samedi 15 décembre 2018

EXTRAIT "LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ"

Il faut le saisir quand il passe, le bonheur!
Il est tellement éphémère, capricieux, fantasque...
Il ne faut jamais désespérer.

Jihane est la preuve qu'avec beaucoup d'amour, de caractère, de volonté, on peut changer son destin et transformer la petite bonne méprisée et humiliée en une femme forte, éduquée, aimée et aimante.

Voici le début de mon dernier roman

"LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ"

Pour vous donner envie de le lire, de vous y plonger, d'y rêver...

Je vous souhaite une bonne lecture et un agréable week-end !


Elle ouvre les yeux. Depuis combien de temps les tient-elle fermés ? Depuis quand ne regarde-t-elle pas ? Depuis quand ne la regarde-t-on pas ? Depuis toujours, autant qu’elle s’en souvienne.

Des souvenirs, en a-t-elle ? Ils affluent en masse, en désordre, se mélangent, s’échappent, reviennent, s’imposent. Elle ne sait plus où elle en est, ils l’envahissent jusqu’à l’étouffement, puis disparaissent, la laissant vide, vidée, sans pensée, tel un vieux sac jeté là parce que désormais inutilisable, inutilisé, inutile.Que préfère-t-elle, le néant ou la profusion ? Si elle pouvait faire le tri, comme les déchets, la poubelle jaune pour les papiers, la verte pour le végétal, la bleue pour le verre, la rouge pour tout le reste…Non, la bleue pour les papiers, à moins que ce ne soit la jaune…Elle ne sait plus, tout se mélange. D’ailleurs, sa vie, c’est un récipient pour le tout-venant. À elle de faire le tri. On n’a jamais fait grand- chose pour elle. Cela fait si longtemps qu’elle se débrouille toute seule. Elle est organisée, maintenant, raisonnable, sans illusion, pratique. Donc, première question : où est-elle ? Depuis combien de temps ? Pourquoi? Non, une chose après l’autre. Tout d’abord le lieu. On verra le reste ensuite.

Tout est blanc et noir autour d’elle. Aurait-elle perdu la vision en couleurs ? Le lit avec des barreaux blancs, les draps immaculés comme les murs, un fauteuil en pseudo cuir noir, une table blanche et un plateau noir posé dessus. Et cette odeur, mélange de javel, de désinfectant et de désodorisant parfumé. Elle connaît ! Toute sa vie, elle en a nettoyé des kilomètres carrés de sol avec ce mélange qui l’écoeure et lui donne envie de vomir. Mais où est-elle donc ? Que fait-elle dans ce lit, allongée? Pour une fois qu’elle se repose, elle pourrait presque en profiter sans s’interroger. Tiens, c’est ce qu’elle va faire. Elle se tourne sur le côté pour s’endormir un peu. Mais qu’est-ce qui la gêne au bras ? Elle regarde son bras et voit ce qu’elle n’avait pas encore remarqué. Un petit tube en plastique transparent fiché dans sa peau qu’il semble transpercer. Elle suit du regard le petit tuyau de plastique qui mène à une poche transparente remplie d’un liquide d’une couleur un peu jaunâtre et suspendue à un crochet métallique. Elle se souvient avoir vu ce genre d’installation dans les feuilletons, surtout les séries américaines, où les personnages hospitalisés sont ainsi reliés à des machines ou à des distributeurs, comme elle les appelle. Soraya avait les mêmes lorsqu'elle s'est blessée. Elle - même n'a jamais été hospitalisée, elle a une santé de fer, jamais malade, ni rhume, ni mal au ventre. Toujours solide!  Quand elle a accouché, cela s’est fait dans une belle clinique! Ce n'est pas une maladie. Elle préfère oublier cet épisode. Elle se trouve donc à l’hôpital. Mais pourquoi ? Que s’est-il donc passé ? Si elle pouvait se souvenir, rien qu’un peu. Mais, non, toujours ce fouillis dans sa tête, elle a l’impression que son cerveau déborde et s’apprête à exploser…

