lundi 23 janvier 2017

Un été criminel

Comme promis, en version livre broché

https://www.amazon.fr/UN-%C3%89T%C3%89-CRIMINEL-Dominique-VIETTI-LETOILLE/dp/1520426194/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1485182079&sr=8-1&keywords=vietti-letoille

La couverture!




Un nouvel extrait :

"-C’est une fort belle maison, qui a été, m’a-t-elle affirmé, récemment restaurée.
-Les gens parlent, parlent… sans vraiment connaître la réalité.
-Ce n’est pas bien méchant, ce que m’a raconté cette enfant.
-Pourquoi raconter quand on ne sait pas ? Que vous a-t-on dit ?
Gabrielle est étonnée de l’agressivité du ton.
-On a dû vous raconter des histoires abracadabrantes concernant l’ancien propriétaire, un vieux cousin que j’ai dû voir une ou deux fois dans ma prime jeunesse.
-Simplement que c’était un gentil original, un peintre, qui a surtout résidé dans la maison à la fin de sa vie. Il y venait avec d’autres amis artistes. Ma petite amie était très fière de me dire qu’elle avait posé pour un tableau d’un de ces peintres qui le lui avait offert. J’en ai profité pour lui donner une petite leçon de géographie en lui expliquant où se trouvait Haïti, ce qu’elle semblait ignorer complètement.
-Il y a longtemps que nous ne sommes plus la perle des Antilles. On parle de nous depuis le séisme de 2010…pour nous plaindre. On s’est alors rendu compte que nous existions et parlions, enfin pour certains d’entre nous, français. Mes ancêtres sont venus de France il y a quelque deux ou trois siècles, mais nous continuons à nous sentir français par certains côtés. Nous nous sommes toujours attachés à parler français, nous avons entretenu des relations avec nos lointains cousins de métropole. Comme la loi nous y autorise, ma famille et moi avons la double nationalité. C’est d’ailleurs comme cela que nous nous retrouvons les héritiers de cette maison. Nous avons toujours fait des séjours, même brefs, en France, et une partie de nos études.
-Vous aussi ?
Il hésite et continue :
-J’ai fait ma spécialité de médecine à Paris. Mais il y a longtemps que je n’exerce plus. Nous ne  nous sommes pas mélangés, poursuit-il assez abruptement.
-Mélangés ? s’étonna Gabrielle.
-Nous sommes restés blancs, voyez-vous.
-Le métissage est une source d’enrichissement humain.
-Cela dépend.
La réponse, très sèche, fait comprendre à Gabrielle que c’est un sujet à ne pas aborder avec cet homme qu’elle ne connait pas et qui semble très arrêté dans ses convictions. Elle n’a nulle envie de polémiquer dès son arrivée. Il paraît très ancré dans ses convictions. 
-Vous étiez à Haïti lors du tremblement de terre qui a frappé l’île ?
-Oui, nous étions dans notre maison de Port-au-Prince. J’ai perdu ma femme. Notre demeure n’a pas été touchée, mais ma femme travaillait dans un hôpital qui s’est effondré. Elle a été ensevelie sous les décombres…avec les autres, enfin avec ceux qui ont disparu. Certains ont survécu, plus de chance, sans doute, pas toujours les meilleurs.
-Il n’y a pas de loi dans ces catastrophes, juste la fatalité, le hasard. Votre femme était médecin ?
-Elle était psychologue et travaillait dans un hôpital pour enfants. Elle voulait aider les plus défavorisés. Si elle s’était trouvée dans un bâtiment convenablement construit, cela ne serait pas arrivé.
-Les images ont montré que le palais présidentiel et la cathédrale se sont effondrés. Vous avez eu de la chance que votre maison supporte la secousse."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire