le temps et l'espace !</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhR8TaEzEIhw6kY2sW5GTOl5EiD8E5eoeIOI0O6pcAEe8BI1VGw4x_eik4QwW6iFYAak3tP_RvKQIxwQhryGyE-Dm7DZ5RM_IRbvSw4jDKNLoPjDlqxR4OaM83eQP0ShcIoO6LxOVRJbVmgEYPGE2T8SEaNKnc5JYYddOq56O4iPfXN8itNYMJ2oogS/s1280/IMG_3868.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1280" data-original-width="960" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhR8TaEzEIhw6kY2sW5GTOl5EiD8E5eoeIOI0O6pcAEe8BI1VGw4x_eik4QwW6iFYAak3tP_RvKQIxwQhryGyE-Dm7DZ5RM_IRbvSw4jDKNLoPjDlqxR4OaM83eQP0ShcIoO6LxOVRJbVmgEYPGE2T8SEaNKnc5JYYddOq56O4iPfXN8itNYMJ2oogS/s320/IMG_3868.JPG" width="240" /></a></div><br /><p>Bientôt, aux Éditions Au Pluriel, </p><p>NONNA DES SOURCES, Dominique VIETTI-LETOILLE,</p><p>Un voyage entre l'Italie du début du XXème siècle et l'Argentine où des milliers d'émigrés européens</p><p> s'installent, à la recherche d'une vie meilleure. Maria est une jeune femme ambitieuse dont la fille, Luisa,</p><p> reprendra avec talent sa réussite. Peu importe les liaisons qu'il faut accepter, pourvu que les affaires</p><p> donnent la richesse et la liberté. Cette liberté, Luisa en profite en menant une vie à sa guise, quitte à</p><p> choquer la société. Son caractère lui permet d'affronter les situations et les chagrins les plus difficiles. Elle</p><p> rédige un testament étrange qui confie son immense fortune à Claire, une lointaine petite cousine,</p><p> désemparée face à cet héritage fabuleux et se demandant si elle va l'accepter. Sa recherche et sa</p><p> connaissance, un siècle après de son originale vieille cousine, font l'objet d'une vraie recherche qui fait</p><p> surgir des éléments oubliés de l'histoire, pas toujours vertueux, mais...quelle sera la décision de Claire</p><p> face à ce dilemme?</p><p>Bonne lecture et voyagez en rêvant...</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGggOSolrjvmsbHHve4kJ8rDLHOA8BDozcZ2Kj2EzA2HNcXEbdxM5cM_A8igKRWo8bltMWoYKz5GH3hma6KytKBKFKjBs02I0jz15TFYf5h-aAxlPF8-cqlTVXMn1XEPdt8DE23SwPKjmWF3KG-6zAnojYqjNRMwuz-eje-z6yK7L0Fbmk5kZ87htN/s1280/palacio_ortiz_basualdo_buenos_aires.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="851" data-original-width="1280" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGggOSolrjvmsbHHve4kJ8rDLHOA8BDozcZ2Kj2EzA2HNcXEbdxM5cM_A8igKRWo8bltMWoYKz5GH3hma6KytKBKFKjBs02I0jz15TFYf5h-aAxlPF8-cqlTVXMn1XEPdt8DE23SwPKjmWF3KG-6zAnojYqjNRMwuz-eje-z6yK7L0Fbmk5kZ87htN/s320/palacio_ortiz_basualdo_buenos_aires.jpg" width="320" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI1xkf9lp5wo6rQaUS0WbrvLhfhvg3MNn5912gpZSy-XtlaKmvpyENHW7JbSQgHQST-30K0cz_-T7HdZZCwEsOUV4kTuVDDHBXj26ouo8Vlzd7UAnIHrqEfq2KOQY94HT32yKgsEoJp29EGSCKGNBLjrBa5sA2MZQunfNWyO-GCI_1YCI77wuLjF-L/s402/images-1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="125" data-original-width="402" height="100" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI1xkf9lp5wo6rQaUS0WbrvLhfhvg3MNn5912gpZSy-XtlaKmvpyENHW7JbSQgHQST-30K0cz_-T7HdZZCwEsOUV4kTuVDDHBXj26ouo8Vlzd7UAnIHrqEfq2KOQY94HT32yKgsEoJp29EGSCKGNBLjrBa5sA2MZQunfNWyO-GCI_1YCI77wuLjF-L/s320/images-1.jpg" width="320" /></a></div><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiArsHgBezUxaEb8C8yQwnQv5xbIHeiuFtHaDzbdCDaXZWmoPkSJQ_MttGV16HkQVK7AQFCz7efj9wb_K9yWLT9mRuXils9Aot1csJ5ifvEXkPwi06RAOmEi3Q1nVc56K8PONcHBIPZYdEHFRXh8EkRCO5SBlF9AqiN9U4LGH3s7fdupC0YhgZFC5Uz/s275/images.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" height="183" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiArsHgBezUxaEb8C8yQwnQv5xbIHeiuFtHaDzbdCDaXZWmoPkSJQ_MttGV16HkQVK7AQFCz7efj9wb_K9yWLT9mRuXils9Aot1csJ5ifvEXkPwi06RAOmEi3Q1nVc56K8PONcHBIPZYdEHFRXh8EkRCO5SBlF9AqiN9U4LGH3s7fdupC0YhgZFC5Uz/s1600/images.jpg" width="275" /></a></div><br /><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-58382564824345776732021-10-10T13:12:00.000-04:002021-10-10T13:12:09.111-04:00LE TEMPS QUI PASSE !<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJvJ4nFKdMQuA2tkU4D-o-zjKE5MXKEIjCWUWjeVQiDXFp4_-EoRVXffJilsb-F1LltTOf8zZzpI5VzwG23PszzCLhpoFBnwnCK5-nKhiRt5o6v6R16XSiH3KWC1eINCJjUfMmQNjWNG4/s2048/IMG_8472.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJvJ4nFKdMQuA2tkU4D-o-zjKE5MXKEIjCWUWjeVQiDXFp4_-EoRVXffJilsb-F1LltTOf8zZzpI5VzwG23PszzCLhpoFBnwnCK5-nKhiRt5o6v6R16XSiH3KWC1eINCJjUfMmQNjWNG4/s320/IMG_8472.JPG" width="240" /></a></div><br /> <p></p><p>En ces temps si moroses, j'ai eu envie de faire comme beaucoup de m'arrêter et de réfléchir, ou méditer pour employer un mot plus à la mode.</p><p>Ces confinements et leurs abus, comme avoir une attestation pour promener ses chiens !!!, vont-ils changer le monde ? Comment croire à un monde nouveau...et surtout meilleur ?</p><p>Nous sommes cernés par une société de sur ou hyper-consommation que la décroissance revendiquée par certains ruinerait, et nous avec, en particulier les plus vulnérables.</p><p>J'ai été, et je le suis toujours, sidérée par la soumission des gens qui ont accepté sans mot dire toutes les obligations, jusqu'aux plus absurdes. </p><p>Cette "crise" a largement servi les médias de tous bords et a laissé ressortir la part la plus sombre de l'humain. Délation, crainte du voisin et que dire alors de la répulsion vis à vis de l'étranger, abandon des plus seuls... Les études des épidémies antérieures, pestes, variole, grippe, avaient déjà laissé entrevoir ce genre d'attitude. Mais au XXIème siècle, les méfiances, les rejets ont été bien pires. Il n'est pas si loin le temps où l'on confinait les malades, ou ceux qu'on pensait tels, dans les maladreries que l'on trouve dans de nombreux villages de France, sans parler des lépreux dont les vêtements cousus de clochettes annonçaient la venue et faisaient se cacher les habitants.</p><p>À la décharge de nos plus ou moins lointains ancêtres, ils n'avaient pas les connaissances médicales actuelles, les explications scientifiques , les soins contemporains. Ils faisaient cependant preuve de bien plus d'humanité que notre société du XXIème siècle.</p><p>On a entendu, aussi bien des savants penseurs que des radoteurs de café du commerce, émettre les idées de triage des hommes actuels. Triage ? Ça ne vous dit rien ? Vous savez, ces scènes historiques où des hommes en noir triaient ceux qui descendaient du train en fonction de leur âge, de leur état, de leur genre... en deux files, ceux qui allaient à la "douche" et ceux que l'on ferait travailler le temps qu'ils pourraient !</p><p>On a entendu des horreurs semblables. J'ai douloureusement vécu un épisode de cet eugénisme . Ma soeur âgée de 78 ans était handicapée, sans doute une forme d'autisme mal détectée à une époque où on n'en parlait pas et qu'on ne connaissait pas ou mal. Elle n'ennuyait personne. Il se trouve qu'elle fut prise de vomissements le premier jour du confinement dont nous ignorions le fonctionnement. Hospitalisée, il nous fut interdit d'aller la voir. Je dus me contenter d'appeler quotidiennement les infirmières pour avoir des nouvelles. Au bout de quinze jours, un médecin m'a répondu qu'elle était en soins palliatifs, brutalement et sans autre explication. À force d'insister, mes enfants et moi pûmes aller la voir le lendemain de cette annonce. On nous harnacha comme des cosmonautes et je vis ma soeur qui était bien vivante, qui nous reconnaissait, qui riait, qui était très affaiblie car débranchée depuis plusieurs jours des perfusions qui la nourrissaient et l'hydrataient et surtout qui ne comprenait pas pourquoi nous ne venions pas la voir ! Ce qui, je pense, la perturbait beaucoup. Le matin suivant, à quatre heures du matin, un funeste coup de fil m'avertissait qu'elle était décédée ! Je n'ai jamais su de quoi, car elle n'avait pas la Covid-19 . Les obsèques déshumanisées ne nous ont pas permis de faire notre deuil.</p><p>Notre société n'est plus faite pour l'homme, nous valons tellement moins que l'argent, la production, la consommation, le bénéfice. Tellement moins que les entreprises multinationales, les vols fiscaux ! Voir des enfants mourir de faim, des populations tomber sous les bombardements (il est bien connu que nous vendons des armes de guerre avec la promesse des acheteurs de ne pas les utiliser...sauf pour les défilés !), des SDF "glaner" après les marchés (d'ailleurs suivant les promesses électorales, ils devaient disparaître...et c'est vrai, ils ont disparu de l'horizon politique et médiatique !), toutes les images de ces scènes défilent sur nos écrans entre deux annonces, trois publicités ou quatre sms, et sont oubliées ou rangées dans un coin sombre de notre pensée abrutie de trop d'informations. </p><p>Le monde d'après sera pire que l'ancien monde, déjà pas bien fameux. Les plus pauvres encore appauvris, non ou mal soignés, la fameuse croissance dont on nous rabat les oreilles enrichit les plus riches. Les délaissés seront plus nombreux et on entend de moins en moins leurs voix ! La justice favorisera comme toujours ceux qui s'imaginent plus puissants.</p><p>Le coin de ciel que me laisse entrevoir ma fenêtre est gris, chargé de nuages comme le monde qui se construit actuellement.</p><p>Je répèterai comme Pascal :</p><p>Plus je connais les hommes, plus j'aime mes chiens.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv_5Y3Z6KfxH5E48_GrjI36HLIUbLUcrp3hlurRSEZT4TJNG90Xh9haqtre2g5SXWJURAmYStolkOL_7Ifzs182WuagL4gDi8xnVFDMOFTcv3Uy9dly4Kwwj4HLsh0yvV_2W3WRSEw3d8/s2048/IMG_8477.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv_5Y3Z6KfxH5E48_GrjI36HLIUbLUcrp3hlurRSEZT4TJNG90Xh9haqtre2g5SXWJURAmYStolkOL_7Ifzs182WuagL4gDi8xnVFDMOFTcv3Uy9dly4Kwwj4HLsh0yvV_2W3WRSEw3d8/s320/IMG_8477.JPG" width="240" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV0yUq41pMyjWzKua1M2A4NpKhaspwEezMCqedqPSJ2HHWTzlLXPzYpmRAlHtbG2wmzgjum5PRXVoAu1VVdEW7kqGu0kG3be9QMDotamtayf4Dn9Mrr4F6ZncL_znWcNCAK3_08X6rxew/s2048/IMG_8467.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV0yUq41pMyjWzKua1M2A4NpKhaspwEezMCqedqPSJ2HHWTzlLXPzYpmRAlHtbG2wmzgjum5PRXVoAu1VVdEW7kqGu0kG3be9QMDotamtayf4Dn9Mrr4F6ZncL_znWcNCAK3_08X6rxew/s320/IMG_8467.JPG" width="240" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgA2kc4XpeY2w09DoW5ccLYr8yBEDgPSxuZAe5BqybXWRWTeDaEZYU3tki3e4M6z5aRcvoCpY7sFyrm7Qpu71pk_jpMC4a4rO3iGBfhY3L6fbT2u5dBOQVOtjDME5sHRru-PbE1wAAc70U/s2048/IMG_8475.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgA2kc4XpeY2w09DoW5ccLYr8yBEDgPSxuZAe5BqybXWRWTeDaEZYU3tki3e4M6z5aRcvoCpY7sFyrm7Qpu71pk_jpMC4a4rO3iGBfhY3L6fbT2u5dBOQVOtjDME5sHRru-PbE1wAAc70U/s320/IMG_8475.JPG" width="240" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkMTbrTMIThCA_x7FLhZTEeuBc1QiWAujNNiQYOUnOeSGB2YotY8o7VvEyXJnJ_fda4KaVR0b-s2yLTDC75mXq3rACKdsegrNgP4LNjoclY1EW5NwrpjmL4ix5qFC_DIkiAgswjeUTuc8/s2048/IMG_8469.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkMTbrTMIThCA_x7FLhZTEeuBc1QiWAujNNiQYOUnOeSGB2YotY8o7VvEyXJnJ_fda4KaVR0b-s2yLTDC75mXq3rACKdsegrNgP4LNjoclY1EW5NwrpjmL4ix5qFC_DIkiAgswjeUTuc8/s320/IMG_8469.JPG" width="240" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><p></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-47747007101551846872021-05-14T11:53:00.002-04:002021-05-14T11:53:58.122-04:00Parce que dans la vie, on est toujours l'étranger de quelqu'un !<p> L'INCONNU</p><p>
</p><div class="page" title="Page 3">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle se réveille, se retourne dans ce lit qu'elle ne reconnaît pas. Une douce lumière traverse les
volets disjoints. Elle a l'impression que c'est le silence, inhabituel, qui l'a réveillée. Non, elle entend
quelques pépiements d'oiseaux, harmonieux. Une boule chaude et lourde pèse sur ses pieds. Mao est
couché en boule et grogne quand elle le remue. Contre elle, Pipette se love sous la couette.<br />
Elle émerge difficilement: elle est dans sa nouvelle maison, où elle passe sa première nuit. Tout lui
revient en mémoire, le déménagement, son arrivée en fin d'après-midi, les déménageurs qui étaient
déjà en train de mettre en place les meubles et les affaires, à leur goût. Elle leur a fait déplacer
quelques grosses choses, qu'elle ne se sentait pas de force à ranger seule. Les objets, plus légers, elle
les mettrait en place, cela l'occuperait. En fait, ils étaient pressés de partir, elle les entendait discuter
entre eux. Elle les a libérés et remerciés assez tôt pour leur permettre de rentrer chez eux. Il est vrai
qu'elle est un peu au bout du monde, comme ils lui ont signalé. Elle leur a répondu qu'elle attendait
ses enfants, sans préciser davantage. Ils lui ont souhaité bon courage et ont grimpé dans leur
camion, la laissant seule avec Mao et Pipette qui reniflaient partout, impatients de découvrir leur
nouvelle maison. Elle avait dîné rapidement, après leur avoir servi les boites et les croquettes qu'elle
avait prévues, d'une soupe en pack, d'un yaourt et d'une pomme. Fatiguée, elle s'était mise au lit
avec sa liseuse qu'elle avait fermée au bout d'une dizaine de minutes. Ses deux compagnons avaient
repris leur place habituelle et, sereine, elle s'était vite endormie.<br />
Il semble faire beau, c'est bien pour ça qu'elle est venue s’installer dans ce bout du monde, la
tranquillité et le soleil ! Elle s'étire paresseusement tandis que Mao et Pipette s'ébrouent. Elle sort du
lit pour leur ouvrir la porte qui laisse entrer un rayon de soleil et entrevoir une belle part de ciel
bleu. Elle vérifie depuis la porte entrebâillée que le portail du jardin est bien fermé. Mao aurait bien
vite tendance à prendre la poudre d'escampette. Elle a fait peu de travaux avant son installation mais
cette vérification a été primordiale. Pipette est une petite chatte peu baladeuse, mais c'est la vie d'un
chat de découvrir le monde et jusqu'à présent, dans les différentes maisons qu'elle a occupées, elle a
toujours retrouvé le chemin de son chez elle. Ce n'est pas une grande aventurière ! Elle préfère les
longues et chaudes pauses paresseusement étalée dans un rayon de soleil, les siestes à l'ombre
quand il fait trop chaud et les soirées près du poêle ou de la cheminée, sans parler des nuits sous la
couette. Une opération vétérinaire lui a ôté toute velléité de chaleurs et elle ne demande pas
bruyamment à rôder quand vient le printemps.<br />
Mao, c'est une autre paire de manche. Joueur et mâle de la queue jusqu'au bout des oreilles, il ne
manque jamais une occasion de vagabonder, fureter et divaguer. Certes, il revient, mais elle craint
toujours une mauvaise rencontre avec un chasseur irascible, une voiture folle ou un gros animal car
c'est un chien courageux, hardi, mais pas très gros et inconscient du danger, bref un gentil un peu
fou.<br />
Ils font le tour du jardin en courant, fouinant pour découvrir leur nouveau territoire, et reviennent
bien vite dans la cuisine à renifler leur écuelles vides. Ils attendent leur repas qu'elle a l'habitude, à
tort d'après les éducateurs canins, de leur servir avant son petit déjeuner qu'elle peut prendre ensuite
presque tranquille. Elle se contente de préparer la cafetière et pendant que le café filtre tout en
embaumant la pièce, elle prépare les repas de ses deux compagnons.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils les dévorent rapidement, chacun sachant que l'autre terminera sa gamelle s'il y a des restes.<br />
Elle s'installe sur la terrasse ensoleillée, se gardant à l'abri de la tonnelle pour éviter les rayons qui
commencent à se faire ardents, ce qui est très mauvais pour la peau, surtout quand on est une
sexagénaire avancée.<br />
Au loin, la mer scintille. Elle sait que l'eau est encore froide en ce début de printemps mais sait
aussi qu'elle ne va pas résister au plaisir de s'y rendre, en traversant les champs par les petits sentiers
qui y mènent.<br />
Elle a acheté cette maison isolée au sud de l'Espagne à un couple d'Anglais qui y vivaient depuis
quelques années mais que le Brexit a fini par chasser. Ils ont très soigneusement, de façon très
british, aménagé la maison. Une petite cabane de jardin servait de bureau au propriétaire et,
l'utilisant pour le télétravail, il lui a laissé un système de connexion très performant. En dehors du
fait qu'elle est tombée sous la charme de la tranquillité et de douceur de la petite maison, enfin pas
si petite que ça, avec ses trois chambres, sa cuisine moderne, sa grande salle commune et sa pergola
</span></p>
</div>
</div>
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<div class="page" title="Page 4">
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<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ombragée. Très amplement suffisant pour y construire sa nouvelle vie et recevoir ses enfants et ses
amis quand ils en auraient l'envie.<br />
Elle s'équipe confortablement et fait bondir de joie Mao et Pipette en prenant leurs laisses. La petite
chatte les accompagne durant les balades, parfois jusqu'au bout, parfois en faisant demi-tour pour
rentrer à la maison, où qu'ils soient.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle marche tranquillement sur le chemin de sable qui mène à la plage déserte. Elle n'est accessible
que par la traversée des champs, ce qui décourage de nombreux baigneurs, surtout en ce mois
d'avril qui peut se révéler encore un peu frais. Pipette la suit prudemment, méfiante de ce nouveau
monde qu'elle n'a pas encore exploré. Mao court devant, se retournant de temps en temps pour
vérifier qu'elle est toujours là. Il revient parfois, tout joyeux, fait deux ou trois bonds autour d'elle
avant de repartir au galop. Elle respire l'air iodé qui lui manque depuis si longtemps, tout en laissant
la douce chaleur du soleil lui caresser le visage. Un instant de bonheur, alors qu'elle approche de la
plage déserte. Mao a stoppé sa course au loin et renifle curieusement, en tournant autour d'un
buisson. Elle le rappelle, redoutant qu'il n'ait trouvé un poisson pourri particulièrement malodorant,
comme il les aime, et qu'il ne se roule dedans. Elle n'a guère envie de lui donner un bain ce soir,
sans parler de la puanteur qu'elle devra supporter. Mais rien n'y fait ! Mao refuse de revenir. Il a
pourtant, en dépit de son caractère fantasque, un assez bon rappel. Elle presse le pas, lui montrant
de loin la laisse qu'elle promet de lui passer autour du cou ! Elle s'approche de lui en le grondant et
baisse les yeux vers le buisson qui semble tant l'intéresser. Un épineux touffu, comme il y en a tant
dans ce champ sablonneux, et qui ne lui semble pas différent des autres. Elle se baisse et, avec la
canne qui l'accompagne dans ses promenades, donne des coups pour éventuellement en déloger un
animal ou voir ce qui intrigue tellement son chien. Le buisson semble bouger tandis que Mao, en
alerte, grogne. Intriguée, elle se penche pour essayer de voir de plus près cet épineux mouvant. Le
vent ? Une brise légère souffle qui effleure à peine le feuillage. Elle écarte prudemment les
branches, attentive à ne pas se piquer, tandis que Mao se met en position défensive, intensifiant son
grognement qui se transforme bientôt en aboiements puissants. Elle voit alors une masse sombre
étalée dans le buisson qu'elle reconnaît bien vite comme une forme humaine, quasi immobile. Un
des pieds est chaussé d'une vieille tennis, l'autre est nu. Un jean troué et une veste de survêtement
bordeaux qui laisse apparaître un tee-shirt fripé complètent les vêtements de l'individu, jeune, mat
de peau, qui remue faiblement. Elle le fixe, surprise, puis lui parle doucement, en français d'abord,
puis en espagnol. C'est peut-être un pêcheur perdu, un fêtard éméché qui s'est endormi ou ??? En
fait, elle ne sait pas. Elle avance sa main et la pose sur son épaule. La réaction de l'homme est
brutale, soudaine et imprévue. Sa main se détend brusquement et attrape la sienne fermement. Elle
recule de peur, sans qu'il ne la lâche. Mao redouble ses aboiements et se précipite sur l'inconnu qui
agresse sa maîtresse. Effrayé, l'homme la lâche et, péniblement, essaie de se lever. Il n'en a pas la
force et Mao lui saute dessus, l'empoignant à la jambe, bien décidé à ne pas le lâcher. Elle n'a
jamais vu son chien aussi agressif et l'oblige à se calmer. Il lâche le mollet de l'inconnu tout en
restant sur ses gardes, bien décidé à défendre sa maîtresse. De ses mains étendues devant elle, elle a
un geste d'apaisement vis à vis de l'individu. Elle parle doucement, mêlant des mots d'espagnol, de
français et d'anglais. Il est jeune et a l'air perdu. Ses lèvres sont desséchées, sa peau marquée de sel
et ses vêtements sont humides. Elle lui sourit, pour le mettre en confiance. Elle se rend compte qu'il
n'est pas en état d'être dangereux, trop affaibli. De plus, Mao se révèle un défenseur bien plus
efficace qu'elle ne l'aurait pensé. Elle sort de la grande poche de sa veste la petite bouteille d'eau
qu'elle prend toujours avec elle et la lui propose. Sans réfléchir, il se jette dessus, la lui arrachant
presque des mains, ce qui déclenche chez Mao des aboiements agressifs. Malgré sa peur évidente,
l'homme boit goulûment pendant qu'elle calme le jeune chien.Elle se demande d'où il vient et
comment il a atterri sur cette plage. Elle remarque un vieux sac à dos échoué un peu plus loin, le
ramasse et le tend au jeune homme étendu. Il écarquille les yeux et s'en empare, tout en hochant la
tête. Y a-t-il eu une tempête les jours précédents qui serait à l'origine de son échouage ? D'où vient-
il ? Le dialogue est difficile. Il est assis, comme ébahi mais aussi apeuré. Elle lui tend la main pour
lui signifier son aide pour se lever. Il hésite et la jauge d'un regard méfiant. Un sourire semble lui
redonner une certaine confiance. Prenant sa main, il se relève avec lenteur, tout en surveillant Mao
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 5">
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<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qui ne le lâche pas des yeux. Il titube en commençant à marcher, comme égaré. Elle lui propose de
la suivre d'un geste de la main. Ses amis, ses enfants la taxeraient d'inconsciente, mais elle se dit
qu'elle ne risque pas grand-chose, étant donné l'état de son visiteur inconnu, sans parler de la
protection vigilante de son chien.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils marchent lentement, elle lui indique la maison qu 'on aperçoit au loin. D'un hochement de tête, il
lui signifie qu'il a compris. Il regarde avec méfiance Mao qui le suit pas à pas, manifestant de temps
en temps par des jappements intempestifs sa présence défensive. Elle le laisse faire, il se révèle un
protecteur efficace et rassurant. Le jeune homme marchant lentement, ils mettent un temps assez
long avant de regagner la maison. Elle ouvre le portail qu'elle fait semblant d'ouvrir avec la clé alors
que, comme d'habitude, elle ne l'a pas fermé et ouvre la porte vitrée de la maison tout en indiquant à
son visiteur les fauteuils de la terrasse pour qu'il s'y installe. Il se laisse tomber dans un des sièges et
ferme les yeux, vraisemblablement épuisé. Il ferme les yeux et des larmes semblent couler, laissant
des traces blanchâtres sur les joues sales . Elle préfère le laisser et pénètre dans la maison. Elle lui
prépare un plateau avec de l'eau, du pain, du jambon, du fromage, disposés dans une assiette et
accompagnés de couverts. Un paquet de gâteaux complète la collation qu'elle dépose sur la table de
la véranda. Heureusement qu'elle avait quelques provisions, pas grand chose, car elle pensait aller
au supermarché de la ville voisine faire des achats. Il hésite, s'empare de l'eau qu'il boit goulûment à
la bouteille, hésite face aux tranches de jambon et se jette sur le fromage et le pain. Il est affamé.
Prudente, elle n'a pas mis de couteau sur le plateau . Elle glisse vers lui la corbeille de fruits déposée
sur la table de jardin. Il attrape une pomme dans laquelle il croque bruyamment, délaissant le
jambon malgré sa faim évidente .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle tente d'entamer la conversation en se présentant, Héloïse, en nommant Mao, toujours aux
aguets, et Pipette qui le regarde fixement, installée sur son coussin. Il ne semble pas comprendre et,
en même temps, paraît terrorisé. Que va-t-elle en faire ? L'accompagner au village ? Le déposer au
poste de police ? Le laisser partir ? L'abriter ? Il ne semble ni agressif, ni coopératif. Elle se décide à
faire un café qu'elle rentre préparer, tout en le surveillant. Une méfiance qui semble partagée par
Mao qui ne le lâche pas de l'oeil. Il le suit quand il se lève et la rejoint dans la cuisine. En lui
indiquant le lavabo, elle comprend qu'il cherche la salle de bain et certainement les toilettes. Elle l'y
conduit et lui donne une serviette propre. Curieuse, elle écoute les bruits dans la pièce d'eau, Mao
devant la porte décidé à ne pas le lâcher. Il ressort un long moment plus tard, se méfiant de Mao qui
le renifle pas très aimablement. Elle lui indique la terrasse où elle a déposé les tasses, le café et
quelques chocolats. Il a l'air très jeune et avale plusieurs chocolats. Il est affamé.<br />
Elle se demande ce qu'elle va décider quand il fouille son sac à dos pour sortir des documents qu'il
pousse sur la table vers elle. Des photos qui découvrent des personnes souriantes face à l'objectif,
des maisons blanches. Elle comprend : c'est un migrant, miraculé d'un naufrage, qui a échoué sur la
plage. Il a l'âge de ses enfants, mais moins de chance. Il vient d'où ? Du Maghreb, tout proche, de la
Syrie en guerre, de Turquie, d'Afghanistan ?<br />
Dans un arabe hésitant, lointain héritage de sa jeunesse, elle s'adresse à lui et lui demande quel est
son nom. Il la regarde étonné avant de lui répondre : « Sanis ». Un nom qu'elle ne connait pas. Un
sourire éclaire le visage du jeune homme, presque un enfant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu viens d'où ?<br />
Elle sait son arabe loin d'être parfait, mais elle est contente de pouvoir engager la conversation.<br />
Il la regarde et se contente d'indiquer la mer d'un large geste du bras.<br />
Que va-t-elle faire ? Elle hésite à l'accompagner au village au poste de police, elle ne peut se
résoudre à le laisser repartir comme ça sur la route. Une idée folle germe. Si elle lui proposait de
dormir ici, le temps de se remettre en forme et de reprendre son chemin. Après tout, il y a un lit
dans la petite maison de bois, où elle n'a pas encore installé son matériel informatique. Elle se lève
et lui fait signe de la suivre. Mao sur leurs pas, elle traverse le jardin, ouvre la porte du chalet et lui
fait signe d'entrer. Méfiant, il fait quelques pas, doucement, car il est décidé à éviter les crocs de
Mao, toujours aussi peu aimable. Elle fouille dans les cartons que les déménageurs ont déposés la
veille sur lesquels sont inscrits les prénoms de ses enfants. Elle sait y trouver quelques vêtements
leur appartenant qu'elle traîne de déménagement en déménagement , hésitant à les jeter, prétendant
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 6">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">avec mauvaise foi qu'ils pourraient les utiliser les rares jours où ils lui rendent visite. Ils ont trouvé
une utilité. Elle ouvre l'un d'entre eux et déballe des tees-shirts, des pantalons et des vestes de
jogging et même une ancienne paire de tennis. Elle les dépose sur le lit et lui fait signe de se servir.
Il y a dans un coin de la pièce une toute petite salle d'eau, lavabo, douche, toilettes. Certes,
l'ensemble est spartiate, mais le jeune homme l'accueille avec un sourire désarmant. Depuis
combien de temps, n'a-t-il pas connu ce confort ? Si même, il ne l'a jamais connu !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle le quitte sur un sourire et ferme doucement la porte du chalet. Elle traverse le jardin et entre
dans la maison, Mao sur ses basques. Elle se sert un autre café, son péché mignon, et réfléchit. Cet
inconnu qui débarque alors qu'elle vient juste d'arriver dans la région, ne serait-ce pas un signe du
destin ? Que risque-t-elle à l'aider, comme elle secouerait ses enfants en difficulté ? Elle n'a guère
de biens précieux à voler, n'a plus l'âge de craindre une agression sexuelle. Elle ne se voit pas
prévenir la police, la délation n'est pas son genre, il faut lui laisser une chance ! Elle rapporte le
plateau dans la cuisine, notant le jambon auquel il n'a pas touché. Elle se décide à préparer un repas
pour eux deux, du poisson, elle en a quelques boîtes de conserves, du riz, un peu de crudités qu'elle
a pris soin d'acheter avant d'arriver, des yaourts, des fruits. Elle fera ses courses plus tard dans la
journée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle sait que beaucoup jugeraient son attitude inconsciente, mais après tout, faire le bien est inhérent
à son éducation.<br />
La matinée s'écoule sereinement, son jeune invité ne se manifeste pas et Mao semble rester sur la
qui-vive.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est deux heures de l'après-midi quand la porte du chalet s'ouvre. Mao bondit de son coussin où il
fait une sieste au soleil et se précipite vers le jeune homme qui traverse le jardin en direction de la
terrasse. Les oreilles dressées, le poil hérissé, il le suit, toujours méfiant.<br />
Elle l'accueille avec un sourire, tout en lui indiquant la table. Il s'assoit et commence à se servir : il a
l'air affamé. Elle le regarde manger, remarquant les efforts qu'il fait pour ne pas se jeter sur la
nourriture et utiliser les couverts. Elle grignote à peine alors qu'il savoure goulûment son repas, se
resservant. Depuis combien de temps n'a-t-il pas mangé ? Quand il arrête de manger, elle lui
propose un café avec des chocolats qu'il accepte avec un joie évidente, tel un enfant gourmand. La
conversation est compliquée, bloquée par la barrière de la langue. Elle tente de rassembler ses
souvenirs d'arabe, mais ce n'est guère convaincant. Il répond par des monosyllabes, mêlant quelques
mots d'anglais à sa langue natale. Il n'a peut-être pas vraiment envie de parler. Ils restent silencieux
dans une espèce de quiétude nonchalante. Elle finit par somnoler dans la chaise longue où elle s'est
installée après le repas. Elle s'endort et ce sont les grognements suivis d'aboiements intempestifs de
Mao qui la réveillent. Elle met un certain temps à émerger, se demandant où elle se trouve, sortant
péniblement de sa sieste. Elle est seule sur la terrasse. La porte du chalet est ouverte et le portail de
jardin bat silencieusement. Elle se lève et, presque mécaniquement, va le fermer, vérifiant la
présence de Mao et Pipette. La petite chatte est doucement endormie à l'ombre des canisses qui
ferment la véranda et Mao la suit comme son ombre. Elle traverse le jardin pour pénétrer dans le
petit chalet où un désordre indescriptible l'accueille. Tout a été fouillé, sorti, jeté. Le sac du jeune
homme a disparu, mais également, elle le remarque rapidement, d'autres affaires : les vêtements
qu'elle lui avait proposés, la petite radio, quelques objets de décoration. Un peu déçue, elle se dit
que ce n'est pas grave et ressort en fermant la porte à clé.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En rentrant dans la maison, elle remarque son sac à main ouvert sur la table. Son porte-monnaie git,
ouvert et délesté des quelques billets qui s'y trouvaient. Décidément, sa gentillesse se trouve encore
une fois bien mal récompensée. Après tout, cela ne va pas l'empêcher de vivre. Il en a certainement
besoin pour manger. Grand bien lui fasse. Elle sait qu'on se moquera si elle parle de sa
mésaventure, elle ne la regrette cependant pas. Si elle a pu apporter dans la vie du jeune homme,
quelques instants de paix, elle en est contente.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ressortant dans le jardin, elle regarde au loin, la plage, la mer. Pourquoi ? Qu'en attend-elle?Est-ce
son imagination qui lui fait voir une barque au loin ? Peut-être...<br />
Elle range le désordre laissé par son visiteur et les reliefs du repas. Cette visite a été bienvenue
finalement, cette impression de fraîcheur, cette ouverture sur un monde inconnu. Une expérience
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 7">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'elle ne regrette pas. La journée tire à sa fin quand elle entend une voiture s'arrêter devant la
maison. Elle regarde par la fenêtre et voit un véhicule de la police et trois hommes en descendre.
Elle sort dans le jardin, tandis que Mao aboie furieusement pour accueillir les étrangers dans son
domaine, toujours aussi aimable. Il ne fait pas de différence entre les inconnus qui débarquent. Elle
sort pour le calmer et s'informer sur le sens de cette visite. Les policiers la saluent, lui souhaitent la
bienvenue en précisant qu'ils ont appris son arrivée et qu'ils veulent savoir si tout va bien. Elle les
rassure d'un mot aimable, accompagné d'un sourire. Ils semblent hésiter en lui demandant si elle n'a
rien remarqué d'anormal.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, leur répond-elle.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes bien gardée, répliquent-ils en désignant l'épagneul qui les fixe d'un air méfiant.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans nul doute !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bien que la taille de Mao ne lui apparaisse pas comme réellement protectrice.
Ils hésitent, comme si il y a autre chose qu'ils ne savent comment annoncer.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">—Vous savez qu'il y a des visiteurs indésirables sur cette plage ?
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, leur répond-elle. Mes prédécesseurs ne m'ont rien dit.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah, oui ! Les Anglais ? Ils étaient un peu particuliers... Des Anglais, quoi !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils étaient cools et très tolérants, très accueillants ni regardants.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne comprends pas !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous voyez, en face, et ils montrent la plage et l'horizon, c'est l'Afrique et plus loin
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">encore.<br />
Elle attend, ils hésitent avant de poursuivre.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous savons que de nombreux migrants illégaux utilisent cet endroit pour débarquer. Il y
a eu récemment une tempête et on nous a signalé un échouage d'embarcation. Vous
n'avez rien vu ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, je viens juste d'arriver.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il y aurait eu des problèmes entre passeurs et migrants. Ils ne se font pas de cadeaux et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">peuvent être très violents. Vous devez faire attention.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Attention ? À quoi ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une femme seule ! Ils ont toujours besoin d'argent, les migrants comme les passeurs. La
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">violence est leur quotidien et ils n'hésiteront pas pour se procurer de l'argent ou de la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nourriture à vous agresser.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils n'ont peut-être rien connu d'autre ! La faim est une mauvaise conseillère.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils la regardent étonnés et mécontents, pensant :
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Encore une comme les Anglais !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils rajoutent :
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Faites attention à vous ! Vous vivez seule ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui, répond- elle, mais cela fait longtemps, j'ai l'habitude.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous savez, insistent-ils, ils peuvent être dangereux. De plus, il est interdit de les aider.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Si vous en voyez, enfermez-vous et prévenez-nous aussitôt. On viendra très vite.<br />
Elle les remercie d'un sourire presque angélique, qui ne semble pas les convaincre vraiment. Ils
hochent la tête en la saluant et remontent dans leur camionnette. Elle attend qu'ils se soient éloignés
pour rejoindre la maison, Mao sur ses basques. Pipette est toujours au soleil, poursuivant
paresseusement sa sieste, levant un œil qui semble lui dire... Tu as raison !<br />
Oui, elle est certaine d'avoir eu raison. Un migrant ? Un passeur ? Peu importe ! Un homme jeune
en difficulté, en souffrance ! Ce qu'il a emporté ? Elle le lui aurait donné.<br />
C'est la misère, la peur, la guerre, qui l'ont jeté sur ces routes incertaines. Elle n'aura jamais les
réponses à ses questions, une énigme qu'elle gardera pour elle, ne la partageant qu'avec Mao et
Pipette, bien plus aptes à comprendre que les hommes.<br />
Le lendemain, un franc soleil l'accueille au lever du jour. Elle regarde au loin, sur la page, vers la
mer. Y a-t-il une embarcation à l'horizon ? Est-ce un effet du soleil qui joue avec les reflets de
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 8">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'eau ?<br />
Mao la suit dans sa promenade sur la plage, furetant, courant. Pipette a préféré continuer sa sieste
chaleureuse. Il faudra qu'elle habitue Mao à être plus aimable, car des étrangers, il y en aura
d'autres, elle en est sûre. Elle sera là pour les accueillir !</span></p><p><span style="font-family: TimesNewRomanPSMT;"><br /></span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_NpH42Q6rLH3B_bQ3AuPlS5l68BjLnGC0hTJ8vqv4ETAogKEc-F1QbDLUTFuDx18F50xuiXN5WfO8DIVRhOF1_RayWqGwuycdb495B5H3FWBYJ9pSB6zWE9JhoBeEewTo6CRNhT6RVoA/s2048/IMG_8682.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_NpH42Q6rLH3B_bQ3AuPlS5l68BjLnGC0hTJ8vqv4ETAogKEc-F1QbDLUTFuDx18F50xuiXN5WfO8DIVRhOF1_RayWqGwuycdb495B5H3FWBYJ9pSB6zWE9JhoBeEewTo6CRNhT6RVoA/s320/IMG_8682.JPG" /></a></div><br /><p></p></div></div></div><p></p><p><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-48172409585108334742021-02-21T12:12:00.002-04:002021-02-21T12:12:56.949-04:00UNE OMBRE AU PROGRAMME<p>Le petit dernier !</p><p>Imaginez, on l'a tous imaginé un jour!!!, qu'un fabuleux héritage vous tombe dessus, comme ça, sans prévenir. mais un héritage super important , des dizaines de millions de dollars.</p><p>Une vieille cousine, disparue il y a quelques années, par un testament bizarre, vous a désignée comme son héritière, la propriétaire de la boîte où vous bossez !</p><p>C'est ce qui arrive à Claire, trentenaire parisienne, qui coule une vie tranquille entre son chat, ses amis et ses parents exilés à Marrakech. Il y a aussi son ex-mari qui s'accroche un peu. Mais rien ne laissait prévoir cet héritage . Certes, on parlait bien du cousin ou de l'oncle d'Amérique, mais plutôt une légende familiale ! qui s'avère vraie.</p><p>Une vieille cousine originale, qui a mené une vie hors des clous et qui entraîne Claire en Argentine sur les traces de la vieille Luisa et de son entreprise particulière. Des faits étranges se produisent, incitant Claire à la prudence. Et puis, cette entreprise, elle a des relations étranges, pas toujours très nettes. C'est le monde des affaires...</p><p>Finalement, la question se pose, pas si simple: va-t-elle accepter ou refuser cet héritage ?</p><p>Bonne lecture!</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb-5M1p6dyMtTyCbgErytmmc6OHXWwR5rv9bD4nRV5kx1GU0OHOj96ANqnv92ELL8h4ctLDCkiRy1UhxKNHwxb0baK5W-1EyuI3JJ4ANVsPuQGPTEmO_Ai7jjtS-yu4IXbPduCU-DiXqo/s1000/cover1.jpg" imageanchor="1" rel="nofollow" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="706" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb-5M1p6dyMtTyCbgErytmmc6OHXWwR5rv9bD4nRV5kx1GU0OHOj96ANqnv92ELL8h4ctLDCkiRy1UhxKNHwxb0baK5W-1EyuI3JJ4ANVsPuQGPTEmO_Ai7jjtS-yu4IXbPduCU-DiXqo/s320/cover1.jpg" /></a></div><br /><p></p><p>https://www.amazon.fr/UNE-OMBRE-PROGRAMME-DOMINIQUE-VIETTI-LETOILLE/dp/B08WV3Y5V5/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1613923007&sr=8-1 </p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-22936618600079967262020-12-25T09:16:00.000-04:002020-12-25T09:16:22.322-04:00FIN DES AVENTURES DÉLIRANTES DES VIEUX SKIPPERS EN POÉSIE ...<p> Bonjour à toutes et tous !</p><p>Tout d'abord, je vous souhaite un Joyeux Noël et de bonnes fêtes de fin d'année, en dépit des circonstances particulières de cette fin 2020. </p><p>Comme promis, suite et fin des </p><p>AVENTURES DES SKIPPERS À SAINTE POÉSIE.</p><p>Il est évident que ce récit est issu de ma simple imagination un peu délirante, parfois.</p><p>Qui connait dans les Caraïbes une île nommée Sainte Poésie ? Une île tropicale et paradisiaque où l'eau est turquoise, les plages sont de sable blanc, les palmiers regorgent de cocotiers, les filles sont jolies, douces et avenantes, où la corruption gangrène la vie, la pauvreté assassine les populations et la violence pourrit le quotidien !</p><p>Qui pourrait imaginer deux vieux retraités officiers se lancer dans des aventures tropicales innocentes, à peine teintées de narcotrafic, et se retrouver dans une prison infernale avant de devenir des fugitifs évadés ?</p><p>En effet, il faut délirer pour imaginer de telles aberrations ! Avez-vous jamais entendu pareilles élucubrations ?</p><p>Allez, bonne lecture qui vous entraîne loin...</p>
<div class="page" title="Page 42">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">10
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux avocats et le consul ne sont pas restés très longtemps en compagnie des deux
français à qui ils ont laissé du linge de rechange, quelques affaires de toilette et des bouteilles d'eau.
Luis est venu les chercher et les a raccompagnés dans l'horrible cachot d'où ils ont été extraits un
peu plus tôt. Leur arrivée ne suscite guère de réaction dans la faune qui semble presque habituée à
leur présence. Ils retrouvent leur coin que semble avoir gardé le jeune Willie. Il les salue d'un
sourire édenté qui se voudrait accueillant. Antoine lui donne un paquet de petites galettes que leurs
pseudos défenseurs avaient </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">glissées </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans leurs affaires. Il se jette dessus et les avale goulûment sans
en offrir à ses congénères qui le regardent avec envie. Elles ne sont pourtant pas fameuses, mais
quand on a faim !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il finit le paquet à une rapidité surprenante, s'étouffant en partie à tel point que Pierre lui
donne un peu d'eau. Le jeune homme soupire d'aise après ce moment de bonheur.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors, interroge-t-il, vous avez vu la grosse et le bizarre ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes se regardent se demandant comment les nouvelles peuvent circuler aussi
vite, pratiquement en direct. Tous ont l'air au courant, les autres prisonniers leur paraissant, en dépit
de l'obscurité, les regarder avec curiosité et attendre leur réponse. Ils parlent avec le jeune
adolescent en espagnol, ce qui permet aux autres de comprendre. C'est certainement la raison pour
laquelle il commence à leur parler dans un français certes hésitant et marqué d'un fort accent, mais
tout à fait compréhensible.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle vous l'a proposé ?<br />
Pierre et Antoine froncent les sourcils et font mine de ne pas comprendre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tout se sait à Sainte Poésie, encore plus en prison, insiste Willy. Méfiez-vous d'elle, et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">marchandez. Il est certain qu'elle connait beaucoup de monde et pourrait vous faire
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">évader.<br />
Ils le laissent parler sans l'interrompre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle a contacté certains de mes amis. Je pourrais vous aider car vous aurez besoin de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">quelqu'un à l'intérieur de la Fortaleza. Je la connais comme ma poche.
Face aux mutisme des deux français, il continue.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vous demanderai rien, sinon de me prendre avec vous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous avons juste parlé du procès qui sera instruit par le commandant.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Lui, c'est un juste, honnête et tout. J'espère qu'il est bien protégé. Il a déjà échappé à
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">deux attentats. Il a choisi d'envoyer ses enfants en France pour les mettre à l'abri . Il croit
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu 'on ignore où ils logent, mais ils le savent.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ? C'est qui ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ceux qui veulent sa peau, et ils sont nombreux. Sa femme a refusé de partir avec les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">enfants. Ils restent là tous les deux à faire front face à un ennemi puissant qui les laisse
en vie encore pour la façade vis à vis de l'étranger. Si un jour, ils décident qu'ils en font
trop et risquent de devenir un obstacle, ils n'hésiteront pas.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ? C'est qui ? Quel rapport avec nous ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils, ce sont ceux pour qui vous travaillez.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous avons fait des traversées pour une entreprise International Sea Transport.
Le presque enfant éclate de rire, un rire sardonique qui dure.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne me dites pas que vous y croyez ? Vous êtes encore plus bêtes que je ne le pensais. Je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">me demande si je peux vous faire confiance pour partir avec vous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Que racontes-tu ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Toute l'île sait que le gouverneur est à la tête de cette soit-disant entreprise, qui est le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nom officiel du plus gros narcotrafic de l'île et même de la région. On ne vous l'a jamais
dit, lors des réceptions auxquelles vous étiez invités, ni auprès des jeunettes que vous
rameniez sur votre bateau ? Ni Anita dont le restaurant appartient au gouverneur, ni la
gentille Yalisa dont toute la famille est employée par Isidro, employés de maison,
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 43">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">hommes à tout faire, jardiniers etc... Vous êtes d'une crédulité qui frise la bêtise. Le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">commandant ne croira jamais que vous n'étiez pas au courant, tout le monde le sait !
Antoine et Pierre avaient l'impression qu'un piège bien établi se refermait sur eux, qu'il les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">coinçait et qu'ils risquaient fort de rester bloqués sur cette île pour des années, s'ils réussissaient à en
sortir un jour .
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leur cruauté n'a d'égale que leur rapacité. Ils ont empoisonné les chiens du commandant
auxquels sa femme est extrêmement attachée par pure méchanceté. Ils ont ensuite
rapporté un couple de dogues du Brésil, des Fila Brasileiro, qui ne la quittent pas d'un
pas et qui dorment avec eux. Ils se sont rendus au Brésil pour l'enquête de l'affaire
Barbatrech qui implique de nombreuses personnalités politiques et économiques, ce sont
les mêmes, de Sainte Poésie. Ils ont deux gardes fidèles qui veillent. Mais, les autres,
s'ils le veulent, ils les exécuteront sans problème. Vous comprenez qui vous affrontez ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous n'avons rien à voir avec ces gens-là.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais oui, vous êtes leurs employés. Ils ne vous soutiendront pas. Pour l'instant, ils vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">surveillent, de près. Ils ne vous pardonneront pas le moindre faux-pas.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons dit au commandant juste la vérité. Nous transportions des passagers, leurs
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">invitées et leurs bagages pour cette entreprise dont nous avons rencontré le représentant .
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À Paris, en Suisse ou dans les Îles Crocodiles ?<br />
Mais comment ce gamin à peine sorti de l'enfance, issu certainement d'un bidonville des
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">plus pauvres, qui trempait dans toutes sortes de trafics, pouvait-il être au courant de tout ça ? Ils
étaient les seuls à ne rien savoir dans cette histoire.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Donc, elle vous a proposé ses services pour vous ramener en France, la grosse Sylvana ?
Son prix doit tourner autour de cent mille dollars. Ses honoraires de vingt mille </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 80.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 100.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">-
</span><span style="color: rgb(40.000000%, 0.000000%, 100.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">elles incluses </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">? Car elle est chère alors qu'elle n'est pas très efficace.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment sais-tu cela ?<br />
Il sourit de ce même sourire triste et noir.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes tellement naïfs que vous me peinez. Je me demande même parfois si vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'êtes pas des malins sous vos airs innocents. J'avoue que j'ai du mal à vous jauger. Pas
grave. Je veux bien vous aider à condition que je vienne avec vous. Pas d'entourloupe
car je vous retrouverai. J'ai une sœur qui travaille pour des cousins en France, à Lyon.
Vous connaissez ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes approuvent d'un hochement de tête.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mes cousins ne sont pas des tendres et nous avons l'esprit de famille. La grosse Sylvana
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a déjà pris quelques contacts pour son opération et j'en suis.<br />
Inutile de démêler le pourquoi du comment dans cette histoire. Ils n'ont pas le choix et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">doivent en passer par ces gens d'un autre monde s'ils veulent s'en sortir.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle vous a promis de vous rendre la liberté ou simplement de vous ramener dans votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pays ?<br />
Bonne question ! Antoine et Pierre essaient de se remémorer la conversation. En effet, elle
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">peut se débrouiller pour les ramener en France menottes aux poings. Ce sera une chose à préciser.
Comment ? Ils ne vont pas élaborer un contrat écrit. Bien obligés de se contenter des paroles et de
leurs mémoires. Ils en sont à faire presque plus confiance au jeune Willie qu'au consul et aux
avocats chargés de leur défense.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je connais son plan.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine se regardent, plus rien ne les étonne dans cette histoire dans laquelle ils
plongent. Ils attendent la suite.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle a l'intention d'attendre le procès pour connaître le verdict. Si les peines sont
inférieures à cinq ans, elle attendra. Quelques réductions de peine et vous repartirez chez
vous. Mais ce n'est pas son intérêt car elle n'encaissera que les vingt mille dollars. Son
intérêt est que vous soyez condamnés à de lourdes peines pour qu'elle mette en place son
plan à cent mille dollars. Elle plaidera très mal, ce qui ne lui sera pas difficile, soit dit en
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 44">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">passant . Elle planifie de vous faire quitter la Fortaleza en hélicoptère.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En hélicoptère ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui ! En payant, cela se trouve facilement. Avec cent mille dollars, ici, vous tuez père et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">mère, oncles, tantes et le reste de la famille, les voisins y compris. Alors un hélicoptère,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sans problème.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Où ira-t-on avec un tel engin ? Pas loin .
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'allez pas traverser l'Atlantique avec un hélico. Il vous mènera jusqu'au port
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">principal de Sainte Poésie où vous embarquerez sur un des nombreux bateaux chargés de
containers qui traversent l'océan. Vous débarquerez dans un port européen et à vous la
liberté. Enfin, du moins l'Europe. Car la justice risque de vous y attendre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le plan est vraisemblablement déjà élaboré et bien avancé.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais le commandant et ses hommes ne sont pas au courant alors que vous le savez
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">déjà ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne fréquente pas les mêmes personnes. On a du temps pour la mise au point. Il faut
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">attendre le procès, mais qui se tiendra dans l'année car le commandant est pressé.
Encore plusieurs mois à attendre et vivre en prison, dans ces conditions. Les deux hommes
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont atterrés. Cela leur semble insurmontable.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne vous inquiétez pas. Je la connais, la grosse. Elle va vous obtenir de meilleures
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">conditions dans une prison moins dure ou dans une résidence surveillée. Mais il ne
faudra pas perdre contact. Je pourrais peut-être vous suivre. Je vais me débrouiller. Je
crois que c'est possible.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avenir s’annonce sous des auspices vraiment très sombres. Pour tenir, ils doivent se fixer
des objectifs précis, à court terme et atteignables. Le premier, sortir de l’enfer de la Fortaleza et
attendre le procès avec une certaine sérénité, enfin autant que faire </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">se </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">peut.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne vient pas les chercher pour les interroger. Autres méthodes. Certains jours, Luis est
aux abonnés absents et oublie de les nourrir, même pas d'eau. Willie les aide dans ce cas et leur
trouve du riz, des haricots rouges, de l'eau. Comment fait-il ? se demandent Pierre et Antoine. Pour
avoir survécu dans l'enfer d'où il vient, il est capable de se débrouiller. Il reçoit des colis extérieurs
de sa famille, de ses amis ou complices. Il trafique également avec les autres prisonniers dont il les
protège et qui les laissent tranquilles. Les deux français restent cependant méfiants et sont obligés
de faire confiance au jeune adolescent, sachant qu'il doit se vendre au plus offrant. Pour l'instant, ils
sont les plus intéressants, mais ils savent qu'il n'hésitera pas s'il trouve mieux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cette incertitude quotidienne, repas, boissons, ou rien, possibilité d'aller aux toilettes ou
refus de Luis, cette faune inquiétante qui rôde autour d'eux, les minent. Ils sombrent peu à peu dans
une dépression qui les mène vers la folie. Willie s'en rend compte et sait que c'est le but recherché .
Plus de visites de la grosse Sylvana, de son assistant ni du consul. L'argent n'a pas </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 40.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dû </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">arriver de
France. Le jeune adolescent a tout intérêt à conserver </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 40.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">les </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">deux français opérationnels s'il veut partir
avec eux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment se débrouille-t-il ? Toujours est-il que Luis brusquement redevient le gardien
attentionné qu'il était. Menaces ? Argent ? Les repas redeviennent réguliers, le droit d'utiliser la
douche des gardiens leur est accordé, des vêtements propres leur sont régulièrement déposés. Ils
trouvent un jour, dans le sac de nourriture, un téléphone. Ils le sortent sans aucune prudence sous les
yeux envieux des autres prisonniers, bien qu'ils soient quelques uns à en posséder. Willie se
dépêche de le cacher dans une poche de son vieux jean. Il leur explique qu'il l'a demandé à Luis et
que le consul </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">le </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">leur a fait parvenir. Un numéro est inscrit sur un papier crasseux collé sur l'appareil.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Apprenez-le par cœur et déchirez le papier. N'appelez pas . Attendez.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Attendre, mais attendre quoi ? Trois jours après, une sonnerie au rythme de salsa résonne
dans la poche du vieux pantalon de l'adolescent. Il en sort le téléphone et le tend à Antoine.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est pour vous, lance-t-il au français engourdi.
Il prend le téléphone et machinalement répond :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Allo !<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Papa, c'est Clara.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 45">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il a
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
</div>
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Incapable de répondre, il ne peut que pleurer, se demandant presque si c'est un ultime
moyen de le torturer. Mais la voix aimable de sa fille insiste :<br />
Papa, c'est moi, Clara, ta fille. Réponds-moi !<br />
Où es-tu, ma chérie ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">soudain peur qu'ils n'aient réussi à la faire venir, pour faire pression sur eux.<br />
À la maison, avec maman. Je ne te demande pas comment tu vas. Je t'entends et c'est
déjà miraculeux.<br />
Qui t'a donné ce numéro ?<br />
Je l'ai reçu par sms. J'ai vu que c'était un numéro de Sainte Poésie. Méfiante. Mais j'ai
appelé un peu par hasard, et par curiosité. Nous avons reçu d'une certaine avocate une
demande de virement pour assurer votre défense avec un numéro de téléphone français.
Je suis tombée sur une espèce de standardiste, qui m'a </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">assuré </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">être la secrétaire française
d'une avocate prénommée Sylvana, chargée par le consulat d'assurer votre défense. J'ai
cherché qui elle est vraiment. Anciennement au barreau de Versailles, mais rayée pour
des raisons pas très claires. Avec toujours un compte dans une banque française où nous
devons virer l'argent demandé. J'ai contacté les fils de Pierre qui ont reçu les mêmes
directives. C'est sérieux ? On va payer, il faut que vous sortiez de cet enfer. Nous
sommes prêtes à faire le voyage.<br />
Non, surtout pas. Vous ne venez pas, ni maman, ni toi, ni les enfants de Pierre. Trop
dangereux. Tu n'imagines pas ! Je pense qu'il faudra payer, peut-être plus. Selon les
résultats. Je t'expliquerai. Mais il faut être prudent, ce sont des escrocs. À la limite, le
commandant qui sera le procureur instruisant l'affaire est le plus honnête. Je sais, c'est
paradoxal, mais on n'en est plus à une contradiction près. Si tu savais .<br />
Papa, vous n'êtes pas coupables. Il faut vous défendre.<br />
Clara, c'est compliqué à expliquer. La vie n'est </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que noire ou blanche, c'est plus
nuancé.
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">—
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un silence au bout du fil. A-t-il détruit l'image que Clara avait de son père, grand, beau, fort,
honnête ?
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bon d'accord. Je fais quoi ? Pour l'argent ? Tu as cette somme ? Car c'est beaucoup .
Maman s'inquiète.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ça va aller, ma chérie. Je vais parler à Maman. Ce n'est pas le top comme tu dis, ajoute-
t-il pour détendre l'atmosphère, mais on tient le coup.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La voix inquiète d'Isabelle résonne au bout du fil. Il la connait depuis si longtemps, il la sent
tendue, fatiguée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Comment allez-vous ? Vous mangez convenablement ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une réaction de femme, de mère presque, qui le ferait sourire dans d'autres circonstances.
Elle ajoute, chuchotant presque.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine, les vacances ? La piscine? Le tennis ? C'est ça.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il ne répond pas, il a peur que les conversations soient écoutées et enregistrées. Toute
confiance a disparu.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Isa, cela va s'arranger.<br />
Cela fait très longtemps qu'il ne l'a pas appelée ainsi. Elle comprend ses angoisses.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Peut-on vous faire parvenir des colis ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est un milieu difficile à imaginer. Je ne pense pas que ce soit possible. Mais on se
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">débrouille.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour l'argent, je fais comment ? Clara a parlé aux fils de Pierre qui se demandent,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">comme nous, comment faire, pour réunir cette somme.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu as une procuration sur mon compte.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais on n'a pas cette somme à la banque.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je te parle de la procuration que je t'ai donnée il y a quelque temps en te disant de bien la
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">conserver en cas de besoin. Tu as ri en demandant si c'était pour mes obsèques. Tu l'as
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 46">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">toujours ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bien sûr, je l'ai rangée dans le petit coffre où je mets les documents de la maison, le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">livret de famille.<br />
Il l'interrompt. Il a peur que le communication soit coupée.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Récupère-la. Rends-toi à l'agence indiquée et retire l'argent demandé. Je me débrouillerai
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ensuite avec Pierre.<br />
Isabelle ne répond pas. Elle ne demande pas si il y a assez d'argent pour payer la somme
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">demandée par les avocats. Elle sait, elle a compris.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour commencer, tu ne vires sur le compte qu'ils t'ont communiqué que la moitié.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">D'accord.<br />
Réponse laconique. Le téléphone n'est pas le meilleur endroit pour les explications.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Clara va téléphoner aux fils de Pierre. Tu n'as vraiment besoin de rien d'autre ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne m'oubliez pas. Croise les doigts, ajoute-t-il en riant, et reste zen. Ça va aller. Tu as
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">toujours tes petits bouddhas un peu partout dans la maison et le jardin ? Dis- leur de ne
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas nous oublier. Je t'embrasse.<br />
Isabelle raccroche sans ajouter un mot. Heureusement qu'elle est là !<br />
Willie reprend le téléphone que certains prisonniers ne lâchent pas des yeux. Ils n'oseront
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas s'attaquer à lui, ils connaissent sa rapidité de réaction et sa férocité cachée sous ses airs
d'adolescent attardé. S'il a survécu, c'est bien grâce à ça, violence et apparence.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les jours s'étirent, longs et toujours aussi incertains.Pierre et Antoine attendent, mais ne
savent plus ce qu'ils attendent. Ils ont perdu toute notion du temps qui passe. Parfois, ils demandent
la date du jour à Willie. Déjà deux mois qu'is sont dans cette nasse. Luis arrive sans prévenir et leur
ordonne de le suivre. Willie se lève aussitôt et ricane quand le gardien lui clame :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas toi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le jeune le regarde et lui murmure quelques mots inaudibles aux deux français. Luis baisse
la tête et les conduit tous les trois hors du cachot. Ils suivent de longs couloirs qui le mènent dans
une cour remplie de soleil dont la soudaine clarté, qu’ils ont oubliée, les éblouit. Ils ont un recul,
presque l'envie de retourner se cacher dans leur geôle. Luis les pousse vers une voiture rouge dont
la couleur dénote dans cette atmosphère lugubre. Willie est fasciné par le véhicule qu'il admire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle est belle, j'espère avoir la même un jour.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine le regardent en se demandant si finalement il n'a pas la recette du bonheur.
Le moment présent, sourire de plaisir, sans regretter le passé et sans se soucier de l'avenir. La porte
s'ouvre et Luis les pousse à l'intérieur du véhicule où ils retrouvent au volant un des assesseurs du
commandant précédemment connu lors de leur interrogatoire, tandis que Willie exprime sa joie face
aux sièges de cuir et au tableau de bord électronique. Il demande s'il peut toucher en avançant la
main. Un coup de matraque l'arrête vite. On ne perd pas si vite les bonnes habitudes !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils sont tassés tous les trois à l'arrière du véhicule, avec un chauffeur totalement mutique et à
la conduite brutale, évitant piétons et deux roues à grands coups d'avertisseur qui font se ranger les
autres usagers. Inutile de demander où il les mène, même Willie ne s'y risque pas. Il leur indique en
passant la mer bleu turquoise, la cathédrale, il se signe en passant devant, ça ne peut pas faire de
mal ! Presque une balade touristique. Ils quittent la vieille ville et se dirigent vers les quartiers
périphériques, plus récents, avant de s'arrêter face à une maison blanche, moderne, entourée d'un
petit jardin, clos par une palissade surmonté de « dents de requin », un système courant pour
protéger les domiciles des cambriolages sur lesquels un certain nombre d'apprentis cambrioleurs se
sont empalés. Les risques du métier. Le grand portail métallique s'ouvre, une commande
électronique certainement qui ravit Willie. Ce n'est que lorsque le portail est refermé que le
chauffeur débloque les portières en leur ordonnant de descendre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La porte de la maison s'ouvre sur le deuxième comparse dont ils avaient fait connaissance
précédemment. Willie le salue en le prenant dans ses bras affectueusement. Il explique aux français
que c'est un ancien voisin. Pierre et Antoine ont l'impression de nager en plein délire. Ils attendent
dans la vaste entrée. Carrelage blanc, murs vert olive, quelques cadres, des meubles sombres. Leurs
anges gardiens leur font signe de la tête de les suivre et les mènent par un couloir jaune criard vers
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 47">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'arrière de la maison. Ils aperçoivent une cuisine où une femme s'affaire sans lever la tête à leur
passage. Ils ouvrent deux portes et leur indiquent ce qui semble être leurs chambres. Blanches,
grand lit massif, couvre-lit rouge, un fauteuil, une table de chevet, une ampoule pendant du plafond.
La décoration est sommaire, mais cela leur semble luxueux après des semaines de cachot. Une
fenêtre donne sur le jardin qu'ils ouvrent avec un grand sourire. Une salle de bain fait face aux
chambres. Willie est traîné vers une petite pièce qui doit être à l'origine réservée aux domestiques.
Un vrai luxe pour lui qui s'extasie devant un lit avec un matelas, une chaise de plastique blanc, une
minuscule douche, un lavabo et des toilettes. Une fenêtre éclaire la petite pièce et une ampoule
recouverte d'insectes donne une faible lueur jaunâtre. Il exulte face à cette chambre comme il n'en a
jamais eue.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je remercie Dieu d'avoir croisé votre route. C'est mon destin et je sens que je vais
réussir. Je pourrai enfin aider ma mère.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il se signe plusieurs fois en riant. Il est sincèrement heureux !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre ne partagent pas vraiment sa joie, mais semblent soulagés de ce
changement de conditions de vie, tout en se demandant ce qu'il cache. Rien n'est gratuit, la suite les
inquiète. Cependant, ils décident de copier l'attitude du jeune homme. Ils ont quitté un enfer et
essaient d'apprécier cette pause, même si elle n'est que provisoire et pose plus de questions qu'elle
n'en résout.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils prennent une douche pour se rafraîchir de cette chaleur tropicale humide qui leur colle à
la peau. Ils ont l'agréable surprise de trouver des vêtements propres sur le fauteuil de leur chambre,
chemise blanche à manches courtes, pantalon de toile, sous-vêtements, chaussures de toile. Dans la
salle de bain, serviettes de toilette propres, savon, shampoing, matériel de rasage, eau de toilette. Ils
y restent longtemps, appréciant l'eau tiède qui coule sur leur corps, essayant de ne penser à rien
d'autre qu'à ce plaisir fugitif. De retour dans leurs chambres, ils choisissent de rester seuls un
moment : cela fait si longtemps qu'ils vivent dans la promiscuité qu'ils apprécient cette solitude,
simplement perturbée par les bruits de la rue, du voisinage, des oiseaux, les signes d'une vie
normale qu'ils ont oubliée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelle n'est pas leur surprise de voir débarquer Willie méconnaissable, vêtu de propre,
shampouiné, lavé à tel point qu'il paraît beaucoup plus clair de peau et surtout qui ressemble
maintenant à un vrai adolescent, vêtu d'un pantalon blanc, d'un tee-shirt bleu clair, de tennis blancs
et d'une casquette rouge. Il se présente à eux avec un énorme sourire et joue le mannequin en se
tournant et retournant d'un geste gracieux et presque élégant.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai discuté avec la cuisinière. Venez, elle va nous servir un vrai café et quelques
gâteaux. Laissez tomber vos questions! Chaque chose en son temps. On profite de ce que
la vie nous offre, ce n'est pas si fréquent.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu sais pourquoi nous sommes là ?<br />
Il sourit un peu mystérieusement.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis aux renseignements. Je vous tiens au courant. Avec mon ancien voisin, et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">quelques cousins aussi.<br />
Il part en courant dans le couloir, vers la cuisine, galopant tel un gosse heureux, ce qu’il est.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ni les noirceurs, ni les crimes, ni toute sa vie passée, ne lui importent. Pas de remords ni de
conscience. Seul compte l'instant !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La cuisinière au cou de laquelle Willie saute en l'embrassant (une tante ? Une cousine?une
copine ? Va savoir!) leur a préparé, sur la table de la cuisine, du café, un grand pot de sucre en
poudre et des gâteaux secs. En d'autres temps, les deux français auraient à peine touché à ce goûter
qui ne correspond pas à leurs saveurs européennes. Mais ce jour-là, il leur semble un vrai festin de
roi. Devant l'air surpris de Willie quand ils refusent les généreuses cuillerées de sucre en poudre
dont il veut arroser leur café, ils finissent par accepter, eux qui ne buvaient que des expressos . Ils
apprécient ce café rustique plus proches d'un sirop que d'un pur arabica. Ils savourent cette liberté
de mouvement et ce retour à une vie presque normale après la prison.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils s'installent tous les trois dans les mecedoras (terme local désignant les rocking-chairs) de
la varangue comme dans toutes les maisons poésiennes, se balançant doucement dans la fraîcheur
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 48">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">relative du soir et appréciant cette pause dans le temps. Willie leur raconte que c'est la première fois
qu'il peut s'y bercer. Il en a souvent </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 80.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vu </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans les belles maisons, mais n'a jamais pu s'y poser.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un rêve, ajoute-t-il.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un terme qui laisse les deux français pantois. Finalement, on peut trouver du rêve partout,
c'est juste une question de mesure ! Le temps semble s'être arrêté, au moins provisoirement.
Combien de temps restent-ils là ? C'est la nuit qui les ramène à la réalité et la cuisinière qui vient
leur annoncer le repas du soir. Soupe parfumée à la coriandre, purée de patates douces et de bananes
plantains, petits morceaux de poulet dans une sauce piquante, ananas. Willie précise en souriant que
le fruit est prévu pour eux car dans la cuisine traditionnelle poésienne, il n'y a pas de fruits en
dessert. Pierre et Antoine saluent et remercient la femme. Ils demandent au jeune homme s'ils
peuvent lui donner un petit pourboire. Hésitant, l'adolescent entame une discussion avec elle, assez
longue. Elle semble d'abord refuser, puis hésiter avant de baisser la tête en acceptation. Il s'ensuit
une explication un peu confuse de Willie qui précise qu'elle a des enfants et une grand-mère<br />
malade. On retrouve toujours les mêmes raisons. Impossible d'en extirper la vérité. Peut-être même
va-t-elle partager avec le jeune homme qui précise qu'en dollars, c'est préférable. Décidément, le
même système à tous les niveaux. Les voyant prêts à sortir un billet de dix dollars, Willie les arrête :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est trop, deux ou trois dollars, cela suffit. On verra plus tard !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cette journée surprenante a fatigué les deux hommes qui, sitôt le repas terminé, regagnent
leur chambre. Ils s'étreignent longuement avant de se séparer, la gorge serrée. Quel avenir les
attend ? Rien n'est gratuit .
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 49">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">11
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La nuit est calme, pas de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bruits furtifs </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">des autres prisonniers, de portes qui claquent, de cris
plaintifs. Une nuit tropicale, percée de grincements d'insectes, de quelques bruits lointains de
musique. Dans des draps propres, dans un vrai lit, sous une moustiquaire qui arrête les moustiques
dont on entend juste les vibrations. Où vont-ils se réveiller ? Que leur mijote-t-on ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leur journée commence par un petit déjeuner local que la cuisinière, qui leur dit s'appeler
Milena, a amélioré pour les Européens, de café, de pain, de beurre et de confiture tellement sucrée
qu'il est inutile d'en chercher le fruit d'origine. Elle le complète d'un jus de fruits. Les quelques
dollars distribués la veille sont efficaces. Willie se jette sur les saucisses nageant dans la graisse, les
bananes plantains qu'il agrémente de spaghettis. Il ne doit pas souvent déjeuner ainsi. Pierre et
Antoine attendent qu'il ait tout englouti avant de l'interroger.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sais-tu quelque chose ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Doucement, répond-il avec son accent prononcé. J'attends des précisions ce matin. Dès
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que j'ai les renseignements, je vous préviens, promis. Profitez tranquillement de votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">temps. J'ai réussi à vous trouver des journaux et des livres en français.<br />
Mais comment fait ce gosse ? Enfermé comme eux, il se procure des objets introuvables,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sans parler des secrets qui pour lui n'en sont pas. Ils n'ont plus qu' à prendre leur attente en patience.
La journée se déroule tranquillement, sinon leur inquiétude. Willie se délecte des télénovelas et des
policiers américains diffusés en permanence par la télévision. </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 80.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Délia </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a un appareil dans la cuisine et
ils vivent tous les deux les mésaventures des superbes héroïnes dans leurs magnifiques maisons et
les courses poursuites des policiers du FBI. Une scène presque surnaturelle pour les deux français
enfermés dans cette île dite paradisiaque au bout du monde dans l'attente d'ils ne savent quoi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La journée s'écoule sans événement notable. Le repas du soir se conclut par la distribution
de quelques pièces à Délia, ce qui semble être devenu un rituel. Il est vrai qu'elle est beaucoup plus
souriante et que la qualité des repas s'améliore nettement. Fruits frais, légumes, poissons, viandes.
Le téléphone que Winnie garde toujours précieusement alors qu'ils profitent de la fraîcheur nocturne
sur la véranda sonne. Il décroche et aussitôt tend le téléphone à Antoine. C'est Clara.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le virement est fait.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne donne pas de précision, ni somme, ni nom. La moitié ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comme tu nous l'as demandé. Maman est allée retirer la somme et a suivi les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">instructions. Vous allez bien ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nettement mieux. Nous sommes prisonniers dans une maison plutôt confortable, bien
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nourris. Mais dans l'incertitude. Nous ne savons pas ce qu'il va se passer.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ici, les journaux commencent à en parler. Nous avons été contactés par de nombreux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">journalistes.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Motus et bouche cousue.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Évidemment. Il y a le cercle des anciens officiers de la Marine qui a demandé à nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">voir. Que fait-on ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous leur dites que vous ne savez pas grand-chose et que l'ambassade s'occupe de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'affaire.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Paul, le fils de Pierre, est avec moi et voudrait parler à son père.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je le lui passe. Prenez soin de vous. Je vous embrasse.<br />
Il n'a pas demandé à parler à Isabelle qui ne semble pas avoir envie d'entamer une discussion
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">avec lui. Le temps des explications viendra assez tôt, s'il vient. Il donne le téléphone à Pierre en lui
disant simplement , Paul . Son ami attrape l’appareil, les larmes aux yeux. Il ne pensait pas que son
fils s'inquiéterait de son sort. Ils discutent quelque temps, de façon neutre, presque de la pluie et du
beau temps. Paul est inquiet, mais semble faire face. Clara est une aide efficace et active. Ils
ressortent de cette communication plus optimistes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie disparaît après qu'ils ont entendu le portail s'ouvrir. Il reste absent une bonne trentaine
de minutes. Pierre et Antoine attendent, en dépit de leur envie de regagner leur chambre. Ils pensent
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 50">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que cette visite nocturne pourrait bien les concerner. Willie revient avec un visage sombre. Fini le
sourire du gosse heureux de vivre. Il s'installe sur une des chaises.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai eu des nouvelles. À la fois soulageantes et inquiétantes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils sont toujours étonnés du vocabulaire précis et parfois recherché de ce gosse de la rue qui
leur est devenu indispensable. Leur seul lien avec le monde extérieur.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes là sur ordre du commandant. Il veut vous remettre en forme avant le procès,
bien nourris, lavés, presque souriants. Car le procès est pour bientôt, dans une dizaine de
jours.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et nos avocats ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pfff ! Ils ne servent à rien. Sont-ils même au courant de la date du procès ? Il semble
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'ils n'ont reçu que la moitié de la somme demandée pour leurs honoraires.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En effet, c'est ce que nous avons demandé à nos familles. Ils ne se sont même pas
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">déplacés pour nous visiter.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne sais même pas s'ils sont au courant de votre changement de résidence. Peut-être
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont-ils retournés à la Fortaleza ? Je vous le répète, ce sont des incapables. Seul l'argent
les intéresse. Vous avez bien fait de ne leur donner que la moitié. Ils vont se remuer pour
vous trouver et demander le solde.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ont-ils développé un plan argumentaire pour notre défense ?
Willie éclate de rire.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un plan ? Une défense ? Mais ils n'ont rien du tout, ils attendent. Ils ne sont pas de taille
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">face au commandant qui va instruire le procès.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le verra-t-on avant ?<br />
Le jeune homme lève les bras en signe d'ignorance.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tenez-vous à votre version. Il n'y a pas d'autre issue. Il va demander le maximum pour
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'exemple.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Minimum vingt ans.<br />
Cette perspective laisse les deux français assommés. Ils savent que Willie est au courant de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bien des choses et qu'il ne va pas leur balancer une information sans une quasi certitude. Vingt ans
dans cet enfer. Ils retourneront en prison, l'épisode dans la maison n'est que provisoire. Il n'y a pas
d'accord d'extradition entre la France et Sainte Poésie . Le commandant mène un combat dont ils
sont les victimes non pas innocentes, mais les victimes tout de même. Contre le narcotrafic, la
corruption, le clientélisme, le système en place. Il ne va pas les rater. Il ne leur reste plus qu'à
s'accrocher à cette idée folle d'évasion, à laquelle ils ne croient que très partiellement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La nuit est agitée pour les deux hommes. Le lendemain après-midi voit débarquer la grosse
Sylvana, son étrange assistant et le soit-disant consul. Ils les saluent presque chaleureusement.
L'argent est arrivé, au moins en partie. Ils viennent se renseigner sur la deuxième partie du
versement. La cuisinière leur sert un café. Les trois visiteurs demandent à leur parler en privé.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes entre nous, rétorque Pierre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana, boudinée dans un robe moulante rouge et noire qui laisse déborder ses formes
voluptueuses et toujours juchée sur ses interminables talons dont on a l'impression qu'ils vont céder
sous le poids supporté, leur indique de sa main couverte de bijoux, le jeune homme.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah, non, lui, il reste !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'étrange assistant hoche la tête pour prouver sa méfiance, tandis que le consul souffle
bruyamment.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est comme ça, surenchérit Antoine. À prendre ou à laisser. Vu votre efficacité et votre
diligence, la porte vous est grande ouverte.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie sourit aux anges, tandis que les deux français se lèvent et se dirigent vers la porte du
salon où ils ont été introduits par Déliaa.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Résignés, les trois visiteurs s'enfoncent dans leurs sièges. Le consul prend la parole :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Votre procès est pour bientôt. Vous êtes ici pour vous remplumer et vous remettre en
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 51">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">forme.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous le savons.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons aussi nos sources d'informations. Heureusement, car vous étiez aux abonnés
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">absents ces derniers temps.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes très occupés, répond d'une voix triste et terne l'étrange assistant, en
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">secouant sa crinière.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, vous attendiez surtout le virement.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Justement, glapit Sylvana de sa voix étrangement douce, il semble que seule la moitié de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nos honoraires ait été versée.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vos honoraires ? Par rapport à quel travail ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons fait de nombreuses recherches et remué pas mal de réseaux.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour quels résultats ? Vous nous laisserez vos dossiers, je suppose.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire que tout n'est pas publiable.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Qu'avez-vous fait, à part vérifier l'arrivée de l'argent sur votre compte en France, où, je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous signale, chère Madame, vous ne pouvez plus exercer. Le barreau de Versailles vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a rayée de ses cadres !<br />
Sylvana eut une mimique de poisson qui manque d'eau, avant de se reprendre.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ce fut une erreur qui va se réparer d'ici peu. Cela n'entrave en rien ma position d'avocate
à Sainte Poésie.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Connaissez-vous seulement la date du procès ?<br />
Silence, que Willie </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">interrompt </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">:<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Dans quinze jours.<br />
Le consul et les deux juristes restent cois, mis à mal par un petit voyou qui en sait plus
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'eux.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelle est votre stratégie ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous voulions justement en discuter aujourd'hui.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Parce que vous n'avez rien préparé ? Vous nous avez laissés croupir dans le cachot de la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Fortaleza, sans nourriture...
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un peu tout de même !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous foutez de nous ? Je ne sais même pas si nous serions encore en vie si nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'avions pas été aidés par ailleurs.<br />
Sylvana n'aime pas cette situation qui lui échappe, car elle a peur que l'argent prévu et dont
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">elle a fort besoin ne s'évapore également. Elle reprend, avec assurance.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je connais les lois de ce pays. Vous êtes accusés de narcotrafic, de corruption des agents
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de la police et de la douane, de traite de mineures et....
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrêtez, n'en jetez plus !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">De voyages illégaux. Voilà les chefs d'accusation, avec des preuves et des témoins.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Lesquels ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour les preuves, il y a vos carnets de bords qui retracent tous vos trajets, avec vos
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">voyageurs.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et tous les documents légaux, visas, passeports.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certains touristes étaient recherchés par la police.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais la police a vérifié et signé tous leurs documents.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Parce que vous avez payé les policiers.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Jamais !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Eux assurent que oui, quelques repas, quelques pots chez Anita, tout comme les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">douaniers.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais c'était aux douaniers de fouiller les bagages, pas à nous. Vous connaissez les
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">règlements des skippers.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 52">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les douaniers assurent que vous les avez dissuadés de fouiller les étranges sacs de vos
passagers en leur donnant quelques billets.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais jamais !<br />
Elle hausse les épaules et poursuit.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et les gamines ?<br />
Pierre et Antoine baissent la tête, n'osant avouer que ces gamines se sont parfois </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">glissées
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans leur lit. Mais ils doivent le savoir.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Enfin, le pire n'est pas ça. Vous êtes deux officiers à la retraite avec d'excellents états de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">service. Vous avez accompli de nombreuses missions et n'êtes pas tombés de la dernière
pluie. Vous ne ferez pas croire que vous ignoriez ce que vous transportiez. D'autant que
ces transports étaient très généreusement payés. Piscine, tennis, vacances luxueuses,
paiement de vos pensions alimentaires... Je continue ? Les autorités financières
françaises se sont montrées très coopératives, d'autant que ces sommes échappaient au
fisc ! Vous ne ferez jamais avaler votre soit-disant naïveté aux juges. Ce ne sont pas des
imbéciles. Vous avez fermé les yeux parce que cela vous </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">arrangeait</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">. Le commandant
veut frapper un grand coup, tant contre le narcotrafic que contre les étrangers qui
prennent son pays pour un vaste parc de jeu. Il ne vous fera aucun cadeau.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelle est votre ligne de défense, si vous en avez construit une ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je vais insister sur l'abus de confiance de la part de International Sea Transport, votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">crédulité, votre application du règlement qui ne vous permet pas de fouiller les bagages
de vos voyageurs. Mais je ne sais pas si je serai écoutée. La condamnation d'étrangers au
dessus de tout soupçon sera une victoire pour le commandant. Une partie du peuple lui
donnera raison.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et donc ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vingt ans, je pense.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas d'extradition possible ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas avant une dizaine d'années. Les autorités poésiennes n'ont aucune confiance dans le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">système de bracelets électroniques français. Libération peut-être au bout de dix ans ! Et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">il va être demandé le remboursement des sommes acquises grâce à ce trafic.<br />
Pierre et Antoine ferment les yeux et semblent se tasser dans leurs fauteuils. Willie brise le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">silence.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il y a un autre moyen.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La grosse avocate, le consul et l'assistant le </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">regardent </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'un air méprisant.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Lequel ?<br />
Le jeune homme les regarde d'un air narquois.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous ne les informez pas de votre plan B ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vois pas de quoi vous parlez !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrêtez de vous moquer du monde. Vous ne pouvez pas avoir déjà oublié les cent mille
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dollars. Et l'hélicoptère !<br />
Ils le regardent en semblant ne pas comprendre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je les ai déjà mis au courant.<br />
Silence.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'avez encore rien préparé ? Du travail d'amateur !<br />
Antoine et Pierre interviennent.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une question : vous nous m'avez bien parlé d'honoraires de cent mille dollars si nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">retournions en Europe ? Mais un détail que vous avez omis de préciser : libres ou
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">menottes aux poignets ?<br />
Sylvana se tortille sur son siège, autant que sa corpulence le lui permet et ses deux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">compagnons semblent très intéressés par le carrelage, semblant traquer la moindre poussière.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Votre cas est très compliqué et, pour le commandant, un exemple qu'il veut donner à la
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">justice locale, internationale et aux corrompus. Personne n'est intouchable.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 53">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cela ne répond pas à notre question. Libres ou prison française ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne peut jamais prévoir les décisions de justice, tellement de paramètres entrent en
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">jeu.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous savons que vous êtes un avocat minable, mais vous devez tout de même avoir une
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">idée, même pas lumineuse ! Vous avez déjà été dans un prétoire, j'imagine, du moins
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">j'espère ?<br />
Raclements de gorge, regards échangés en biais. Aucun n'ose prendre la parole. C'est le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">consul qui finit par se jeter à l'eau, avec un ton très diplomatique.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cela risque d'être long.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le procès ou la peine ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux, mais surtout les peines. La justice poésienne s'est déjà faite avoir avec des
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">libérations qui devaient se poursuivre en France et qui se sont soldées par des libérations
pures et simples et des accueils en fanfare. Très vexant et humiliant. Le commandant ne
transigera pas. Il se sait dans son droit. N'oubliez pas qu'il a fait une partie de ses études
de droit à Paris, que sa femme est française et que ses enfants vivent en France. Il
connaît le pays et ses engrenages. Il s'y rend assez souvent. Il pourrait y vivre très
confortablement, mais il se sent investi d'une mission de nettoyage des corrompus
locaux, qui sont souvent des amis d'enfance et d'études. Il a été influencé par un grand-
père républicain espagnol installé à Sainte Poésie après la guerre civile. Phénomène
rarissime ici, il n'a pas été baptisé et son aïeul a eu un enterrement civil. Sa grand-mère
est très âgée et toujours vivante. Elle partage les idées de son époux et raconte encore à
son petit-fils les exactions des franquistes et les massacres qu'ont </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">subis </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">les républicains.
Je dirais qu'il a été nourri dès son plus jeune âge à ces idées de justice, d'égalité, de
partage, bref d'un communisme maintenant dépassé. Ses parents sont juristes et ont
acquis un statut respecté et confortable. Ils sont beaucoup moins imprégnés par ces idées
révolutionnaires. Les grands-parents envoyaient leur petit-fils en vacances à Cuba.
Imaginez les idées qu'il y a acquises. Quant à sa femme, française, membre des
Jeunesses Communistes, de toutes les grèves et manifestations, pour les immigrés,
contre les multinationales etc . Ils se sont bien trouvés. N'en attendez rien, qu'une
condamnation du système en plus de votre propre condamnation. Personnellement, je
vous donnerai vingt ans, au minimum. Le gouvernement français n'interviendra pas,
sinon avec l'aide apportée par Sylvana et votre serviteur, conclut-il en s'inclinant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux français se demandent s'il se moque d'eux. Mais même pas. Pour une fois, il est
sincère. Ils sont bien mal partis. Willie les interrompt dans leurs sinistres pensées.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Il reste l'hélicoptère.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 54">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">12
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un lourd silence s'abat sur la petite assemblée. Les trois invités regardent peureusement les
autres pièces, où, pensent-ils, on doit les écouter. Pierre et Antoine attendent : Willie est leur seule
possibilité, ils en sont convaincus. Le jeune homme, confortablement installé dans un fauteuil
comme il n'a jamais </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dû </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">en connaître, attend, sûr de lui.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ben quoi ? C'est bien ce que vous aviez décidé ? s'adresse-t-il à Sylvana et ses acolytes.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On en a vaguement parlé, en supposant le pire, mais pas plus.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Stop ! Vous avez pris déjà certains contacts et ne me demandez pas comment je le sais.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Voulez-vous que je continue mon histoire, hélicoptère, bateau porte-containers, traversée
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de l'Atlantique, débarquement dans un port européen et remise à la justice française.
Leur silence est éloquent.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vivez ici depuis longtemps, mais vous êtes loin de connaître vraiment le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">fonctionnement de Sainte Poésie. Vous avez déjà pris contact pour l'hélicoptère, vous en
négociez le prix. Le pilote que vous avez choisi n'est pas fiable, ni pour son pilotage, ni
pour son silence. Moi, j'en connais un beaucoup plus sûr. Il sait vraiment piloter, pourra
atterrir dans la Fortaleza ou ailleurs, et se poser sur le pont d'un porte-container, doté
d'un capitaine débrouillard sachant naviguer et sortir du port sans problème. La seule
chose que nous ne pouvons pas maîtriser, c'est la police française. Moi, je pourrai
toujours me faufiler pour m'échapper, j'ai de la famille en France.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les yeux écarquillés, les trois autres le regardent, aussi estomaqués par son plan que par le
fait qu'il fasse partie du voyage.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu pars avec eux ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis le plus à même de les aider. De plus, c'est une condition indiscutable. Ils sont au
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">courant.<br />
Il soupire et paraît se plonger dans une sieste des plus agréables, engoncé dans son
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">merveilleux fauteuil. Pierre et Antoine s'impatientent alors que les trois autres se regardent.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Si Willie est au courant et paraît plus à même de mener les opérations à terme, nous nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">passerons de vos services.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne comprends pas comment il peut connaître des faits que nous avons à peine
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">évoqués.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et les cent mille dollars, une simple évocation de votre part ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour vous éviter un trop grand découragement.<br />
Pierre éclate d'un rire sardonique.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous foutez pas mal de notre espoir ou désespoir ! La seule chose qui vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">intéresse, c'est ce que nous pouvons vous rapporter. Inutile de prendre cet air outré.
Les trois français poussent presque des cris d'orfraie effarouchée qu'Antoine interrompt
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">brutalement :
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes certes des crédules, mais il y a une limite à notre naïveté : votre rapacité
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">est tellement évidente que même nous, pauvres naïfs, nous en sommes rendus compte.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons songé en effet à votre évasion pour vous soulager de prisons très violentes.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quel plan avez-vous élaboré ? Si vous avez planifié quelque chose, car vous n'êtes pas
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">des organisateurs très calés.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avions parlé entre nous de plusieurs possibilités, car en dépit de ce que vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pensez, nous connaissons la région. Nous avions évoqué la possibilité d'une évasion en
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">hélicoptère, ou en bateau. En avion, cela nous semblait plus difficile.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous avez pris des contacts ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas très précis et sans détailler nos desseins.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment expliquez-vous que ce jeune homme, Pierre désigne Willie, soit au courant et
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'il ait un plan infiniment plus élaboré et précis ?
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 55">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous ne comprenons pas, avoue le consul.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il y a un problème : ou l'un de vous a parlé ou vous êtes espionnés.
Ils se regardent, cherchant le coupable parmi le trio.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ce qui signifie, renchérit Antoine, que nous ne pouvons pas vous faire confiance. Vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'êtes ni fiables, ni compétents. Nous allons devoir nous débrouiller sans vous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et...
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana essaie de prendre la parole, coupée par un Willie soudain bien réveillé et qui n'a
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas perdu un détail de leur conversation. Il poursuit.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous aurez peut-être vos vingt mille dollars. Soyez bien contents d'avoir déjà empoché
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">la moitié pour ce que vous n'avez pas fait. La justice impose un pseudo avocat lors du
procès dont vous connaissez déjà le réquisitoire et l'issue bien mieux que votre plaidoirie
que vous n'avez sans doute pas ébauchée. Mettez une croix sur les cent mille rêvés. Moi,
je m'occupe du reste, et pour beaucoup moins cher. Je voyage avec eux et ne leur
demanderai que quelques milliers d'euros pour bien redémarrer ma vie en Europe, et
pour ma sœur et mes petits neveux. Vous savez, les Poésiens, nous avons le sens de la
famille. Mais attention !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les traits du jeune adolescent se transforment alors en un masque menaçant du sicario qu'il
est :
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Si le moindre détail de cette opération sort de cette pièce, je préfère vous laisser
imaginer ce qui vous attend. Pas sûr que vous ayez assez d'imagination.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un sourire carnassier traverse son visage, aussi effrayant que certains masques de démons
du carnaval.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un grand silence s'établit, troublé par le bruit des pales du ventilateur de plafond qui t</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ente </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de
les rafraîchir et de chasser les insectes. Willie poursuit :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne pense pas vous avoir présenté mon voisin ?<br />
Il indique de la main le garde dont il n'ont pas remarqué la présence à la porte.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre le connaissent. Ils n'en ont pas un excellent souvenir. C'est un brave
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">garçon, mais il est plus enclin à obéir qu'à prendre des initiatives personnelles. Il voue
une grande admiration au commandant, mais surtout il adore ma mère qui l'a </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">élevé </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">et
pour qui il est prêt à tout, n'est-ce pas Victor ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Peut-être sans avoir compris les paroles de Willie, le garde se fend d'un sourire béat et se
permet d'entrer dans le salon pour serrer l'adolescent dans ses gros bras et l'embrasser sur le front,
accompagnant son geste d'amour inconditionnel d'un signe de croix confirmant sa bénédiction. Les
français restent silencieux, Pierre et Antoine presque rassurés, les trois autres plutôt effrayés.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vraiment, nous avons fait le maximum pour vous, tente le consul. Vous n'imaginez pas
les difficultés que nous avons </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dû </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">affronter pour vous aider.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous aider ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai personnellement prévenu vos familles.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et envoyer le numéro de compte.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous croyez en France. Ici, le fonctionnement administratif est différent.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vous parle pas de la justice, surenchérit la grosse avocate.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous verrons au procès. Le commandant est à la tête d'une croisade pleine d'embûches.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est lui qui argumentera contre nous, nous le savons et, je vous le dis franchement, nous
le craignons. Nous n'attendons rien de vos plaidoiries et serons probablement condamnés
à de lourdes peines. Nous choisirons certainement la solution de Willie si elle est
plausible car nous ne voulons pas mourir ici en prison .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine baisse la tête et laisse Pierre s'exprimer pour eux deux.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous l'avons cherché.<br />
Un silence accueille cet aveu que tous savent ne pas pouvoir réutiliser et qui ne se reproduira
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas. Sylvana s'extirpe avec difficulté de son siège et ordonne à son assistant de rassembler les
documents épars sur la table.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 56">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'appuierai mon argument sur votre crédulité. Je me permettrai peut-être même de parler
de bêtise et de manque de réflexion. J'insisterai sur le fait que vous ne pouvez pas,
suivant le droit maritime, fouiller les bagages de vos passagers, aussi surprenants et
nombreux soient-ils. Vous avez fait confiance aux policiers et aux douaniers poésiens.
Enfin, les photos vous montrant faire la fête en leur compagnie et vos réceptions en
compagnie du chef des douanes, du gouverneur et des responsables de police ne vont pas
m'aider. Pour les jeunes filles, je ne pense pas que le commandant insistera car c'est
monnaie courante. Mais savez-vous que Yalisa a à peine seize ans, en dépit de ses deux
enfants. Enfin, vous allez découvrir les coutumes locales. Dès que j'ai la date exacte du
procès, je vous la communique. Je pense que vous resterez là en attendant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie paraît mutique dans son coin mais reste attentif :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Ils restent là jusqu'au procès qui a lieu dans trois semaines. Victor et Délia, la cuisinière,
vont bien s'occuper de nous. Ils doivent être en forme pour le tribunal. Après le jugement, ils seront
ensuite ramenés à la Fortaleza, mais dans une cellule particulière qu'ils partageront, non plus dans la
geôle commune. Ensuite, ça, c'est mon boulot ! Si j'ai besoin de vous, je saurai où vous trouver, ne
vous inquiétez pas, maintenant ou plus tard, ajoute-t-il en souriant presque innocemment.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les semaines se suivent, presque tranquilles pour les deux français. Ils ne peuvent sortir,
sinon prendre l'air dans le jardin, toujours surveillés par Victor, beaucoup plus souriant mais
toujours aussi impressionnant. Ils se demandent qui, de la mère de Willie ou du commandant, a le
plus d'influence. Ils préfèrent ne pas en faire le test. Willie peut sortir. Il vaque à leurs affaires,
comme il leur explique, leur rapporte des journaux français qu'il réussit à dégoter Dieu sait où, et a
même trouvé une boulangerie fabriquant des baguettes et quelques gâteaux qu'ils apprécient. Willie
précise en riant que c'est la boutique où le commandant et sa femme se fournissent. Les deux
français n'osent lui demander s'il les rencontre. Leur quotidien est adouci par plusieurs appels
téléphoniques de Clara qui se démène comme elle peut, mais semble ne pas avoir beaucoup
d'illusions sur l'issue du procès. Isabelle lui parle, rarement. Antoine la comprend. Une vie
bouleversée par sa faute, pas uniquement pour procurer à </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 100.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">leurs familles </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">plus de bien-être, mais aussi
par envie de retrouver </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">liberté </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">et aventures de toutes sortes. Clara a déniché un avocat qui se charge
de les représenter en France car ils savent que la justice de leur pays va leur demander des comptes,
s'ils rentrent.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La veille du procès, Délia dépose dans leur chambres deux chemises blanches
impeccablement lavées et repassées, des pantalons bleu marine, des chaussures de cuir noir, des
cravates noires, en fait presque des uniformes d'officiers, à qui il ne manque que les galons et leurs
multiples médailles. Ils comprennent que c'est le jour ! Willie les avertit qu'il restera à la maison,
mais qu'il sera tenu au courant en temps réel du déroulement du procès. Ils ne lui demandent pas
comment. Il leur fait la liste des témoins à charge, et ils sont nombreux, policiers, douaniers, jeunes
compagnes, gardiens du port, commerçants. Des personnes à qui ils n'ont rien fait, parfois qu'ils ne
connaissent pas. Willie leur conseille de s'en tenir à la version prévue : ils ont obéi aux consignes de
leur employeur et à la législation du droit marin. Sylvana se fend d'une visite, seule pour une fois.
En fait, elle vient leur demander la date du virement de la dernière partie de ses honoraires. Willie
répond brutalement :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Après le procès, suivant votre prestation. Allez, on va dire que si vous obtenez moins de
vingt ans, Pierre et Antoine en feront la demande à leur famille. Cela ne vous paraît pas
correct ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais ce n'était pas prévu dans le contrat !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quel contrat ?<br />
Le regard sombre qui la scrute ne lui donne pas envie de répliquer.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Victor va vous raccompagner.<br />
La dernière soirée est lourde. Pourtant, Delia leur a préparé un fameux repas, comme elle
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sait qu'ils les aiment. Ceviche, poisson grillé, brocolis, patates douces, salade de fruits, le tout avec
un vin chilien de Shiraz et une délicieuse liqueur de fruits de la passion qui accompagne un superbe
Paris-Brest que Willie s'est procuré par magie. Ils partagent leur repas presque en famille, avec leur
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 57">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">jeune amie, la cuisinière et Victor, plus souriant que jamais. Willie diffuse, depuis une chaîne hi-fi
apparue un jour, des musiques entraînantes, salsa, merengue. Il danse sur ces chansons
traditionnelles avec un sens du rythme étonnant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai pensé à dire à Yalisa de venir ? Mais j'ai préféré rester prudent.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre approuvent cette prudence. Délia leur prépare une tisane pour les calmer,
précise-t-elle, qui les fait plonger rapidement dans un sommeil sans rêve. Elle vient les réveiller
vers huit heures, l'audience ne commencera pas avant dix ou onze heures. Le procès va durer
plusieurs jours. Dans l'attente du verdict, ils reviendront le soir dans la maison. Willie et Victor,
même lui, les encouragent par de grandes accolades, ce qui n'empêche pas le garde de prendre le
volant de la voiture qui les emmène au palais de justice et de bloquer toutes les portes. Ils n'en sont
pas à une contradiction près.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une foule est massée devant le tribunal, leur procès est un véritable spectacle. Ils
aperçoivent leur imposante avocate dans sa grande robe noire et son drôle de chapeau, le consul
accompagné de deux européens, membres diplomatiques ou simples curieux, un grand nombre de
poésiens parmi lesquels ils reconnaissent quelques pêcheurs, des commerçants, quatre ou cinq
jeunes femmes, dont Yalisa, Anita, le gardien du port et beaucoup d'inconnus qui peut-être bien
témoigneront contre eux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Victor les fait entrer par une porte dérobée devant laquelle il les dépose, faisant de son corps
massif un rempart dont nul ne s'approche. Des policiers les attendent à l'intérieur qui s'empressent
de les mener dans une grande salle où sont déjà installés quelques huissiers et leur désignent un
grand banc destiné aux accusés, les priant de rester debout jusqu'à l'arrivée des juges et du procureur
qui se fait au bout de longues minutes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils entrent vêtus de leurs robes fantomatiques d'un autre temps, que l'on retrouve dans toutes
les justices du monde, histoire de démarquer les juges et hommes de loi du commun des mortels ;
Ils scrutent la salle d'un œil hautain, s'attardant sur les deux français, s'assoient avant d'autoriser
l'auditoire présent à le faire. Les deux policiers qui encadrent les deux accusés les forcent à s'assoir
sans ménagement. Ils sont contents de pouvoir le faire malgré la brutalité de leurs gardiens. Ils sont
fatigués de ces mois d'attente, de cette incertitude.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'un des juges entame la longue liste des chefs d'accusation. Sylvana qui s'est rapprochée
d'eux, leur traduit rapidement quand les termes deviennent professionnels. Ils en comprennent
l'essentiel : narcotrafic répété, corruption de la police et des douanes, irrégularité des voyages,
menaces auprès des professionnels du port ( c'est un plus!), trafic d'êtres humains et d'enfants forcés
à la prostitution, transport de mafieux recherchés par Interpol...
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ont envie de dire : Arrêtez , n'en jetez plus ! , mais se contentent d'essayer de rester
dignes, droits, presque au garde à vous, fixant les juges sans baisser les yeux.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne vous montrez pas arrogants, leur conseille leur avocate. Baissez les yeux, les juges ne
vont pas aimer votre attitude.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est tout ce qui nous reste, la dignité, lui répondent-ils. Vous savez que la partie est
jouée !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vient ensuite le temps du procureur. Le commandant est un excellent juriste. Il décortique
toutes leurs actions, leurs négligences qu'il transforme en culpabilité. Il ne les méprise pas et les
considère comme des adversaires intelligents, mais qui, par appât du gain, se sont fait embarquer
dans une histoire les dépassant.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment, tonne-t-il, deux officiers reconnus, auteurs de missions périlleuses, peuvent
avoir fait preuve de tant de naïveté en embarquant une quantité impressionnante de
paquets sans se poser de questions? Même en se réfugiant derrière la législation
maritime qui ne leur donne pas l'autorisation de fouiller les bagages, les mystères qui
entouraient ces voyages ont dû leur paraître étrange. En tant que citoyens honnêtes, il
était de leur devoir de signaler cet état de fait. Débarquer de nuit dans un minuscule port
européen sans autorité leur paraissait normal ? Voyager avec de très jeunes filles qui ne
revenaient pas leur paraissait normal ? Si vous entendez votre voisin battre sa femme, sa
fille ou même son chien, votre conscience et votre devoir de citoyen vous obligent à
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 58">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">prévenir les autorités. Sinon, vous vous rendez complices. C'est exactement ce qu'ils ont
fait, pendant des mois. Je ne crois ni à leur naïveté, ni même à leur bêtise, seulement à
leur intérêt pour l'argent. Demandez-leur comment ils ont financé leurs extravagantes
dépenses en France ? Certainement pas avec leurs seules retraites !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quand il interroge les deux accusés, ils s'en tiennent aux réponses prévues : application des
lois maritimes, contrats en bonne et due forme avec International Sea Transport, passeports, visas et
documents vérifiés par les autorités. Ils se réfugient derrière la légalité de leurs transports et ne
répondent pas quand le procureur insiste sur leur grande crédulité en riant car il n'y croit pas.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Défilent alors tous les témoins à charge.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les policiers et les douaniers qui reconnaissent la tête basse avoir accepté quelques pièces
pour viser des documents sans les vérifier. Mais leurs salaires sont tellement faibles et les deux
français pouvaient se faire menaçants, affirment-ils.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Anita reconnaît les avoir souvent reçus dans son restaurant, Mais avait-elle le choix ? Les
temps sont durs, elle ne peut pas refuser de clients, même si certains de leurs passagers avaient des
mines patibulaires .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le gardien du port avoue avoir fermé les yeux lors des transports de bagages, tout en jurant
sur Dieu et la croix qu'il ne les a jamais aidés. Les quelques dollars que les deux français lui
donnaient en lui conseillant de ne rien dire, l'aidaient bien dans sa vie difficile.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les pêcheurs ont bien remarqué des mouvements suspects, mais les deux français leur ont
payé des petits coups à boire en leur intimant l'ordre de ne rien dire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les très jeunes femmes, dont ils ne connaissaient que Yalisa et une ou deux filles, ont juré
qu'ils les invitaient sur leur bateau de façon autoritaire, sans vraiment leur laisser le choix et qu'ils
les obligeaient à ramener des copines. Elles avaient peur et n'osaient refuser. Certes, ils les payaient,
mais pas si généreusement, et elles avaient tellement besoin d'argent pour leurs familles, leurs
enfants, leurs parents...
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ne répondent pas aux questions du procureur, se contentant de répéter que ce sont des
mensonges. Quand ce dernier demande à leur avocate ses arguments, elle extirpe de ses dossiers les
contrats signés avec International Sea Transport, les documents visés par les autorités poésiennes
que le procureur rejette d'un grand geste en arguant du fait qu'on a entendu de quelle façon ils ont
été obtenus. Elle tente bien d'incriminer International Sea Transport dont aucun membre n'a jugé
utile de se déplacer. De nombreux juges les connaissent, une organisation philanthrope et finançant
le mécénat de nombreux complexes éducatifs. Un de leurs avocats les représente et leur liste les
nombreuses œuvres de charité dont ils sont donataires. Le procureur n'y accorde pas d'importance.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Va-t-il oser s'attaquer au gouverneur et à son clan ? s'interrogent Pierre et Antoine.<br />
Et bien oui, il ose .<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Chapeau, pensent les deux français. Il n'a peur de rien, il est sincère et pourtant, il a </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dû
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">recevoir moult menaces et avertissements.<br />
D'ailleurs, ce cher Hector est au premier rang, l'air vaguement inquiet pour sa firme. Le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">réquisitoire du procureur est brillant, logique. Il insiste sur le fait que, certes, les deux marins
français ont agi par intérêt et sont indéniablement coupables, mais qu'il est impossible que ce
narcotrafic n'ait pas bénéficié d'appuis très hauts placés. Soudoyer des policiers, des douaniers est
certes illégal, mais ne peut se faire sans la connivence des autorités supérieures.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un lourd silence accueille ses propos. Le plus vieux des juges propose une interruption de
séance pour permettre à tous de se reposer, de se rafraîchir et de réfléchir. L'assemblée se disperse
bruyamment, se précipitant vers les distributeurs de boissons fraîches ou à l'extérieur pour
s'approvisionner auprès des marchands ambulants attirés par la perspective d'un procès médiatisé. Il
y a même quelques journalistes étrangers venus couvrir ce jugement pour narcotrafic de deux
étrangers.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leur avocate vient proposer aux deux français des boissons fraîches. La voyant muette, ils
lui demandent :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous en pensez quoi ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes mal partis, autant vous le dire. Il est très courageux de s'attaquer au clan du
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 59">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">gouverneur, même si, pour l'instant, il n'a pas prononcé d'attaque directe.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Va-t-il le faire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Possible . Il est très courageux, presque inconscient. La population est lasse de cette
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">corruption qui mine la société. Le problème est que, parmi les juges, beaucoup profitent
des largesses du clientélisme de la famille du gouverneur et de International Sea
Transport. Oseront-ils s'y opposer ? Pas sûr... Il y aura peut-être des condamnations de
principe.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et nous ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous écoperez du maximum.<br />
Le procès se poursuit plusieurs jours. Tous les soirs, Pierre et Antoine rentrent dans la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">maison où les attendent Willie et Délia. Victor est à la fois leur chauffeur, leur garde du corps et
leur geôlier. Un ensemble assez irréaliste. Ils dînent tous ensemble et parfois même rient et
plaisantent, écoutent de la musique, Délia et Willie se sont mis en tête de leur apprendre les danses
locales rythmées. Des moments de détente qui leur font momentanément oublier le stress du procès
et de son issue.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La grosse Sylvana arrive un jour au tribunal maquillée telle un arbre de Noël et avec un
chignon choucroute qui met en équilibre instable le chapeau de son uniforme. Elle s'assoit près
d'eux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le verdict aujourd'hui ! Le procureur va émettre sa demande de peine et les juges vont
délibérer. À mon avis, ce sera décidé dans la soirée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les spectateurs, les juges, les avocats, les huissiers, le procureur, bref tous se mettent en
place. Le juge principal s'adresse au procureur en lui demandant s'il a quelque chose à ajouter.
Réponse négative qu'il accompagne d'un lapidaire
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tout a été dit.<br />
Puis il demande à l'avocate de la défense la même chose :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'insiste sur la légalité de toutes les actions de mes clients.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous l'avez déjà dit. Rien de neuf ?<br />
Sylvana l'assure que non et le juge décide que le tribunal va se retirer pour statuer . Le temps
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">semble infini pour les deux français, toujours sur le banc des accusés. Pourtant peu de temps
s'écoule en réalité, moins d'une heure. Tous les participants se lèvent quand les juges reviennent
dans leurs grandes robes noires.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Levez-vous, ordonne le vieux juge. Après avoir écouté les différentes parties et après
avoir délibéré, nous avons pris les décisions suivantes. Pierre Mourins et Antoine Parel
sont coupables des chefs d'accusation suivants : narcotrafic, corruption, transport de
personnes recherchées aux visas illégaux, falsification de documents, usage de menaces.
Le tribunal les condamne chacun à vingt ans de prison à effectuer à Sainte Poésie. La
décision de leur lieu de détention n'est pas encore définie et ils restent assignés à
résidence pour l'instant. Sont condamnés à dix ans de prison les chefs de bureau des
douanes et de police . Leur lieu d'incarcération sera examiné ultérieurement. Les
condamnés ont la possibilité de faire appel de la décision du tribunal. La séance est
levée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un brouhaha accueille ces décisions. Les narcotrafiquants étrangers ont été condamnés à de
lourdes peines de prison, les subalternes du gouverneur également, mais le clan des corrompus
principaux reste impuni . La justice n'est pas complète pour la majorité des spectateurs.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine sont effondrés. C'est le scénario le pire. Ils n'ont plus que Willie, qui doit
déjà être au courant de la décision, s'il ne l'a pas été avant. Sylvana s'approche d'eux.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tout n'est pas perdu. Vous restez pour l'instant en résidence surveillée, pas vraiment en
prison. Pour mes honoraires...
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Disparaissez avant, qu'en dépit de mon éducation, je ne vous écrase mon poing sur la
figure, crache Pierre.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais, j'ai fait tout ce que j'ai pu.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 60">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire, pas grand chose. Un mot sur ce dont Willie vous a parlé et je ne donne pas
cher de votre grosse carcasse. Vous m'avez bien compris et surtout vous avez bien
compris Willie ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avocate baisse la tête et murmure :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Méfiez-vous tout de même !<br />
Deux policiers viennent les chercher et les remettent entre les mains de Victor qui les attend
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans la cour. Il les salue presque tristement, leur ouvre la portière qu'il ne prend même plus la peine
de bloquer. Amis avec leur geôlier et tortionnaire !
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 61">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">13
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le retour est silencieux. Même Victor n'ose pas mettre à fond, comme il en a l'habitude, la
radio qu'il accompagne en tapant vigoureusement sur le volant. Antoine et Pierre regardent les rues
de la ville défiler. Leur chauffeur les balade jusqu'au bord de mer dont les eaux turquoises invitent
au voyage. Il s'arrête devant la cathédrale et leur demande s'ils veulent y faire un petit tour. Devant
sa bonne foi, ils le suivent et pénètrent dans la vieille église sombre et fraîche. Il leur propose
d'allumer un cierge à la Vierge Marie qui protège les voyageurs et à Saint Antoine de Padoue qui
aide tout le monde. Ils s'assoient quelques minutes sur un banc en bois, sans parler, écoutant la
musique qui s'échappe de l'orgue où un musicien s'entraîne pour une cérémonie future.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils finissent par regagner « leur maison » où Willie et Délia les attendent. À voir leur visage
fermé, ils connaissent déjà le verdict. Pierre et Antoine se demandent si Willie ne le connaissait pas
avant. Ils s'effondrent dans les fauteuils du salon et se sentent prêts à fondre en larmes. Délia leur
sert un jus de mangue frais et Willie les prend familièrement par l'épaule.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est le verdict attendu. C'était tellement évident que j'ai déjà préparé la suite. J'ai le
pilote, l'hélico et je suis en contact avec le capitaine du porte-containers. C'est une
question d'une ou deux semaines. L'atterrissage peut se faire sur le champ derrière la
maison. Puis quelques dix minutes de vol jusqu'au port et débarquement sur le pont du
bateau. Il y a une cabine qui vous y attendra. Une fois en mer, vous pourrez sortir sur le
pont. Ces marins-là ne sont pas très bavards. Je suis en discussion pour le prix.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment allons-nous payer cela ? Nous n'avons pas de liquide sur nous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne vous inquiétez pas. Je vais vous indiquer un compte en France, celui de ma sœur. Je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous fais confiance. Vous savez également que je peux vous retrouver... Non, mais je
plaisante, pas comme avec cette escroc d'avocate. Elle a eu peur, elle va la boucler. Mais
ne lui dites rien si elle vous interroge. Vous ne savez pas, racontez-lui que vous allez
attendre le jugement en appel,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tout semble presque simple avec le jeune homme. Il en a déjà tellement vu dans sa courte
vie. Délia et Victor semblent des gens de confiance pour lui, par peur, par amour ?
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous continuez à vivre normalement. Vous dites à votre famille que vous attendez la
date de l'appel, car les conversations téléphoniques sont certainement écoutées.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La maison est sûre ? On n'est pas espionné ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Victor a démonté les écoutes en place et Délia surveille les livreurs, les véhicules et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'extérieur. Aucun problème. J'ai confiance en eux. Gardez le moral.<br />
La vie continue à se dérouler comme si rien n'était. Willie sort presque tous les jours et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">revient avec le sourire en leur assurant que tout avance.<br />
Clara appelle de temps en temps. Antoine lui dit qu'ils ont l'intention de faire appel et qu'ils
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">en attendent la date. Ils vont bien, la rassure-t-il, et croient en la justice poésienne. Au cas où leurs
conversations soient écoutées.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie paraît de plus en plus détendu. Il leur pose de nombreuses questions sur la France et
la vie en Europe. Délia et Victor écoutent avec attention. Un peu plus, et ils partent tous ensemble !
Une situation ubuesque, mais très déstressante pour les deux français qui donnent des leçons de
français à leurs trois compagnons. Willie dit qu'il va en avoir besoin très rapidement. Il promet à
Délia et à Victor qu'il essaiera de les faire venir et tous semblent y croire. Il ne fait guère de
cachotteries du métier qu'exerce sa sœur qui arpente les trottoirs de Lyon la nuit, protégée par ses
cousins. Elle </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">un bel appartement, bien équipé, et ses trois enfants vont à l'école et, ajoute-t-il ,
travaillent très bien. Sa nièce est au lycée et ses oncles la surveillent de près. Ils espèrent qu'elle fera
« de grandes études », médecin ou avocat. Une réussite familiale.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il arrive une fin d'après-midi en annonçant :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est pour ce soir.<br />
Ils font un festin d'adieu, avec presque les larmes aux yeux. Échange de numéros de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">téléphone, de Whatsaps. Pas d'adresse, on n'écrit pas à Sainte Poésie, on parle, on envoie des
photos. La seule liaison avec l'extérieur est le smartphone. Peu ont les moyens d'avoir une tablette et
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 62">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">encore moins un ordinateur. Ils sont sincères, dans le chagrin de leur séparation. Ils forment presque
une petite famille, à tout le moins un bon groupe d'amis. Aucun n'est irréprochable, ils ont tous eu
maille à partir avec la justice et la loi, ils ont commis des crimes, mais ils s'aiment bien et se sont
attachés les uns aux autres. La vie est ainsi, bizarre. Pierre et Antoine éprouvent du respect pour le
commandant et ne sont pas très fiers de leur évasion prochaine. Mais chacun pour soi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie leur conseille de préparer un sac avec l'essentiel, quelques vêtements, des affaires de
toilette, des livres qu'il leur a fournis. Il ne leur donne pas de détails sur son plan. Ils doivent lui
faire entièrement confiance. Le dernier repas est préparé avec amour par Délia. Victor donne le
rythme avec sa musique tropicale sur lequel il les fait danser. Il a rapporté un excellent rhum avec
lequel il prépare un délicieux punch. Willie leur conseille d'en boire suffisamment pour se donner
du courage, mais pas trop pour garder la tête froide. Lui-même en goûte un peu, alors que Délia et
Victor s’enivrent pour noyer leur chagrin de les quitter, affirment-ils.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le repas achevé, Willie leur conseille de se reposer un peu. Ils ne peuvent s'y résoudre et
préfèrent regarder avec leurs amis une télénovela tellement mièvre qu'elle en devient comique pour
les deux français. Leurs compagnons vivent avec sincérité et une grande attention les aventures
amoureuses de la superbe héroïne qui finit par trouver un mari riche, beau, amoureux avec qui elle
partage une superbe résidence digne des plus grands films hollywoodiens. Le film est à mille lieux
de leur quotidien. C'est avec ce genre de séries qu'on les endort, en leur faisant miroiter l'espoir de
ce type de vie. Pierre et Antoine espèrent que Willie ne sera pas trop déçu de ce qu'il va trouver en
France, loin, très loin de ce rêve . Télénovelas ou révolution, tel est le dilemme ! Quant à la
solution ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La télénovela se termine quand un coup discret est donné contre la vitre de la baie vitrée de
la véranda. À croire que le pilote regardait la même émission. Willie se lève calmement et ouvre la
porte. Accolade avec l'homme qui arrive et qui les salue très courtoisement. Il embrasse Délia et
Victor qui semblent le connaître. C'est un métis, très clair de peau, de stature sportive et dont le
visage souriant et ouvert est éclairé par des yeux d'un vert profond. Il parle un peu l'anglais et invite
les deux français et Willie à le suivre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Embrassades et larmes lors des adieux avec Délia et Victor. Ils ont vécu ensemble des
moments extraordinaires et ne savent pas s'ils se reverront. Une chose est sûre : ils n'oublieront pas
leur tranche de vie commune. Willie est déjà dans le jardin, suivi par les deux français et le pilote,
Carlos, qui les conduit vers l'appareil posé dans le champ contigu et qu'ils n'ont pas entendu atterrir.
Victor actionne le portail électrique d'ouverture et leur fait de grands signes d'adieu que Délia
accompagne de prières et de signes de croix. Elle a donné à chacun d'eux une main qu'elle appelle
de Fatima, ce symbole religieux commun aux trois religions monothéistes. Pierre et Antoine dont la
religiosité n'est pas particulièrement pratiquante, les ont fourrées dans leur poche et ne peuvent
s'empêcher de les triturer nerveusement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une nuit tropicale éclairée par un petit croissant de lune douce, un ciel noir étoilé de milliers
de petites loupiotes. Les quatre ombres montent lestement dans l'appareil dont le pilote enclenche le
moteur. Les pales s'agitent, presque silencieusement, et l'appareil s'élève doucement, sous les
regards de Délia et Victor qui les saluent une dernière fois. Le vol les entraîne au dessus de la ville
endormie et l'appareil circule sans lumière. Willie leur explique que c'est pour éviter d'être repéré.
Ils se dirigent vers le port principal de Sainte Poésie appelé Saint Christophe en hommage au saint
protecteur des voyageurs. Tout en s'assurant de la présence de leur médaille dans leur poche, Pierre
et Antoine se disent qu'ils vont bien avoir besoin de la protection de la main de Fatima et de celle de
saint Christophe. Moins de dix minutes après, ils survolent le port où les masses sombres des gros
porte-container sont parquées. Les deux hommes se demandent comment leur pilote va reconnaître
le bon bateau dans cet amas de navires, qui, de plus, doivent être surveillés la nuit pour éviter les
vols des nombreuses marchandises qui transitent dans ces immenses caisses métalliques dont on ne
sait jamais vraiment ce qu'elles cachent.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans l'ombre d'une hésitation, l'hélicoptère se dirige vers le pont d'un paquebot où une toute
petite lumière s'agite. Il se pose sur le pont avec une facilité déconcertante entre les filins et les
containers qui l'encombrent. Avec un grand sourire, Carlos arrête l'appareil et, tout en chantonnant,
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 63">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">il en descend et ouvre la porte pour permettre à ses passagers de le rejoindre. Pierre et Antoine le
remercient chaleureusement. Un premier pas vers la liberté, ils sont soulagés du passage de cette
première étape. Celui qui semble être le capitaine du navire vient vers eux. Il salue le pilote et
Willie qui lui présente succinctement ses deux compagnons. Il leur tend une poignée de main ferme
et leur fait signe de le suivre, avant de descendre dans les entrailles du gros bateau. Cela sent le fuel
chaud, les algues décomposées et la sueur. Ils parcourent des coursives métalliques qui les
conduisent vers deux cabines juxtaposées qu'il leur désigne en en ouvrant les portes. Un confort
sommaire, une couchette où sont déposés des draps, une couverture et un oreiller, un minuscule
hublot et toujours cette odeur. Willie leur demande de déposer leurs sacs et leur indique que sa
cabine est un peu plus loin. Il leur conseille de s'installer et d'éviter de sortir tant que le bateau n'a
pas quitté le port. Son départ est prévu pour les premières heures du jour. Ils doivent essayer de
dormir en attendant. Ils n'ont pas de souci à se faire, les contrôles policiers et douaniers ont été faits
la veille. Il leur donne un petit sac, cadeau de Délia, qui leur a préparé une salade de fruits
accompagné de petits gâteaux secs et une pilule qu'il leur conseille de prendre pour dormir. Il les
quitte avec un énorme sourire en leur assurant que le plus dur est passé et qu'ils retournent chez eux
et lui, vers une nouvelle vie qui, précise-t-il, ne pourra être pire que la précédente. Il est heureux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine sont soulagés d'avoir franchi cette première étape. De plus, ils sont en
terrain connu sur ce bateau. Ils en ont parcouru des milles dans des navires semblables, et souvent
dans des conditions bien pires. La pilule de Délia fait rapidement son effet et ils s'endorment, bercés
par les mouvements de la mer et sa houle qu'ils connaissent si bien. Quand ils se réveillent, ils sont
en mer. La côte n'est plus qu'une ligne lointaine qu'ils aperçoivent par le petit hublot. Leurs
connaissances maritimes leur disent qu'ils sont encore dans les eaux territoriales, mais plus pour
longtemps. La courbure de l'horizon leur affirme bientôt qu'ils ont vraisemblablement rejoint les
eaux internationales. Ils rentrent chez eux, espèrent-ils.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Peu de temps après, Willie toque à leur porte et les enjoint de sortir pour venir prendre le
petit déjeuner à la table du commandant qui les attend. Ils savent que c'est une invitation qui ne peut
se refuser et s'y rendent rapidement. Le capitaine du navire est un Ukrainien et son second, un
Russe. Ils parlent un peu anglais, comme tous les marins. Il les invite à partager son généreux petit
déjeuner. Le cuisinier, comme la majorité de l'équipage, est philippin. Souriant, il leur demande
dans un anglais hésitant s'il y a des mets qu'ils préfèrent. Ils lui répondent aimablement qu'ils
mangent ce qu'il leur offrira. Willie précise à l'assemblée que ce sont des marins, ce qui déride les
visages. Entre vieux loups de mer, on se sent plus à l'aise. Le capitaine leur offre la visite de tout
son rafiot dont il est très fier malgré son âge et la vétusté de certains équipements. Capitainerie,
salle des machines, poste de pilotage, tout y passe, le commandant se rendant vite compte qu'il a
affaire à de vrais professionnels. Il ajoute qu'en cas de grosses tempêtes ou avaries, il sait pouvoir
compter sur eux. Pierre et Antoine comprennent que l'esprit de corps va jouer et qu'il ne va pas les
livrer aux premières autorités venues. Willie semble également avoir un moyen de pression sur lui,
qu'ils préfèrent ne pas approfondir. Sa famille, ses enfants, ses parents ? Quelques sombres trafics ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La traversée se fait à un rythme assez lent, lié à l'âge du vieux bateau. Le capitaine actionne
les machines à leur maximum car il lui faut livrer rapidement les containers. L'armateur ne plaisante
pas : le temps, c'est de l'argent, répète l'Ukrainien à son équipage. Ni avaries, ni tempêtes ne
retardent le navire. Un rythme s'est installé entre l'équipage et les passagers qui ne manquent pas
d'offrir leurs services au capitaine et à l'équipage. On apprécie leur serviabilité et eux prennent un
plaisir certain à consulter les cartes, descendre dans la salle des machines et une ou deux fois
partager le pilotage du gros rafiot. Le soir, ils dînent avec le capitaine et son second. Willie parfois
se joint à eux ou mange à la table des marins. Pierre et Antoine se promènent ensuite sur le </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 100.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pont</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">,
regardant l'étendue d'encre noire autour d'eux qui leur est si familière. Ils se sentent en sécurité et,
accoudés au bastingage, fument une cigarette, silencieux ou plus bavards. Plus l'arrivée se
rapproche, plus ils sont inquiets. Ils connaissent cette paix procurée par la mer, loin du monde et de
son agitation. Ils n'ont pas de téléphone, pas de liaison avec le monde. Sérénité forcée mais qu'ils
apprécient face à l'avenir incertain qui les attend.
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Clara doit s'inquiéter de ne pas avoir de nouvelles, l'interroge Pierre.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 64">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je l'ai avertie que je risquais de rester sans téléphone car celui que j'avais ne marchait
plus très bien et il fallait attendre avant de s'en procurer un nouveau. Cette traversée qui
nous transporte hors du temps ne va durer qu'une semaine maximum.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">As-tu une idée de ce qui nous attend ? demande Pierre, inquiet.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je préfère ne pas y penser. Je sais, c'est idiot, cette politique de l'autruche. Mais quand je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">réfléchis, je suis peu rassuré.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suppose qu'on va nous débarquer sur la côte Atlantique. En Espagne, au Portugal ou
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">en France ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les containers doivent être déchargés au Havre. Mais je ne pense pas que notre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">débarquement se fasse dans ce grand port. Ils vont choisir un port plus discret. Mais
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ensuite, je m'interroge.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie le sait-il, à ton avis ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certainement, mais il préfère ne pas en parler.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il doit nous rester deux ou trois jours de traversée. Après, plusieurs options s'offrent :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">maison, justice, peut-être même prison ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je me demande qui a organisé cette évasion, car c'en est une. Qui a payé ? Pourquoi?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Car, il y a une raison qui intéresse quelqu'un.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je tourne et retourne de multiples hypothèses. La seule à éliminer est la complicité du
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">commandant qui doit se sentir berné. Nos ex-employeurs ? Le gouverneur ? Le
gouvernement français? Des amis inconnus ? J'avoue que cela me perturbe car cela va
déterminer notre avenir, et notre avenir proche.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un soir, apparaît au loin une ligne de lumières. La côte . L'équipage s'active en vue de cette
arrivée. Rien n'a encore été annoncé aux deux français. Lors du dîner, le capitaine les prévient de
leur arrivée prochaine et révèle ses projets. La côte qu'ils aperçoivent est la côte française. Il a
organisé leur débarquement dans un petit port de pêche et touristique appelé Royan. Ils seront
amenés à terre dans une petite embarcation et déposés sur le port avec de l'argent, un téléphone et
des billets de train pour Paris. Willie continuera sur Lyon. Il compte sur eux pour le guider dans
Paris jusqu'à la gare adéquate. Les deux hommes ont envie de demander :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et ensuite ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ensuite ? Le capitaine aura accompli sa mission qui s'achève là. Une angoisse saisit les deux
hommes. Chez eux, libres et complètement démunis.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 65">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">14
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le zodiac fend doucement la mer, silencieusement tracté par un petit moteur. Pierre,
Antoine et Willie se protègent des embruns, frileusement emmitouflés dans les cirés prêtés par le
capitaine. Les trois hommes et le pilote restent silencieux. Ils accostent dans le petit port de Royan
que le marin semble connaître. Il se dirige vers le port de pêche et stationne près d'une échelle
métallique en haut de laquelle un pêcheur muni d'une lampe torche les attend. I</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">le </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">salue </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">et le
pneumatique repart aussi discrètement qu'il est arrivé. Les trois hommes suivent leur guide qui les
mène vers la sortie du port. Il leur indique la direction de la gare qu'il situe à une vingtaine de
minutes de marche. Chacun reçoit de sa part un petit sac de toile, avec un téléphone, une centaine
d'euros et une enveloppe contenant leurs billets de train. Deux allers pour Paris pour les deux
français, un billet Royan-Paris-Lyon pour Willie dont le visage exprime un pur bonheur. Il inspire à
grandes bouffées l'air salé et ne cesse de répéter :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis en France, je suis arrivé, j'y suis arrivé.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le but de son voyage est atteint pour lui. Pour Pierre et Antoine, c'est beaucoup plus
incertain. Ils marchent rapidement vers la ville qui s'éveille doucement. Quelques voitures de
travailleurs matinaux, des passagers qui attendent un bus. Arrivés à la gare, ils regardent les
panneaux d'affichage : ils ont une heure d'attente pour le train de Paris. Ils s'installent à la terrasse
du café qui vient d'ouvrir ses rideaux et commandent trois petits déjeuners. Une nouveauté pour
Willie étonné de n'avoir qu'une viennoiserie accompagnant son café. Les deux français lui
expliquent qu'en France, le petit déjeuner est un repas léger. Compréhensif, il déclare qu'il va s'y
faire sans problème. Il tourne et retourne son téléphone et ne résiste pas à l'envie d'appeler sa sœur
et ses cousins.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle doit être rentrée du travail, explique-t-il. Comme elle travaille tard, c'est ma nièce
qui accompagne les petits à l'école avant d'aller au lycée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est très fier de leur réussite. Pierre et Antoine lui conseillent d'écourter sa conversation et
surtout de ne pas donner de précisions sur son arrivée, au cas où le téléphone de sa sœur soit sur
écoute. Willie hausse les épaules avec un large sourire. Il est sûr de lui et de ses relations, mais pour
faire plaisir à ses amis, il parle brièvement à sa sœur que visiblement il réveille. Les deux hommes
entendent les cris de joie de sa sœur à l'annonce de son arrivée. Ils ont informé Willie de son heure
d'arrivée à Lyon d'après son billet. Il communique les horaires à sa sœur qui lui confirme qu'elle
sera à la gare.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Exceptionnellement, elle ne travaillera pas ce soir. On fera un vrai repas familial et je
pourrai commencer à parler de mon avenir. Je veux monter mon entreprise et aider ma
famille.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux français ne lui demandent pas à quel genre de commerce il compte s'adonner !
Parfois, il vaut mieux ne pas savoir... Willie n'a jamais vu de gare, ni de train sinon dans les
policiers américains. Il regarde autour de lui avec avidité, s'étonne et interroge sur tout. Les deux
français lui répondent patiemment, ils savent beaucoup lui devoir et surtout cela leur évite de
s'interroger sur leur propre avenir. Une fois installés dans le wagon, Willie regarde le paysage
défiler avec surprise, autant de maisons, de routes, de forêts, de prairies. La première fois qu'ils
croisent un train, il recule, effrayé, puis s'y habitue. Il se fait à sa nouvelle vie avec une rapidité
sidérante. Il ne se préoccupe pas de sa situation irrégulière, des problèmes futurs, il vit l'instant
présent qui, pour lui, est un rêve qui se réalise. Quel chemin pour le jeune sicario des bidonvilles de
sainte Poésie, homme de main de petits chefs méprisants, à ce train qui le mène vers la réussite . Ils
sont rapidement à Paris. Fidèles à leurs promesses, Pierre et Antoine conduisent Willie à la gare et
attendent avec lui le train qui le mène à Lyon. Son adaptation à sa nouvelle vie est surprenante. Elle
est l'expression d'un jeune homme qui apprécie sa chance et qui est décidé à dévorer sa nouvelle vie
pour satisfaire son ambition. Il quitte ses amis français en leur souhaitant « Bonne chance » et en
leur promettant de téléphoner dès son arrivée et de ne pas les oublier. Ils lui ont ouvert les portes
d'une nouvelle vie. Les deux français lui sont reconnaissants de son aide, mais </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">lui </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">semble penser
que ce sont eux ses sauveurs. Il ne les abandonnera pas !
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 66">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine se retrouvent les bras ballants sur le quai de la gare, regardant le TGV
quitter Paris, avec à son bord un Willie émerveillé. Que vont-ils faire, maintenant ? Ils commencent
à y réfléchir en prenant leur temps devant un expresso dont ils ont oublié le goût mais qui leur paraît
bien amer.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je vais appeler Clara et Isabelle. Elles doivent être averties. Clara a contacté un avocat. Il
faut qu'on le voit et discute avec lui. Ne pas oublier que nous sommes des fugitifs ! Tu
dois appeler tes fils. Paul a fait pas mal de démarches avec ma fille.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Clara répond à la première sonnerie, comme si elle attendait l'appel de son père.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Papa, où es-tu ?<br />
A-t-elle été avertie ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À Paris, gare de Lyon, avec Pierre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mon dieu ! Vous pouvez venir à la maison ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il n'y a pas de policiers, gendarmes ou journalistes devant la porte ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas que je sache !<br />
Il entend la voix d'Isabelle qui conseille de venir rapidement avant que les autorités ne soient
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">averties.<br />
Pierre a appelé son fils qui propose de les rejoindre et d'avertir l'avocat.<br />
Pierre et Antoine sortent de la gare, méfiants, regardant de droite et de gauche, jusqu'à ce
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que Pierre déclare que c'est ridicule et qu'ils deviennent paranoïaques. Ils s'engouffrent dans un taxi
à qui ils donnent l'adresse de la maison d'Antoine, en proche banlieue. Les informations diffusées
par la radio ne parlent pas d'eux. Aux questions curieuses du chauffeur, les deux hommes déclarent
revenir d'un voyage en Chine et être fatigués par le décalage horaire, ce qui met fin à toute
conversation. Ils sont devant le pavillon familial d'Antoine au bout d'une quarantaine de minutes. Ils
paient rapidement et descendent en récupérant leurs sacs du coffre. Ils sont angoissés de retrouver
leurs familles, mais aussi préoccupés par le sort qui les attend. Ils se doutent que leur évasion n'a
pas du rester secrète et qu'ils ont du faire les gros titres des journaux poésiens et français. Ils sont
étonnés de la tranquillité apparente de la rue. Ils poussent le portail du jardin quand Clara bondit de
la maison. Elle saute au cou de son père, pleurant et riant à la fois. Elle embrasse Pierre qu'elle
connait depuis sa naissance d'un jovial
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Salut, parrain . Quelles aventures et quelles angoisses vous nous avez fait vivre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'accueil d'Isabelle est beaucoup plus froid. Elle les embrasse tous les deux un peu comme
de vieux amis qu'elle est plutôt gênée de revoir.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils sont encore dans l'entrée quand la porte s'ouvre sur Paul qui leur saute au cou,
accompagné d'un grand escogriffe qu'il leur présente comme leur avocat et qui les salue
courtoisement, tout en les reluquant comme des extraterrestres. Ce sont donc ces deux hommes plus
très jeunes qui ont provoqué un scandale diplomatique et qui sont les héros d'une évasion des plus
incroyables qui fait les choux gras des journaux français et même étrangers depuis une semaine.
Une bonne affaire pour lui qui démarre au barreau. Il connait Paul depuis les années de lycée et n'a
pas hésité quand son ami lui a demandé son aide. Mais il ne pensait pas tomber sur une affaire aussi
extraordinaire ! De quoi écrire un roman quand il aurait le temps...
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils s'attablent autour de la grande table de la cuisine et il est demandé à Pierre et Antoine de
tout raconter, enfin tout, non, leur départ dont la presse fait sa Une depuis plusieurs jours et qui fait
planer la menace d'une grave crise diplomatique. Pour l'instant, ils préfèrent ne pas savoir ce qui
s'est passé avant. Ils en discuteront avec leur jeune avocat en tête à tête. Donc, ils racontent leur
aventure, le porte-container, Willie, le débarquement dans le petit port de Royan, leur retour en
train. Pierre regarde l'heure, Willie devrait bientôt arriver à Lyon et entamer sa nouvelle vie. Le
silence s'installe à la fin de leur récit que Pierre rompt avec une question, plus spécifiquement posée
à leur avocat :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors, on fait quoi ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bien embarrassé, le tout jeune membre du barreau. Son peu d'expérience et ses livres ne
l'ont pas préparé à affronter une telle situation. Avisé, il a auparavant demandé conseil à un confrère
plus expérimenté qui n'est autre que son père. La réponse a été lapidaire :
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 67">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Laisse tomber, c'est pourri !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pourtant, il a envie de continuer. Il est quasiment certain de la culpabilité des deux hommes,
une activité qu'ils ont accomplie pour de simples raisons vénales, se croyant comme protégés par
leur passé d'officiers, la législation maritime et leur ignorance de l'illégalité de leurs transports.
Inconscience, suffisance, surestimation de soi ? Le jeune avocat sait, car il a quelques entrées au
tribunal, qu'un mandat d'arrêt contre eux est en préparation. La garde à vue ne va pas tarder à
s'annoncer, peut-être avant la fin de la journée. Il faut qu'il parle avec eux, pour préparer une
stratégie de défense. Il faut qu'ils se montrent humbles et évitent de parader. Leurs réponses, qu'il
connait car Clara et Paul l'en ont informé, vont rester les mêmes : se réfugier derrière la législation
maritime, ils ne sont que les skippers du bateau, non responsables des effets personnels de leurs
passagers. La juge, il sait qui est en charge de l'affaire, aura l'impression qu'ils la prennent pour une
imbécile, à moins qu'ils ne soient très naïfs, voire bêtes, ce qu'elle ne croit pas. Ils risquent de se
retrouver en prison, à La Santé ou à Fresnes, et peut-être pas dans un secteur VIP. D'autant plus si
elle apprend qu'ils ont fait entrer en France, un trafiquant, sicario ou narco, en tous les cas pas très
net. Leur obstination et leur non-coopération vont les desservir. Comment leur faire comprendre la
situation ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le jeune avocat demande aux deux skippers un entretien privé, expliquant qu'ils seront, eux
comme lui, plus à l'aise pour parler franchement et librement. Antoine les conduit dans son ancien
bureau où Isabelle a installé son ordinateur. Il se rend compte alors, qu'en fait, il y a longtemps qu'il
n'est plus qu'un passager occasionnel dans cette maison. Isabelle range rapidement les feuillets qui
traînent sur le bureau avec des copies et des livres qu'elle dépose sur une étagère remplie
d'ouvrages, en les priant de s'installer. Après un dernier échange de regards avec Antoine, elle quitte
la pièce en fermant doucement la porte.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On va faire direct, annonce l'avocat. Un mandat d'arrêt est lancé contre vous par la juge
d'instruction. Ce soir ou demain au plus tard, si les autorités font preuve d'une certaine
bonté, vous allez être arrêtés et conduits au tribunal avant de passer votre première nuit
en prison.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Devant l'air stupéfait des deux hommes, il ajoute :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Messieurs, je suis jeune et ami de vos enfants, mais pas naïf à ce point. Vous avez
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">activement participé à ce trafic de drogue en vous abritant derrière une législation qui ne
vous ôte pas la responsabilité de ce que vous transportez. Comme tout citoyen, vous
devez signaler tout acte illégal que vous soupçonnez. Non, non, sans tomber dans la
délation ! Si vous voyez un individu commettre un meurtre, vous allez essayer de
défendre la victime ou, à tout le moins, avertir la police. Vous vous doutiez que ces
voyages mystérieux très bien payés abritaient des activités pour le moins étranges dont
vous connaissiez, consciemment ou pas, l'illégalité. Vous avez choisi de fermer les yeux
en vous disant que vous aviez un contrat qui vous protégeait. Une entreprise aussi
généreuse, domiciliée aux Îles Crocodiles, aux représentants pour le moins
insaisissables. Avez-vous essayé de vous renseigner ? Sur internet, par exemple. J'ai jeté
un coup d'oeil et c'est assez explicite. Je n'ai ni à connaître vos raisons, ni à vous
chercher des excuses. Je vous avertis de ce qui risque d'arriver. À vous de choisir, vous
en tenir à votre ligne de conduite, ou coopérer avec la justice. L'état de Sainte Poésie est
furieux et a adressé plusieurs protestations internationales. En France, on n'extrade pas
les citoyens français, mais on peut appliquer les condamnations dont ils ont été l'objet à
l'étranger.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vingt ans de prison ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Avec les réductions de peine, on descendra à dix ans. Je pense que les geôles poésiennes
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont plus dures que les prisons françaises, encore qu'il semble que vous ayez bénéficié
d'une assignation à résidence presque confortable . Remarquez que je ne parle pas de
l'accusation de détournements de mineures, ni de l'aide à l'entrée illégale d'un repris de
justice poésien avec qui vous avez voyagé.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans lui, nous ne serions pas là. Il nous a aidés plus que vous ne pouvez l'imaginer.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 68">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mon travail n'est pas d'imaginer, mais de vous défendre. Mes collègues plus
expérimentés m'ont conseillé de laisser tomber ce qu'ils nomment « Une affaire
pourrie » ! Mais j'aime bien les défis .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La sonnerie du téléphone d'Antoine interrompt le silence de la réflexion. C'est Willie :
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis bien arrivé. Ma sœur et mes cousins m'attendaient. On est à la maison, c'est
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">super, de l'eau courante, de l'électricité permanente, plusieurs télévisions, internet. Mes
neveux sont de vrais français. Je vous remercie d'avoir permis cette nouvelle vie. Un vrai
nouveau départ. Je commence à travailler demain comme vigile dans un supermarché
tenu par un ami de ma sœur. C'est génial. Je vous adore ! Vous allez bien ? Contents de
retrouver votre famille ? Il n'y a pas mieux !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ne veulent pas doucher l'enthousiasme de leur jeune ami. Il vont le laisser tenter une
nouvelle vie. Ils se rendent compte qu'ils ne connaissent même pas son nom de famille. C'est juste
Willie. Ils ne l'entraîneront pas dans leurs problèmes judiciaires. Ils l'appelleront de temps en temps,
simplement. Ne pas l'impliquer, sera une condition sine qua non de leur procès. Ils en discuteront
avec leur avocat. Une bonne nouvelle pour la journée : le bonheur de Willie.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 69">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ÉPILOGUE
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il a raison, le jeune avocat.<br />
Le soir de leur arrivée, la police débarque à leurs domiciles. Mis en garde à vue, ils passent leur
première nuit dans une prison française. Mieux que les cachots qu'ils ont </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">expérimentés </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">à Sainte
Poésie, mais la même privation de liberté, l'enfermement. Ils ne sont pas considérés comme assez
importants pour bénéficier d'une cellule VIP. C'est plutôt réservé aux politiques.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La confrontation avec la juge est rapide : ils s'en tiennent à leur version précédente, c'est à
dire le fait de ne pas avoir le droit de fouiller les bagages de leurs passagers. Cela ne convainc pas la
juge qui les inculpe de narcotrafic et blanchiment d'argent. L'avocat avance leur naïveté, ce qui fait
doucement sourire la juge, leurs excellents états de service dans l'armée, leur acceptation de se
soumettre à la justice de leur pays, alors qu'ils auraient pu se réfugier ailleurs.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils restent incapables d'expliquer leur évasion, sinon dans sa description, et se refusent à
parler de Willie, en dépit des questions insistantes de l'instruction qui semble au courant de son
arrivée avec eux. Ils ne livrent pas non plus le nom du navire qui a permis leur voyage et leur retour
en France. Solidarité d'hommes de mer.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le procès est prévu dans huit longs mois. Clara et Paul rendent régulièrement visite à leurs
pères en prison et le jeune avocat se démène avant de leur obtenir une assignation à résidence avec
bracelets électroniques. Ce n'est pas la liberté qu'ils espéraient, mais c'est un confort qu'ils
apprécient. Pierre se retrouve seul dans son appartement parisien, un peu à l'étroit, mais soulagé de
pouvoir sortir, prendre un pot, se balader. Il adopte un chat, Minus, qui l'aide à supporter une
solitude à laquelle il n'est pas habitué.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine est retourné dans son pavillon de banlieue. Isabelle y habite avec lui, mais ils ne
partagent plus grand chose : chambres à part, saluts courtois et distants, de temps en temps un repas
en commun, presque par hasard. Clara a emménagé avec son nouveau compagnon et vient voir ses
parents de temps en temps. Isabelle ne cache pas qu'elle a une nouvelle vie.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La date du procès est enfin fixée. Pierre et Antoine s'y rendent accompagnés de leur
défenseur qui tente de leur remonter le moral. Ils ne croient pas à un verdict clément. Ils entrent
dans le prétoire et jettent un regard sur la foule massée pour ce procès très médiatique. Leurs
enfants, leurs épouses ou ex-épouses. Surpris, ils aperçoivent Willie, méconnaissable, accompagné
de ses cousins, qui les salue discrètement. Willie est devenu un jeune homme posé, coiffé et rasé de
près, vêtu avec une discrète élégance. Ils sont contents de le voir et apprécient sa présence et ce qui
semble être sa réussite. Pierre donne un grand coup de coude à Antoine, assis sur son banc d'accusé,
la tête dans les mains.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Regarde, au troisième rang, à droite.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine tourne légèrement la tête et voit, droit et a-t-on envie de dire raide comme la justice,
le commandant. Il est accompagné d'une jeune femme, européenne, qui lui tient la main. Il les
regarde, un demi-sourire aux lèvres. De victoire, de défi ? Les deux français soutiennent son regard
et vont jusqu'à le saluer légèrement de la tête. Son sourire se fait plus franc et il leur répond d'un
hochement de tête. Pourvu qu'il n'aperçoive pas Willie ! Mais n'est-il pas au courant de sa présence ?
Vraisemblablement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le procès et les débats durent quatre jours avant que le tribunal ne prenne sa décision.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine sont reconnus coupables de narcotrafic et de blanchiment d'argent, ce qui
était prévu. Mais il ne s'est pas si mal défendu, leur jeune avocat, insistant sur leur crédulité et
même leur âge (ce qui a déplu aux deux accusés, mais enfin, pas vraiment le choix). Ils sont
finalement condamnés à trois ans fermes et cinq ans avec sursis, sans mandat de dépôt. Leur
défenseur leur explique qu'ils vont rester assignés à résidence, avec un bracelet électronique et
interdiction de sortir du territoire. Ils acceptent de ne pas faire appel : cela aurait pu être bien pire.
Leur voilier est saisi par les autorités poésiennes. Va-t-il être vendu ou deviendra-t-il le jouet d'un
poésien haut placé ? L'argent que leurs traversées avaient rapporté leur a permis de payer les
amendes fiscales décidées par les autorités françaises. Il ne leur reste plus d'argent de cette époque.
Biens mal acquis...
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 70">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le temps passe. Ils sont attablés sur la terrasse d'un petit troquet qui donne sur le port où
Pierre s'est installé. Il y a plusieurs mois qu'ils ne se sont pas vus. Un appel téléphonique de temps
en temps. Ils sont contents de se retrouver. Pierre raconte sa vie.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai trouvé une petite maison dans le village. Je suis heureux de voir la mer depuis ma
fenêtre, Minus apprécie la vie à la campagne. Je vis tranquillement. J'ai vendu mon
appartement à Paris et ainsi pu payer mes ex et financer les études de Paul et de son
frère. Cette histoire les a fait mûrir. Ils se sont mis sérieusement au travail . Paul a
terminé ses études et son frère est en dernière année. Je suis soulagé de ce côté. Je
connais un patron-pêcheur que j'aide occasionnellement quand il y a un coup de bourre
dans ses activités. Je garde ainsi un pied dans la mer, ajoute-t-il en riant. Et toi?
demande-t-il à Antoine.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un peu comme toi, mais dans le sud. Un petit patelin, vide l'hiver, un peu plus fréquenté
l'été, mais qui reste tranquille. Isabelle est restée en région parisienne. Elle a encore deux
ans avant la retraite, elle a refait sa vie. Clara va me faire bientôt un bébé. Grand-père !
Ça me fait tout drôle. J'ai des nouvelles de Willie.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cette phrase déclenche un sourire radieux sur le visage de Pierre.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est installé en Suisse où il a ouvert une agence de location de voitures. Tu te rappelles
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">son attirance pour les belles voitures ? Il y est associé avec ses cousins. Je n'ai pas
demandé d'où venaient les voitures et à qui il les louait. C'est son affaire. Sa sœur a
abandonné son travail précédent, elle est venue s'installer en Suisse. Ses enfants y sont
scolarisés, elle va se marier avec un avocat et Willie pense faire sa vie avec une
suissesse, un peu âgée, mais très riche, m'a-t-il précisé, ce qui est pratique pour les
papiers d'après lui. Sa mère est arrivée de Sainte Poésie et vit avec lui. Il attend
incessamment Délia et Victor. C'est incroyable. Je ne sais pas si nous saurons un jour
quels ont été les véritables organisateurs de notre évasion. J'ai eu des nouvelles de
certaines de nos anciennes connaissances. Le gouverneur et son cousin sont décédés
dans un accident de voiture. Pas de chance, paraît-il, un gros camion sans lumière les a
heurtés, dont le chauffeur a disparu. Je ne m'inquiète pas. Les affaires vont rester dans la
famille.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils se taisent et regardent les vagues qui viennent lécher les bateaux de plaisance de la
marina. Des mouettes rieuses semblent s'amuser à plonger, à planer et surtout à crier de leur voix
puissante. Antoine poursuit :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je me suis découvert un nouveau centre d'intérêt qui est devenu une vraie passion.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est quoi? l'interroge Pierre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'ornithologie, l'étude des oiseaux, tu sais ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui, je connais. Qu'est-ce qui t'a attiré dans cette nouveauté ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les oiseaux, ça vole.<br />
Ils se regardent et éclatent de rire. La vie est étrange, parfois. Ils ne s'en sont pas si mal tirés!
</span></p><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;"><br /></span></p><p><span style="font-family: TimesNewRomanPSMT;"><a href="https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES-ebook/dp/B08CCFSJ9G/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=3DNKDAKSN50QO&dchild=1&keywords=skippers+en+poesie&qid=1608902012&sprefix=skippers%2Caps%2C187&sr=8-1">https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES-ebook/dp/B08CCFSJ9G/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=3DNKDAKSN50QO&dchild=1&keywords=skippers+en+poesie&qid=1608902012&sprefix=skippers%2Caps%2C187&sr=8-1</a></span></p>
</div>
</div>
</div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-87574302001877309152020-12-20T11:28:00.000-04:002020-12-20T11:28:01.022-04:00UNE AVENTURE DIFFICILE ! MAIS CORRUPTION ET ARGENT PERMETTENT BIEN DES CHOSES...<p> Désolée de cette absence de quelques jours ! De petits soucis de santé...</p><p>Aujourd'hui, 3 chapitres pour suivre les aventures, parfois douloureuses, des </p><p>SKIPPERS EN POÉSIE </p><p>Et si cela se produisait dans la réalité ?</p><p>Les mésaventures des corsaires, pirates et autres trafiquants sont fréquentes dans les Caraïbes...</p><p>Mais, bien sûr, vous l'avez compris, seule mon imagination a pu créer ce récit rocambolesque ...</p><p>Qui s'embarquerait dans ce genre d'histoires???</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6VWFZrpqaWTn27QRFQXeiA-jV5N_Hzy4XSoEWKaLvcOW8kyBQ9yvPNml4TNj9Z8BrS1j9ExS1ZMV1XHc-2z03AZZGkjH6HCXJsKPnjDp-_qK2rFWeEKMTjKmDwVak-NXcpeINUkCEwBo/s2048/IMG_4162.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="2048" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6VWFZrpqaWTn27QRFQXeiA-jV5N_Hzy4XSoEWKaLvcOW8kyBQ9yvPNml4TNj9Z8BrS1j9ExS1ZMV1XHc-2z03AZZGkjH6HCXJsKPnjDp-_qK2rFWeEKMTjKmDwVak-NXcpeINUkCEwBo/s320/IMG_4162.jpeg" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgWCaHmqa3oyMUJIMsLPHSRgF_c6WGDpiQjcaPqkKDGhvu3lk5DqujBpBvi2MkwPF-yprvcdYQXvZs0PK98_r67dSFT10hN_Fa3dUlz093kOqQ4JwelmCUFFgZu69FHDyXA1WkKJd7UsU/s2048/IMG_4193.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="2048" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgWCaHmqa3oyMUJIMsLPHSRgF_c6WGDpiQjcaPqkKDGhvu3lk5DqujBpBvi2MkwPF-yprvcdYQXvZs0PK98_r67dSFT10hN_Fa3dUlz093kOqQ4JwelmCUFFgZu69FHDyXA1WkKJd7UsU/s320/IMG_4193.jpeg" width="320" /></a></div><div><br /></div>Bonne lecture !<div>Suite et fin avant Noël ...</div><div><br /></div><div>
<div class="page" title="Page 37">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">9</span></p><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils somnolent vaguement, inconfortablement installés, lorsque la porte s'ouvre brutalement
sur le commandant en uniforme de parachutiste, accompagné de deux armoires à glace en uniforme
kaki. Le bruit de la porte et des bottes les fait sursauter.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Levez-vous, leur ordonne le commandant. La sieste est terminée. Vous avez eu la visite
du bel Hector ? Quelle salade vous a-t-il servie ? De connivence avec les deux clowns
qui vous ont visités hier à la demande de votre cher pseudo-diplomate. Ils se sont mis
d'accord et vous ont proposé un marché. Un marché de dupes, autant que vous le sachiez
de suite. Je les connais bien, ils ne sont absolument pas crédibles et vont mendier au plus
offrant. Isidro, notre fringant gouverneur, plus trop fringant en ce moment, leur a promis
quelques milliers de dollars. Comme ils sont toujours à la recherche de quelques sous,
fauchés à quelques euros près pour payer leurs loyers, leurs sorties et leurs faux-frais, ils
acceptent tous les marchés. Ils se présentent à tous les étrangers, le sourire aux lèvres,
comme de loyaux compatriotes, et en ont floué un certain nombre. Votre histoire est
alléchante et ils en espèrent un bon petit pécule.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais passons aux choses sérieuses. Vous allez me dire ce que vous savez maintenant.
Mes hommes vont vous prendre un à un. Ce sont d'excellents professionnels qui ne
laissent pas ou peu de marques. Qui veut commencer ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux soldats, les bras croisés ce qui leur donne un air de Rambo encore plus robustes,
les regardent, un vague sourire aux lèvres, prêts à l'action.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On va procéder par ordre alphabétique. Antoine, vous serez le premier.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans ménagement, les deux malabars le lèvent et sortent, le tenant chacun par un bras, ses
pieds touchant à peine le sol, comme s'ils soulèvent un fétu de paille.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je reste avec vous, ajoute le commandant à l'adresse de Pierre. Je n'aime pas ces
méthodes malheureusement indispensables pour obtenir la vérité.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'entrevue dura une bonne demie-heure. Les deux soldats portent Antoine quand ils
reviennent. Il a le visage rouge, les cheveux mouillés et peine à respirer. Les yeux fermés, il trouve
cependant le moyen de faire un vague coup d'oeil à Pierre, un signe souvent utilisé dans leurs
missions qui signifie que tout s'est déroulé comme prévu. Avant qu'ils ne s'emparent de lui, Pierre
se lève et les suit volontairement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes pressé, ironise le commandant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ce qui déclenche un rictus plus ou moins souriant chez Pierre. Le militaire comprend alors
qu'il a affaire à des durs à cuire qu'il ne va pas être facile de faire parler.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre a droit au même traitement que son ami. Plongé dans une bassine d'eau jusqu'à
asphyxie. Son temps d'apnée étonne les deux tortionnaires. La plongée a fait partie de son
entraînement. Le commandant a bien précisé : « Pas de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">marques </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">». Il lui ordonne ensuite de faire
des pompes jusqu'à ce qu'il s'écroule, presque inconscient, et le replonge dans la bassine d'eau où il
manque s'étouffer, sans souffle après l'éprouvant exercice précédent. Puis, il l'oblige à sauter à la
corde jusqu'à ce qu'il tombe sur le sol, évanoui. Peur chez les soldats ! Il n'est plus très jeune, il ne
faudrait pas qu'il fasse une crise cardiaque. Le fait est qu'il met plusieurs minutes avant d'émerger.
Le dernier exercice, sans </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">traces </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a bien précisé le chef, est de plier les genoux à grande vitesse, les
bras tendus devant lui. Pierre est fatigué et ne tient guère plus qu'une cinquantaine de fois. Tassé par
terre, il est incapable de se relever et les deux hommes doivent le traîner jusque dans la pièce à côté
où le commandant les attend. Ils le jettent dans un coin contre Antoine dont les yeux fermés et
l'extrême pâleur indiquent la fatigue. Le commandant s'assoit sur la seule chaise de la pièce, encadré
par ses deux sbires :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Messieurs, ceci n'est que le début. Nous sommes entre gens civilisés, ne me forcez pas à
utiliser des méthodes vraiment brutales. Je n'ai pas l'âme d'un tortionnaire. Je vous
écoute.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine qui a un peu récupéré prend la parole :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons été mandatés par International Sea Transport pour amener en Europe, dans </span><span style="font-family: TimesNewRomanPSMT; font-size: 12pt;">des ports qui nous étaient indiqués avant le départ, des passagers avec leurs compagnes
et leurs bagages. Tous leurs documents étaient complétés et signés par les autorités
poésiennes. Ils faisaient déposer leurs bagages dans la cale. Nous indiquions simplement
l'emplacement pour l'équilibre de l'embarcation. Tout était visé par les services de police
et douaniers locaux, au départ comme à l'arrivée.</span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 38"><div class="layoutArea"><div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous ne vous êtes jamais interrogés sur la raison de ces voyages ? Tant pour les
passagers que pour leurs encombrants bagages.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les passeports et documents étaient corrects. En tant que skippers, nous n'avons pas le
droit de fouiller leurs bagages. C'est aux autorités douanières de départ et d'arrivée de le
faire.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il faut arrêter de vous moquer de moi, s'emporta le commandant. Vous êtes si peu
curieux que vous ne vous êtes pas étonnés des salaires mirobolants qui vous étaient
offerts à chaque traversée ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nos contrats sont en bonne et due forme, légalement signés en Europe.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La Suisse est très tolérante, tout comme les îles Crocodiles où vous vous êtes rendus
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pour le don du bateau.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le siège social de International Sea Transport se trouve dans ces îles, proches de Sainte
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Poésie. Nous y sommes allés non pour pas le don du voilier, mais pour signer un contrat
de leasing que nous payons par une partie du coût des transports que nous effectuons
pour cette société.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous savez à qui elle appartient, cette entreprise ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons rencontré un chargé d'affaire local.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrêtez de vous moquer de moi. Vous allez prendre pour un maximum, je vous le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">garantis.<br />
Furieux, il sort à grande enjambées, suivi de ses deux sbires. Antoine s'inquiète pour Pierre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qui a du mal à émerger de sa semi inconscience. Il sait qu'il a des problèmes cardiaques, même s'il
en a minimisé l'importance lors de son retour de France. De plus, ils ne sont plus de première
jeunesse, ni l'un ni l'autre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre, tu te sens bien ? Enfin, pas trop mal ?<br />
Son ami tente un vague sourire.<br />
— Ça pourrait être mieux, mais je tiens le coup. Les avocats marrons sont peu doués , pour
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ne pas dire pire, mais ils ont raison sur un point : nous devons nous en tenir à la version prévue.
Mieux vaut passer pour des crétins naïfs que des narcos conscients.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils chuchotent car pas sûrs de ne pas être écoutés même dans cette salle aussi dénudée de
tout.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu crois que nos familles sont prévenues ? Il faudrait qu'elles fassent du bruit dans la
presse, du moins la tienne, car je doute que la mienne se bouge beaucoup, encore que le
non-paiement des pensions alimentaires va peut-être faire réagir mes ex et mes fils.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je l'espère. Je pense qu'Isabelle et Clara vont remuer ciel et terre. Clara est à même de
prévenir la presse. Son copain actuel est plus ou moins journaliste dans une feuille de
chou locale, mais c'est mieux que rien ! On va le savoir assez vite, si notre cher consul
ou nos deux pseudos conseils nous rendent visite. Et ils vont le faire au moins pour nous
présenter leurs honoraires. Il faudra bien qu'ils avisent nos familles s'ils veulent être
payés. Je ne doute pas que, pour cela, ils vont nous visiter. Essayons de nous reposer car
nous risquons d'autres séances.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Épuisés par leur interrogatoire, ils s'endorment en dépit du manque de confort offert par la
dureté du sol. Ils sont réveillés par Luis qui, fidèle à ses engagements et certainement aussi
grassement rémunéré, leur apporte leurs repas, plus mangeables que précédemment . Anita a du être
augmentée ! Il n'a pas oublié d'y joindre deux grandes bouteilles d'eau qu'ils boivent goulûment.
L'eau de la bassine de ce matin n'a pas apaisé leur soif. Alors qu'ils rangent dans les sacs plastiques
les quelques reliefs de leur repas, après avoir poliment toqué à la porte, débarquent la grosse
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 39">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana, son étrange assistant et le toujours élégant consul honoraire, tous avec le sourire aux
lèvres.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne vous dérangez pas, intime le pseudo-diplomate, je vous en prie.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils n'ont pas l'intention de se lever. Sont-ils en état de le faire ? Pas sûr . L'avocate s'affale
sur la seule chaise tandis que l'échalas qui lui sert de portefaix, ouvre sa sacoche et en sort une
liasse de documents. Toujours mondain, Marc le consul, s'enquiert de leur état.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes bien traités ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il doit plaisanter car à la vitesse à laquelle les informations circulent, il est certainement au
courant de la séance du matin.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Autant que faire ce peut, répond sur le même ton Antoine. Le repas était bien meilleur.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah, mais quand elle le veut, Anita est une excellente cuisinière.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Surtout quand elle est bien payée, renchérit Pierre. Des nouvelles ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous avez vu Hector ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En effet. Et le commandant et ses acolytes également, une entrevue légèrement
différente.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les trois individus les regardent.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous avez les traits tirés et paraissez fatigués, mais vous n'avez pas de marques de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">coups.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils savent y faire. On connait ces tactiques, je ne vous les expliquerai pas, vous n'en avez
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">rien à faire. On a dit ce qu'on savait : transport de clients et de leurs bagages que nous
n'avons pas le droit d'inspecter, contrats légaux avec International Sea Transport,
passages avec tampons le prouvant devant la police et la douane, tant au départ qu'à
l'arrivée.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est la vérité, n'est-ce pas ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La vérité a toujours une apparence. Mais je vous avoue que je n'ai pas l'esprit aux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pensées philosophiques. Nos familles ont-elles été mises au courant ? Y a-t-il une
réaction des autorités françaises ? De International SeaTransport ? Est-ce que ça bouge,
car le commandant n'a pas l'air de croire cette version édulcorée de notre job. Il veut
faire tomber le gouverneur qui, si nous avons bien compris, est à la tête de tout ce trafic.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Doucement, doucement. Les murs ont des oreilles. Pour commencer, nous avons averti
vos familles. Elles sont entrées en contact avec le quai d'Orsay et, également, si j'ai bien
compris, avec des associations d'anciens officiers auxquelles vous appartenez. Aucune
réponse de la part de votre employeur qui se présente comme un simple transporteur.
Remonter la filière est compliqué.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous retrouverez aux îles Crocodiles, c'est à dire face à pas grand chose de concret.
En Europe, ils n'ont que des bureaux plus ou moins factices en dépit des adresses
prestigieuses. Ce sont de simples boîtes aux lettres sans intérêt. Il doit y avoir quelques
comptes où l'argent transite, mais vous savez comme moi qu'à partir de certains
montants, les banques n'ont plus ni yeux, ni oreilles, ni mémoire. Et le Quai d'Orsay ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors là, n'y comptez pas trop. Ils ne veulent pas se mouiller et perturber leurs relations
commerciales avec Sainte Poésie à qui nous vendons des armes, quelques avions, des
céréales et où nous installons des supermarchés de marques françaises. Alors les
problèmes et les différents de deux retraités de la Marine avec la justice poésienne, ce
n'est pas trop leur truc. Ils vont vous fournir nourriture et boissons, des médicaments si
vous en avez besoin, et écriront une protestation en bonne et due forme au ministre des
Affaires Étrangères poésien qui y répondra en rappelant que son pays exercera la justice
suivant le droit. Point barre. Nous sommes là pour vous aider.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne me racontez pas que vous n'avez pas vu Hector.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avocate hoche la tête et met un doigt boudiné devant la bouche pour faire comprendre aux
deux hommes de ne pas parler.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Votre fille a appelé l'ambassade, Antoine. Un sacré caractère ! Elle menace de publier ce
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 40">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'elle appelle un scandale dans la presse. Pourquoi pas ? Les articles informeront les
français. Les poésiens s'en fichent totalement. Cela fait longtemps que la population ne
se fie plus aux déclarations des journalistes. Et puis, qui lit la presse française ici ? Non,
vous devez vous en tenir à la vérité telle que vous nous l'avez livrée. La justice
tranchera. C'est une version très plausible après tout !
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais c'est la vraie version, il n'y en a pas d'autres. On a fait preuve de naïveté, voilà !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est le moins qu'on puisse dire. Maintenant, quant à savoir si la cour vous suivra ou
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">écoutera le commandant, qui devra jouer le rôle du procureur de ce procès ? Il vous
faudra être très persuasifs, mais nous vous aiderons, nous connaissons bien le système
judiciaire local.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un long silence s'établit, chacun dans ses pensées. Antoine et Pierre se demandant comment
ils sortiront de cet enfer, les trois autres attendant le moment pour eux crucial, c'est à dire la
discussion concernant le versement de leurs honoraires. Sylvana considère que le temps d'une
conversation sérieuse est venu.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous entendons bien votre version et c'est la vérité que nous défendrons puisque c'est la
vérité. Nous avons une déontologie que nous respectons.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un ange armé d'une fourche passe dans un grand éclat de rire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Même si nous comprenons votre désarroi et compatissons, nous sommes
malheureusement obligés d'aborder le problème des honoraires, car vous vous doutez bien qu'un
procès a un coût, les documents, les traductions, les déplacements, les secrétaires, les témoins, les
recherches...
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Stop, l'arrête Pierre. Combien ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne le prenez pas comme ça. C'est essentiellement pour vous rendre service.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrêtez votre cirque . Nous sommes une bonne affaire pour vous, pas plus . Le reste
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous importe peu, c'est votre boulot. On ne va pas épiloguer là-dessus. Vous n'avez pas
la réputation d'être de fameux avocats, mais on n'a pas le choix. Les avocats du barreau
français ne peuvent plaider à Sainte Poésie et n'ont peut-être pas la même vision de la
justice, ni surtout le réseau de connaissances indispensable. Alors, je répète ma<br />
question : combien ? Ne me répondez pas qu'il faut que vous calculiez. Vous connaissez
depuis le début le montant dont vous allez nous taxer. Je vous écoute.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cinquante mille.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cinquante mille quoi ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cinquante mille euros payés en France.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Wouah ! Vous êtes chers! Avec garantie de réussite ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Messieurs, la justice est ce qu'elle est, on ne peut pas prévoir la décision des jurés et des
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">juges. C'est une affaire complexe.<br />
Le silence s'établit dans la pièce, chacun faisant ses comptes, Pierre et Antoine s'interrogeant
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sur ce qu'ils pouvaient payer, le consul calculant sa commission et les deux soit-disant juristes, le
montant qu'ils leur resterait et résoudrait une grande partie de leurs soucis pécuniaires.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana reprend la parole :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Si vous voulez une garantie de réussite, c'est possible, mais plus cher.<br />
Son assistant et le consul la regardent d'un air inquiet. Elle va trop loin. La justice est, par
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">essence, incertaine parce qu'humaine. De plus, ils savent que le commandant veut la peau du
gouverneur et de sa famille. Il ne fera aucun cadeau aux deux français. Il saura être convaincant et
n'aura pas de mal à accumuler les preuves. Il a un talent oratoire certain, contrairement aux deux
verbeux ici présents. Pierre et Antoine ne répondent pas et attendent. Sylvana les regarde et assène :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cent mille euros contre la garantie que vous sortez d'ici.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ses deux acolytes la regardent avec des yeux ronds. Elle est folle ou a abusé de la poudre
blanche qu'elle prend régulièrement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana, réfléchis. Tu n'as pas le droit de donner des espoirs à ces deux malheureux.<br />
Le consul joue les violoneux. L'assistant est tellement effaré qu'il en reste la bouche ouverte.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 41">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le jeu lui semble trop gros pour eux, il est conscient de leurs possibilités mesurées.<br />
Pierre et Antoine se regardent, assommés à la fois par la proposition et par le montant
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">demandé. S'is paient, ils perdront l'essentiel des bénéfices de leur travail avec Sea International
Transport. Mais leur liberté vaut bien ça. Cependant, comment faire confiance à ces deux escrocs ?
Ont-ils le choix ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Okay, mais paiement après notre retour en France, libres.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La moitié, d'abord.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, vingt mille avant. Le prix s'entend pour nous deux, évidemment.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il faut que je réfléchisse et que j'en discute.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Faites vite, car je suppose que vous avez un plan.<br />
La réflexion de l'avocate est rapide. Elle veut se saisir de l'affaire avant qu'on ne la lui
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">enlève, ce qui est possible, car, dans les milieux poésiens, elle fait grand bruit et plusieurs confrères
risquent de se positionner.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est d'accord. Mais vingt mille euros dans la semaine et le reste quand vous serez en
France.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre n'ont guère le choix. C'est le prix de leur liberté.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 42">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">10
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux avocats et le consul ne sont pas restés très longtemps en compagnie des deux
français à qui ils ont laissé du linge de rechange, quelques affaires de toilette et des bouteilles d'eau.
Luis est venu les chercher et les a raccompagnés dans l'horrible cachot d'où ils ont été extraits un
peu plus tôt. Leur arrivée ne suscite guère de réaction dans la faune qui semble presque habituée à
leur présence. Ils retrouvent leur coin que semble avoir gardé le jeune Willie. Il les salue d'un
sourire édenté qui se voudrait accueillant. Antoine lui donne un paquet de petites galettes que leurs
pseudos défenseurs avaient </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">glissées </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans leurs affaires. Il se jette dessus et les avale goulûment sans
en offrir à ses congénères qui le regardent avec envie. Elles ne sont pourtant pas fameuses, mais
quand on a faim !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il finit le paquet à une rapidité surprenante, s'étouffant en partie à tel point que Pierre lui
donne un peu d'eau. Le jeune homme soupire d'aise après ce moment de bonheur.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors, interroge-t-il, vous avez vu la grosse et le bizarre ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes se regardent se demandant comment les nouvelles peuvent circuler aussi
vite, pratiquement en direct. Tous ont l'air au courant, les autres prisonniers leur paraissant, en dépit
de l'obscurité, les regarder avec curiosité et attendre leur réponse. Ils parlent avec le jeune
adolescent en espagnol, ce qui permet aux autres de comprendre. C'est certainement la raison pour
laquelle il commence à leur parler dans un français certes hésitant et marqué d'un fort accent, mais
tout à fait compréhensible.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle vous l'a proposé ?<br />
Pierre et Antoine froncent les sourcils et font mine de ne pas comprendre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tout se sait à Sainte Poésie, encore plus en prison, insiste Willy. Méfiez-vous d'elle, et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">marchandez. Il est certain qu'elle connait beaucoup de monde et pourrait vous faire
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">évader.<br />
Ils le laissent parler sans l'interrompre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle a contacté certains de mes amis. Je pourrais vous aider car vous aurez besoin de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">quelqu'un à l'intérieur de la Fortaleza. Je la connais comme ma poche.
Face aux mutisme des deux français, il continue.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vous demanderai rien, sinon de me prendre avec vous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous avons juste parlé du procès qui sera instruit par le commandant.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Lui, c'est un juste, honnête et tout. J'espère qu'il est bien protégé. Il a déjà échappé à
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">deux attentats. Il a choisi d'envoyer ses enfants en France pour les mettre à l'abri . Il croit
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu 'on ignore où ils logent, mais ils le savent.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ? C'est qui ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ceux qui veulent sa peau, et ils sont nombreux. Sa femme a refusé de partir avec les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">enfants. Ils restent là tous les deux à faire front face à un ennemi puissant qui les laisse
en vie encore pour la façade vis à vis de l'étranger. Si un jour, ils décident qu'ils en font
trop et risquent de devenir un obstacle, ils n'hésiteront pas.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ? C'est qui ? Quel rapport avec nous ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils, ce sont ceux pour qui vous travaillez.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous avons fait des traversées pour une entreprise International Sea Transport.
Le presque enfant éclate de rire, un rire sardonique qui dure.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne me dites pas que vous y croyez ? Vous êtes encore plus bêtes que je ne le pensais. Je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">me demande si je peux vous faire confiance pour partir avec vous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Que racontes-tu ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Toute l'île sait que le gouverneur est à la tête de cette soit-disant entreprise, qui est le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nom officiel du plus gros narcotrafic de l'île et même de la région. On ne vous l'a jamais
dit, lors des réceptions auxquelles vous étiez invités, ni auprès des jeunettes que vous
rameniez sur votre bateau ? Ni Anita dont le restaurant appartient au gouverneur, ni la
gentille Yalisa dont toute la famille est employée par Isidro, employés de maison,
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 43">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">hommes à tout faire, jardiniers etc... Vous êtes d'une crédulité qui frise la bêtise. Le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">commandant ne croira jamais que vous n'étiez pas au courant, tout le monde le sait !
Antoine et Pierre avaient l'impression qu'un piège bien établi se refermait sur eux, qu'il les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">coinçait et qu'ils risquaient fort de rester bloqués sur cette île pour des années, s'ils réussissaient à en
sortir un jour .
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leur cruauté n'a d'égale que leur rapacité. Ils ont empoisonné les chiens du commandant
auxquels sa femme est extrêmement attachée par pure méchanceté. Ils ont ensuite
rapporté un couple de dogues du Brésil, des Fila Brasileiro, qui ne la quittent pas d'un
pas et qui dorment avec eux. Ils se sont rendus au Brésil pour l'enquête de l'affaire
Barbatrech qui implique de nombreuses personnalités politiques et économiques, ce sont
les mêmes, de Sainte Poésie. Ils ont deux gardes fidèles qui veillent. Mais, les autres,
s'ils le veulent, ils les exécuteront sans problème. Vous comprenez qui vous affrontez ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous n'avons rien à voir avec ces gens-là.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais oui, vous êtes leurs employés. Ils ne vous soutiendront pas. Pour l'instant, ils vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">surveillent, de près. Ils ne vous pardonneront pas le moindre faux-pas.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons dit au commandant juste la vérité. Nous transportions des passagers, leurs
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">invitées et leurs bagages pour cette entreprise dont nous avons rencontré le représentant .
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À Paris, en Suisse ou dans les Îles Crocodiles ?<br />
Mais comment ce gamin à peine sorti de l'enfance, issu certainement d'un bidonville des
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">plus pauvres, qui trempait dans toutes sortes de trafics, pouvait-il être au courant de tout ça ? Ils
étaient les seuls à ne rien savoir dans cette histoire.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Donc, elle vous a proposé ses services pour vous ramener en France, la grosse Sylvana ?
Son prix doit tourner autour de cent mille dollars. Ses honoraires de vingt mille </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 80.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 100.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">-
</span><span style="color: rgb(40.000000%, 0.000000%, 100.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">elles incluses </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">? Car elle est chère alors qu'elle n'est pas très efficace.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment sais-tu cela ?<br />
Il sourit de ce même sourire triste et noir.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes tellement naïfs que vous me peinez. Je me demande même parfois si vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'êtes pas des malins sous vos airs innocents. J'avoue que j'ai du mal à vous jauger. Pas
grave. Je veux bien vous aider à condition que je vienne avec vous. Pas d'entourloupe
car je vous retrouverai. J'ai une sœur qui travaille pour des cousins en France, à Lyon.
Vous connaissez ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes approuvent d'un hochement de tête.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mes cousins ne sont pas des tendres et nous avons l'esprit de famille. La grosse Sylvana
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a déjà pris quelques contacts pour son opération et j'en suis.<br />
Inutile de démêler le pourquoi du comment dans cette histoire. Ils n'ont pas le choix et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">doivent en passer par ces gens d'un autre monde s'ils veulent s'en sortir.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle vous a promis de vous rendre la liberté ou simplement de vous ramener dans votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pays ?<br />
Bonne question ! Antoine et Pierre essaient de se remémorer la conversation. En effet, elle
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">peut se débrouiller pour les ramener en France menottes aux poings. Ce sera une chose à préciser.
Comment ? Ils ne vont pas élaborer un contrat écrit. Bien obligés de se contenter des paroles et de
leurs mémoires. Ils en sont à faire presque plus confiance au jeune Willie qu'au consul et aux
avocats chargés de leur défense.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je connais son plan.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine se regardent, plus rien ne les étonne dans cette histoire dans laquelle ils
plongent. Ils attendent la suite.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle a l'intention d'attendre le procès pour connaître le verdict. Si les peines sont
inférieures à cinq ans, elle attendra. Quelques réductions de peine et vous repartirez chez
vous. Mais ce n'est pas son intérêt car elle n'encaissera que les vingt mille dollars. Son
intérêt est que vous soyez condamnés à de lourdes peines pour qu'elle mette en place son
plan à cent mille dollars. Elle plaidera très mal, ce qui ne lui sera pas difficile, soit dit en
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 44">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">passant . Elle planifie de vous faire quitter la Fortaleza en hélicoptère.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En hélicoptère ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui ! En payant, cela se trouve facilement. Avec cent mille dollars, ici, vous tuez père et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">mère, oncles, tantes et le reste de la famille, les voisins y compris. Alors un hélicoptère,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sans problème.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Où ira-t-on avec un tel engin ? Pas loin .
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'allez pas traverser l'Atlantique avec un hélico. Il vous mènera jusqu'au port
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">principal de Sainte Poésie où vous embarquerez sur un des nombreux bateaux chargés de
containers qui traversent l'océan. Vous débarquerez dans un port européen et à vous la
liberté. Enfin, du moins l'Europe. Car la justice risque de vous y attendre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le plan est vraisemblablement déjà élaboré et bien avancé.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais le commandant et ses hommes ne sont pas au courant alors que vous le savez
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">déjà ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne fréquente pas les mêmes personnes. On a du temps pour la mise au point. Il faut
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">attendre le procès, mais qui se tiendra dans l'année car le commandant est pressé.
Encore plusieurs mois à attendre et vivre en prison, dans ces conditions. Les deux hommes
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont atterrés. Cela leur semble insurmontable.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne vous inquiétez pas. Je la connais, la grosse. Elle va vous obtenir de meilleures
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">conditions dans une prison moins dure ou dans une résidence surveillée. Mais il ne
faudra pas perdre contact. Je pourrais peut-être vous suivre. Je vais me débrouiller. Je
crois que c'est possible.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avenir s’annonce sous des auspices vraiment très sombres. Pour tenir, ils doivent se fixer
des objectifs précis, à court terme et atteignables. Le premier, sortir de l’enfer de la Fortaleza et
attendre le procès avec une certaine sérénité, enfin autant que faire </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">se </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">peut.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne vient pas les chercher pour les interroger. Autres méthodes. Certains jours, Luis est
aux abonnés absents et oublie de les nourrir, même pas d'eau. Willie les aide dans ce cas et leur
trouve du riz, des haricots rouges, de l'eau. Comment fait-il ? se demandent Pierre et Antoine. Pour
avoir survécu dans l'enfer d'où il vient, il est capable de se débrouiller. Il reçoit des colis extérieurs
de sa famille, de ses amis ou complices. Il trafique également avec les autres prisonniers dont il les
protège et qui les laissent tranquilles. Les deux français restent cependant méfiants et sont obligés
de faire confiance au jeune adolescent, sachant qu'il doit se vendre au plus offrant. Pour l'instant, ils
sont les plus intéressants, mais ils savent qu'il n'hésitera pas s'il trouve mieux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cette incertitude quotidienne, repas, boissons, ou rien, possibilité d'aller aux toilettes ou
refus de Luis, cette faune inquiétante qui rôde autour d'eux, les minent. Ils sombrent peu à peu dans
une dépression qui les mène vers la folie. Willie s'en rend compte et sait que c'est le but recherché .
Plus de visites de la grosse Sylvana, de son assistant ni du consul. L'argent n'a pas </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 40.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dû </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">arriver de
France. Le jeune adolescent a tout intérêt à conserver </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 40.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">les </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">deux français opérationnels s'il veut partir
avec eux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment se débrouille-t-il ? Toujours est-il que Luis brusquement redevient le gardien
attentionné qu'il était. Menaces ? Argent ? Les repas redeviennent réguliers, le droit d'utiliser la
douche des gardiens leur est accordé, des vêtements propres leur sont régulièrement déposés. Ils
trouvent un jour, dans le sac de nourriture, un téléphone. Ils le sortent sans aucune prudence sous les
yeux envieux des autres prisonniers, bien qu'ils soient quelques uns à en posséder. Willie se
dépêche de le cacher dans une poche de son vieux jean. Il leur explique qu'il l'a demandé à Luis et
que le consul </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">le </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">leur a fait parvenir. Un numéro est inscrit sur un papier crasseux collé sur l'appareil.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Apprenez-le par cœur et déchirez le papier. N'appelez pas . Attendez.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Attendre, mais attendre quoi ? Trois jours après, une sonnerie au rythme de salsa résonne
dans la poche du vieux pantalon de l'adolescent. Il en sort le téléphone et le tend à Antoine.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est pour vous, lance-t-il au français engourdi.
Il prend le téléphone et machinalement répond :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Allo !<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Papa, c'est Clara.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 45">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: TimesNewRomanPSMT; font-size: 12pt;">Incapable de répondre, il ne peut que pleurer, se demandant presque si c'est un ultime
moyen de le torturer. Mais la voix aimable de sa fille insiste :</span></p></div><div class="column"><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">-Papa, c'est moi, Clara, ta fille. Réponds-moi !<br />-Où es-tu, ma chérie ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il a soudain peur qu'ils n'aient réussi à la faire venir, pour faire pression sur eux.<br />-À la maison, avec maman. Je ne te demande pas comment tu vas. Je t'entends et c'est
déjà miraculeux.<br />-Qui t'a donné ce numéro ?<br />-Je l'ai reçu par sms. J'ai vu que c'était un numéro de Sainte Poésie. Méfiante. Mais j'ai
appelé un peu par hasard, et par curiosité. Nous avons reçu d'une certaine avocate une
demande de virement pour assurer votre défense avec un numéro de téléphone français.
Je suis tombée sur une espèce de standardiste, qui m'a </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">assuré </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">être la secrétaire française
d'une avocate prénommée Sylvana, chargée par le consulat d'assurer votre défense. J'ai
cherché qui elle est vraiment. Anciennement au barreau de Versailles, mais rayée pour
des raisons pas très claires. Avec toujours un compte dans une banque française où nous
devons virer l'argent demandé. J'ai contacté les fils de Pierre qui ont reçu les mêmes
directives. C'est sérieux ? On va payer, il faut que vous sortiez de cet enfer. Nous
sommes prêtes à faire le voyage.<br />-Non, surtout pas. Vous ne venez pas, ni maman, ni toi, ni les enfants de Pierre. Trop
dangereux. Tu n'imagines pas ! Je pense qu'il faudra payer, peut-être plus. Selon les
résultats. Je t'expliquerai. Mais il faut être prudent, ce sont des escrocs. À la limite, le
commandant qui sera le procureur instruisant l'affaire est le plus honnête. Je sais, c'est
paradoxal, mais on n'en est plus à une contradiction près. Si tu savais .<br />
Papa, vous n'êtes pas coupables. Il faut vous défendre.<br />
Clara, c'est compliqué à expliquer. La vie n'est </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que noire ou blanche, c'est plus
nuancé.</span></p></div></div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un silence au bout du fil. A-t-il détruit l'image que Clara avait de son père, grand, beau, fort,
honnête ?
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bon d'accord. Je fais quoi ? Pour l'argent ? Tu as cette somme ? Car c'est beaucoup .
Maman s'inquiète.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ça va aller, ma chérie. Je vais parler à Maman. Ce n'est pas le top comme tu dis, ajoute-
t-il pour détendre l'atmosphère, mais on tient le coup.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La voix inquiète d'Isabelle résonne au bout du fil. Il la connait depuis si longtemps, il la sent
tendue, fatiguée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Comment allez-vous ? Vous mangez convenablement ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une réaction de femme, de mère presque, qui le ferait sourire dans d'autres circonstances.
Elle ajoute, chuchotant presque.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine, les vacances ? La piscine? Le tennis ? C'est ça.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il ne répond pas, il a peur que les conversations soient écoutées et enregistrées. Toute
confiance a disparu.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Isa, cela va s'arranger.<br />
Cela fait très longtemps qu'il ne l'a pas appelée ainsi. Elle comprend ses angoisses.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Peut-on vous faire parvenir des colis ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est un milieu difficile à imaginer. Je ne pense pas que ce soit possible. Mais on se
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">débrouille.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour l'argent, je fais comment ? Clara a parlé aux fils de Pierre qui se demandent,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">comme nous, comment faire, pour réunir cette somme.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu as une procuration sur mon compte.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais on n'a pas cette somme à la banque.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je te parle de la procuration que je t'ai donnée il y a quelque temps en te disant de bien la
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">conserver en cas de besoin. Tu as ri en demandant si c'était pour mes obsèques. Tu l'as
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 46">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">toujours ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bien sûr, je l'ai rangée dans le petit coffre où je mets les documents de la maison, le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">livret de famille.<br />
Il l'interrompt. Il a peur que le communication soit coupée.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Récupère-la. Rends-toi à l'agence indiquée et retire l'argent demandé. Je me débrouillerai
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ensuite avec Pierre.<br />
Isabelle ne répond pas. Elle ne demande pas si il y a assez d'argent pour payer la somme
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">demandée par les avocats. Elle sait, elle a compris.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour commencer, tu ne vires sur le compte qu'ils t'ont communiqué que la moitié.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">D'accord.<br />
Réponse laconique. Le téléphone n'est pas le meilleur endroit pour les explications.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Clara va téléphoner aux fils de Pierre. Tu n'as vraiment besoin de rien d'autre ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne m'oubliez pas. Croise les doigts, ajoute-t-il en riant, et reste zen. Ça va aller. Tu as
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">toujours tes petits bouddhas un peu partout dans la maison et le jardin ? Dis- leur de ne
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas nous oublier. Je t'embrasse.<br />
Isabelle raccroche sans ajouter un mot. Heureusement qu'elle est là !<br />
Willie reprend le téléphone que certains prisonniers ne lâchent pas des yeux. Ils n'oseront
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas s'attaquer à lui, ils connaissent sa rapidité de réaction et sa férocité cachée sous ses airs
d'adolescent attardé. S'il a survécu, c'est bien grâce à ça, violence et apparence.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les jours s'étirent, longs et toujours aussi incertains.Pierre et Antoine attendent, mais ne
savent plus ce qu'ils attendent. Ils ont perdu toute notion du temps qui passe. Parfois, ils demandent
la date du jour à Willie. Déjà deux mois qu'is sont dans cette nasse. Luis arrive sans prévenir et leur
ordonne de le suivre. Willie se lève aussitôt et ricane quand le gardien lui clame :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas toi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le jeune le regarde et lui murmure quelques mots inaudibles aux deux français. Luis baisse
la tête et les conduit tous les trois hors du cachot. Ils suivent de longs couloirs qui le mènent dans
une cour remplie de soleil dont la soudaine clarté, qu’ils ont oubliée, les éblouit. Ils ont un recul,
presque l'envie de retourner se cacher dans leur geôle. Luis les pousse vers une voiture rouge dont
la couleur dénote dans cette atmosphère lugubre. Willie est fasciné par le véhicule qu'il admire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle est belle, j'espère avoir la même un jour.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine le regardent en se demandant si finalement il n'a pas la recette du bonheur.
Le moment présent, sourire de plaisir, sans regretter le passé et sans se soucier de l'avenir. La porte
s'ouvre et Luis les pousse à l'intérieur du véhicule où ils retrouvent au volant un des assesseurs du
commandant précédemment connu lors de leur interrogatoire, tandis que Willie exprime sa joie face
aux sièges de cuir et au tableau de bord électronique. Il demande s'il peut toucher en avançant la
main. Un coup de matraque l'arrête vite. On ne perd pas si vite les bonnes habitudes !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils sont tassés tous les trois à l'arrière du véhicule, avec un chauffeur totalement mutique et à
la conduite brutale, évitant piétons et deux roues à grands coups d'avertisseur qui font se ranger les
autres usagers. Inutile de demander où il les mène, même Willie ne s'y risque pas. Il leur indique en
passant la mer bleu turquoise, la cathédrale, il se signe en passant devant, ça ne peut pas faire de
mal ! Presque une balade touristique. Ils quittent la vieille ville et se dirigent vers les quartiers
périphériques, plus récents, avant de s'arrêter face à une maison blanche, moderne, entourée d'un
petit jardin, clos par une palissade surmonté de « dents de requin », un système courant pour
protéger les domiciles des cambriolages sur lesquels un certain nombre d'apprentis cambrioleurs se
sont empalés. Les risques du métier. Le grand portail métallique s'ouvre, une commande
électronique certainement qui ravit Willie. Ce n'est que lorsque le portail est refermé que le
chauffeur débloque les portières en leur ordonnant de descendre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La porte de la maison s'ouvre sur le deuxième comparse dont ils avaient fait connaissance
précédemment. Willie le salue en le prenant dans ses bras affectueusement. Il explique aux français
que c'est un ancien voisin. Pierre et Antoine ont l'impression de nager en plein délire. Ils attendent
dans la vaste entrée. Carrelage blanc, murs vert olive, quelques cadres, des meubles sombres. Leurs
anges gardiens leur font signe de la tête de les suivre et les mènent par un couloir jaune criard vers
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 47">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'arrière de la maison. Ils aperçoivent une cuisine où une femme s'affaire sans lever la tête à leur
passage. Ils ouvrent deux portes et leur indiquent ce qui semble être leurs chambres. Blanches,
grand lit massif, couvre-lit rouge, un fauteuil, une table de chevet, une ampoule pendant du plafond.
La décoration est sommaire, mais cela leur semble luxueux après des semaines de cachot. Une
fenêtre donne sur le jardin qu'ils ouvrent avec un grand sourire. Une salle de bain fait face aux
chambres. Willie est traîné vers une petite pièce qui doit être à l'origine réservée aux domestiques.
Un vrai luxe pour lui qui s'extasie devant un lit avec un matelas, une chaise de plastique blanc, une
minuscule douche, un lavabo et des toilettes. Une fenêtre éclaire la petite pièce et une ampoule
recouverte d'insectes donne une faible lueur jaunâtre. Il exulte face à cette chambre comme il n'en a
jamais eue.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je remercie Dieu d'avoir croisé votre route. C'est mon destin et je sens que je vais
réussir. Je pourrai enfin aider ma mère.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il se signe plusieurs fois en riant. Il est sincèrement heureux !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre ne partagent pas vraiment sa joie, mais semblent soulagés de ce
changement de conditions de vie, tout en se demandant ce qu'il cache. Rien n'est gratuit, la suite les
inquiète. Cependant, ils décident de copier l'attitude du jeune homme. Ils ont quitté un enfer et
essaient d'apprécier cette pause, même si elle n'est que provisoire et pose plus de questions qu'elle
n'en résout.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils prennent une douche pour se rafraîchir de cette chaleur tropicale humide qui leur colle à
la peau. Ils ont l'agréable surprise de trouver des vêtements propres sur le fauteuil de leur chambre,
chemise blanche à manches courtes, pantalon de toile, sous-vêtements, chaussures de toile. Dans la
salle de bain, serviettes de toilette propres, savon, shampoing, matériel de rasage, eau de toilette. Ils
y restent longtemps, appréciant l'eau tiède qui coule sur leur corps, essayant de ne penser à rien
d'autre qu'à ce plaisir fugitif. De retour dans leurs chambres, ils choisissent de rester seuls un
moment : cela fait si longtemps qu'ils vivent dans la promiscuité qu'ils apprécient cette solitude,
simplement perturbée par les bruits de la rue, du voisinage, des oiseaux, les signes d'une vie
normale qu'ils ont oubliée.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelle n'est pas leur surprise de voir débarquer Willie méconnaissable, vêtu de propre,
shampouiné, lavé à tel point qu'il paraît beaucoup plus clair de peau et surtout qui ressemble
maintenant à un vrai adolescent, vêtu d'un pantalon blanc, d'un tee-shirt bleu clair, de tennis blancs
et d'une casquette rouge. Il se présente à eux avec un énorme sourire et joue le mannequin en se
tournant et retournant d'un geste gracieux et presque élégant.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai discuté avec la cuisinière. Venez, elle va nous servir un vrai café et quelques
gâteaux. Laissez tomber vos questions! Chaque chose en son temps. On profite de ce que
la vie nous offre, ce n'est pas si fréquent.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu sais pourquoi nous sommes là ?<br />
Il sourit un peu mystérieusement.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis aux renseignements. Je vous tiens au courant. Avec mon ancien voisin, et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">quelques cousins aussi.<br />
Il part en courant dans le couloir, vers la cuisine, galopant tel un gosse heureux, ce qu’il est.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ni les noirceurs, ni les crimes, ni toute sa vie passée, ne lui importent. Pas de remords ni de
conscience. Seul compte l'instant !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La cuisinière au cou de laquelle Willie saute en l'embrassant (une tante ? Une cousine?une
copine ? Va savoir!) leur a préparé, sur la table de la cuisine, du café, un grand pot de sucre en
poudre et des gâteaux secs. En d'autres temps, les deux français auraient à peine touché à ce goûter
qui ne correspond pas à leurs saveurs européennes. Mais ce jour-là, il leur semble un vrai festin de
roi. Devant l'air surpris de Willie quand ils refusent les généreuses cuillerées de sucre en poudre
dont il veut arroser leur café, ils finissent par accepter, eux qui ne buvaient que des expressos . Ils
apprécient ce café rustique plus proches d'un sirop que d'un pur arabica. Ils savourent cette liberté
de mouvement et ce retour à une vie presque normale après la prison.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils s'installent tous les trois dans les mecedoras (terme local désignant les rocking-chairs) de
la varangue comme dans toutes les maisons poésiennes, se balançant doucement dans la fraîcheur
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 48">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">relative du soir et appréciant cette pause dans le temps. Willie leur raconte que c'est la première fois
qu'il peut s'y bercer. Il en a souvent </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 80.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vu </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans les belles maisons, mais n'a jamais pu s'y poser.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un rêve, ajoute-t-il.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un terme qui laisse les deux français pantois. Finalement, on peut trouver du rêve partout,
c'est juste une question de mesure ! Le temps semble s'être arrêté, au moins provisoirement.
Combien de temps restent-ils là ? C'est la nuit qui les ramène à la réalité et la cuisinière qui vient
leur annoncer le repas du soir. Soupe parfumée à la coriandre, purée de patates douces et de bananes
plantains, petits morceaux de poulet dans une sauce piquante, ananas. Willie précise en souriant que
le fruit est prévu pour eux car dans la cuisine traditionnelle poésienne, il n'y a pas de fruits en
dessert. Pierre et Antoine saluent et remercient la femme. Ils demandent au jeune homme s'ils
peuvent lui donner un petit pourboire. Hésitant, l'adolescent entame une discussion avec elle, assez
longue. Elle semble d'abord refuser, puis hésiter avant de baisser la tête en acceptation. Il s'ensuit
une explication un peu confuse de Willie qui précise qu'elle a des enfants et une grand-mère<br />
malade. On retrouve toujours les mêmes raisons. Impossible d'en extirper la vérité. Peut-être même
va-t-elle partager avec le jeune homme qui précise qu'en dollars, c'est préférable. Décidément, le
même système à tous les niveaux. Les voyant prêts à sortir un billet de dix dollars, Willie les arrête :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est trop, deux ou trois dollars, cela suffit. On verra plus tard !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cette journée surprenante a fatigué les deux hommes qui, sitôt le repas terminé, regagnent
leur chambre. Ils s'étreignent longuement avant de se séparer, la gorge serrée. Quel avenir les
attend ? Rien n'est gratuit .
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 49">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">11
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La nuit est calme, pas de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bruits furtifs </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">des autres prisonniers, de portes qui claquent, de cris
plaintifs. Une nuit tropicale, percée de grincements d'insectes, de quelques bruits lointains de
musique. Dans des draps propres, dans un vrai lit, sous une moustiquaire qui arrête les moustiques
dont on entend juste les vibrations. Où vont-ils se réveiller ? Que leur mijote-t-on ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leur journée commence par un petit déjeuner local que la cuisinière, qui leur dit s'appeler
Milena, a amélioré pour les Européens, de café, de pain, de beurre et de confiture tellement sucrée
qu'il est inutile d'en chercher le fruit d'origine. Elle le complète d'un jus de fruits. Les quelques
dollars distribués la veille sont efficaces. Willie se jette sur les saucisses nageant dans la graisse, les
bananes plantains qu'il agrémente de spaghettis. Il ne doit pas souvent déjeuner ainsi. Pierre et
Antoine attendent qu'il ait tout englouti avant de l'interroger.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sais-tu quelque chose ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Doucement, répond-il avec son accent prononcé. J'attends des précisions ce matin. Dès
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que j'ai les renseignements, je vous préviens, promis. Profitez tranquillement de votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">temps. J'ai réussi à vous trouver des journaux et des livres en français.<br />
Mais comment fait ce gosse ? Enfermé comme eux, il se procure des objets introuvables,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sans parler des secrets qui pour lui n'en sont pas. Ils n'ont plus qu' à prendre leur attente en patience.
La journée se déroule tranquillement, sinon leur inquiétude. Willie se délecte des télénovelas et des
policiers américains diffusés en permanence par la télévision. </span><span style="color: rgb(0.000000%, 0.000000%, 80.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Délia </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a un appareil dans la cuisine et
ils vivent tous les deux les mésaventures des superbes héroïnes dans leurs magnifiques maisons et
les courses poursuites des policiers du FBI. Une scène presque surnaturelle pour les deux français
enfermés dans cette île dite paradisiaque au bout du monde dans l'attente d'ils ne savent quoi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La journée s'écoule sans événement notable. Le repas du soir se conclut par la distribution
de quelques pièces à Délia, ce qui semble être devenu un rituel. Il est vrai qu'elle est beaucoup plus
souriante et que la qualité des repas s'améliore nettement. Fruits frais, légumes, poissons, viandes.
Le téléphone que Winnie garde toujours précieusement alors qu'ils profitent de la fraîcheur nocturne
sur la véranda sonne. Il décroche et aussitôt tend le téléphone à Antoine. C'est Clara.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le virement est fait.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne donne pas de précision, ni somme, ni nom. La moitié ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comme tu nous l'as demandé. Maman est allée retirer la somme et a suivi les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">instructions. Vous allez bien ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nettement mieux. Nous sommes prisonniers dans une maison plutôt confortable, bien
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nourris. Mais dans l'incertitude. Nous ne savons pas ce qu'il va se passer.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ici, les journaux commencent à en parler. Nous avons été contactés par de nombreux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">journalistes.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Motus et bouche cousue.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Évidemment. Il y a le cercle des anciens officiers de la Marine qui a demandé à nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">voir. Que fait-on ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous leur dites que vous ne savez pas grand-chose et que l'ambassade s'occupe de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'affaire.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Paul, le fils de Pierre, est avec moi et voudrait parler à son père.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je le lui passe. Prenez soin de vous. Je vous embrasse.<br />
Il n'a pas demandé à parler à Isabelle qui ne semble pas avoir envie d'entamer une discussion
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">avec lui. Le temps des explications viendra assez tôt, s'il vient. Il donne le téléphone à Pierre en lui
disant simplement , Paul . Son ami attrape l’appareil, les larmes aux yeux. Il ne pensait pas que son
fils s'inquiéterait de son sort. Ils discutent quelque temps, de façon neutre, presque de la pluie et du
beau temps. Paul est inquiet, mais semble faire face. Clara est une aide efficace et active. Ils
ressortent de cette communication plus optimistes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie disparaît après qu'ils ont entendu le portail s'ouvrir. Il reste absent une bonne trentaine
de minutes. Pierre et Antoine attendent, en dépit de leur envie de regagner leur chambre. Ils pensent
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 50">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que cette visite nocturne pourrait bien les concerner. Willie revient avec un visage sombre. Fini le
sourire du gosse heureux de vivre. Il s'installe sur une des chaises.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai eu des nouvelles. À la fois soulageantes et inquiétantes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils sont toujours étonnés du vocabulaire précis et parfois recherché de ce gosse de la rue qui
leur est devenu indispensable. Leur seul lien avec le monde extérieur.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes là sur ordre du commandant. Il veut vous remettre en forme avant le procès,
bien nourris, lavés, presque souriants. Car le procès est pour bientôt, dans une dizaine de
jours.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et nos avocats ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pfff ! Ils ne servent à rien. Sont-ils même au courant de la date du procès ? Il semble
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'ils n'ont reçu que la moitié de la somme demandée pour leurs honoraires.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En effet, c'est ce que nous avons demandé à nos familles. Ils ne se sont même pas
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">déplacés pour nous visiter.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne sais même pas s'ils sont au courant de votre changement de résidence. Peut-être
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont-ils retournés à la Fortaleza ? Je vous le répète, ce sont des incapables. Seul l'argent
les intéresse. Vous avez bien fait de ne leur donner que la moitié. Ils vont se remuer pour
vous trouver et demander le solde.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ont-ils développé un plan argumentaire pour notre défense ?
Willie éclate de rire.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un plan ? Une défense ? Mais ils n'ont rien du tout, ils attendent. Ils ne sont pas de taille
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">face au commandant qui va instruire le procès.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le verra-t-on avant ?<br />
Le jeune homme lève les bras en signe d'ignorance.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tenez-vous à votre version. Il n'y a pas d'autre issue. Il va demander le maximum pour
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'exemple.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Minimum vingt ans.<br />
Cette perspective laisse les deux français assommés. Ils savent que Willie est au courant de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bien des choses et qu'il ne va pas leur balancer une information sans une quasi certitude. Vingt ans
dans cet enfer. Ils retourneront en prison, l'épisode dans la maison n'est que provisoire. Il n'y a pas
d'accord d'extradition entre la France et Sainte Poésie . Le commandant mène un combat dont ils
sont les victimes non pas innocentes, mais les victimes tout de même. Contre le narcotrafic, la
corruption, le clientélisme, le système en place. Il ne va pas les rater. Il ne leur reste plus qu'à
s'accrocher à cette idée folle d'évasion, à laquelle ils ne croient que très partiellement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La nuit est agitée pour les deux hommes. Le lendemain après-midi voit débarquer la grosse
Sylvana, son étrange assistant et le soit-disant consul. Ils les saluent presque chaleureusement.
L'argent est arrivé, au moins en partie. Ils viennent se renseigner sur la deuxième partie du
versement. La cuisinière leur sert un café. Les trois visiteurs demandent à leur parler en privé.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes entre nous, rétorque Pierre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana, boudinée dans un robe moulante rouge et noire qui laisse déborder ses formes
voluptueuses et toujours juchée sur ses interminables talons dont on a l'impression qu'ils vont céder
sous le poids supporté, leur indique de sa main couverte de bijoux, le jeune homme.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah, non, lui, il reste !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'étrange assistant hoche la tête pour prouver sa méfiance, tandis que le consul souffle
bruyamment.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est comme ça, surenchérit Antoine. À prendre ou à laisser. Vu votre efficacité et votre
diligence, la porte vous est grande ouverte.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Willie sourit aux anges, tandis que les deux français se lèvent et se dirigent vers la porte du
salon où ils ont été introduits par Déliaa.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Résignés, les trois visiteurs s'enfoncent dans leurs sièges. Le consul prend la parole :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Votre procès est pour bientôt. Vous êtes ici pour vous remplumer et vous remettre en
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 51">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">forme.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous le savons.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons aussi nos sources d'informations. Heureusement, car vous étiez aux abonnés
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">absents ces derniers temps.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes très occupés, répond d'une voix triste et terne l'étrange assistant, en
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">secouant sa crinière.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, vous attendiez surtout le virement.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Justement, glapit Sylvana de sa voix étrangement douce, il semble que seule la moitié de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nos honoraires ait été versée.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vos honoraires ? Par rapport à quel travail ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons fait de nombreuses recherches et remué pas mal de réseaux.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour quels résultats ? Vous nous laisserez vos dossiers, je suppose.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire que tout n'est pas publiable.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Qu'avez-vous fait, à part vérifier l'arrivée de l'argent sur votre compte en France, où, je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous signale, chère Madame, vous ne pouvez plus exercer. Le barreau de Versailles vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">a rayée de ses cadres !<br />
Sylvana eut une mimique de poisson qui manque d'eau, avant de se reprendre.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ce fut une erreur qui va se réparer d'ici peu. Cela n'entrave en rien ma position d'avocate
à Sainte Poésie.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Connaissez-vous seulement la date du procès ?<br />
Silence, que Willie </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">interrompt </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">:<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Dans quinze jours.<br />
Le consul et les deux juristes restent cois, mis à mal par un petit voyou qui en sait plus
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'eux.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelle est votre stratégie ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous voulions justement en discuter aujourd'hui.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Parce que vous n'avez rien préparé ? Vous nous avez laissés croupir dans le cachot de la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Fortaleza, sans nourriture...
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un peu tout de même !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous foutez de nous ? Je ne sais même pas si nous serions encore en vie si nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'avions pas été aidés par ailleurs.<br />
Sylvana n'aime pas cette situation qui lui échappe, car elle a peur que l'argent prévu et dont
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">elle a fort besoin ne s'évapore également. Elle reprend, avec assurance.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je connais les lois de ce pays. Vous êtes accusés de narcotrafic, de corruption des agents
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de la police et de la douane, de traite de mineures et....
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrêtez, n'en jetez plus !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">De voyages illégaux. Voilà les chefs d'accusation, avec des preuves et des témoins.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Lesquels ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour les preuves, il y a vos carnets de bords qui retracent tous vos trajets, avec vos
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">voyageurs.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et tous les documents légaux, visas, passeports.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certains touristes étaient recherchés par la police.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais la police a vérifié et signé tous leurs documents.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Parce que vous avez payé les policiers.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Jamais !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Eux assurent que oui, quelques repas, quelques pots chez Anita, tout comme les
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">douaniers.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais c'était aux douaniers de fouiller les bagages, pas à nous. Vous connaissez les
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">règlements des skippers.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 52">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les douaniers assurent que vous les avez dissuadés de fouiller les étranges sacs de vos
passagers en leur donnant quelques billets.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais jamais !<br />
Elle hausse les épaules et poursuit.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et les gamines ?<br />
Pierre et Antoine baissent la tête, n'osant avouer que ces gamines se sont parfois </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">glissées
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dans leur lit. Mais ils doivent le savoir.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Enfin, le pire n'est pas ça. Vous êtes deux officiers à la retraite avec d'excellents états de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">service. Vous avez accompli de nombreuses missions et n'êtes pas tombés de la dernière
pluie. Vous ne ferez pas croire que vous ignoriez ce que vous transportiez. D'autant que
ces transports étaient très généreusement payés. Piscine, tennis, vacances luxueuses,
paiement de vos pensions alimentaires... Je continue ? Les autorités financières
françaises se sont montrées très coopératives, d'autant que ces sommes échappaient au
fisc ! Vous ne ferez jamais avaler votre soit-disant naïveté aux juges. Ce ne sont pas des
imbéciles. Vous avez fermé les yeux parce que cela vous </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">arrangeait</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">. Le commandant
veut frapper un grand coup, tant contre le narcotrafic que contre les étrangers qui
prennent son pays pour un vaste parc de jeu. Il ne vous fera aucun cadeau.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelle est votre ligne de défense, si vous en avez construit une ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je vais insister sur l'abus de confiance de la part de International Sea Transport, votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">crédulité, votre application du règlement qui ne vous permet pas de fouiller les bagages
de vos voyageurs. Mais je ne sais pas si je serai écoutée. La condamnation d'étrangers au
dessus de tout soupçon sera une victoire pour le commandant. Une partie du peuple lui
donnera raison.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et donc ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vingt ans, je pense.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas d'extradition possible ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas avant une dizaine d'années. Les autorités poésiennes n'ont aucune confiance dans le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">système de bracelets électroniques français. Libération peut-être au bout de dix ans ! Et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">il va être demandé le remboursement des sommes acquises grâce à ce trafic.<br />
Pierre et Antoine ferment les yeux et semblent se tasser dans leurs fauteuils. Willie brise le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">silence.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il y a un autre moyen.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La grosse avocate, le consul et l'assistant le </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">regardent </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'un air méprisant.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Lequel ?<br />
Le jeune homme les regarde d'un air narquois.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous ne les informez pas de votre plan B ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vois pas de quoi vous parlez !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrêtez de vous moquer du monde. Vous ne pouvez pas avoir déjà oublié les cent mille
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dollars. Et l'hélicoptère !<br />
Ils le regardent en semblant ne pas comprendre.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je les ai déjà mis au courant.<br />
Silence.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'avez encore rien préparé ? Du travail d'amateur !<br />
Antoine et Pierre interviennent.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une question : vous nous m'avez bien parlé d'honoraires de cent mille dollars si nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">retournions en Europe ? Mais un détail que vous avez omis de préciser : libres ou
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">menottes aux poignets ?<br />
Sylvana se tortille sur son siège, autant que sa corpulence le lui permet et ses deux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">compagnons semblent très intéressés par le carrelage, semblant traquer la moindre poussière.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Votre cas est très compliqué et, pour le commandant, un exemple qu'il veut donner à la
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">justice locale, internationale et aux corrompus. Personne n'est intouchable.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 53">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cela ne répond pas à notre question. Libres ou prison française ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne peut jamais prévoir les décisions de justice, tellement de paramètres entrent en
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">jeu.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous savons que vous êtes un avocat minable, mais vous devez tout de même avoir une
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">idée, même pas lumineuse ! Vous avez déjà été dans un prétoire, j'imagine, du moins
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">j'espère ?<br />
Raclements de gorge, regards échangés en biais. Aucun n'ose prendre la parole. C'est le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">consul qui finit par se jeter à l'eau, avec un ton très diplomatique.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cela risque d'être long.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le procès ou la peine ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux, mais surtout les peines. La justice poésienne s'est déjà faite avoir avec des
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">libérations qui devaient se poursuivre en France et qui se sont soldées par des libérations
pures et simples et des accueils en fanfare. Très vexant et humiliant. Le commandant ne
transigera pas. Il se sait dans son droit. N'oubliez pas qu'il a fait une partie de ses études
de droit à Paris, que sa femme est française et que ses enfants vivent en France. Il
connaît le pays et ses engrenages. Il s'y rend assez souvent. Il pourrait y vivre très
confortablement, mais il se sent investi d'une mission de nettoyage des corrompus
locaux, qui sont souvent des amis d'enfance et d'études. Il a été influencé par un grand-
père républicain espagnol installé à Sainte Poésie après la guerre civile. Phénomène
rarissime ici, il n'a pas été baptisé et son aïeul a eu un enterrement civil. Sa grand-mère
est très âgée et toujours vivante. Elle partage les idées de son époux et raconte encore à
son petit-fils les exactions des franquistes et les massacres qu'ont </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">subis </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">les républicains.
Je dirais qu'il a été nourri dès son plus jeune âge à ces idées de justice, d'égalité, de
partage, bref d'un communisme maintenant dépassé. Ses parents sont juristes et ont
acquis un statut respecté et confortable. Ils sont beaucoup moins imprégnés par ces idées
révolutionnaires. Les grands-parents envoyaient leur petit-fils en vacances à Cuba.
Imaginez les idées qu'il y a acquises. Quant à sa femme, française, membre des
Jeunesses Communistes, de toutes les grèves et manifestations, pour les immigrés,
contre les multinationales etc . Ils se sont bien trouvés. N'en attendez rien, qu'une
condamnation du système en plus de votre propre condamnation. Personnellement, je
vous donnerai vingt ans, au minimum. Le gouvernement français n'interviendra pas,
sinon avec l'aide apportée par Sylvana et votre serviteur, conclut-il en s'inclinant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux français se demandent s'il se moque d'eux. Mais même pas. Pour une fois, il est
sincère. Ils sont bien mal partis. Willie les interrompt dans leurs sinistres pensées.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Il reste l'hélicoptère. </span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><p><br /></p></div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-21623369830312077072020-12-18T11:09:00.001-04:002020-12-18T11:09:31.032-04:00LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ !<p> Avant de continuer à vous faire partager </p><p>LES MÉSAVENTURES DE NOS DEUX SKIPPERS DANS L'ÎLE DE SAINTE POÉSIE</p><p>Un petit extrait d'un de mes derniers romans, pour ne pas oublier le sort des milliers de petits domestiques utilisés comme des esclaves enfants encore de nos jours dans de nombreux pays !</p><p>Ne les oubliez pas... N'oubliez pas que ce pourrait être votre enfant !</p><p><a href="https://www.amazon.fr/BONHEUR-QUAND-EST-L%C3%80/dp/1791540899/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1608302936&sr=8-1">https://www.amazon.fr/BONHEUR-QUAND-EST-L%C3%80/dp/1791540899/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1608302936&sr=8-1</a></p><p><br /></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">15</span></p><p class="p2" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"></span><br /></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>La maison semble nous attendre, un peu comme le château de La Belle au Bois Dormant. Dès que j'ai tourné la clé dans la serrure et ouvert la porte, la maison s'est remise à vivre. Le soleil inonde la terrasse, les bougainvillées bruissent sous le charme du vent, les hibiscus éblouissent de leurs fleurs rouge sang et les rosiers attendent que nous cueillons les fleurs pour parfumer et colorer la maison. Soraya reconnaît-elle la maison ? Elle s'y déplace aisément<span class="Apple-converted-space"> </span>sans se perdre et retrouve la chambre qu'elle partage avec moi.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Nous déposons nos bagages et rangeons les quelques provisions rapportées de la ville et achetées dans le souk que nous avons visité. Je demande à Armelle s'il est nécessaire d'aller faire quelques courses au petit village proche ou si nous pouvons attendre demain. De concert, nous décidons de profiter de la fin de journée tranquillement. Nous ne mourrons pas de faim ce soir et allons nous promener sur la plage. Soraya danse de plaisir au bord de l'eau. J'ai peur quand je la vois s'avancer dans la mer. Il n'y a plus Paul pour l'accompagner. Armelle me rassure en me signalant qu'elle sait parfaitement nager et le prouve en plongeant dans les vagues sous les cris joyeux et les applaudissements de Soraya qui demande :</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Moi, dans l'eau ! Viens, Jiji.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Peureusement, craignant tant pour elle que pour moi, j'avance doucement dans les vagues qui viennent lécher mes jambes de leur écume blanche. Quand l'eau atteint mes genoux, je n'ose plus m'aventurer vers Armelle qui nous appelle à quelques mètres de là.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Viens, tu as pied encore sur plusieurs dizaines de mètres.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>J'hésite alors que Soraya essaie de me tirer vers le large. Je résiste à sa petite main qui finalement me lâche et, sans aucune appréhension, se dirige vers Armelle. Je crie.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Soraya, reviens, mon coeur. Non, c'est dangereux.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Inconsciente du danger, elle continue d'avancer vers Armelle qui la récupère vite dans ses bras et la fait plonger, ressortir, jouer avec les vagues.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Il faut absolument que vous appreniez à nager toutes les deux, décide-t-elle. On ne repart pas tant que vous ne nagez pas comme des poissons. Regardez Jim et Kit.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Les deux chiens barbotent et plongent comme des dauphins !</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Assise au bord de l'eau, je scrute Soraya depuis le bord, dubitative et inquiète quand la tête de la petite fille disparait sous l'eau, pour ressortir quelques secondes plus tard, toujours solidement cramponnée à Armelle, éclatant de rire. Elle est heureuse.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Ces vacances sont une pause-bonheur pour nous trois. J'en oublie ma vie quotidienne, mes patrons, Amir, Paul.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Armelle tient sa promesse et nous apprend à nager, beaucoup plus facilement avec Soraya dont l'inconscience de l'enfance ne voit pas de danger là où l'adulte que je suis nous imagine noyées, emportées par le courant, dérivant vers le large.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>J'ai réussi à vaincre ma peur de l'eau et j'avoue profiter de ces après-midis aquatiques, paressant sur le sable, nous rafraîchissant dans l'eau de l'Atlantique. Soraya bronze et je la trouve resplendissante. Sa condition physique s'est considérablement améliorée, elle marche, court, nage, joue au ballon. Ses cheveux châtains ont blondi avec le soleil et Armelle me dit un jour en riant qu'elle a le balayage californien des surfeurs qu'on voit parfois s'amuser sur la plage. Beaucoup moins sauvage, ma petite fille va vers les étrangers, elle qui est naturellement si craintive. Elle reste des heures à regarder les bateaux que l'on aperçoit au<span class="Apple-converted-space"> </span>bout de l'horizon. Elle me demande, et c'est alors que je me rends compte des progrès considérables qu'elle a faits du point de vue langage et réflexion :</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Ils vont où les bateaux ?</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>J'essaie de lui expliquer les voyages de ces bateaux et de les lui faire différencier.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Il y a les petites barques de pêche qui nous ramènent du poisson, les voiliers des navigateurs, les grands paquebots de voyageurs et de marchandises. Ils partent des ports de la côte et peuvent aller très loin, suivant leur destination.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle reste songeuse et me demande si, un jour, nous aussi, toutes les trois, nous irons dans un grand bateau pour voyager, <i>"Rien qu'Armelle, toi et moi".</i></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Je lui assure que oui, un jour, nous irons faire une grande croisière. Pour satisfaire sa curiosité, nous passons une journée dans le petit port de pêche voisin, où mouillent également quelques voiliers de plaisanciers. Elle regarde avec curiosité ce monde inconnu, ne lâchant pas ma main, ni celle d'Armelle. Nous l'encadrons affectueusement dans son bonheur, tout en sachant qu'il va y avoir une fin à cet intermède enchanteur. Il faut prendre le bonheur quand il se présente et essayer de ne pas le lâcher.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Soraya ne parle pas de ses parents, ni de son frère. Aucun ne semble lui manquer, elle a ses chiens qui ne la quittent guère et la surveillent jalousement, Armelle qui la fait travailler sous forme de jeux et qui obtient des résultats que je qualifie d'extraordinaires, bien meilleurs que ceux que j'ai obtenus. Sans doute, l'aspect affectif est-il démesuré de ma part envers Soraya, alors qu'Armelle certes y est attachée, mais se révèle bien plus objective que moi.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Nous n'avons pas prévu le temps que nous resterions dans la maison de la plage. Monsieur téléphone de temps en temps, demandant des nouvelles, proposant de m'envoyer de l'argent, mais ne me parlant pas de date de retour. Il est si tranquille, seul ! Je me demande s'il osera faire venir sa maîtresse et son fils à la maison. J'en parle à Armelle qui ne le croit pas, à cause des risques de commérages qui seront rapportés à Dalia à son retour. Je proteste.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Mais c'est très hypocrite ! Tout le monde est au courant de la situation.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Oui, mais tout le monde fait semblant de ne pas savoir. C'est souvent le cas dans la société. On sait, mais on préfère fermer les yeux. Tu connais le proverbe des trois singes qui définit le bonheur. Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler ! Comme ça, tu es heureuse !</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Ce sont les petits singes de bois sculpté que tu as chez toi ?</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Tout à fait. Tu les as remarqués ? Crois-moi, ce n'est pas si facile à mettre en oeuvre.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— C'est égoïste !</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Le bonheur est égoïste, voire égocentrique. Tu ne peux être heureuse qu'en ne pensant pas au monde autour de toi. Si tu considères la terre, les hommes et leur malheur, car il y a toujours un malheureux, une injustice, une personne qui souffre, qui pleure, ton bonheur s'envole, pffft…</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle fait un geste de la main qui part vers le ciel, en claquant des doigts.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle a raison. Quand j'étais heureuse avec Paul, je ne voyais ni n'entendais rien, sinon ce qu'il me murmurait. Armelle est surprise de ma nostalgie soudaine.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Jihane, si tu as besoin de parler, je ne ferai pas comme le petit singe, je t'écouterai. Je te regarde et je vois bien que cette maison remue bien des choses. Je ne t'obligerai pas à suivre mes conseils, mais je peux t'en donner ou t'aider. Tu le sais, j'espère ?</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Je me contente de hocher la tête. Je suis trop bouleversée pour parler. Elle le voit et me prend affectueusement par le cou.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Nous sommes là, ma grande, Soraya et moi, qui t'aimons et avons besoin de toi.<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Elle ajoute en riant et en les désignant.</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>— Comment feraient Jim et Kit sans toi ?</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib6IDaEhtypeFEvE8dNCCHoU4oqj2XKUuaeIYY-roEy6LWRydCYeaIsUsdA9D_ehY7WeLppNnET_aHo0Bf-QEDWahHmE5a92bIZfAiICT3NexTB5ZRJXFwtl_JxyldtB3y58Ie9xGAHsM/s500/41oeLrJaS9L.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="318" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib6IDaEhtypeFEvE8dNCCHoU4oqj2XKUuaeIYY-roEy6LWRydCYeaIsUsdA9D_ehY7WeLppNnET_aHo0Bf-QEDWahHmE5a92bIZfAiICT3NexTB5ZRJXFwtl_JxyldtB3y58Ie9xGAHsM/s320/41oeLrJaS9L.jpg" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqBxFce4RQ_6JnrP9T1ll1ItxHXZjoVULKEcfnyojcJx1olzsYcvJd_9a9TNUrulHw6TwBtKf2wcsoqojlpQCZ3EBEPtcrvkYLuL4198sE3Lf3fzN6GwSl0aumsMfrOssJgjnIJJRQTy0/s2048/IMG_3809.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqBxFce4RQ_6JnrP9T1ll1ItxHXZjoVULKEcfnyojcJx1olzsYcvJd_9a9TNUrulHw6TwBtKf2wcsoqojlpQCZ3EBEPtcrvkYLuL4198sE3Lf3fzN6GwSl0aumsMfrOssJgjnIJJRQTy0/s320/IMG_3809.jpg" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLnb8eqfXlHXFtifmcjgCoI6GKZQIaWF69rbOtwl-xSiH4C9wEcjMIitSIZfT9orrgSA1ZiWqGTqzdUFMlOi-pRXBQnE5RN7c13bNNPwSN-nLkoz1cAUGY-OA2ln6FbmvUDv4ZXxofGYM/s2048/IMG_4158.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="2048" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLnb8eqfXlHXFtifmcjgCoI6GKZQIaWF69rbOtwl-xSiH4C9wEcjMIitSIZfT9orrgSA1ZiWqGTqzdUFMlOi-pRXBQnE5RN7c13bNNPwSN-nLkoz1cAUGY-OA2ln6FbmvUDv4ZXxofGYM/s320/IMG_4158.jpeg" /></a></div><br /><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span><p></p><p><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-70054339131232308152020-12-15T13:19:00.000-04:002020-12-15T13:19:16.471-04:00Une expérience !<p> Bonsoir à toutes et tous .</p><p>L'intégralité de </p><p>SKIPPERS EN POÉSIE</p><p>sera diffusé avant Noël, pour satisfaire la curiosité de ceux qui en suivent la lecture.</p><p>Mais je crois utile d'expliquer l'origine de ce récit. Comme dans tous les romans, il y a l'imagination et la réalité.</p><p>L'histoire est imaginée, bien sûr, Sainte Poésie est une création de mes délires...</p><p>Il est évident que j'ai vécu une expérience caribéenne qui m'a largement inspirée.</p><p>On ne doit pas regretter une expérience: c'est un apprentissage de connaissances, de personnes, de situ<span>ations, de vérités et d'erreurs!</span></p><p><span>J'ai connu la douceur de vivre... une apparence, mais aussi la violence inhérente à la société des Caraïbes, la gentillesse des gens et leur intéressement, leurs sourires et leurs escroqueries !</span></p><p><span>La beauté des paysages, la tiédeur de l'eau, les grandes plages de sable blanc, la musique entraînante ou lascive, mais aussi l'insécurité, la misère de beaucoup d'habitants, leur vie précaire!</span></p><p><span>J'y ai toujours de merveilleux amis, mais aussi j'y ai laissé de fieffés gredins, escrocs et voleurs !</span></p><p><span>Une société humaine, avec ses pires et ses meilleurs représentants, très loin de notre système de penser, qu'il faut aborder avec précaution, tout en profitant de l'insouciance, du climat, du soleil.</span></p><p><span>On y passe de merveilleuses vacances, mais il faut rester prudent !</span></p><p><span>Merci à mes supers amis des Caraïbes et que les autres aillent au diable !</span></p><p><span>Bonne semaine...</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFkTmGOvsNSvBCyVJ8NHJu7DZc6YhDhGJ9WZU9yn1eVg7-rExPHjwVXf6M7BkS7_oH163SZqHYMCmoMLcfuNikWu0goHAA2Jpl4cXL-OAW4H-a3CjFcUPCVNOX7xaeAaAB9c9IqYh9uW4/s2048/IMG_5007.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFkTmGOvsNSvBCyVJ8NHJu7DZc6YhDhGJ9WZU9yn1eVg7-rExPHjwVXf6M7BkS7_oH163SZqHYMCmoMLcfuNikWu0goHAA2Jpl4cXL-OAW4H-a3CjFcUPCVNOX7xaeAaAB9c9IqYh9uW4/s320/IMG_5007.jpeg" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNgyb4ZNzYCVW8R9tOIMvz9mXN-MQDpSgdhV1wtwvIpy1G0u1QgZncG2D9-85JouenaY9y5EaznDCBjol4r10aYvEf7PBLq5Y2FgEGhHvy6iyKqMA0vhalmC7qAd_j-QBduu7KbvBQrc4/s1080/IMG_5016.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1080" data-original-width="1080" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNgyb4ZNzYCVW8R9tOIMvz9mXN-MQDpSgdhV1wtwvIpy1G0u1QgZncG2D9-85JouenaY9y5EaznDCBjol4r10aYvEf7PBLq5Y2FgEGhHvy6iyKqMA0vhalmC7qAd_j-QBduu7KbvBQrc4/s320/IMG_5016.jpeg" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmemuyBBSZd8X3WW2o_TbPfKV7xsMUIcB6pcUbqSCAFwS8h_XPtfjSAKKUalqayiyY3qmU1X7AnEC-Ts1HzlwgXYfVZESaKW4qVquKXJMTelVxrrX7sZ2-mRGTvwomJNdyfOC5PGHyPw4/s1080/IMG_5042.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1080" data-original-width="1080" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmemuyBBSZd8X3WW2o_TbPfKV7xsMUIcB6pcUbqSCAFwS8h_XPtfjSAKKUalqayiyY3qmU1X7AnEC-Ts1HzlwgXYfVZESaKW4qVquKXJMTelVxrrX7sZ2-mRGTvwomJNdyfOC5PGHyPw4/s320/IMG_5042.jpeg" /></a></div><p><br /></p>https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES/dp/B08CGB5FW8/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1608052599&sr=8-1<a href="https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES/dp/B08CGB5FW8/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1608052599&sr=8-1">https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES/dp/B08CGB5FW8/ref=tmm_pap_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1608052599&sr=8-1</a><br /><span><br /></span><p></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-72365363229399654762020-12-14T14:09:00.000-04:002020-12-14T14:09:15.124-04:00L'enfer est souvent proche du paradis ! Il n'en est que son négatif...<p> Ils sont loin du paradis tropical! </p><p>Les prisons sont dures, la torture est fréquente, les conditions intenables, la corruption est la norme !</p><p>Nos vieux skippers souffrent: c'est l'envers du décor !!</p><p>Les mésaventures se poursuivent ... en eaux troubles .</p><p>Ils sont de Sainte Poésie la douce et accueillante île...</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ9j9qP-_TBuDkX8-Z1JBEEdgdq2vTt7hH2TSvjRFLFAAR5CSRT6aUxj3PSNdWDfmADYn838ogRbhAjtE3bCNSQ57ENrHVi4kROxhUkalRLPe1FNoXtXd9ffRf17DK6QHDhggzTKrRV6Y/s2048/IMG_4894.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ9j9qP-_TBuDkX8-Z1JBEEdgdq2vTt7hH2TSvjRFLFAAR5CSRT6aUxj3PSNdWDfmADYn838ogRbhAjtE3bCNSQ57ENrHVi4kROxhUkalRLPe1FNoXtXd9ffRf17DK6QHDhggzTKrRV6Y/s320/IMG_4894.jpeg" /></a></div><div><br /></div><div>
<div class="page" title="Page 26">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">7</span></p><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes sont ramenés par Luis dans leur cachot. Les deux pseudos-avocats les
saluent et, de sa voix douce surprenante, avant de partir, Sylvana leur rappelle de bien réfléchir.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les prisons poésiennes sont très dures, leur martèle-t-elle. Vous n'en avez qu'un petit
aperçu. Ce qui vous attend est bien pire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils rejoignent leur coin de cachot. Le gouverneur n'est plus là. Seul son secrétaire les
accueille. Il leur explique que sa famille est venue chercher son patron qui , affirme-t-il, souffre de
maladies chroniques incompatibles avec son emprisonnement. Face à l'étonnement des deux
français, il explique sur ordre du gouverneur ce qui les attend .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il vous rappelle qu'il ne vous connaît guère, mais qu'il n'hésitera pas à vous aider au
besoin. Il peut vous fournir un avocat, pas un guignol comme celui que vous venez de
voir, mais un vrai , qui a fait ses études avec lui et qui est un lointain cousin. On peut
négocier avec le tribunal. Bien que lui-même n'ait aucun rapport avec votre trafic, et cela
il peut le prouver, vous lui êtes sympathiques et, malgré l'énormité des délits dont on
vous accuse, il vous propose son appui. Vous allez être interrogés ce soir, il le sait, il a
ses renseignements. En fait, le commandant va essayer de l'impliquer dans vos trafics.
De vous à moi, le gouverneur pense que le commandant est à l'origine de ce trafic et
qu'il veut le faire tomber, par jalousie.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine se regardent. Leur affaire se complique salement. Okay, ils ont participé à
un trafic, ils n'ont pas voulu en connaître la réalité, ils sont coupables et responsables, ils savent
qu'ils vont devoir payer pour leur faute. Mais la situation s'assombrit de façon effrayante. Ils sont
impliqués dans une histoire de rivalités locales qui les dépassent. Qui croire ? Les avocats qu'ils
viennent de voir ? Le gouverneur qu'ils connaissent vaguement et qui a toujours été très affable ? Le
commandant qui leur a présenté leur situation de façon très explicite, mais dont les buts dépassent
les deux français ? Ils n'ont guère confiance ni en les uns ni en les autres. Avouer, nier, dialoguer ?
Avec qui ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le secrétaire se lève et les salue avec une grande courtoisie. Une situation surréaliste !<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bien, je vais vous laisser. Le gouverneur m'attend, il a besoin de moi . Ces derniers jours
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ont été éprouvants pour lui, et pour moi aussi, ajoute-t-il. Prenez le temps de réfléchir à
sa proposition d'aide, sincère, croyez-le. Il aime bien l'Europe, la France en particulier. Il
y possède une petite résidence dans le sud, dans un petit village qui s'appelle Saint Tropi,
je crois. Vous connaissez ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Machinalement, Antoine corrige :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Saint Tropez, je pense.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tout à fait ! Pardonnez mon erreur. Je l'ai accompagné l'an dernier, il connait bien le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">maire qui est venu nous chercher à l'aéroport. Un homme charmant.<br />
Antoine et Pierre croient nager en plein délire, cette conversation mondaine au fond d'une
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">infâme prison où </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ils risquent </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bien de rester quelques années.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bon, je vous souhaite bon courage pour votre entretien de cet après-midi. Vous pourrez
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">adresser vos demandes à Luis, il est prévenu. Fidèle au gouverneur, et brave homme au
fond, il vous aidera dans la mesure de ses moyens, soyez-en sûr.<br />
Sur ces bonnes paroles, il se dirige vers la lourde porte de la geôle qui s'ouvre avant
même qu'il ne se manifeste.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine se laisse tomber sur le sol dur et regarde Pierre qui reste debout, à réfléchir.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Que fait-on ? finit par demander Antoine. Inutile de continuer à se lamenter sur sur notre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">inconscience et à nous fustiger. Considérons la situation telle qu'elle est. Arrêtés,
emprisonnés dans une geôle cauchemardesque, à dix mille kilomètres de chez nous, avec
comme seules aides potentielles, une avocate véreuse et pas vraiment compétente, mais qui
connait le pays, un gouverneur vendu et corrompu qui pourrait nous aider éventuellement,
mais il faut savoir comment et pourquoi, car ce n'est pas par sympathie, et un commandant
qui est surnommé l'incorruptible, le tout au milieu de jalousies et histoires locales qui nous </span><span style="font-family: TimesNewRomanPSMT; font-size: 12pt;">échappent.</span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 27"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">
Pierre soupire et murmure :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je donnerai n'importe quoi pour une cigarette et une bière fraîche.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ça, on peut peut-être l'obtenir, mais cela ne résoudrait pas notre problème. Bref, en un
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">mot, on est dans une sacrée merde ! Je crains l'interrogatoire quand je vois dans quel état
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ils ont mis le gouverneur. Et ils ont du faire attention !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ouais, attention à le laisser vivant. Pour le reste, il a dégusté. Je pense qu'ils seront peut-
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">être plus attentifs avec nous. Nous sommes des étrangers.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Des étrangers, peut-être, mais des narcos.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne peut qu'espérer que le consul, honoraire ou pas, a averti nos familles. Si la presse
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">étrangère s'en mêle, ils feront gaffe à ne pas trop nous abimer.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On doit donc compter sur cet escogriffe peu avenant.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Espérons. Et nos familles .
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je pense qu'Isabelle et Clara vont remuer ciel et terre pour nous sortir de là.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Toi, peut-être, moi, je ne compte pas trop sur mes ex et mes enfants. Nos rapports sont
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">un tantinet conflictuels. Sauf, peut-être le fait de se dire que je ne pourrai plus payer si je
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">reste en prison à Sainte Poésie.<br />
Comme tous les jours, Luis leur apporte leur repas dont la qualité laisse de plus en plus à
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">désirer, si l'on excepte les jus de fruits, peut-être un peu trop sucrés, dont le gardien leur précise
qu'ils sont un cadeau de Yalisa. La jeune femme est soit très gentille , soit espère leur sortie et une
récompense. Dans cette atmosphère et face à cette société si contrastée et si vénale, ils ne savent
plus que penser </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ni </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sur qui compter réellement. Leur déjeuner est à peine expédié que Luis,
accompagné de deux militaires, plus semblables à des gardes du corps, vient les chercher. C'est sans
ménagement qu'ils les font se lever, sortir de leur geôle et parcourir de longs couloirs sombres et
humides avant de les pousser dans un bureau sommairement meublé </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">deux chaises, d'une table
vétuste et d'un drôle de fauteuil. Par une porte latérale qu'ils n'avaient pas vue, un homme entre. Ils
reconnaissent le commandant. Vêtu d'un jogging noir, un stick à la main, il se contente de leur faire
signe de prendre place sur les chaises, alors que lui reste debout . Un lourd silence s'installe qui met
les deux hommes mal à l'aise, même s'ils se doutent que c'est le but recherché. Seul le bruit poussif
du ventilateur brise l'éternité du silence.Sur un mouvement du stick de l'homme, l'un des soldats
arrête le ventilateur. La chaleur humide s'abat sur les deux français qui suent à grosses gouttes. Ils
savent que cela fait partie de la mise en scène, ils en souffrent cependant et s'agitent sur leurs
chaises. D'un geste brusque, l'homme leur fait signe de ne pas bouger et ses deux sous-fifres se
chargent de les immobiliser. De la poche de son pantalon, l'homme sort une bouteille d'eau qu'il
porte goulument à sa bouche, faisant claquer sa langue de plaisir après en avoir avalé la moitié. En
souriant, il la montre aux deux français maintenus sur leurs chaises. Ils ne peuvent empêcher leur
langue de passer sur leurs lèvres desséchées. Dans un français quasi-parfait, avec une toute petite
pointe d'accent hispanique :
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il fait chaud, même pour moi qui suis habitué. Comme on dit chez vous, il fait soif ! Il
ne tient qu'à vous de vous abreuver de cette eau fraîche.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes le regardent.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Donnez moi le nom du donneur d'ordre ! Non pas, International Sea Transport. Ceci
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'est qu'une façade que nous connaissons et suivons depuis longtemps. Non, le vrai, le
local qui est à la croisée de tous ces trafics. Son nom, pas plus, et nous effaçons votre
ardoise. Vous repartez chez vous avec le premier avion et conservez tout ce que vous
avez si mal acquis. Vous ne laissez que votre voilier qui ne vous a pas coûté bien cher.
Votre trafic fut une grossière erreur de votre part que nous oublierons. Nous vous tirons
des pattes de vos pseudo avocats, des filets du gouverneur qui attend la première
occasion pour vous jeter dans l'eau avec quelques pierres attachés autour du cou et nous
évitons la très mauvaise publicité qui risque d'entacher votre réputation. Un nom, c'est
tout.
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux marins se regardent : qui croire ? Ils sont face à deux hommes puissants, loin de
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 28">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">chez eux, coupables de trafics de drogue qu'il sera facile de démontrer. Quel homme peuvent-ils
bien dénoncer puisque leur seul contact s'est fait avec la société de transport ? Parler, c'est
reconnaître leur culpabilité pour un délit tant poursuivi à Sainte Poésie qu'en France. Nier,c'est
espérer une aide éventuelle de leur pays et de leurs familles. Deux anciens officiers de la Marine,
deux soldats aux états de service irréprochables. Ils peuvent toujours avancer le fait qu'ils ignoraient
ce qu'ils transportaient, que les bagages, que le droit marin ne leur permet pas de fouiller, étaient
déposés par les voyageurs et leurs chauffeurs. Leur seule infraction : l'âge des jeunes filles qui
accompagnaient les touristes. Un délit qui ne sera pas retenu et vite écarté, même par les pitres qui
leur servent d'avocats. Ils essaieront d'en trouver de plus efficaces en France. D'un commun accord,
presque par télépathie, surtout par habitude de travailler ensemble, ils décident de se taire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre entame la réponse :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous ne voyons pas de quel homme vous parlez. Nous sommes affréteurs pour la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">compagnie International SeaTransport avec qui nous correspondons par courrier
électronique. Nous avons rencontré deux de leurs représentants à Paris. La première fois,
pour signer un contrat de travail en règle avec le droit français qui nous nommait comme
transporteurs des clients qu'ils nous proposaient, avec leurs bagages et leurs invités et la
deuxième fois, toujours à Paris, pour nous céder le voilier sur lequel nous travaillons.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'avez pas été étonnés d'un tel cadeau, car je suppose que vous connaissez le prix
d'un tel bateau.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous avons, sous seing privé auprès d'un notaire, émis une reconnaissance de dette qui
s'annulerait au bout d'un certain nombre de voyages puisque nous assurions l'entretien du
bateau, ainsi que ses frais de gardiennage et de port.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'homme éclata d'un rire sardonique :
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous foutez de moi ? Ici, à Sainte Poésie, vous payez des frais de port et
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'entretien ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui, bien sûr.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cent dollars par an ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certes moins cher qu'en France, mais nous payons ce qui nous est demandé.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Savez-vous à qui appartient ce port ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, à l'état ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À l'état ? Mais ici, l'état , c'est le gouverneur !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous avons des reçus, pour le gardiennage, les réparations, le nettoyage, le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">carburant !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Qui vous fait ces reçus ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le gardien.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous le payez en liquide ? Cela ne vous surprend pas, des sommes aussi minimes, des
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">reçus faits sur des carnets qu'on achète à l'épicerie du coin, un gardien qui sait à peine
écrire qui fait l'entretien d'un voilier aussi coûteux ! Vous êtes bien naïfs, bien
confiants... ou vous me prenez pour un imbécile ! Et cela me déplaît. Vous vous
enfoncez. Vous allez bientôt me parler du droit maritime qui vous empêche de fouiller
dans les bagages de vos voyageurs ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En effet, nous vérifions juste les passeports de nos clients et leurs visas s'il en faut pour
le pays où nous nous rendons.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et les jeunes passagères ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine baissent la tête. Ils ne se sentent pas très à l'aise à cet égard et préfèrent ne
pas répondre. Ils ont chaud, ils ont soif et ressentent une violente envie d'uriner.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous persistez dans votre refus de coopérer ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous ne pouvons pas vous dire ce que nous ne connaissons pas, renchérit Antoine. Nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pensons avoir droit à une défense juste...
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vos clowns ? Je les connais. Je pense que c'est le consul qui vous les a envoyés. Ils
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">partagent leurs honoraires avec lui. Le gouverneur ne vous a-t-il pas proposé son cousin ?
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 29">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un meilleur avocat certes, mais un fieffé gredin qui est dans tous les trafics de son
cousin. C'est un job familial. Vous appelez ça comment en Europe ? La Mafia, n'est-ce
pas ? Vous voilà donc embringués dans une affaire mafieuse, Messieurs. Je ne vais pas
vous détailler leur façon de procéder. Vous êtes des pions tout à fait étrangers qu'ils ne
vont absolument pas aider. Ils vous ont utilisés, vous vous êtes faits prendre, ils vont en
trouver d'autres sans problème. Vous êtes déjà hors </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">circuit</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">, je dirais même des poids
morts dont ils n'hésiteront pas à se débarrasser. Et dans cette prison, c'est facile. Pour
quelques barrettes de shit, quelques grammes de cocaïne ou quelques dollars, certains
tueraient père et mère. Alors des gringos ! Vous pensez bien qu'ils ne vont pas avoir
l'ombre d'une hésitation.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous nous menacez ? intervient Pierre.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous menacer ? Avez-vous entendu une menace de ma part ? Juste des conseils .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Jusqu'à présent, vous n'avez fait l'objet d'aucun interrogatoire assorti de contraintes
psychologiques ou physiques. Juste une discussion entre hommes de bon aloi.
Méfiez-vous, cela risque de ne pas durer. Mes collaborateurs s'impatientent et
commencent à s'interroger sur la raison de leur présence, d'autant plus qu'ils ne
comprennent pas le français et ne peuvent suivre notre conversation. Je pense, devant
votre mauvaise volonté, me trouver dans l'obligation de leur demander d'intervenir,
oh ! en douceur, ne vous inquiétez pas . Toujours rien à dire ? Par qui commençons-
nous ? Mais auparavant, je vais vous laisser sous leur garde. Veuillez m'excuser, je
vais me soulager d'un besoin tout naturel.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Avant de sortir, il donne quelques ordres brefs aux deux sbires qui s'emparent sans
ménagement de Pierre et l'installent sur le fauteuil, le sanglant solidement afin qu'il ne puisse plus
bouger. Il tente de se débattre sans succès, tandis que Antoine éructe en gesticulant, très rapidement
mis à terre par l'un des militaires qui l'immobilise au sol brutalement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leur chef revient, un sourire aux lèvres.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il n'y a pas à dire, on se sent mieux.<br />
Il prend alors sous la vieille table un jerrican qu'il ouvre avec lenteur et s'approche de Pierre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">coincé sur son inconfortable fauteuil.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mes formateurs, des militaires français, m'ont enseigné beaucoup de choses. Ils m'ont
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">expliqué que la première chose à faire pour obtenir des aveux est de mettre la personne
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">interrogée dans une situation humiliante.Quoi de plus humiliant que de se faire dessus ?
Il verse alors sur la main de Pierre, immobilisé par une sangle, un peu d'eau en imitant le
bruit de l'eau qui coule, comme on le fait pour les enfants .
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Psitt, psitt ! l'eau coule, bien fraîche, sur la main et donne une irrésistible envie de se
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">lâcher... Combien de temps allez-vous tenir avant de mouiller votre pantalon ? Une,
deux minutes, rarement plus, c'est long soixante secondes quand on a envie d'uriner
depuis de longues heures, car je vous ai observé vous trémousser pendant notre
conversation.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre eut beau fermer les yeux, faire appel à toute sa volonté. Sa vessie est prête à éclater et
finit par se vider dans son caleçon, mouillant son bermuda, l'urine s'écoulant du fauteuil en une
flaque sur le sol sur lequel il fait une tache sombre qui l'humilie et qui fait bien rire les militaires.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une première chose de faite ! Pas bien méchant, n'est-ce pas ?<br />
Que vont-ils inventer d'autres ? Pour l'instant, ils le laissent mariner dans son urine.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils commencent à s’intéresser à Antoine qu'ils redressent sur ses pieds tout en le maintenant
fermement et entreprennent de le déshabiller.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Leçon numéro deux. Un homme nu est fragilisé ! C'est ce que m'ont dit vos officiers et
je l'ai maintes fois expérimenté. Ce sont de vrais pros.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En quelques secondes, Antoine se retrouve nu comme un ver et obligé de s'allonger sur le
sol gris sale. Les deux soldats sortent de leurs poches de petits morceaux de fromage qu'ils
dispersent autour de lui , puis sur lui et en particulier sur ses parties génitales. Quelques minutes
suffisent pour voir débarquer une dizaine de rats qui se précipitent sur les morceaux de fromage
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 30">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dispersés par terre. D'autres alléchés par l'odeur les suivent dégustant le fromage disséminé sur le
corps, se battant, n'hésitant pas à mordre. Quand Antoine sent leurs morsures attaquer son sexe, il
hurle et tente de se débattre mais très vite, les deux malabars l'immobilisent et regardent en riant les
rats se régaler, n'hésitant pas à emporter un petit morceau de chair avec leur fromage. La peur
déclenche le relâchement des sphincters d'Antoine ce qui a au moins le mérite de faire fuir les rats.
Les hommes rient de voir ces deux fiers marins qu'ils ont croisés dans le village au bras de
ravissantes jeunes femmes croupir dans leurs déjections. Leur chef met fin à leur hilarité et leur
ordonne d'asperger de seaux d'eau les deux prisonniers pour les nettoyer. Antoine est inconscient et
il faut le secouer pour le réveiller. Leurs bourreaux finissent par les asseoir tant bien que mal sur les
deux chaises après les avoir à peu près nettoyés et les habillent de teeshirts à la propreté douteuse et
de maillots empruntés dans un coffre qui, dans un coin de la pièce, contient de nombreux
vêtements, certainement vestiges de prisonniers précédents. Les deux hommes tiennent
difficilement sur leur chaises, victimes de vertiges à la suite des sévices tant psychologiques que
physiques endurés.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La prochaine fois, on changera, les avertit le chef militaire. Avec quelques variantes,
cependant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il aboie un ordre à ses deux sbires qui se précipitent dehors et reviennent avec de l'eau qu'ils
</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">font </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">avaler aux prisonniers qui ne s'arrêtent pas sur la couleur boueuse de la boisson. Ils meurent de
soif et ne sont pas en position de s'arrêter à ce détail. On les laisse se reposer une bonne heure avant
de les faire repartir pour une nouvelle cellule, pire que la précédente. La promiscuité y est affolante
et leur position privilégiée d'amis du gouverneur n'existe plus. Dans l'obscurité, ils sentent des
mains qui les touchent, les tâtent, à la recherche d'objets à voler mais aussi essayant de leur
proposer des commerces plus intimes.Ils y répondent avec violence, ce qui semble calmer les
ardeurs des autres prisonniers. Ils réussissent à s'installer dans un coin plus dégagé et essaient de se
reposer, tout d'abord en faisant le vide dans leur tête. Il faut bien une demie-heure pour reprendre
leurs esprits. Malgré leurs déboires, ils ont faim. Luis reprendra-t-il son service ? Un long moment
se passe avant que la porte du cachot s'ouvre sur un gardien à l'impressionnante moustache qui à
l'aide d'une lampe torche puissante fouille l'obscurité et s'arrête sur eux. Il leur donne un sac de
plastique blanc dans lequel ils découvrent deux boîtes de polystyrène, des couverts en plastique et
deux bouteilles d'eau. En leur donnant leur repas, le geôlier les met en garde contre la violence des
autres prisonniers. Ils le savent et s'installent contre le mur et faisant face aux éventuels assaillants
qu'ils menacent agressivement d'un couteau qui a été glissé dans leur nourriture. Pas fameux, le
repas. L'éternel riz huileux, des haricots rouges baignant dans une sauce rosâtre et quelques os
charnus qu'ils s'appliquent consciencieusement à sucer. Pas de fruits frais cette fois de la part de
Yalisa. S'est-elle lassée ou lui a-t-on interdit ? Tout simplement, elle n'a peut-être plus d'argent.
Leur repas terminé, ils gardent précieusement leur bouteille d'eau alors que plusieurs hommes se
jettent sur les restes de repas qu'ils ont déposés sur le sol. Ils laissent faire les prisonniers
affamés.Quelle pitié et quelle misère dans ce réduit !
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 31">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">8
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La chaleur est épouvantable dans le cachot. Ajoutée à l'odeur nauséabonde, c'est une
approche de l'enfer. Pas de fenêtre qui permette de se situer dans le temps qui s'écoule en paraissant
ne jamais finir. Pierre et Antoine ont décidé de dormir à tour de rôle. Ils connaissent le système de
tour de garde, ils l'ont pratiqué des années durant. Antoine est le plus fatigué des deux et, d'un
commun accord, ils décident qu'il dormira le premier, des sommes de trois heures leur permettent
de récupérer. Ils savent que la moindre défaillance dans leur vigilance sera utilisée par leurs
compagnons de geôle. Ils se sentent plus reposés quand le gardien revient leur apporter un nouveau
sac de nourriture. Une soupe épaisse de pois cassés, des pommes de terre, des bananes plantain
bouillies et un ananas, ainsi qu'un jus de fruit très sucré. La marque de Yalisa. Ils hésitent à tout
manger, mais savent que, s'ils partagent, ils risquent de susciter des bagarres. Antoine voit un tout
jeune homme accroupi dans un coin qui les regarde avec de grands yeux apeurés. Il pense à sa fille,
à peine plus âgée, et , contre toute prudence, lui fait signe d'approcher. Lentement, l'adolescent qui
doit à peine avoir seize ou dix-sept ans, s'approche peureusement. La vie l'a rendu méfiant, il n'a pas
l'habitude de la gentillesse gratuite. Une odeur douceâtre de crasse et de sueur le précède. Antoine
lui tend une banane plantain que le jeune hésite à prendre. Le français insiste et l'adolescent
engloutit le fruit à une vitesse sidérante. Même sort pour la pomme de terre que Pierre lui offre. Un
sourire de reconnaissance découvre une dentition noire et incomplète. Le jeune homme s'assoit à
côté d'eux avec timidité. Depuis combien de temps n'a-t-il pas mangé ? Les deux français
maintiennent éloignés sous la menace de leur couteau quelques prisonniers qui s'approchent,
espérant profiter de l'aubaine.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">De leur espagnol hésitant, ils engagent la conversation avec le jeune prisonnier. Il dit
s'appeler Willie, les locaux aiment donner à leurs enfants des prénoms nord-américains, souvent
inspirés d'un quelconque feuilleton. Il prétend avoir dix-huit ans et se trouver là depuis longtemps,
ce qui en soi, ne précise pas grand-chose. Le temps paraît long dans un tel endroit. Il ne sait pas
pourquoi il est enfermé, sans doute ne veut-il pas trop parler. Il se contente de les remercier pour la
nourriture, il n'a pas mangé depuis trois jours. Sa famille n'a pas les moyens de le nourrir, ils sont
une flopée de frères et sœurs, une grand-mère, une mère et quelques beaux-pères qui vont et
viennent. Personne ne semble vraiment travailler et ils vivent d'expédients, ce qu'on appelle
poliment des métiers informels, qui vont de vendeurs de fruits et légumes à la sauvette, aux petits
vols à la tire et à la prostitution. On fait ce qu'on peut pour survivre. Il paraît gentil, mais les deux
français savent que leur confiance doit être limitée car ces pauvres hères vont vers le plus offrant.
Pour l'instant, ils le nourrissent, mais si une possibilité plus intéressante se présente, il n'aura pas
une once d'hésitation pour les trahir.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il leur raconte le système et la hiérarchie existant dans la prison. Ils sont dans la geôle des
pires vauriens, les plus dangereux. Donc lui aussi en fait partie, à moins qu'il ne soit placé là pour
espionner. Ils apprennent que la majorité des occupants de ce cachot sont des sicarios, liés aux
narcotrafiquants, qui ont de nombreux meurtres sur les mains et pour qui la vie ne vaut pas grand-
chose, sinon quelques dollars. Il y a dans la Fortaleza des geôles bien plus confortables. Les chefs
narcos, souvent de mèche avec de nombreux policiers ou notables, y ont aménagé de véritables
appartements où ils reçoivent leurs familles, leurs parents, leurs enfants, leurs femmes tout comme
leurs maîtresses. Ils organisent des fiestas avec alcool, poker et invités dont la musique parvient
jusque dans leur cachot. Les étrangers sont en général assez bien traités, sauf lorsqu'on veut s'en
débarrasser. Il se souvient d'un étranger vivant à Sainte Poésie, mais connaissant trop de choses et
qui, drogué bien souvent, devenait dangereux. Sous le prétexte d’une crise de delirium, la police l'a
arrêté. Battu tant par les gardiens que par les autres prisonniers, il est mort la nuit de son arrestation.
Sa maison a été soigneusement fouillée et il a été enterré le lendemain. Personne n'a protesté , ses
quelques biens ont été remis à sa famille qu'on a priée de partir rapidement. Que savait-il ? Sans
doute des magouilles avec des personnalités locales.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Parfois, des sicarios ou autres prisonniers sont extraits de leur cachot. Pour certains, ils sont
rejetés dans la vie civile, sans souvent connaître le motif exact de leur emprisonnement. Pour
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 32">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'autres, on n'en entend plus jamais parler. Si une sœur, une mère ou une épouse vient réclamer, on
leur fait vite comprendre qu'il vaut mieux qu'elles se contentent de pleurer sans insister. La peur fait
le reste. L'espérance de vie dans ces milieux est limitée. On survit . Avec de la chance, on finit par
intégrer la garde rapprochée d'un narco important. Argent facile, femmes, beaux costumes, alcool,
fêtes. La belle vie ! Avec beaucoup plus de chance, on réussit à émigrer vers les États-Unis où tout
est possible, raconte le jeune Willie, les yeux brillants en évoquant ce rêve.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans expliquer la raison de son emprisonnement dans ce cloaque. Il semble, comme tous les
autres prisonniers, connaître le pourquoi de leur présence ici. Normalement, ils devraient être dans
une prison bien plus confortable et aménagée . S'ils sont dans ce cachot, c'est qu'on veut les faire
craquer, précise-t-il. Les deux français ne répondent pas. Avouer, n'est-ce pas s'exposer à une lourde
peine ? Ne rien dire les condamne-t-il à errer dans les pires prisons du pays ? Ces foutus avocats ne
sont même pas capables de les conseiller ! Quant au soit-disant consul honoraire, il préserve avant
tout sa peau et sa situation privilégiée qu'il ne tient pas à soumettre à un examen trop approfondi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La porte s'ouvre une nouvelle foi sur Luis qu'ils sont presque heureux de revoir. Il les
appelle d'un signe impératif de la main. Ils foncent sur lui sans attendre, qui les fait sortir en
refermant bruyamment la porte. Ils le suivent sans qu'il ne prononce un mot et après avoir parcouru
des centaines de mètres de couloir gris sale qui empestent le désinfectant et le chlore, il ouvre la
porte d'une pièce où il les fait pénétrer. Petite salle vide, sans siège, avec une fenêtre grillagée qui
laisse entrevoir un ciel bleu idyllique. Mais le temps n'est pas à louer la météo. Ils attendent un long
moment, impossible à quantifier. Fatigués, ils se laissent tomber sur le sol de ciment et s'appuient
contre le mur.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans doute, une façon de mettre encore nos nerf à rude épreuve, affirme Pierre.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certainement. Peut-être même est-on écouté, ajoute Antoine en lui montrant une petite
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">grille dans un coin de leur nouvelle prison.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Qui va nous visiter, maintenant ? Heureusement que nous avons pris nos bouteilles
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'eau, car il fait chaud, sans ventilateur ni autre aération que cette lucarne.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Économisons-la. Finalement, profitons de cette pause hors de l'enfer puant d'où nous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sortons pour respirer.<br />
Leur attente va durer jusqu'à ce que la nuit tombe. Ils s'endorment presque, mais toujours sur
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">leurs gardes, quand la porte s'ouvre doucement, presque prudemment. Un homme, vêtu d'un
costume gris bien coupé, avec une chemise jaune claire et une cravate mauve, un peu desserrée, des
chaussures de cuir, entre avec un grand sourire. Ils se lèvent rapidement, méfiants. Il se dirige vers
eux, la main tendue, les saluant dans un français très recherché.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre. Mais vous connaissez l'administration et la
pléthore de documents exigés. Comment allez-vous ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il se moque d'eux ? Comment ils vont ? Mais très bien, après quelques jours en compagnie
des pires truands et leurs interrogatoires humiliants. Ne va-t-il pas leur parler bientôt de la
Convention de Genève ou d'Amnesty International dont il pourrait bien être le représentant ? Pierre
est le premier à réagir avec le même ton d'homme du monde :
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À qui avons-nous l'honneur, cher Monsieur ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis en dessous de tout. Veuillez me pardonner ! Je ne me suis pas présenté. Je suis
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Hector Villa.<br />
Devant l'air ahuri des deux français, il continue :
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mon cousin ne vous a pas parlé de moi ? Le cousin de Isidro, le gouverneur, qui a
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">partagé votre triste sort quelque temps. Je suis votre avocat.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous n'étions pas au courant. Nous avons déjà eu des avocats qui se sont présentés. Quel
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">choix !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ah oui, la grosse Sylvana et son assistant. Ce sont des guignols que même la justice ne
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">prend pas au sérieux. En fait, ils servent de traducteurs pour la cour. C'est votre consul
honoraire qui vous les a envoyés. Ils se partagent les honoraires, salés, si je puis me
permettre.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous n'avons pas encore eu leurs notes de frais, juste une entrevue.
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 33">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Isidro vous a parlé de moi, je suppose ?
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En effet, il nous a signalé votre existence.
Ignorant l'ironie, il sourit.
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis un vrai avocat, avec un réseau de connaissances qui pourr</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">aient </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous aider. Avez-
vous été interrogés ?<br />
On peut dire ça comme ça.<br />
Maltraités ? Battus ? Torturés ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Maltraitances psychologiques, va-t-on dire.<br />
Avez-vous avoué ?<br />
Avouer quoi ?<br />
Enfin, Messieurs, nous sommes entre gentlemen et je suis votre avocat. Vous vous êtes
livrés à ce que nous appell</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">e</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">rons quelques malversations, quelques accrocs à la loi. Pas
très graves, je vous l'accorde. Mais nous sommes un pays de droit.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il a<br />
Pierre continue la conversation, pour voir jusqu'où il veut aller.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quels judicieux et précieux conseils nous donnez-vous ?<br />
L'avocat fait mine de réfléchir, alors qu'il connait pertinemment la raison de son
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">intervention.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Isidro vous a en haute estime. Il pense que vous vous êtes faits berner, tout comme lui.
Ah, nous y voilà ! Indiquer le gouverneur comme une pauvre victime de la vengeance d'un
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ennemi et concurrent, d'une méchante entreprise étrangère qui a profité de leur naïveté commune et
surtout ne pas l'incriminer. Ce brave gouverneur s'est contenté de les recevoir, appréciant cette
activité touristique proposée par les deux marins, deux officiers retraités au-dessus de tout soupçon,
qui ne pouvaient que profiter à l'image rassurante de Sainte Poésie. Ni les uns ni les autres n'étaient
au courant de rien. Il y avait bien quelques jeunes femmes qui accompagnaient parfois les
voyageurs, mais quoi de plus normal pour une traversée de plusieurs jours. Après tout, ce n'était pas
à eux de vérifier la fidélité conjugale de leurs invités, pas plus d'ailleurs que la nature de leurs
bagages .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Voilà donc le conseil de l'avocat, cousin du gouverneur. Persister dans leur naïveté,
prétendre avoir servi de skippers à de riches clients accompagnés de jeunes femmes. Ne pas dévier
d'un iota de cette version. Le gouverneur, ils ne le connaissent que lors de mondanités. Les
formalités de police et de douane ont toujours été faites. S'ils ont égaré certains documents,
l'administration leur donnera des duplicatas prouvant leur bonne foi. Les bagages, toujours mis en
place par des porteurs, ils se contentaient d'en indiquer l'emplacement pour l'équilibre du bateau car
ce sont des marins sérieux et professionnels. Les derniers bagages ont été introduits pendant leur
absence, ils peuvent prouver qu'ils déjeunaient chez Anita. Plusieurs clients en témoigneront. Le
voilier leur a été cédé par un prêt en leasing consenti par International Sea Transport, on en trouvera
toujours les documents adéquats auprès d'une banque locale.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quel est le prix à payer pour ce superbe scénario ? le coupe Pierre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">D'un air offusqué, l'avocat répond que c'est la réalité. Ils ont, comme le gouverneur, été
victimes de leur crédulité, voire de leur gentillesse. Dans sa proposition, il n'y a que quelques petits
arrangements avec la réalité, pas vraiment illégaux (le « pas vraiment » plaît beaucoup aux deux
français!). Dans son ensemble, le récit est véridique . Face à l'air incrédule et ironique de ses deux
supposés clients, l'avocat commence à perdre son vernis policé.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Que proposez-vous ? Croyez-vous que le commandant et le tribunal vont avaler vos
versions de marins innocents et piégés ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Surtout avec la complicité du gouverneur qui, décemment, de par sa fonction, ne pouvait
pas ignorer tous ces transports !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous voulez être condamnés comme de vulgaires narcotrafiquants ? Vous avez eu un
aperçu des prisons locales ? Et vous n'avez pas encore été réellement interrogés ! Quinze
ans, vingt ans, voilà ce qui vous attend.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: TimesNewRomanPSMT; font-size: 12pt;">En plus le sens de l'humour .</span></p></div></div>
</div>
<div class="page" title="Page 34">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En entraînant votre cousin avec nous ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne le mésestimez pas. Il a des relations, il est riche. Certes, il y laissera des plumes,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">comme vous le dites en français, mais il se redressera, mieux que vous. Sa réputation en
prendra un sacré coup et il devra certainement s'exiler, mais il a des biens et des avoirs à
l'étranger. Les élections et les pouvoirs changent de main comme partout. Il s'en sortira .
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pourquoi nous propose-t-il son aide ? Ne me faites pas la scène de la complaisance à
notre égard. Quel est son intérêt ? Et cessez vos ronds de jambe alambiqués. Ne nous
prenez pas pour plus imbéciles que nous sommes. Expliquez-vous ou repartez.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avocat n'a pas l'habitude qu'on lui parle ainsi et encaisse le coup. Il réfléchit, se demandant
s'ils font une tentative de forcing ou s'ils parlent sérieusement. Il opte pour la deuxième solution. Ils
ne sont pas tombés de la dernière pluie. Évidemment qu'ils se doutaient que les bagages de leurs
touristes cachaient des trafics. Ils en ont vu d'autres, ils sont solides et ont </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dû </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">affronter des situations
bien plus dangereuses. Il se racle la gorge comme pour s'éclaircir la voix et se donner du courage.Il
est un avocat, pas un combattant. Sa connaissance du danger est </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">limitée</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">. Il aime bien Isidro, mais ne
va pas prendre de risques pour lui, d'autant que son cher cousin l'a menacé de divulguer certains de
ses secrets, comme son goût pour les très jeunes garçons. Il faut qu'il obtienne un accord de ses
satanés étrangers avant qu'ils ne parlent.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Isidro est visé par les accusations du commandant. Vous êtes des pions pour la façade
internationale. On parlera de vous dans le monde parce que vous êtes des français. Cela
va devenir une affaire diplomatique.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes le regardent fixement, lui indiquant qu'il n'y a là aucune explication
satisfaisante à leurs questions.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avocat respire un grand coup, comme s'il apprêtait à se jeter à l'eau.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Isidro est mêlé à ce trafic.<br />
Les deux hommes ne pipent mot, le laissant s'embarrasser dans ses explications. Il est
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">certainement lui aussi impliqué dans cette histoire. Son intervention n'est pas gratuite, même par
esprit de famille envers son cher cousin. Il hésite encore cependant, espérant une aide de leur part.
Rien de plus contraignant que ce silence qui dure quelques secondes. Comprenant qu'il n'obtiendra
aucune sollicitude de leur part, il continue.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est très lié à International Sea Transport. En fait, il en est le dirigeant, l'actionnaire et
le bénéficiaire principal.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un sourire ironique aux lèvres, Pierre rajoute :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un affaire familiale ? Un holding entre cousins.
L'avocat hoche la tête et continue.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous fournissons du travail aux habitants les plus pauvres...
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous arrêtez de suite vos jérémiades humanitaires. Nous reconnaissons l'avoir fait pour
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'argent, sans chercher à nous poser plus de questions. Vous, vous êtes des
narcotrafiquants sous couverture mondaine. Mais combien de gens avez-vous tué ou
ordonné de tuer ? Vous êtes des criminels qui empochaient des millions de dollars, en
distribuant quelques miettes, des millions qui vous permettent de vivre dans un luxe
scandaleux, dans des demeures de rêves, envoyant à la mort des centaines de milliers de
gens.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'êtes pas mieux ! Sans </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">transporteur</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">, notre marchandise n'arrive pas en Occident
qui est le lieu de consommation principal.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certainement . À la limite, nous pouvons arguer du fait que les transporteurs que nous
sommes ne représentent qu'un rouage de la machine. La drogue voyage dans des
bateaux, dans des avions, dans des camions, dans le corps des mules...et j'en passe.
Quels sont donc vos judicieux conseils pour ne pas impliquer le gouverneur et votre
famille ? Car c'est cela le but du jeu, n'est-ce-pas ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'avocat paraît comme écrasé, il joue sa dernière chance vis à vis de ces satanés français qui
se révèlent plus coriaces que prévu. Il réfléchit rapidement, il sait qu'il n'a pas beaucoup de temps. Il
a obtenu cette rencontre en graissant largement la patte de Luis, mais le commandant et ses sbires
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 35">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ne vont pas tarder à surgir. Il doit faire vite.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tenez-vous en à la version de la naïveté, voire d'une certaine bêtise de votre part. Vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'avez pas fouillé les bagages de vos clients en application de la législation
internationale. Le gouverneur, vous le connaissez à peine, les autorités ont toujours été
au courant de vos voyages et vérifié réellement vos documents de transport. Rien ne
vous semblait illégal dans ce travail effectué au vu et au su de tout le monde dans le port.
Vous ne vous êtes jamais cachés de vos actions à Sainte Poésie. Rien ne semblait
anormal. Vous aviez confiance en International SeaTransport. Votre arrivée dans de
petits ports européens vous semblait le caprice des clients fortunés que vous transportiez.
Le transbordement des bagages dans des véhicules qui attendaient paraissait normal pour
des passagers peu habitués à porter leurs valises. Il y en avait beaucoup, mais il n'y a<br />
pas, dans ces voyages privés, de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">limite </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de poids des bagages. Les jeunes femmes
semblaient majeures et vous n'aviez pas à vous demander ce qu'elles faisaient en arrivant
en Europe. Votre rôle se contentait de transporter de riches touristes à qui vous n'aviez
pas à demander de justificatifs puisque leurs documents étaient en règle.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certes, mais vérifiés par les autorités locales au service du gouverneur.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est la loi.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous croyez le commandant assez bête pour avaler cette version.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Si vous ne dites rien d'autre, il n'aura pas de preuves.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La justice trouvera des arguments autrement logiques et convaincants. Comment justifier
ces traversées avec des centaines de bagages ? Ce laxisme des autorités portuaires tant
au départ qu'à l'arrivée ? Nos salaires mirobolants pour des traversées que des centaines
de skippers sont capables d'effectuer ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais vous êtes des hommes d'expérience, sérieux. C'est le choix de International Sea
Transport qui est venue vous chercher et vous a fait ces propositions.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">International SeaTransport, c'est le gouverneur, vous, votre famille...
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cela, il faudra le démontrer, ce qui n'est pas évident!Les banques des Îles Crocodiles et
leurs sièges de société sont très mutiques vis à vis des autorités </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">quelles </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qu'elles soient.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En fait, vous nous proposez de porter le chapeau, en passant soit pour des imbéciles, soit
pour des fieffés menteurs et bandits. En échange de quoi ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous en tenez à cette version, pas si éloignée de la vérité, et nous nous arrangeons
avec la justice.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est à dire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Une peine allégée que vous accomplirez dans votre pays, très rapidement réduite au port
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de bracelets électroniques, et vous gardez votre pécule qu'on pourra éventuellement
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">majorer.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelles garanties nous donnez-vous ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous pouvez toujours parler si nos conditions ne sont pas remplies.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est vous qui nous défendrez ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, on me connait comme le cousin du gouverneur. Je vais contacter vos deux guignols
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'avocats, nous leur expliquerons notre stratégie. Ils ne peuvent pas refuser, nous
sommes trop forts pour eux. Nos paierons leurs honoraires, ne vous inquiétez pas, ainsi
que la commission de votre cher consul.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux français se regardent : ont-ils vraiment le choix ? Même si la méthode leur paraît
risquée. Ils n'ont jamais eu affaire à la justice, sinon pour un dépassement de vitesse ou une amende
de stationnement. L'enjeu est là nettement différent : leur avenir est en jeu. Ils comprennent que la
seule solution est d'accepter cette solution incertaine, entre les mains d''incompétents et de
corrompus. Ils acceptent d'un hochement de tête, dubitatifs mais coincés.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Avec un grand sourire, l'avocat Hector leur serre chaleureusement la main. Il leur promet de
soigner leur séjour, parlant tel un agent touristique.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ïe vais vous faire transférer dans </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">une </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">prison plus confortable (comme si ça existait,
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 36">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">encore que dans le monde irrationnel et délirant dans lequel ils sont plongés, ils seraient
presque prêts à le croire!). Luis vous apportera des repas appétissants, je me charge
d'avertir Anita. Vous aurez du linge de rechange et des sanitaires dignes de ce nom.
Voulez-vous que Yalisa vous remette du linge présent dans votre bateau ? Si vous
voulez, elle peut rester un peu avec vous, ajoute-t-il avec un sourire entendu.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine sert ses poings dans les poches pour résister à l'envie d'écraser son joli visage rasé
de près et bien coiffé. Il les quitte très courtois, laissant derrière lui une effluve de parfum coûteux
et certainement français.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes se retrouvent seuls et se regardent, encore stupéfaits de ce qui leur arrive.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je crois que c'est la seule solution envisageable, avance Pierre.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En effet . Si cela se passe ainsi, ce ne sera pas cher payé. L'idée de transporter de la coke
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">t'a-t-elle traversé l'esprit ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vaguement, je te l'avoue. Mais l'accueil quasi officiel que nous avions en Europe, après
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nos départs sans </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">problèmes</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">, munis de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">toutes </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sortes de documents remplis de tampons et
visas du gouverneur et des autorités, m'a fait enfouir cette idée au fond de mon cerveau.
Je me suis dit qu'on transportait des cigarettes ou, peut-être, de l'argent, d'où la
protection dont faisaient l'objet les paquets. Et toi ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Très hypocritement, j'ai relégué cette idée au fond de moi, me disant qu'ils ne
prendraient pas le risque d'employer deux anciens officiers de l'armée pour un trafic de
drogues. Alors qu'en fait, c'était une excellente couverture. Yalisa m'a, un soir où elle
avait particulièrement bu, averti . La poudre blanche, m'a-t-elle précisé, fait tourner bien
des esprits. Ça rapporte et ici beaucoup savent ne pas risquer grand-chose. Elle en a sorti
un sachet de son soutien-gorge et l'a </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sniffée </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">en m'en proposant, ce que j'ai refusé. Tu as
tort, m'a-t-elle dit, c'est bon et cela fait oublier bien des choses désagréables. J'espère que
cela ne te portera pas malheur. J'ai mis ça sur son état de saoulerie avancé et le rail
qu'elle venait de respirer. On n'en a plus parlé.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle était au courant, comme tout le monde !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils s'écroulèrent sur le sol, appuyés contre le mur, finalement contents de ne pas trop mal
s'en sortir et se jurant de se contenter dorénavant de missions plus transparentes. </span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div></div><div>
<div class="page" title="Page 26">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><br /></p>
</div>
</div><p>
<br /></p><div class="page" title="Page 26">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p>
</p><div class="page" title="Page 26">
</div>
</div>
</div>
</div></div></div></div></div>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-4117818582332025592020-12-12T12:41:00.002-04:002020-12-14T13:19:16.374-04:00L'enfer tropical !<p> Les aventures des skippers continuent sous des cieux plus sombres!</p><p>Fin des plages aux eaux turquoises et au sable blanc, de la volupté des naïades locales.</p><p>La prison n'est jamais une expérience a<span>gréable mais l'horreur des prisons caribéennes est pire que ce que les deux vieux loups de mer pouvaient imaginer ...</span></p><p><span>Bonne lecture !</span></p><p><span><br /></span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmMUSfnHN04x6U8ir8_0cm4nWzEnJ4ThpHwDYQkTc4Np_DJagpqA07EMu-SqqsYNbLEPGAyoqSIWvpeI6xW0UK_k6SU56Y_8S_50vy3i82OgkJXpQmj466cUySwogfeYSZbuy6hzh-Pck/s2048/IMG_4159.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="2048" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmMUSfnHN04x6U8ir8_0cm4nWzEnJ4ThpHwDYQkTc4Np_DJagpqA07EMu-SqqsYNbLEPGAyoqSIWvpeI6xW0UK_k6SU56Y_8S_50vy3i82OgkJXpQmj466cUySwogfeYSZbuy6hzh-Pck/s320/IMG_4159.jpg" /></a></div><p><br /></p>
<p></p><div class="page" title="Page 17">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">5
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un maton muet les précède dans les sombres couloirs de la prison avant d'ouvrir une grosse
porte avec une énorme clé aussi historique que la forteresse et de les pousser sans ménagement dans
une pièce sombre, humide et malodorante où des bruissements et chuchotements s'entendent.
Aveuglés par l'obscurité, Pierre et Antoine entendent la lourde porte se refermer et restent
immobiles, essayant de s'habituer au manque de lumière et surtout à l'odeur qui émane, urine,
excréments, vomi, sueur, sang. On a le choix ! Des gémissements aussi. Ils avancent doucement,
heurtant parfois des masses chaudes qui s'accrochent à leurs jambes ou protestent violemment.
Impossible de les dénombrer mais il y a de nombreux prisonniers dans le cachot qui doit mesurer
cinq mètres sur dix, approximativement. Ils aperçoivent des ombres. L'une s'approche deux et,
secouant Antoine par les épaules, demande avec une haleine puante :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Gringos ? Dinero ? Cigarillos ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Dégage, riposte Antoine en le repoussant si brutalement que l'homme tombe à la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">renverse. Pierre, il faut s'imposer dès le début ou ils vont nous bouffer ou pire encore.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je sais, approuve Pierre en se dégageant de la prise d'un homme qui veut fouiller ses
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">poches.<br />
Ils commencent à se repérer dans cette obscurité crasse et à se faire à la puanteur.
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre, il faut retrouver le gouverneur puisqu'il paraît qu'il est emprisonné ici.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Gouverneur, appelle-t-il à voix haute. Isidro, répète-t-il se souvenant de son nom.
Plusieurs minutes s'écoulent avant qu'un homme ne le prenne par les épaules et murmure :
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est là, dans le coin. Je suis son secrétaire et j'ai été arrêté avec lui. Venez, je vais vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">guider. J'essaie de le protéger. Faites attention. Ce sont de vrais sauvages capables de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">tout.<br />
Le suivant prudemment, les deux français parviennent près de l'endroit où le gouverneur,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">peut-être doit-on dire l'ex-gouverneur, est installé, contre la paroi. Même dans la pire des prisons,
l'argent permet des petits conforts, même relatifs. L'homme est allongé sur une couverture et
recouvert d'un plaid, tâché de sang séché. Il semble dormir. Son secrétaire le secoue légèrement et il
ouvre légèrement les yeux. Son visage est déformé par de nombreux hématomes, les yeux ne sont
plus que des fentes enflées. Une de ses jambes fait un angle bizarre. Elle doit être cassée, ce que
confirme le jeune secrétaire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je n'ai rien pu faire pour la fracture qui le fait souffrir. J'ai obtenu des cachets
analgésiques du gardien que je connais. Ma famille lui paiera ses services. Vous savez
réduire une fracture ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre regarde Antoine. Ils ont eu une formation de soignants dans l'armée, sachant qu'ils
pouvaient être amenés à soigner en urgence. Mais là, ils hésitent. D'abord voir dans quel état d'esprit
se trouve le gouverneur, ensuite ils aviseront. Ils ne sont pas en situation d'aider sans retour. La
marine leur a appris à sélectionner les priorités et la première est d'avoir la vie sauve. Ils se
contentent de hocher la tête sans répondre au jeune homme. L'homme allongé ouvre légèrement les
yeux, plutôt ce qu'il en reste. Il gémit sourdement et essaie de parler. Pierre et Antoine doivent se
rapprocher pour entendre un souffle de voix, bien loin du fringant et puissant gouverneur rencontré
quelque temps auparavant. On n'est vraiment pas grand chose et la dégringolade d'un piédestal peut
être très rapide !
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes les Français ! Ils vous ont arrêtés aussi. Vous avez averti votre ambassade ?
C'est la seule façon de vous en sortir. Moi, je vais tenir le coup, ils font attention à cause
de mes relations et de ma famille qui pour l'instant ne connaît pas mon arrestation. Mais
cela ne saurait tarder. Ils en profitent en attendant. Pour vous, seul votre gouvernement
pourra vous aider. Mais qui va défendre des narcos ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous ne sommes pas des trafiquants !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un pâle sourire éclaire les traits déformés de l'ancien gouverneur. Cette tentative lui arrache
une grimace.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne me dites pas que vous ignoriez ce que vous transportiez. Il n' y a pas plus ignorant
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 18">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que celui qui ne veut pas savoir. Vous êtes mal partis. Méfiez-vous du commandant.
C'est le Robespierre de Sainte Poésie, aussi intransigeant et rigoureux. Honnête en plus !
On ne lui connait pas de faiblesses, sinon son goût pour la littérature française et l'opéra.
Compliqué à corrompre, il vient d'une famille fortunée, donc n'a pas besoin d'argent. Il
est marié à une française qu'il a rencontrée durant ses études à Paris, une fan de Fidel
Castro et de Che Guevarra, qui croit comme lui à la justice, au droit et à l'équité. Elle
travaille dans les quartiers défavorisés. Un peu plus, et on la prendrait pour Eva Perón,
les bijoux en moins. Toujours en jeans et tee-shirts, elle ne fréquente pas la bonne
société poésienne . Elle refuse d'avoir des domestiques. Son seul luxe est son amour des
animaux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Épuisé par son long monologue étant donné son état, il ferme les yeux et semble s'assoupir
en chuchotant :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Prenez un bon avocat, un vrai, pas un pitre. Méfiez-vous de ceux que le consulat ou
certains groupes vous proposeront. Prévenez votre famille qu'ils alertent les autorités de
votre pays.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sa tête retombe sur sa poitrine. Ils ne l'ont pas épargné !<br />
Pierre et Antoine s'assoient près de lui, contre la paroi que leur désigne le secrétaire.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous serez un peu plus à l'abri. Vous devez avertir de votre arrestation.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Comment ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Par le gardien que j'ai soudoyé.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous n'avons pas d'argent. On nous a tout pris en entrant dans la forteresse.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne vous inquiétez pas. Vous êtes des gringos, c'est un gage de paiement. Le maton sait
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">que vous le paierez après votre sortie. De plus, il vous voit ami avec le gouverneur dont
la famille est connue et riche. Ce qu'il exige n'est pas grand-chose , quelques dollars qui,
multipliés par le nombre de prisonniers qu'il rackette, finissent pas faire une belle
somme pour lui. Qui est au courant de votre arrestation ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Personne, à moins que le commandant n'ait averti les autorités consulaires.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La loi lui accorde trois jours. Connaissant son obsession légaliste, il va profiter de ce
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">délai qui lui est accordé. Qui pouvons-nous prévenir, avant qu'il ne vous refile un avocat
désigné dont la nullité n'égalera que sa cupidité ? Encore qu'il ne soit pas le seul dans le
cas. Ils sont nombreux, les avocats incompétents à Sainte Poésie, chers et inefficaces,
sinon pour faire payer leurs clients. Il va mettre à profit ces jours de garde à vue pour
vous interroger. Ses sbires risquent de ne pas vous faire de cadeau, surtout qu'il est
engagé dans une croisade contre le narcotrafic et la corruption. Vous avez vu dans quel
état se trouve le gouverneur ? Il a laissé dériver l'interrogatoire alors qu'il connait la
puissance de sa famille, sans aucune crainte ni état d'âme. Le problème est qu'il est
persuadé d'agir pour la bonne cause. Comment peut-il espérer gagner seul contre tout un
système ? Les rares qui s'y sont essayés y ont laissé des plumes, et pour beaucoup leur
vie. Les autres ont du se terrer et souvent s'exiler, sans être vraiment tranquilles. Un vrai
conglomérat, puissant, international et démesurément riche. Ceci pour vous avertir de
suite dans quel guêpier vous vous êtes fourrés. N'attendez pas d'aide de votre
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">« employeur ». Vous êtes juste des petits passeurs, du menu fretin qui </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">travaille </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pour
quelques centaines de milliers de dollars, une goutte d'eau dans les centaines de millions
de dollars en jeu. Ce qui intéresse le commandant, c'est que vous êtes des étrangers,
anciens militaires, paraissant bien sous tout rapport, avec des familles établies en
Europe, des femmes, des enfants.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes, en dépit de l'obscurité, regardent attentivement le jeune secrétaire. Se
peut-il qu'ils connaissent leur vie privée, qu'ils surveillent leurs familles ?
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Évidemment que eux comme nous connaissons votre vie . Voulez-vous que je vous
nomme les noms de vos femmes, enfants, maîtresses ? Votre piscine se termine,
Antoine ? Et vous, Pierre, vos pensions alimentaires sont-elles toujours en discussion ?
Vous croyez que dans ces affaires, on engage des sommes considérables sans garantie ?
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 19">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je crois que la première chose à faire est d'essayer d'avertir les autorités françaises, sans
vous faire d'illusion. Ils vous rendront quelques visites, et encore, pour vous apporter
une brosse à dent et un peu de nourriture. Une chose à savoir, vous n'êtes pas nourris ici
en prison et, pour le reste, tout s'achète. Peut-être que Yalisa pourrait se charger de vous
apporter des provisions !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes ne répondent pas.Ils sont au courant pour Yalisa et tout le reste. Depuis
combien de temps sont-ils surveillés ? Depuis le début, certainement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Anita, si on la paie bien, pourra également vous aider. Elle a ses entrées un peu partout.
Mais je ne sais pas si vous resterez dans la Fortaleza ou si vous serez transférés dans un
autre centre de détention après votre interrogatoire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes se regardent. Yalisa et Anita pourront toujours être contactées un peu plus
tard. Il faut d'abord avertir le consulat, l'ambassade, le ministère des Armées, enfin les autorités
françaises qui décemment ne peuvent pas les abandonner dans cet enfer. Ils ne savaient pas, ils se
sont faits avoir, essaient-ils de se persuader. C'est ce qu'ils répètent au jeune secrétaire qui sourit
d'un air sceptique tant face à leur déclaration d'innocence que devant leur appel aux autorités
françaises. Bien naïfs ! À qui feraient-ils croire en leur innocence ? Facile de se réfugier derrière les
soit-disant règles de transport de touristes et de leurs bagages. Cela ne leurrerait personne, aucun
tribunal, aucun juge, ni ici ni ailleurs.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je vais essayer de prévenir le consul honoraire que je connais , mais ne vous attendez
pas à une aide efficace. C'est avant tout un négociant, soucieux de vivre tranquille de son
commerce. Il est prudent, car résidant depuis longtemps à Sainte Poésie. Ses affaires ne
sont pas toutes très claires, mais jamais il n'a touché à la drogue, bien trop prudent . Je
vois avec le gardien. Je tiendrai un compte de mes dépenses, précise-t-il avant de se
lever et de donner un coup de poing violent sur la porte de la cellule qui ne tarde pas à
s'ouvrir.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le gardien apparaît rapidement et discute avec le jeune homme en hochant la tête et
disparaît aussi vite. Le secrétaire revient les voir. Il a une bouteille de bière dans la main.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tenez ! Cadeau de bienvenue du maton. Vous représentez des clients intéressants. Les
quelques étrangers qu'il a l'occasion de détenir sont le plus souvent des paumés qui se
sont laissés embarquer dans de petits larcins. Vous, c'est le degré au-dessus, donc vous
représentez plus d'argent. D'ailleurs, c'est un des compagnons d'Anita. Il vous a aperçus
quelquefois dans son estaminet sur le port.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre voient le piège se refermer autour d'eux. Ils en sont responsables en ayant
accepté sciemment de fermer les yeux. Réellement, n'ont-ils jamais eu de doute quant aux
marchandises qu'il ont transportées ou ont-ils voulu ne rien voir, en trouvant une réponse facile avec
le trafic de cigarettes et les voyages de puissants messieurs en galante et jeune compagnie ? Ils
savent pertinemment que le trafic de cigarettes et le trafic de drogues sont liés. Ils ont accepté les
salaires conséquents de International Sea Transport et le cadeau que représente le voilier sans
vouloir s'interroger, en acceptant de facto des missions bizarres. Le voilier, par exemple, leur
appartient maintenant, cela les enfonce un peu plus. On ne peut pas dire qu'ils se sont faits piéger,
ils ont accepté tout ce qu'on leur a demandé, uniquement par appât du gain et de l'argent facile. Vie
tranquille dans cette île qui leur est apparue comme paradisiaque, avec si peu d'interdits. Sainte
Poésie, un rêve rien qu'en prononçant son nom. Ils vont s'en souvenir.
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 20">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">6
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les autres prisonniers les laissent tranquilles, sans doute la proximité du gouverneur,
l'intervention du secrétaire et la bière offerte par le maton, dont ils se délectent même si elle n'est
pas très fraîche. Ils attendent. Combien de temps ? Difficile sans montre, ni lumière naturelle. Il n'y
a qu'une petite ouverture grillagée qui laisse voir un petit bout de ciel qui permet d'affirmer que la
nuit n'est pas encore tombée. Le gardien revient plusieurs fois, délivrant des paquets à certains
prisonniers.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pour manger, explique le secrétaire.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils n'ont même pas faim. Le gouverneur semble somnoler dans un semi-coma. De temps en
temps, le jeune homme lui donne un peu d'eau d'une bouteille qu'il planque précieusement, en
avertissant que les vols sont fréquents, leur conseillant de dormir à tour de rôle. Il leur indique un
coin de la geôle où certains se rendent de temps en temps.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les toilettes, affirme-t-il avec un air sardonique. Mais si vous voulez payer , le gardien
vous ouvrira les portes des toilettes du personnel. Pas génial, mais toujours mieux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les hommes opinent tandis que le jeune homme leur précise que c'est un à la fois. Antoine
est le premier à demander à en bénéficier. Le secrétaire note scrupuleusement toutes les demandes
accomplies par le surveillant. Il ne se lève même plus et se contente d'hurler son nom.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Luis !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La porte s'ouvre et l'homme demande à Antoine de le suivre. Tâtonnant en traversant la
cellule encombrée, le français sort , suit un long couloir sombre et humide avant que le gardien ne
lui indique une porte. Une odeur forte le saisit quand il l'ouvre. La propreté des toilettes n'est que
relative et pourtant on lui présente cela comme un grand luxe. Il n'ose imaginer l'état des latrines du
cachot. Du papier journal est proposé à volonté et un seau d'eau trouble lui permet de se laver les
mains. Dans quel enfer sont-ils tombés ? Les regrets sont bien trop tardifs.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">De retour dans la cellule, il avertit Pierre de ce </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qui l ' </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">attend.<br />
Le temps passe . Une livraison de nourriture est apportée au gouverneur et à son employé
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qui propose de partager avec les deux français en leur précisant qu'il a demandé au gardien de
s'arranger avec Yalisa et Anita. C’est, malgré leur situation, avec appétit que les deux hommes
mangent le riz et la viande un peu élastique qui baigne dans une sauce marron. Rien à voir avec les
repas mitonnés pour eux dans le restaurant où ils avaient leurs habitudes. Quand on a faim, on
mange ce que l'on trouve. L'armée les a aussi habitués à des rations bien pires lors de leurs
missions.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La nuit commence à s'étirer, au vu de la lumière de plus en plus blafarde de la lucarne,
quand la porte s'ouvre sur le gardien accompagné d'un Européen, vêtu d'un jean blanc et d'un polo
bleu, les pieds dans des mocassins dont l'élégance jure avec le décor. Il est conduit avec déférence
vers le coin où sommeillent plus ou moins Antoine et Pierre, à côté du gouverneur dont les plaintes
de plus en plus bruyantes les inquiètent. Un cordial « Bonjour » les tire de leur léthargie.
Écarquillant les yeux, ils scrutent l'homme debout qui les salue. Leur sauveur, pensent-ils. Ils se
lèvent aussitôt et lui tendent la main en se présentant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je vous connais, les nouvelles se diffusent vite à Sainte Poésie. Je vous ai aperçus lors de
la réception chez le gouverneur.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Son regard se pose sur l'ancien haut fonctionnaire gisant dans un coin et gémissant.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ben, ils l'ont arrangé. Il n'a peur de rien, le commandant. Sa famille s'agite pour le faire
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sortir, mais il va le garder encore quelques jours pour prouver sa volonté et son pouvoir,
tout en le gardant en vie. Il sera bien amoché, cependant, et devra se refaire une nouvelle
vie ailleurs. Je ne me fais pas trop de souci, ils ont de l'argent. Enfin, sa jambe est
vilaine. Ils veulent lui laisser un souvenir, il va certainement en garder une claudication.
Finies les parties de tennis, il se mettra au golf avec une voiturette.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux français entendent ces paroles cyniques et se disent qu'ils ne doivent pas attendre
grand-chose de ce personnage arrogant.
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Que vous arrive-t-il ? Que je ne sache bien sûr.
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 21">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes le représentant de l'ambassade ?<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On peut le dire comme ça !<br />
Pierre n'est guère patient et l'homme lui déplaît fortement.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est oui ou non ? Quelle fonction exercez-vous ? Êtes-vous capable de nous aider ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oh ! Vous aider, ça va être compliqué ! Vous vous êtes mis dans une sacrée embrouille.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vous demande pas votre avis. Je veux savoir quel est votre fonction.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Doucement, doucement ! Vous êtes dans un sacré merdier, bien plus que moi. Je suis le
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">consul honoraire de France.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Donc, vous n'avez pas de fonction officielle.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À voir ! J'ai récemment reçu certains pouvoirs consulaires qui me donnent plus de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pouvoirs.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Donc, vous pouvez avertir les vraies autorités.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je suis une vraie autorité et surtout la seule qui s'est déplacée jusque dans ce bouge pour
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous visiter. L'ambassade est sur une autre île de l'archipel, Sainte Apolline.
L'ambassadeur ne viendra pas, il tient à conserver des relations cordiales avec les
dirigeants et ne viendra pas rendre visite à des narcotrafiquants.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vous permets pas de nous juger.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pourquoi ? Il y a un autre terme pour désigner le commerce que vous faites ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'ambassadeur a été prévenu et m'a envoyé pour voir ce qu'il est possible de faire.
Voulez-vous que nous avertissions vos familles ? Votre employeur, n'y comptez pas.
C'est un des principaux mécènes de l'archipel , en particulier à Sainte Poésie où il vient
de financer la construction d’un hôpital. Donc, intouchable. Je ne peux que vous
proposer un avocat pour vous défendre. Il y en a un, ou plutôt une, franco-poésienne,
espagnole ou portugaise aussi je crois, que nous conseillons car elle parle français, ce qui
facilite les rapports et accepte d'être payée en France, en dépit du fait qu'elle a été barrée
du barreau français pour je ne préfère pas savoir quelle affaire. Alors ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On n'a pas le choix, répliquent les deux hommes après s'être rapidement concertés.
Prévenez nos familles. Croyez-vous qu'on en a pour longtemps ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors là !<br />
Le consul écarte les bras et pousse un gros soupir.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je repasserai demain. Avez-vous besoin de quelque chose ?
La question bête. Vraiment pas doué ou il se moque d'eux !
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je vais prévenir vos familles et avertir l'avocate qui, à mon avis, est déjà au courant de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">l'affaire. Elle doit affûter ses prétentions et va certainement vous rendre visite ou
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">envoyer son sbire, qui est plutôt son âme damnée. Méfiez-vous des deux.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et c'est ça que vous nous envoyez comme défense ? Vous n'avez pas autre chose ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il y a bien un autre avocat, franco-poésien également. Mais il est à l'ombre à la Santé à
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Paris pour quelque temps. Je peux bien demander à son assistante de venir. Mais à tout
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">choisir, mieux vaut Sylvana.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sylvana ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est l'avocate dont je vous ai parlé. Ici, on nomme les gens par leur prénom. Le nom de
famille est secondaire. Ça donne une impression de connivence, mais seulement une
impression. Méfiez-vous de tout et tous, c'est le meilleur conseil que je peux vous
donner. Bon, j'y vais. Je vous ferai parvenir quelques affaires pour survivre, toilette,
nourriture, vêtements de rechange. Je pense que vous resterez quelques jours à la
Fortaleza. Vous avez déjà été interrogés ? À vous voir, je ne pense pas. Ils vous ont
encore épargnés. Un conseil : dites-leur ce qu'ils veulent entendre.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Merci, mais que veulent-ils entendre ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais la vérité, mon cher Monsieur, la vérité, tout simplement, et si possible la vraie !
Sur ces paroles, il les salue d'un geste et se dirige vers la porte qui s'ouvre sur Luis, le maton,
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">qui doit être aux aguets d'un pourboire.
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 22">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine et Pierre se regardent. Ils se savent aussi responsables l'un que l'autre et n'ont
nullement l'envie de se trouver des excuses. L'appât du gain, l'impression d'un argent facilement
gagné, ils ont cherché ce qui leur arrive. Sans doute ne pensaient-ils pas se retrouver dans une geôle
tropicale pour quelques voyages. Inconscients, imprudents, mais responsables et coupables !
Maintenant, il faut essayer de limiter la casse et ce n'est pas gagné. L'armée leur a appris à dormir
n'importe où. Ils se calent contre la paroi rendue un peu moins inconfortable par une couverture
obtenue par l'irremplaçable secrétaire et son compère, le gardien. En dépit de la chaleur, de la
puanteur, des bruits et des gémissements, ils réussissent à dormir quelques heures, protégés par la
présence de leurs deux anges gardiens, le jeune secrétaire et le maton, Luis, qui espèrent leur
reconnaissance pécuniaire de ces avantages matériels.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Des mouvements accompagnés de vociférations les réveillent alors que la lucarne indique
que le jour se lève. Ils mettent quelques secondes avant de savoir où ils se trouvent. Ce n'est pas un
cauchemar, c'est la réalité. Le gardien les secoue pour leur donner un vieux sac en plastique où ils
trouvent deux tee-shirts, deux bermudas, deux brosses à dents et un morceau de savon. Un mot
accompagne ces effets :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">« </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 12.000000pt; font-style: italic;">Quelques affaires de dépannage. Je n'ai pas trouvé mieux pour l'instant. L'avocate ou son
adjoint passeront dans la journée. Faites attention à ce que vous dites. D'après mes
renseignements, vous ne serez pas interrogés avant demain. Je me démène pour vous aider, mais ce
n'est pas évident ! Vous pouvez compter sur Luis si vous avez besoin de quelque chose. Vos repas
sont prévus avec Anita. Yalisa est une brave gosse, vraiment inquiète pour vous. Elle s'est installée
sur le voilier pour éviter le pillage. J'ai prévenu vos familles. Bon courage. »
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils n'ont plus qu'à attendre. Luis leur apporte un liquide marron très sucré qu'il qualifie avec
un grand sourire de café et propose de les accompagner l'un après l'autre aux toilettes. Cela leur
permet d'échapper quelque peu à la puanteur du cachot et de se dégourdir les jambes. Le gouverneur
semble réveillé. Il paraît les reconnaître et les salue d'un signe de tête avant de s'entretenir avec son
secrétaire qui salue tous ses dires de « Si senior » tout en opinant de la tête. Luis est à nouveau
sollicité et après une discussion assez longue revient avec une chemise blanche, un peu irréelle dans
ce chaos, et une bouteille de rhum que le gouverneur boit goulûment. Il a l'air bien mieux.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est solide, affirme Pierre. Après les coups qu'il a dû prendre. Hier, il était mourant !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Cinéma peut-être ? Ou il encaisse bien. Entre nous, il a du en donner lui aussi, des coups
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">du temps de sa puissance. C'est juste une question de camp et de moment. Je pense qu'il
sait que le commandant, aussi dur et honnête soit-il, sait jusqu'où il peut aller. Ils sont
issus du même monde. Ils ont peut-être fait leurs études ensemble et sont, qui sait, plus
ou moins cousins !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu as raison. Mais nous, nous sommes les étrangers, sans appui, ni piston, avec des
autorités officielles qui ne se mouilleront certainement pas pour nous, les coupables
idéaux.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais, Pierre, nous sommes les coupables, les vrais. Il faut simplement espérer que la
justice se fera sans partialité et qu'on ne va pas nous mettre sur le dos plus que ce que
nous avons fait , sans assouvir tout le ressentiment vis à vis des gringos que nous
représentons. Jugés pour ce que nous avons fait, par inconscience volontaire et appât du
gain, il faut bien le dire, et non pas pour tous les péchés commis par les étrangers et
impunis. Ça, ce sera le plus compliqué !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On verra avec les avocats.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La matinée s'écoule lentement au milieu des va-et-vient des prisonniers, leurs cris, quelques
bagarres aussi, qui, quand elles durent, sont réprimées par des coups de gourdin généreusement
distribués par les policiers qui interviennent pour calmer tout le monde. Sur les conseils du jeune
secrétaire, les deux français se tiennent à l'écart et ne répondent pas aux provocations des autres
pensionnaires du cachot. Luis vient leur porter un repas composé de l'inévitable riz, des habituelles
bananes plantain avec quelques morceaux élastiques de poisson. Une bière tiède accompagne la
nourriture. Décidément, Anita se révèle une piètre cuisinière. Le panier de fruits frais qui arrive peu
après est , pensent-ils, une attention d'Yalisa. Ils en proposent au gouverneur et à son employé qui
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 23">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">les acceptent en souriant mais en leur précisant qu'ils vont vite comprendre qu'en prison on ne
partage pas. La preuve en est avec l'avancée menaçante de quelques prisonniers qu'ils repoussent
brutalement. Ni générosité, ni partage. Un monde sans empathie où chacun survit pour soi.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils somnolent quand Luis les tire sans ménagement de leur demi-sommeil. Ils se lèvent et le
suivent en titubant. L'heure de l'interrogatoire a sonné, pensent-ils. Ils parcourent les couloirs
humides et sombres de la vieille forteresse avant de débarquer dans une pièce claire sommairement
meublée d'une table de bois et de quatre chaises. La fenêtre ouverte laisse entrer lumière et air frais.
Après des heures dans leur cachot, ils ferment les yeux, appréciant ce bonheur simple. Ils retombent
dans la réalité quand ils entendent une voix douce les saluer :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">—Bonjour , Messieurs, je n'ose vous demander comment vous allez.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils se retrouvent face à un couple surprenant : deux Européens, assez jeunes, une matrone
aux cheveux blonds décolorés et coiffés en un soigneux brushing, au tour de taille impressionnant et
à la poitrine opulente qui semble prête à surgir à tout moment du chemisier qui la compresse,
presque un mètre quatre-vingts sans parler des talons vertigineux sur lesquels elle paraît en
équilibre, pour plus d'un quintal, à côté d'un tout petit jeune homme, minuscule et maigrelet, dont
les os saillent sous le pantalon gris et l'éternelle chemise blanche, surmonté d'une tête avec une
impressionnante crinière noire échevelée. Ils ont l'impression de se trouver face à Laurel et Hardy .
Les deux visiteurs ont un sourire qui redressent leurs lèvres de façon presque agressive, sourire
guère reflété par leurs yeux sombres et fouineurs. Voilà donc leurs défenseurs ! Cette première
approche n'est pas pour les rassurer.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La jeune femme continue à parler de sa voix étonnamment avenante en les priant de
s'asseoir. Ne pas oublier que la voix est l'outil essentiel des avocats. Ils doivent savoir l'utiliser, la
moduler comme un instrument de musique, la rendre au besoin douce ou agressive, toujours
persuasive. Bref, pensent-ils sans se concerter, d'un simple échange de regard, s'en méfier.
Poliment, les deux marins les saluent et les remercient de leur rapide venue.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est normal, entre compatriotes, on doit s'entraider. Simon, précise-t-elle en désignant
le petit maigrelet, est mon assistant et va noter notre entretien. Je me présente, je suis
Sylvana, votre conseil chargée de votre défense, si vous l'acceptez bien sûr. Notre ami
commun nous a contactés hier soir en nous priant de vous visiter rapidement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine l'écoutent, sans répondre. Elle est au courant de leur mésaventure et de
leurs problèmes. Inutile de perdre son temps à lui réexpliquer ce qu'elle sait déjà. Ils attendent donc
la suite. Leur silence la surprend, mais elle se ressaisit rapidement. Une vraie professionnelle !
Quelques secondes d'attente avant qu'elle ne reprenne la parole.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous n'avez pas encore été interrogés, à voir votre aspect. Cet après-midi ou demain
peut-être. Ils ont trois jours. C'est une preuve de bonne volonté d'avoir autorisé cet
entretien.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes ne répondent pas, se doutant que le consul a du monnayer cette discussion
qui leur sera dument comptabilisée. Ces trois-là ne doivent pas être du genre à faire de cadeau et à
travailler pour la gloire ou pour la justice ! Ils attendent et leur attitude décontenance l'avocate et
son assistant. Elle s'éclaircit la gorge avant de parler
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Donc, si nos renseignements sont exacts, vous êtes accusés de narcotrafic. Rien à
ajouter ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, réponse abrupte de deux hommes.<br />
La grosse avocate transpire, surprise par l'attitude des deux hommes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">—Si vous le prenez comme ça, on n'arrivera à rien. Vous n'êtes guère coopératifs. Vous
n'êtes pas sans savoir que vous vous trouvez dans de sales draps. Si vous ne m'aidez pas, je ne
pourrais rien faire pour vous. Nous allons en rester là, ajoute-t-elle à l'adresse de son collaborateur,
lui signifiant de ranger ses documents et de se lever.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Un numéro bien rôdé qui n'impressionne pas les deux accusés. Ils en ont vu bien d'autres.
— Vous n'avez rien à nous dire ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne va pas tourner autour du pot. Notre affaire, vous la connaissez. Alors, nous
attendons « vos conseils » comme il nous a été annoncé. On fait quoi ?
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 24">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle réfléchit quelques secondes avant de continuer :<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous êtes mal partis : narcotrafic, étrangers, européens, sans parler des jeunes filles que
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous transportiez...<br />
Elle est au courant de toute l'affaire, dans les moindres détails. Ils attendent la suite.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La justice locale combat sévèrement le narcotrafic, encore plus quand il est le fait
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">d'étrangers. International Sea Transport est intouchable, grosses relations, mécène,
philanthrope. Ça, ce sont les apparences, ajoutez-y la corruption, ils tiennent de
nombreuses grosses familles qu'ils ont « aidées » en diverses circonstances, ils assurent
les bourses de leurs enfants dans les meilleures universités, ont investi dans leurs
affaires. De plus, le bateau vous appartient. Oui, je sais, elle arrêta d'un geste la
protestation des français, ils vous l'ont donné. En fait, ils prétendent avoir répondu à
votre sollicitation pour plus d'indépendance et vous avoir fait un crédit-bail. Ils nient
évidemment toute implication dans vos trafics et indiquent vous avoir parfois demandé
de transporter certains de leurs clients ou collaborateurs qui n'osaient pas entreprendre
une transatlantique seuls. Ils vous ont fait confiance en tant que skippers, anciens
officiers de l’armée et se montrent offusqués que vous ayez pu les utiliser pour faire du
narcotrafic. Donc, ne comptez pas les impliquer. Vous devrez vous débrouiller seuls.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous avons leurs mails, avec le nom des passagers qu'on nous priait d'embarquer
avec leurs bagages.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et leurs gamines ? Les nombreux sacs ? Ils vous envoyaient des clients pour les
traversées en voiliers, point barre.Entre nous, vous n'avez eu aucun doute ? Vous ne me
ferez pas croire que vous ne vous êtes pas interrogés sur ces mystérieux bagages .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes baissent la tête. C'est leur seule alliée. Il faut qu'il lui parle.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On a pensé à du trafic de cigarettes. On voyait bien que les gamines étaient très jeunes,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">mais c'est monnaie courante dans la région.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Des cigarettes ? Vous n'avez pas eu la curiosité de regarder ? Vous êtes ou naïfs ou
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bêtes. Un peu des deux. Vous avez préféré ne pas vous poser de questions. C'était
tellement bien payé, piscine, tennis, voyages, pensions alimentaires... C'est bon ?
J'arrête ? Tout se sait. Vous allez être interrogés et je ne pense pas que l'argument du
skipper non responsable des bagages de ses clients transportés tiendra la route.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors que faire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ce qu'il en est. Parler des cigarettes, de votre confiance envers une entreprise ayant
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pignon sur rue. Je pense qu'ils abandonneront la poursuite concernant le trafic d'enfants.
On peut se mettre d'accord sur une caution, en fait ce que vous avez gagné, ils vont faire
le calcul.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous n'avons plus cet argent !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'imagine. Donc problème. Vos complices locaux, peut-être ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais qui ? Nous recevions les ordres par mail, pas de contacts sur place, même si
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">apparemment tout le monde est au courant.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous avez été invités par le gouverneur ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui, lorsque nous avons obtenu notre permis de résidence.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Impliquez-le.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais nous n'avons jamais eu aucun contact avec lui pour nos transports.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous vous doutez bien qu'il était au courant de vos trafics. Rien ne se passe qu'il ignore.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il vous a laissé faire volontairement.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Peut-être, mais il n'a jamais été impliqué à notre connaissance.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous ne comprenez rien ? Le commandant veut sa peau, il veut le faire tomber pour la
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">corruption et le clientélisme qu'il génère, pour assainir une partie du système. Le
commandant est sincère, il espère en même temps donner un avertissement aux élites
corrompues.
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais que peut-on dire puisque nous n'avons jamais eu affaire à lui ?
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 25">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bon sang, vous n'en êtes pas à un mensonge près. Accusez-le, accablez-le. Cela jouera
en votre faveur. Je pourrai argumenter de votre bonne volonté, voire de votre repentir,
expliquer qu'il vous a obligés à ce trafic.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux hommes découvrent peu à peu le système de défense choisi par leur avocate. Ils
sont interloqués et ne répondent pas. Ils demandent à réfléchir.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Faites vite car, après l'interrogatoire, vous direz ce que le commandant souhaite. Ce n'est
pas si faux, car le gouverneur connaissait votre trafic et touchait sa commission. Je vous
prépare pour demain la note.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La note ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ben, oui, mes honoraires. Allez, bonne soirée.<br />
Le couple atypique rassemble ses documents et s'éloigne, laissant Pierre et Antoine pantois. </span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><p>
<span><br /></span></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-80308270691150855702020-12-10T16:10:00.002-04:002020-12-10T16:10:36.219-04:00SKIPPERS EN POÉSIE<p>Chapitre 4 des </p><p>AVENTURES TROPICALES DES SKIPPERS EN POÉSIE.</p><p>Les dessous sombres de la vie caribéenne !</p><p>Je vous souhaite une bonne lecture...</p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEju75i9zhrFM6wFUOkHLg7v4dLd0D0i5mpfIdCH1MJNwRlqGnMgDW2Y0gn4HlS9ArhjzwC3Ow2zXSw6wb5CK7s1lQi56h7X9w2x6RE_tJhfV-bfn76DDNzWyDa6mRkSfvlLXQBsDunNjTU/s2048/IMG_4737.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="2048" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEju75i9zhrFM6wFUOkHLg7v4dLd0D0i5mpfIdCH1MJNwRlqGnMgDW2Y0gn4HlS9ArhjzwC3Ow2zXSw6wb5CK7s1lQi56h7X9w2x6RE_tJhfV-bfn76DDNzWyDa6mRkSfvlLXQBsDunNjTU/s320/IMG_4737.jpeg" width="320" /></a></div><p><br /></p><p></p><div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">4
</span></p>
</div>
</div><div class="page" title="Page 13">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le port commence à s'animer, avec le retour des premiers bateaux de pêche. Ils entrent dans
le petit restaurant où ils ont l'habitude de déjeuner. Un silence accueille étrangement leur arrivée,
avant que la patronne, une matrone à la peau bronzée et à l'impressionnante poitrine, ne les salue
bruyamment. Elle prend la peine de sortir de sa cuisine et les embrasse chaleureusement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai du poisson tout frais. Je vous prépare un ceviche et quelques gambas, qui viennent
d'arriver. Installez-vous. Une petite bière bien fraîche et quelques tapas pour
commencer. Allez, faites comme chez vous.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle les pousse dans un coin de la salle. Pierre lui indique une table d'où ils ont une vue sur
le port et l'océan. Elle rétorque qu'il y a du courant d'air, mais les deux hommes insistent et
finalement, dans un soupir, elle accède à leur demande en levant les yeux au ciel.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je préfère voir qui entre et ce qui se passe à l'extérieur. Je commence à devenir parano,
explique Pierre. Mais j'ai une impression étrange.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Parce que tu reviens d'un séjour assez long en Europe. C'est la première fois que nous
restons plus de deux mois sans mission.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Sans doute as-tu raison.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils se taisent quand la serveuse vient dresser sommairement la table, l'habillant de sets en
</span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">papier </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">après l'avoir vaguement nettoyée, de couverts et d'assiettes qu'Antoine s'empresse d'essuyer
avec un mouchoir propre qu'il a toujours dans sa poche. Il regarde son kleenex et le gras qu'il a
retiré de sa vaisselle sommaire qu'il indique à Pierre qui refuse en riant son offre de nettoyage.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu vas vexer notre cuisinière.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Penses-tu ! J'ai vu parfois certains locaux le faire et lui reprocher le manque d'hygiène de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">son établissement.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Depuis plus de trois ans que nous y mangeons, on n'a jamais eu de problème. Tu ne crois
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pas qu'on a connu pire ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certes, mais nous étions plus jeunes.<br />
La serveuse dépose les bières et le plat de ceviche dont la fraîcheur les régale. Ce plat de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">poisson cru, mariné dans du citron et accommodé de coriandre, sel, poivre, aromates et quelques
tomates, oignons et poivrons découpés est un vrai délice, rafraîchissant et laissant en bouche un
goût exquis. Ils terminent le plat dans l'attente des gambas accompagnées de riz parfumé légèrement
safrané.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le dessert se compose de fruits frais, ananas, bananes, mangues et fruits de la passion. Les
deux amis savent bien que leur facture est très largement surévaluée par rapport aux locaux. Mais
aucun prix n'est affiché. Vraiment à la tête du client ! Ils terminent sur un café, loin de l'expresso
italien, mais accompagné d'une liqueur ambrée qui fait passer la facture.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Quelques clients, des marins et quelques ouvriers du port, discutent près du comptoir. La
cuisinière ne cesse de regarder la porte. Elle paraît inquiète et son attitude étonne Pierre.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu ne la trouves pas bizarre ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Qui ? répond Antoine, complètement déconnecté.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Anita, la patronne.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle est très lunatique. Parfois, elle te saute au cou et le lendemain, ne dira pas trois
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">paroles. Elle a peut-être des soucis avec un de ses enfants, elle en a quatre ou cinq, plus
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ses nombreux petits-enfants ou un de ses amants, et tu sais qu'elle en a plusieurs !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je la connais. Mais je la trouve inquiète. Elle ne cesse de surveiller la porte et les quais.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pourquoi ne voulait-elle pas qu'on s'installe dans ce coin d'où on a vue sur le port ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne sais pas. Je ne vois pas quel rôle elle peut jouer dans notre boulot. Nous sommes
de bons clients. On ne rechigne pas sur les prix exorbitants qu'elle pratique pour nous.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes parfois venus avec les touristes qu'on promène.<br />
Pierre ne répond pas et se range à l'avis d'Antoine. Ils se lèvent finalement et prennent le
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">chemin de leur voilier. Anita semble vouloir leur dire quelque chose, puis se ravise et leur lance un
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 14">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">« Adios » </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">des </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">plus lugubres. Ils arrivent sur le voilier, Pierre enjambe la rambarde et s'arrête.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu entends ? questionne-t-il son compagnon.<br />
</span><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Yalisa a du revenir.<br />
Ils s'engagent sur le pont quand ils voient surgir de la cabine un policier, vêtu d'un uniforme
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">rutilant, une arme à la main. Derrière lui, le commandant des forces locales, le gardien du port, la
tête baissée, et un douanier au visage fermé. Interloqués, ils s'arrêtent tant de surprise que face à la
menace de l'homme armé.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bonjour, Commandant. Que se passe-t-il ? Vous êtes à la recherche de quelqu'un ? Un
vol ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">L'homme ne répond pas et se contente de leur faire signe d'avancer et de s'asseoir sur un des
bancs de la cabine où il les force à pénétrer. Pierre fait signe à Antoine d'obéir sans résister. Il sait
que les policiers ont un usage facile de leur arme dans le coin. Ils attendent une explication qui tarde
à venir, les hommes continuant à fouiller. Enfin, fouiller est un grand mot. Ils mettent tout en l'air,
balançant dans tous les coins tout ce qu'ils sortent des placards et coffres, vêtements, cartes marines,
livres, provisions, vaisselle. Cela semble sérieux. Ils ne recherchent pas un éventuel cambrioleur et
semblent déterminer à poursuivre. Pierre et Antoine préfèrent ne rien dire. Le commandant s'adresse
à eux brutalement.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— La clé de la cale, tout de suite.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux marins la lui donnent. Ils en gardent toujours un exemplaire chacun autour du cou.
Pierre donne la sienne et Antoine ne dit rien. Un des hommes ouvre la cale et pousse un cri :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Aqui todo esta ! (</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 12.000000pt; font-style: italic;">Tout est là ! Nous continuerons le reste en français... pour plus de
facilité!)
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Je le savais bien. Je m'en doutais dès le début. Je vous trouvais trop polis pour être
honnêtes, continue le commandant en s'adressant aux deux français qui sont ébahis et ne
comprennent sincèrement rien. Ils n'ont rien planqué dans la cale, il n'ont reçu aucun bagage à
transporter et n'ont pas de voyageurs à bord.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— De quoi parlez-vous ? répond Pierre. Il n'y a que de vieux cordages et des bidons de
carburant.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Et ça ? C'est quoi ? Une vieille corde ? hurle l'officier en exhibant, tel un trophée, un sac
emballé dans du papier marron recouvert d'un film plastique, comme ils les connaissent bien.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les deux marins se regardent, sincèrement étonnés. Qui a mis ces sacs dans la cale de leur
bateau ? Normalement, c'est entendu ainsi, ce sont eux qui se chargent de vérifier le remplissage de
la cale. Qui l'a fait ? Quand ? Et comment, puisque eux seuls détiennent les clés ? Ils se doutent que
les problèmes ne font que commencer. Ils vont peut-être enfin savoir ce qu'ils transportent à chacun
de leurs voyages ! À force de fermer les yeux, c'était attendu. Bon, il n'y a pas à désespérer. En tant
que skippers, ils n'ont pas à fouiller les bagages de leurs passagers. Oui, mais là, il n'y a pas de
passagers à bord. Ils étaient prévus mais ne sont pas encore arrivés. Les deux français ont un mail
de International Sea Transport qui leur annonce l'arrivée de touristes, mais sans préciser le nombre
et la date. Et puis, il y a ses satanés paquets. Il va falloir prévenir le gouverneur qui leur a remis ses
coordonnées, ce qui fera peut-être réfléchir ce bouillant officier. C'est l'argument que tente de faire
valoir Antoine en brandissant la carte du gouverneur et en expliquant qu'il veut l'appeler. Il les
connaît et peut garantir de leur bonne foi...enfin s'il veut bien ! L'officier jette un vague coup d'oeil
sur le document qu'Antoine lui présente, hausse les épaules et le jette à terre. Bon, c'est mal parti. Il
ne leur reste plus qu'à attendre. Les policiers et douaniers entreprennent de sortir les sacs de la cale.
Cela semble ne plus finir, il y en a bien plus que d'habitude, se disent les deux hommes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Vous savez pour combien il y en a ? éructe le commandant en les menaçant du doigt.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Inutile de lui répondre qu'ils ignorent ce qu'il y a dans les sacs, il ne les croirait pas. Les
deux hommes ne pipent mot, préférant éviter la montée de la pression qui semble envahir l'officier
au fur et à mesure que sont extraits les paquets de la cale.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Des millions de dollars, oui des millions de dollars ou d'euros, comme vous voulez.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine sont de plus en plus inquiets. Ce ne sont pas des cigarettes, comme ils
aimaient à </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">le </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">croire qu'ils transportent. C'est de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">la </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">fausse monnaie ou ... Non, ils ne sont pas des
</span></p>
</div>
</div>
</div><div class="page" title="Page 15">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">narcotrafiquants, mais simplement des marins qui transportent des touristes et leurs bagages, pas
plus. La loi de la mer leur interdit de fouiller les affaires de leurs clients. Cette fois, il n'y a pas de
voyageurs, juste leurs bagages, enfin ce qui ressemble à leurs sacs habituels, qu'ils ont plusieurs fois
transportés. Cela risque de devenir ennuyeux.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Armé d'un couteau qu'il a sorti de sa poche l'officier en donne un grand coup dans un sac
d'où s'échappe une pluie de poudre blanche. Oula, ils sont mal partis.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors, vous savez ce que c'est ? demande le commandant en versant la fine poudre sur la
table devant les deux marins sidérés. Je vous surveille depuis quelque temps ! Vous en
avez fait des voyages avec ou sans touristes.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Non, nous avons toujours transporté des clients qui voulaient se rendre en Europe. Ce
sont leurs bagages que vous avez sortis de la cale. Nos passagers ont toujours leurs
papiers en règle, passeports, visas, vaccins.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vaccins ? Vous vous foutez de moi ? Où sont-ils, vos touristes parfaits ? Vous les
cachez car je n'en vois pas sur ce bateau. Je ne vois que vous et des centaines de kilos de
cocaïne.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne comprends pas, rétorqua Pierre. Notre employeur, que vous devez connaître,
International Sea Transport, nous a avertis que nous devons récupérer des clients
aujourd'hui ou demain pour une traversée. J'ai le message le confirmant si vous voulez le
voir.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et je suppose que ce sont leurs bagages qui les ont précédés ? Arrêtez de vous moquer
de moi. Vous, Européens, nous prenez souvent pour des imbéciles.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pas du tout. Nous ne faisons que du transport touristique. Cela fait plus de trois ans que
nous travaillons à Sainte Poésie. Nous y sommes résidents. Demandez donc au
gouverneur.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le gouverneur ? Bonne idée ! Vous allez le rejoindre à l'ombre du cachot où il se trouve
depuis hier. Il a commencé à parler. Vous pourrez compléter ses aveux, fort intéressants.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La surprise passée, Antoine fut le premier à se ressaisir.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Voulez-vous dire que vous allez nous arrêter ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui, comment appelle-t-on cela chez vous ? Garde à vue, voilà. Je vous mets en garde à
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vue pour narcotrafic. Immédiatement.<br />
D'un geste autoritaire, il demande à un de ses hommes de passer les menottes aux deux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">hommes qui, sans ménagement, sont extraits de la cabine du voilier, traînés sur le quai et en route
vers la Fortaleza qui sert de prison à Sainte Poésie. Une bâtisse historique dont Antoine et Pierre
n'apprécient pas vraiment en ce moment l'aspect de monument historique. Anita et quelques clients
se sont groupés à quelques mètres du quai, silencieux et n'osant s'approcher. On craint la police à
Sainte Poésie. Antoine aperçoit Yalisa qui arrive, un panier à la main. Il lui fait discrètement signe
de ne pas s'approcher. Elle le regarde presque peureusement de loin.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Arrivés dans la prison, les deux hommes sont brutalement délestés de leurs montres,
chaussures, porte-monnaies, papiers d'identité et de l'argent qu'ils possèdent. Quand le policier de
garde leur ôte leurs téléphones dont il admire les modèles récents et puissants, Pierre proteste
bruyamment.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Vous devez nous donner un reçu de tout ce que vous prenez.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous prenez-vous pour des voleurs ? Il est certain qu'à force de fréquenter des truands,
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">vous imaginez le monde à leur image. Je vais vous faire un reçu de tout ce que vous
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">déposez.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous voulons téléphoner à notre ambassade, poursuit Pierre.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">« Vous voulez » ? Mais vous n'avez rien à exiger, cher monsieur. Vous êtes passibles de
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">très longues peines, précédées d'interrogatoires pour nous décliner vos méthodes et vos
complices. Pour ce genre de délits, notre loi prévoit trois jours d'interrogatoire avant la
consultation d'un avocat que nous allons évidemment vous fournir. Je suis très légaliste,
vous vous en rendrez compte !
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><p>
</p><div class="page" title="Page 16">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous sommes étrangers et les lois internationales nous accordent le droit d'avertir et
d'être protégés par nos représentants diplomatiques. Si vous êtes féru de lois, vous le
savez.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bien sûr que je le sais. Je sais également que le trafic de drogue est puni dans tous les
pays et par toutes les lois.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous ne sommes pas des trafiquants, mais des marins dont on a abusé de la crédulité.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le commandant éclate d'un rire tonitruant qui se répercute dans toute la vieille forteresse. Il
se tape les cuisses et semble réellement hilare face à la réponse de Pierre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">— Votre crédulité ? Vous plaisantez, je suppose. Je n'aime pas qu'on se moque de moi. C'est
moi que vous prenez pour un clown naïf en essayant de me faire croire en votre innocence. De
simples marins qui baladent des touristes dans l'Atlantique ! Avec de très jeunes filles, également.
Voulez-vous que je rajoute le trafic d'enfants à vos charges d'accusation ? Vous promenez de plus
ou moins vieux messieurs accompagnés des fillettes à peine pubères, avec des montagnes de sacs
soigneusement emballés et vous ne savez rien, ni de vos passagers, ni de leurs précieux bagages. Ce
n'est pas de la naïveté, c'est de la bêtise, je dirais même de la connerie pure et dure. Arrêtez enfin de
me mettre dans une telle colère que je ne saurai me contenir, ni empêcher les questions violentes de
mes subordonnés qui ont parfois une certaine tendance brutale dans leurs interrogatoires. Ils ont été
bien formés, par vos propres forces de police et celles des États-Unis. D'ailleurs, j'ai eu du mal à les
arrêter avec le gouverneur contre qui ils se sont un peu fâchés. Une espèce de vengeance de classe
vis à vis d'un homme qui les a souvent traités avec une condescendance méprisante. Vous allez vous
en rendre compte par vous mêmes, vous logez dans la même cellule. Désolé de la promiscuité, mais
nous sommes un pays pauvre, avec certes parfois des dirigeants riches, mais une population souvent
miséreuse. Vous savez, Yalisa vous remercie pour les dollars que vous lui avez généreusement
donnés, ajoute-t-il en regardant Antoine, sa famille va pouvoir manger quelque jours ! </span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><p> </p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-9791936668765671272020-12-08T16:26:00.003-04:002020-12-08T16:26:43.483-04:00SKIPPERS EN POÉSIE ...Suite !<p> Bonsoir à toutes et tous !</p><p>Comme promis, suite des aventures des Skippers en Poésie ...</p><p>Chapitres 2 et 3.</p><p>Toujours le paradis, île douce, plage aux eaux claires, sable blanc, sensuelles demoiselles...</p><p>Bonne lecture !</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-xYKkct3Y5ufDMP3zg6E0SZpPUmqQRw715vLL1HzzgN4FdLEEz7Hz9-f5EUz12Gy8K4tP4tpUSCIXGQF_OZ7RmHNG7Uv3esnphG8wvx-WJYS57bMwIKGT0A3swl9tKY3Vx2UMeOTyOmI/s2048/IMG_1276+2.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="2048" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-xYKkct3Y5ufDMP3zg6E0SZpPUmqQRw715vLL1HzzgN4FdLEEz7Hz9-f5EUz12Gy8K4tP4tpUSCIXGQF_OZ7RmHNG7Uv3esnphG8wvx-WJYS57bMwIKGT0A3swl9tKY3Vx2UMeOTyOmI/s320/IMG_1276+2.JPG" width="320" /></a></div><div><br /></div>
<div class="page" title="Page 6">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">2
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Du bruit émerge de la cabine, lui indiquant que sa compagne d'un soir est réveillée. Il entend
des chocs de vaisselle. Elle doit être en train de dresser la table du petit déjeuner. Une bonne chose.
Il pourra peut-être la garder quelque temps. Il sait qu'il leur faudra revenir deux ou trois fois. Si elle
a une copine sympa, cela pourra faire l'affaire de Pierre, également. Bof, on verra bien. Une voix
douce l'appelle :
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Desayuno listo, mi amor !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À Sainte Poésie, on parle espagnol. Il s'y est remis facilement après ses études au lycée et les
quelques fois où il l'avait parlé, en vacances avec Isabelle ou lors de l'une de ses missions militaires
de par le monde . Sans répondre, il descend la petite échelle de bois qui mène à la cabine : la table
est mise, le café fumant, les toasts grillés, le beurre et la confiture prêts.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle est habituée aux étrangers, car ce n'est pas du tout le petit déjeuner traditionnel des
locaux. Elle a de l'expérience. Il ne s'attend tout de même pas à trouver dans un bar du port une fille
de la bourgeoisie locale ! Elle est d'ailleurs trop bronzée pour cela et elle lui évitera des
complications. Quelques dollars, quelques cadeaux lui assureront un séjour agréable.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il s'attable alors qu'elle le sert et lui fait signe de s'asseoir. Elle a revêtu sa petite chose de
dentelle qui ne cache pas grand-chose . Il va lui donner quelques billets pour qu'elle s'achète des
vêtements plus adéquats pour le bateau s'il faut qu'elle partage quelques jours avec eux. Il prend
doucement sa main, menue et tiède, et, galamment , y dépose un baiser. Elle le regarde, étonnée, et
ressemble alors à la petite fille qu'elle est encore. Quel âge a-t-elle ? À peine dix-huit ans ? S'il le lui
demande, elle lui répondra qu'elle est majeure, pour éviter les problèmes. Il est possible qu'elle ait
déjà deux ou trois enfants, certainement un conjoint qui s'est évaporé, une mère et une grand-mère à
charge. Furtivement, l'image de sa fille, Clara, traverse son esprit et se sauve bien vite, ne voulant
pas voir son père avec une gamine plus jeune qu'elle.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine espère l'arrivée de Pierre aujourd'hui ou demain. Il faut qu'il appelle Isabelle dans la
journée. Avec le décalage horaire, il </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">le </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">fera ce soir, quand elle sera de retour de cours. Il va occuper
sa journée à ranger le voilier et le bateau pour le chargement attendu. Il va envoyer la petite à quai
avec quelques dollars, une monnaie qui marche partout, pour qu'elle s'habille plus décemment et
qu'elle fasse quelques courses alimentaires. Sait-elle lire pour qu'il puisse établir une liste ? Sans
illusion, il sait qu'elle va en profiter pour effectuer quelques achats destinés à sa famille. Cela n'ira
pas chercher bien loin et, au regard de ce que va leur rapporter cette mission, il ne va pas pinailler
pour quelques billets. Leur dernier travail a été très généreusement rétribué. Ils les ont avertis que ce
serait au moins autant, sinon un peu plus cette fois. Pour un travail pas compliqué, peut-être pas très
moral. Mais où est la moralité dans le monde actuel ? Quand ils avaient mené des missions qui
aboutissaient à des dizaines, voire des centaines de morts, était-ce moral ? Il a encore en mémoire
ce garçonnet victime collatérale de l'explosion destinée à tuer un chef terroriste. L'enfant, il l'avait
croisé quelques minutes plus tôt, en passant devant la maison qui était visée. Il aurait voulu lui dire
de partir, de fuir, mais il ne pouvait pas, sous peine de mettre en péril la mission. Le regard un peu
mélancolique de ses grands yeux ourlés de longs cils revenait le hanter souvent. Quand ils étaient
venus vérifier la bonne exécution de la mission, il n'y avait plus à la place de l'enfant qu'un petit tas
sanguinolent et le bonnet qui protégeait sa tête dont il ne restait rien.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine se secoue pour chasser ces visions. Il avait fait son boulot, ce pour quoi il était alors
payé. C'est ce qu'il va faire maintenant : un travail pour lequel il est généreusement payé, et basta. Il
n'a jamais eu d'état d'âme. Ce qu'il est en train de faire, c'est pour Clara, Isabelle et lui, afin qu'ils
aient une vie tranquille, enfin, sans toujours compter, faire ce dont ils ont envie. Que Clara démarre
bien dans la vie. De toutes les manières, si Pierre et lui ne le font pas, d'autres le feront à leur place
et cela ne changera pas grand-chose au monde et à ses embrouilles. Ils sont maintenant trop engagés
pour faire marche arrière ! Et puis, se répète-t-il, comme pour s'autopersuader, ce n'est pas grand-
chose ! Un transport de marchandises dans de grands sacs, ils ont refusé les valises, cela porte
malheur sur un bateau ! Va donc savoir pourquoi ! Donc, Pierre et lui avaient demandé que tout soit
emballé dans de grands sacs. Ce qui a fait sourire leurs employeurs qui, satisfaits de leur travail,
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 7">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">n'ont pas rechigné et ont fait emballer les poches de plastique dans de grands sacs en toile épaisse et
totalement opaque. Cela fait le troisième transit qu'ils effectuent, une fois seuls, les deux autres
voyages avec deux passagers toujours les mêmes, des soit-disant hommes d'affaires qui veulent
profiter de la « croisière », disent-ils. Pour les surveiller ou pour voyager discrètement ? Pierre et
Antoine se sont interrogés, mais ont conduit sans rien demander les passagers et leurs bagages dans
le port qui leur a été désigné juste avant le départ, un petit port de Galice où on les attend. Le
débarquement s'est fait discrètement à la nuit tombée, le long d'un quai désert sinon les quelques
hommes qui ont accueilli avec forces embrassades leurs croisiéristes et se sont chargés des lourds
sacs rembarqués dans des camionnettes qui ont quitté rapidement le port sans autre contrôle. Leurs
passagers, très courtois, les ont salués et sont partis dans un gros quatre-quatre noir, accompagnés
de leurs jeunes compagnes.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le lieu où doit être débarquée la marchandise ne leur est indiqué qu'au dernier moment. De
même, ils ne savent pas s'ils seront seuls ou si des voyageurs les accompagneront. Sans importance
pour les deux marins. La seule chose dont ils ont la charge est de conduire le voilier à bon port,
enfin celui qu'on leur indiquera. Leur pouvoir de décision concerne la sécurité du bateau et donc
l'étude de la météorologie. À cet égard, ce sont eux qui décident du départ. Les prévisions
qu'Antoine a consultées sont excellentes pour la semaine qui vient. S'ils ne connaissent pas le lieu
exact de débarquement, ils savent qu'ils devront traverser l'océan Atlantique et peut-être, leur a-t-on
suggéré, passer le détroit de Gibraltar pour accoster dans un port méditerranéen.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine donne cinquante dollars à la jeune femme, qui lui dit se prénommer Yalisa. À ses
yeux écarquillés face au billet, il comprend qu'elle n'a pas du en voir souvent. Quand il lui donne la
liste des achats à faire, elle hoche la tête plusieurs fois sans qu’il sache si elle sait lire ce qu'il lui a
écrit. Il lui donne vingt dollars de plus en indiquant sa robe. Elle semble comprendre qu'il veut
qu'elle change de vêtement. Il se doute qu'elle va récupérer dans sa casita d'autres frusques et que
les vingt dollars et une partie des cinquante dollars vont nourrir sa famille pour quelques jours.
Qu'importe ! Pourvu qu'elle lui rapporte les bières, les légumes et les fruits frais qu'il souhaite. Elle
n'a pas l'air trop sotte et peut s'avérer une compagne agréable pour les quelques jours qu'ils devront
passer au port. Leurs employeurs les ont avisés que le départ ne se ferait pas avant le début de la
semaine prochaine . La marchandise ne serait pas prête avant. Y aurait-il des voyageurs ? Ils se sont
contentés de hausser les épaules sans répondre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine débarrasse deux des trois cabines pour d'hypothétiques compagnons de voyage et
surtout range la cale. Elle est assez grande mais il y a toujours des cordages jetés là, des cartons, des
objets inutiles. Ces missions sont l'occasion de faire le tri, car le bateau, dont les documents de
propriété sont aux noms de Pierre et d'Antoine, les deux marins en font aussi un usage personnel.
Antoine y a voyagé l’été dernier avec Isabelle, Clara et son compagnon du moment (ce n'est plus le
même, elle en a changé depuis), enfin, ils sont allés tous les quatre passer une quinzaine de jours
dans les îles grecques. Un voyage de rêve, d'autant plus que la paie de la précédente mission avait
été généreuse, ils ont pu profiter des meilleurs restaurants et Isabelle et Clara, des boutiques les plus
chics. Isabelle s'en est même inquiétée mais Antoine l'a rassurée en lui expliquant que les derniers
croisiéristes, très satisfaits, leur ont laissé des pourboires plus que royaux. Il n'est pas sûr de l'avoir
convaincue. Elle lui a rappelé que la prudence était une bonne conseillère et de rester attentif aux
missions qu'il acceptait. Il le sait, mais se doute-t-elle que ses anciennes missions militaires étaient
bien plus dangereuses et traumatisantes ? Il ne lui parle pas plus de son travail actuel que de ses
précédentes entreprises.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">À priori, Pierre et lui se contentent de transporter des touristes et leurs bagages. Il y a
l'aspect parfois bizarre des voyageurs, l'âge très jeune de leurs compagnes. Mais on est dans les
Caraïbes et cela est courant dans les mœurs locales. Ils ne vont pas devenir plus royalistes que le roi
et tenter de moraliser une société libertine . Certes, il y a les bagages qu'ils transportent parfois sans
leurs propriétaires. Ils sont déposés par des hommes de main que Pierre appelle des sicarios. À quoi,
ça ressemble, un sicario ? Il y a des mafieux qui paraissent bien sous tout rapport ! Les sacs
transportés sont bien clos, pèsent lourd, n'ont ni fuite ni odeur. Bien protégés par du papier kraft
épais et enveloppés dans des plastiques (au cas où ils tomberaient dans l'eau, lui ont expliqué leurs
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 8">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">employeurs), ils sont rangés dans la cale sans passer entre les mains des deux skippers qui se
contentent de vérifier leur emplacement pour ne pas nuire à l'équilibre du voilier . La cale est
ensuite refermée et n'est plus ouverte jusqu'à leur arrivée à destination, un petit port de plaisance
espagnol ou français, où des employés viennent les récupérer. Le tout se fait dans une grande
courtoisie, tant avec les voyageurs, qu'avec leurs commanditaires et leurs employés.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre et Antoine se sont bien posés quelques questions sur la nature de ces chargements, sur
les voyageurs, sur l'absence de contrôles, tant au départ de Sainte Poésie qu'à l'arrivée en Europe.
Pas de police, pas de douaniers. Pierre a déclaré qu'il y avait de nombreuses personnalités publiques
tant politiques que artistes ou hommes d'affaires, bref, la jet-set, pour qui les </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">contrôles </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont des
choses inconnues.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On ne se cache pas, renchérit Pierre. Sur le port, quand le chargement se fait, pour les
voyageurs comme pour leurs bagages, cela est fait en plein jour, publiquement. Les
autorités portuaires sont présentes.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Oui, confirme Antoine. Mais les autorités locales sont plutôt laxistes. Nous ne sommes
jamais contrôlés quant à nos permis ni nos passeports.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les policiers nous saluent de grands gestes. On partage parfois une bière avec eux. Ce
sont de braves gars.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Certainement arrosés par nos employeurs. Tu n'as jamais remarqué quelques enveloppes
données au milieu des accolades </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est de tradition. Et en Europe, nous n'avons jamais été ennuyés !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On débarque dans de petits ports, essentiellement de plaisance, où il n'y a pas de service
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">de douane ni de police, à peine une capitainerie tenue par un retraité qui échange de
larges poignées de main avec nos croisiéristes et avec les hommes qui déchargent la
cale.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Écoute, nous, on les transporte, avec leurs bagages. Un point, c'est tout. Nous sommes
en règle, nos voyages sont déclarés aux autorités portuaires. On n'a jamais eu de
contrôle. Le hasard ou la chance ! On ne fait rien d'illégal, sinon notre boulot de
skippers.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine hausse les épaules lors de ces discussions. Après tout, Pierre a raison. Ils sont juste
les transporteurs et ne sont pas censés vérifier les bagages de leurs clients qui leur donnent, comme
l'exige la législation maritime , leurs passeports qu'ils présentent au départ de leur voyage au port de
Sainte Poésie et à la capitainerie d'arrivée. Les autorités de ces petits ports y jettent un vague regard,
se contentant de tamponner ou pas le document présenté, tout en plaisantant avec les deux skippers.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il est évident que Pierre et Antoine se posent quelques questions. Ils se sont renseignés :
leurs employeurs ont pignon sur rue, favorablement connus dans le milieu des transports maritimes.
Mais la renommée n'est pas toujours fonction de l'honnêteté dans ce milieu , mais plutôt de la
fortune des entreprises. Celle-ci, nommée International Sea Transport, a un chiffre d'affaires à plus
de sept chiffres et existe depuis quelques années. Comme beaucoup de ce genre de boîtes et pour
des raisons fiscales, elle est domiciliée aux Îles Crocodiles, connues pour ses facilités
d'installations. Son bureau européen principal est à Genève, avec plusieurs filiales à Budapest,
Paris, Ankara et Monaco. Une multinationale...presque, enfin à tout le moins une firme
internationale ! Pierre et Antoine en ont rencontré deux dirigeants, l'un avec un fort accent
hispanique et l'autre, plus indéfinissable, du Moyen Orient peut-être, mais pas sûr . Le premier
voyage s'est fait sur le bateau qu'ils utilisent actuellement mais qui était alors toujours la propriété
de International Sea Transport, ou plutôt au nom d'un de leurs dirigeants, Marc Martin... un pseudo-
citoyen français, avec un nom pareil, c'était évident, domicilié dans un patelin paumé de Mayenne,
impossible à localiser sur une carte et que le GPS, curieusement interrogé par Antoine, présente
comme un hameau de quatre maisons, dont trois abandonnées. Jamais ils n'ont rencontré ce Marc
Martin (il y en a quelques milliers en France). Au deuxième voyage, leurs employeurs leur ont
proposé de prendre le voilier à leurs noms, arguant que ce serait plus simple pour les formalités
policières et douanières (si tant est qu'il y en eut!) et que Marc Martin était un vieux monsieur qui
préférait se débarrasser de ce bateau qu'il n'utilisait plus. Quelques dizaines de milliers de dollars,
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 9">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">voire plus tout de même. Antoine et Pierre ont hésité, pas longtemps, car leurs employeurs n'étaient
pas du genre à attendre . Plus qu'une proposition, leur offre était une obligation, qu'ils présentaient
comme une avance sur leurs contrats futurs et comme une preuve de satisfaction après leurs
premiers contrats. Ils n'ont jamais parlé de faire payer ce « cadeau » que les deux marins pouvaient
utiliser à leur gré pourvu qu'ils soient disponibles lors des contrats dont ils étaient prévenus peu de
temps à l'avance. Le transfert des documents du voilier se fit facilement, les autorités poésiennes se
félicitant d'avoir dans leurs résidents deux anciens officiers de la Marine Française. Il ne leur fut
guère demandé qu'une photocopie de leurs passeports pour établir les documents du bateau qui
désormais leur appartenait.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Les conditions tant matérielles que financières de leur nouvel emploi sont royales et firent
bien vite oublier les questions qui, au premier abord, les ont intrigués. Bonne paye, travail
tranquille, liberté ! Que demander de plus pour deux paisibles retraités ?
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 10">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">3
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine est seul sur le voilier. Yalisa est descendue à quai, munie de la cinquantaine de
dollars pour faire quelques courses. Le bateau oscille doucement, au gré des vagues qui viennent
mourir dans la marina où il est seul. Les autres bateaux sont la plupart du temps vides. Il est arrivé à
leurs employeurs d'y arriver par la mer, dans des vedettes puissantes, pour y déposer les touristes et
leurs bagages. Antoine attend Pierre qui doit arriver aujourd'hui d'Europe pour l'accompagner
durant cette mission. Il a atterri hier sur l'île voisine, dotée d'un aéroport plus important, et doit
prendre un petit coucou pour arriver à Sainte Poésie dans ce qui ressemble davantage à un
aérodrome d'aéroclub qu'à un aéroport, en dépit de la grande pancarte qui le désigne « Aéroport
International de Sainte Poésie ». Un bien joli nom pour une île héritée des flibustiers et des corsaires
qui ont écumé (et écument toujours !) les Caraïbes. La petite île commence à développer quelques
établissements touristiques destinés à de très riches clients, souvent américains, du nord ou du sud,
quelques russes et très peu d'Européens. Antoine et Pierre, lors de leur symbolique résidence à
Sainte Poésie, ont été invités par le gouverneur de l'île. Une invitation très formalisée, sur un carton
ouvragé et remis officiellement par un policier local en grand uniforme. Ils s'y sont rendus, difficile
de se soustraire à une telle cérémonie. Le buffet était coloré et appétissant, le champagne, le rhum et
le whisky coulaient à flot et les hôtesses, légèrement vêtues, des plus accueillantes. Une musique
caribéenne de fond rendait presque l'atmosphère irréelle.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">J'ai l'impression de me trouver dans un James Bond ! chuchota Pierre à l'oreille
d'Antoine, tandis qu'une très jeune callipyge s'accrochait comme une bouée à ses
épaules.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ne te pose pas de questions et profite, lui répondit Antoine. Un rêve tropical, bien payé
de surcroît, dont on aurait tort de se priver.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Le gouverneur a été des plus chaleureux, leur a glissé sa carte avec son numéro de téléphone
personnel et a précisé que l'île avait bien besoin de résidents sérieux et qu'il était prêt à accueillir
leur famille s'ils le désiraient. Pierre et Antoine acquiescèrent en souriant .
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Nous n'y manquerons pas. Ce sera avec plaisir que nous ferons découvrir votre paradis à
nos enfants, répliqua Pierre.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Après la cérémonie, Antoine demanda à son ami s'il était sincère quand il prétendait
accueillir en vacances ses enfants. Pierre éclata de rire.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Jamais, tu plaisantes. Une réponse de circonstance. C'est notre coin secret. Paradis ou
pas, je ne sais pas, mais il n'est pas question d'y venir en famille. Trop risqué !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu me vois soulagé. Risqué, dis-tu ! Tu le penses ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne crois pas aux miracles. La prise me semble trop belle. Je me suis renseigné.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Apparemment, tout est clean chez International Sea Transport . Mais des questions se
posent. Qui et que transportons-nous ? Crois-tu qu'on nous paie si généreusement pour
accompagner des croisiéristes lambdas avec leurs bagages ? Vraiment ? Nous ne
sommes pas tombés de la dernière pluie. Ils utilisent notre pseudo notoriété d'anciens
officiers sérieux et espèrent qu'ainsi nous n'attirerons pas l'attention des autorités, pas
très regardantes. Deux vieux baroudeurs, copains de toujours, qui ne veulent pas
raccrocher et qui sont contents d'engraisser leurs retraites plutôt minces. Contents de
reprendre la mer, de retrouver un peu de tranquillité loin de chez eux. Tu ne crois pas
que ces cadeaux, ces invitations, ces greluches qui nous tombent dans les bras sont
offerts sans contrepartie. Ils veulent juste que nous fermions les yeux, tout en sachant
pouvoir compter sur notre expérience de vieux loups de mer. Qui pourrait soupçonner
deux retraités de la Royale, aux excellents états de service ?
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine réfléchit.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Je ne vais pas faire ça jusqu'à la saint Glinglin. Quand j'aurai une somme suffisamment
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">rondelette, je m'arrêterai. Il faut que je termine les travaux dans notre maison, en ce
moment la piscine et le tennis. Isabelle pourra bientôt s'arrêter et Clara finit ses études.
Je compte lui acheter un petit appartement et ensuite, stop !
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 11">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ça dépend si tu veux acheter un appartement dans le seizième à Paris ou à Monaco ou au
fin fond de la campagne ! Et ta piscine, tu la veux olympique ou pour faire trempette ?
répliqua Pierre en riant. Mes projets ne sont pas les mêmes, liquider mes divorces avec
les prestations demandées par mes ex et leurs avocats. J'ai deux enfants et donc deux
pensions alimentaires. Ma progéniture s'attarde dans ses études. Donc toi comme moi,
on en a pour quelques années encore. Mais, tout ça, ils le savent !
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ? De qui parles-tu ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">De nos mystérieux employeurs. Ils savent pertinemment qu'on a encore besoin d'eux
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">pour quelque temps. Moi, tant qu'on ne nous demande pas davantage, ça me va très
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">bien... à condition qu'il n'y ait pas un grain de sable qui grippe l'engrenage.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu crois qu'il y a un risque ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">On n'a rien sans rien, tu le sais. Je pense que le système est bien rôdé et que les risques
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">sont limités, mais pas inexistants. On fait notre boulot correctement. Mine de rien, je me
renseigne auprès d'anciennes relations. Pour l'instant, pas de </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">nuages </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">en vue, je t'assure.
Je te préviendrai si j'apprends qu'il y a un problème en vue. Allez, viens, on en profite !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine a longtemps ruminé après cette conversation, un peu inquiet. Mais il sait pouvoir
compter sur Pierre, qui n'est pas une tête brûlée ni un casse-cou. Si un problème se profile, ils le
sauront à temps. Ils se sont souvent interrogés tant sur leurs voyageurs que sur les marchandises
transportées. Ils se doutent de la limite légale de leurs transports, même si officiellement, tout est
correct, passeports, visas, contrôles. Ils ont finalement opté pour une réponse qui les satisfait et leur
évite de s'interroger davantage : ils pensent transporter des cigarettes de contrebande, c'est la raison
pour laquelle les paquets sont si soigneusement emballés, pour éviter l'humidité. Leurs touristes,
toujours très polis et discrets sur leurs affaires, doivent être de riches personnages qui veulent
voyager discrètement avec leurs jeunes compagnes et débarquer en Europe sans être reconnus. Ils
n'ont jamais à transporter ni marchandises ni voyageurs lors des traversées en provenance d'Europe
vers la paradisiaque île de Sainte Poésie, les voyages </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">aller </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">se font seuls.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine s'est assoupi sur le bateau quand le bruit de pas sur le pont le réveille. Il se relève du
hamac qu'ils ont installé et aperçoit une silhouette qui vient de sauter à bord. Il reconnaît la
démarche décidée de Pierre, vêtu de son éternel jean et d'une chemisette blanche, mettant en valeur
sa silhouette athlétique et son bronzage. Un bel homme qui ne paraît pas avoir légèrement dépassé
la soixantaine. Il s'avance de sa démarche chaloupée, un sourire éclatant accroché aux lèvres.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Alors, flemmard, on bronze ? Et tout seul en plus.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils partagent une franche accolade, contents de se retrouver. Ils hésitent, par prudence, de
rester seuls à Sainte Poésie. Mais Pierre a été retenu en France par un rendez-vous médical et
Antoine, à la demande de leurs employeurs, a du arriver quelques jours auparavant. Il ne sait pas
vraiment pourquoi, car il n'a reçu ni </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">visites</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">, ni </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">marchandises</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">. Seuls quelques policiers en goguette
sont passés le saluer et s'enquérir si tout allait bien, en lui demandant si son ami allait bientôt
arriver. Il a répondu qu’il l'attendait incessamment. Cette réponse a paru satisfaire les militaires qui,
il l'a remarqué, jetaient de loin un œil sur le voilier. Quand il a interrogé le gardien du port, celui-ci
lui a répondu qu'il n'avait vu personne, et, après réception d'un petit billet vert, l'a rassuré d'un
sourire en lui précisant que tout allait bien et qu'il veillait au grain.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine se sent moins seul maintenant que Pierre est arrivé. Il faut qu'il arrête d’échafauder
des rêves délirants et inquiétants. Ils ne font que transporter des gens munis de toutes les
autorisations et la loi ne leur impose pas de fouiller leurs bagages, aussi imposants et encombrants
soient-ils. La police et la douane sont là pour ça. Tout est réglo. Mais la vieille morale judéo-
chrétienne et la méfiance traditionnelle de l'armée le rendent prudent à l'excès. De l'argent trop
facilement gagné, entend-il son père lui répéter, comme lorsqu'il était jeune, ce n'est pas normal.
Mais c'était une autre époque ! Isabelle a paru inquiète lors de leur dernier séjour en Europe. Elle se
doute sans doute de ses aventures, se dit-il, et en ressent une certaine jalousie. L'arrivée de Pierre le
sort de ses pensées pessimistes. Ils vont pouvoir travailler ensemble. La perspective de leur
prochaine transatlantique les réjouit. L'appel de la mer est toujours là, le plaisir de sentir le voilier
répondre à leur gouvernance, le silence de la mer , le ciel et l'océan comme seuls horizons. Pierre
</span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 12">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">dépose son sac et demande :
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Des nouvelles de notre prochain départ ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Rien de précis, dans les prochains jours, je suppose. Pour l'instant, ni </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">voyageurs</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">, ni
</span></p>
<p><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">marchandises</span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tiens donc, réplique en riant Pierre et passant la tête dans la porte de la cabine de son
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">ami. Une nuit accompagnée... Tu ne perds pas de temps ! Où l'as-tu cachée ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il faut bien s'occuper. Tu sais que je n'aime pas être seul quand on est au port. Je l'ai
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">envoyée faire quelques courses au village.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle va pouvoir nourrir sa famille. J'espère que tu n'as pas été trop généreux. Tu as
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">tendance à te faire avoir.
Antoine éclate de rire.
</span></p>
</li>
</ul>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tu ne vas pas pleurer pour quelques dollars. Considère cela comme une bonne action.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Elle va nous rapporter des fruits et des légumes frais. Il va falloir que l'on fasse quelques
provisions avant de partir. Encore faut-il connaître notre date de départ et si nous aurons
des touristes pour ce voyage. Les flics sont passés nous faire un petit coucou.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre s'arrête de disposer ses affaires dans la cabine et se relève brutalement.
</span></p>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Que veulent-ils ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Rien de précis, juste nous saluer. Ils m'ont demandé quand tu serais là.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bizarre ! Cela ne s'est jamais produit. Tu as vu avec le gardien ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il m'a répondu qu'il n'y a rien de spécial. Ils sont venus chercher un petit bakchich que je
leur ai donné. C'est bientôt le carnaval et ils ont besoin d'argent. Il n'y pas de quoi
s'inquiéter.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Pierre ne semble pas très convaincu et hoche la tête, dubitatif.
</span></p>
</li>
</ul>
<ul style="list-style-type: none;">
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ouais ! Espérons. Je les sens un peu inquiets ces derniers temps.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Qui donc ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">International Sea Transport. Leurs demandes manquent de précision. Ils ne nous ont fait
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">jamais attendre ainsi au port. Leurs missions sont nettes et sans fioritures, date et lieu de
départ et d'arrivée, nombre de voyageurs. En ce moment, c'est plus flou. Mais tu as sans
doute raison, je suis inutilement inquiet.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bon, des nouvelles de ta santé ? Que t'a dit le cardiologue ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">C'est reparti pour vingt ans encore.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il ne t'a pas dit davantage ?
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Bof ! Doucement sur l'alcool, les gros cigares cubains et les petites beautés tropicales.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La norme à notre âge, quoi. C'est certainement la même chose pour toi. On va manger
sur le port. Je rêve de poisson frais. Au fait, tu as raison, je me suis habitué aux voyages
en classe Affaires. J'ai dormi comme un loir et me sens en pleine forme, sans souffrir du
décalage horaire. Ce sont de bons employeurs, qui nous traitent très respectueusement.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ils ont besoin de nous.
</span></p>
</li>
<li>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Et nous d'eux. Allez, on y va. </span></p>
</li>
</ul>
</div>
</div>
</div><p><br /></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-14876930722353904742020-12-06T13:22:00.002-04:002020-12-06T13:22:22.048-04:00Skippers en Poésie !<p> <span style="font-family: verdana;"><u>Aventures tropicales !</u></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><u><br /></u></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i>Pour oublier l'hiver et la morosité ambiante ...</i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i>Je vous invite durant quelques jours à partager quotidiennement les aventures tropicales de deux skippers qui vont découvrir le paradis et l'enfer d'une île tropicale au nom si plaisant </i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i>SAINTE POÉSIE</i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i>Je mettrai à votre disposition tous les deux jours un chapitre de mon livre.</i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i>Mon cadeau de Noël !!!</i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i>Bonne lecture</i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"><i><a href="https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES-ebook/dp/B08CCFSJ9G/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=Skippers+en+poesie&qid=1607275083&sr=8-1">https://www.amazon.fr/SKIPPERS-PO%C3%89SIE-AVENTURES-M%C3%89SAVENTURES-TROPICALES-ebook/dp/B08CCFSJ9G/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=Skippers+en+poesie&qid=1607275083&sr=8-1</a></i></span></p><p><span style="font-family: verdana;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: verdana;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinYwqgwflbahhkcR-aIsZqNfrVrq0q9hIFYGtlVSx8m49etIfTOlTXBkzNWrI_n1s1jCEptPbcLMMstI65rI41kMPUzpxS5lh9rMR6cSzuX9ZMqgYNkco34P07LtRo8H8PNHTLiF_iGzQ/s2048/IMG_4750.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinYwqgwflbahhkcR-aIsZqNfrVrq0q9hIFYGtlVSx8m49etIfTOlTXBkzNWrI_n1s1jCEptPbcLMMstI65rI41kMPUzpxS5lh9rMR6cSzuX9ZMqgYNkco34P07LtRo8H8PNHTLiF_iGzQ/s320/IMG_4750.jpeg" /></a></span></div><span style="font-family: verdana;"><br /><i><br /></i></span><div class="page" title="Page 2"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 12.000000pt; font-style: italic; font-weight: 700;">ROMAN D'AVENTURES TROPICALES
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 3">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPS'; font-size: 12.000000pt; font-style: italic; font-weight: 700;">héloïse shaylah
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 4">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">1
</span></p>
</div>
</div>
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ça tangue légèrement. Antoine se réveille en grommelant. Est-ce le rhum ? Le roulis ? Un
peu des deux. Il ouvre les yeux, les cligne en se demandant où il peut bien se trouver. En tâtant de
sa main gauche, il sent une forme chaude. Bien éveillé, il tourne la tête et aperçoit une tignasse
brune frisée qui repose sur l'oreiller. En descendant son regard, il se trouve face à une forme
gironde, comme il les aime, couleur pain brûlé, tiède et douce au toucher, qui réagit insensiblement
à ses caresses. La mémoire lui revient. Il a passé une soirée sur le port et c'est bien sur son bateau
qu'il se trouve. L'alcool qu'il a ingurgité doit aider certainement au mouvement du lit. La jolie et
jeune créature qui partage sa couche, il l'a levée dans un bar où il a éclusé de nombreux verres,
rhum, bière, whisky et il ne sait plus quoi encore. Son retour sur le voilier lui apparaît comme une
réalité brumeuse . Il s'appuyait sur sa compagne qui l'a mené jusqu'à la grande couchette. Ce qu'il a
fait ensuite ? Il ne sait trop. Ce qu'il constate, c'est que </span><span style="color: rgb(100.000000%, 0.000000%, 0.000000%); font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">la </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">jeune créature et lui sont nus comme des
vers. De là à penser qu'ils ont conclu !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Il ferme les yeux pour rétablir l'équilibre dans sa tête, respire fort et entreprend de se lever.
Plus facile à penser qu'à faire... Mais en y allant doucement et prudemment, il parvient à se dresser
sur ses jambes. Il regarde autour de lui. Des vêtements épars, sa chemisette, son bermuda, son
caleçon, et une petite chose en dentelle qui doit être le vêtement de sa compagne de lit.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'OpenSymbol'; font-size: 12.000000pt;">— </span><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Tiens, se dit-il, elle ne portait rien dessous. Possible, c'est plus rapide !
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Ses souvenirs n'entrent pas dans ces détails. Il s'ébroue, plus comme un vieux chien qu'il est
devenu que comme un jeune chiot qu'il n'est plus depuis longtemps. La mémoire lui revient. Il se
dirige d'un pas presque ferme vers le coin cuisine et entreprend de se préparer un café. Tout en
entendant le liquide chaud et noir passer à travers le filtre, il se hisse sur le pont où l'air à peine frais
achève de le réveiller. Le paysage est merveilleux. Il est accosté dans une marina aux eaux
turquoises translucides. Peu de bateaux amarrés autour de lui. Un autre voilier et quelques bateaux
dotés de gros moteurs destinés à survoler l'eau à toute vitesse pour semer les bateaux suiveurs.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">En dépit du paysage féérique, ce ne sont pas vraiment des vacances. Il lui est possible de
mêler les deux, mais il ne doit pas oublier l'essentiel de sa mission. Il s'étire paresseusement : pour
l'instant, son boulot est d'attendre qu'on le contacte. Il n'est là que depuis trois jours. Pierre doit le
rejoindre incessamment . À deux, ce sera plus facile, le bateau est suffisamment grand avec ses trois
cabines. Cela fait longtemps qu'ils bourlinguent ensemble. Ils en ont connu, des aventures. Celle-ci
n'est pas des plus difficiles et, pour lui, ce sera une des dernières. Encore deux ou trois voyages et
ce sera bon. Pierre pense comme lui. Ne pas trop tenter le diable.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Antoine pense à sa maison construite et enfin payée. Ce voyage achèvera de lui payer la
piscine et le tennis, tant réclamés par sa femme et sa fille dont les études se terminent. Il espère avec
les prochaines missions lui acheter un studio où elle pourra s'installer. Lui n'a pas eu autant de
confort quand il était jeune, un petit deux pièces dans une barre de banlieue qu'il partageait avec
Isabelle et qu'il payait grâce à sa solde de militaire marin. Isabelle terminait ses études et faisait des
petits boulots pour joindre les deux bouts. Quand elle s'est retrouvée enceinte, elle a réussi à
décrocher un poste de professeur de français dans une école privée, de bonnes sœurs, où elle est
finalement restée. Leur situation s'est peu à peu améliorée. Ils ont acheté un appartement plus grand
dans un quartier moins populaire, puis une vieille maison , retapée pendant leurs vacances. Sa solde
s’améliorait, tout comme le salaire d'Isabelle, mais il fallait tout de même faire attention. Certes, ils
n'avaient pas à se plaindre. Avant même de prendre sa retraite, que l'Armée lui accorda encore jeune
et en forme, il s'était dit qu'il ne pouvait pas se retirer de la vie active. Isabelle en avait pour
quelques années et il ne se voyait pas en homme de maison. Il avait cherché, quelques mois, et était
tombé sur cette boite de navigation qui recherchait des marins d'expérience, si possible d'anciens
militaires. Il avait postulé, après tout, il avait dirigé plusieurs navires, et après quelques entretiens,
on lui avait proposé un boulot de skipper sur un voilier. Il y avait un certain temps qu'il n'avait pas
navigué sur des voiliers, mais il en avait une bonne expérience. Face à l'inquiétude d'Isabelle, il a
répondu que c'est comme le vélo, cela ne s'oublie pas. Il a, pour se replonger dans la voile,
</span></p>
</div>
</div>
</div>
<div class="page" title="Page 5">
<div class="layoutArea">
<div class="column">
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">accompagné quelques croisières en Méditerranée et une traversée transatlantique vers les Antilles. Il
a vite retrouvé son assurance, ses gestes et c'est avec plaisir qu'il a pris ses nouvelles fonctions qui
consistent essentiellement à accompagner de riches oisifs dans des voyages qu'ils n'osent faire seuls.
Il y a parfois un accompagnateur à bord pour les servir, les guider. Antoine et Pierre se contentent
de l'aspect navigation et n'hésitent pas à demander à leurs hôtes une petite aide de temps en temps,
ce qui leur donne l'impression de participer à la navigation. Le salaire est très intéressant,
accompagné de primes substantielles, le tout versé sur une banque étrangère, les paiements sont
réguliers. Antoine a vite pris l'habitude de ne pas trop s'interroger sur ses « invités », sans s'attarder
sur le très jeune âge des demoiselles, ni sur les volutes de fumée douceâtre de certaines cigarettes ou
sur les poussières blanches qui traînent sur les tables. Il faut vivre avec son temps et accepter de
fermer les yeux sur quelques extravagances de ses riches clients.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">La place est bonne et il y a entraîné Pierre, son ami de toujours, avec qui il a partagé l'armée
et tant d'aventures. Il ne lui a pas caché grand-chose des voyages qu'on leur demande
d'accompagner, ce qui n'encombre pas Pierre, à la recherche lui aussi d'un complément à sa retraite
qu'il considère comme insuffisante pour payer les pensions alimentaires auxquelles ses deux
divorces le contraignent, et vivre aisément, sans trop compter ses dépenses. Ils ont tellement vécu
d'horreurs durant leurs missions militaires qu'ils ne s'offusquent pas de ce qu'ils voient.
</span></p>
<p><span style="font-family: 'TimesNewRomanPSMT'; font-size: 12.000000pt;">Mais cette mission-là est un peu différente, comme les deux ou trois précédentes d'ailleurs,
très, très bien payées. Peut-être même qu'ils pourront s'arrêter après !
</span></p>
</div>
</div>
</div><br /><p></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1160329347809157774.post-14121939543421461572020-10-10T11:34:00.001-04:002020-10-10T11:34:27.426-04:00<p> BONJOUR à toutes et à tous !</p><p>On peut se retrouver demain au salon ...maintenu ! des</p><p> LIVRES EN VADROUILLE</p><p>Je vous joins le menu et le plan. </p><p>En espérant vous rencontrer le 11 Octobre 2020.</p><p>Bon week end à vous.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO0MhwgIvF4T5aKA8aZ6wZk4vHsiOHA_y8eD7YDYO_ME21L__m0dA0NQmTuWEPIMsYhyphenhyphenKoyji7vvPGyOeps7GH4j8-enRtYVL0dBhsx-TWH_7IVpkgpNkGNbf4SgZGp0EA46A53TlSSPA/s2000/Copie+de+Des+livres+a%25CC%2580+la+maison%25282%2529.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2000" data-original-width="1414" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO0MhwgIvF4T5aKA8aZ6wZk4vHsiOHA_y8eD7YDYO_ME21L__m0dA0NQmTuWEPIMsYhyphenhyphenKoyji7vvPGyOeps7GH4j8-enRtYVL0dBhsx-TWH_7IVpkgpNkGNbf4SgZGp0EA46A53TlSSPA/s320/Copie+de+Des+livres+a%25CC%2580+la+maison%25282%2529.png" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFJBpmAl2FrZQL53ET4JuaYwz_PFWoU8sBLWKnFrqO2qAsdJ6QjIxytNcTRpri88LzS6g_CdKg0IiKOSko0f3zP6qqoLfrnUm3dZcp0Yb1RkCsMFgfUMM-iHe6a9ltjK5hxgsNmC4dqs8/s2000/Changement+de+lieu+pour+le+salon+du+livre+LIVRES+EN+VADROUILLE+2020-1.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1414" data-original-width="2000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFJBpmAl2FrZQL53ET4JuaYwz_PFWoU8sBLWKnFrqO2qAsdJ6QjIxytNcTRpri88LzS6g_CdKg0IiKOSko0f3zP6qqoLfrnUm3dZcp0Yb1RkCsMFgfUMM-iHe6a9ltjK5hxgsNmC4dqs8/s320/Changement+de+lieu+pour+le+salon+du+livre+LIVRES+EN+VADROUILLE+2020-1.png" width="320" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgImUeDMT7epTM9wGsrUtzX2nvTZ9TYl17915eGUqCAsS9jSHF1LQ4P3VZLsjk5_FYqi_FRFCzgRN7JEfnkTI8jmJ45F-fnT9vE-Td1VVWg4SNVRObNFR6fumJA-LZJoXMbNU2Ake886Ps/s2000/Quibou.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2000" data-original-width="1414" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgImUeDMT7epTM9wGsrUtzX2nvTZ9TYl17915eGUqCAsS9jSHF1LQ4P3VZLsjk5_FYqi_FRFCzgRN7JEfnkTI8jmJ45F-fnT9vE-Td1VVWg4SNVRObNFR6fumJA-LZJoXMbNU2Ake886Ps/s320/Quibou.png" /></a></div><br /><p></p>DOMINIQUEhttp://www.blogger.com/profile/18336351145095085542noreply@blogger.com0