Elle essaie de réfléchir calmement. Première question résolue : elle est vraisemblablement dans un hôpital. Deuxième problème à résoudre : pourquoi ? Réponse évidente: elle doit être malade. Mais malade de quoi ? Cela doit être assez grave pour que « sa »maladie nécessite une hospitalisation. Mais quelle est sa maladie ? Qui impose une perfusion, de plus. Et dans quel hôpital se trouve-t-elle ? Comme elle n’en connaît aucun, cela finalement importe peu. Mais tout de même, elle aimerait bien savoir où elle se trouve précisément et pourquoi.
Quel jour est-on ? Quelle heure est-il ? Plus de montre au poignet qui lui aurait indiqué le jour et l’heure. Mais…Elle n’a plus aucun bijou. Ce n’est pas qu’elle en ait eu beaucoup. Mais ses bracelets en argent qu’elle porte depuis son enfance sans jamais les avoir ôtés, ses boucles d’oreilles, de tout petits anneaux d’or pour lesquels elle a économisé avant de pouvoir se les offrir. Plus rien. Elle se sent nue.
Elle se rend compte alors qu’elle porte une chemise bleue qu’elle ne connaît pas. Il y a quelque chose de brodé au niveau de la poitrine, qu’elle n'arrive pas à lire à l'envers.
Elle essaie de rassembler ses souvenirs, des brides s’accrochent à ses pensées, elle remonte de plus en plus loin dans le temps, elle ferme les yeux, et se souvient, se souvient. Des images se succèdent, s’entrechoquent, se remplacent. Difficilement, elle y met un semblant d’ordre. Elle pense, elle s’endort, elle rêve…


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mercredi 12 décembre 2018

LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ !

Voilà, chose promise, chose due....

Mon dernier roman est disponible sur Amazon.

LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ

D'ici quelques jours, la version brochée.

Partagez la douce histoire de Jihane, petite bonne marocaine, et de Soraya, la petite-fille atteinte du syndrome de Down, liées par un amour indéfectible .

Leurs aventures, parfois plaisantes, parfois dramatiques, vous feront sourire, pleurer, réfléchir, rêver.

N'hésitez pas à les lire, les offrir, les partager.

Merci à vous.

Cliquez sur le lien


https://www.amazon.fr/BONHEUR-QUAND-EST-L%C3%80-ebook/dp/B07L9FL63K/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1544623200&sr=8-1&keywords=le+bonheur+quand+il+est+l%C3%A0


mercredi 28 novembre 2018

NOUVEL EXTRAIT !

Bonsoir à tous,

Mon nouveau roman avance, lentement, mais sûrement. Je m'achemine vers la fin dont le tracé est bien en place dans mes pensées.
Il ne reste qu'à les mettre en mots et en écriture !
Le titre est presque décidé. J'y réfléchis encore et je vous le livre bientôt...
Seule la couverture reste encore floue. J'y pense et j'attends le déclic!

J'espère que ce nouvel extrait vous plaira et vous donnera envie d'en savoir plus, bientôt.

Bonne lecture.




— Amir revient?
C'est une question, car elle n'a pas la véritable notion du temps qui est passé depuis notre départ.
— Oui, il sera là dans deux jours.
— Deux? interroge - t - elle en avançant deux doigts de la main gauche qu'elle tend devant elle.
Armelle a commencé à lui apprendre à compter et les leçons ont bien porté. Je hoche la tête. Elle est contente de ma confirmation et commence à se trémousser de joie. Elle est sincèrement contente et je recommence à craindre le retour de cet enfant imprévisible qui est le mien.
Nous partons tôt dans la mâtinée et arrivons dans le petit village du restaurant de Cathy vers onze heures. Cela nous laisse le temps de discuter et pour Soraya, le loisir de s'amuser dans le jardin avec les animaux qu'elle adore et qui le lui rendent bien. Jim et Kit se dégourdissent les pattes lorsque nous nous promenons toutes les trois près du torrent, Soraya étant restée sous la surveillance de la serveuse. Cathy est déçue de ne pas nous garder quelques jours et nous fait promettre de revenir en vacances.
— Un peu de détente vous ferait du bien autant que moi, j'apprécierai votre compagnie. Je n'ai pas souvent l'occasion de voir des amis me rendre visite .
— Et ton copain, le muezzin?
—Lui, oui, je sais que je peux compter sur lui. Mais je me vois mal lui faire des confidences…féminines, répond - elle en riant.
Sous son apparence décontractée et ses grands éclats de rire et de voix, je sens une femme blessée par la vie, qui a besoin de parler, de se confier. Elle regarde des enfants qui jouent à s'éclabousser dans le cours d'eau avec nostalgie.
— Ils ont de la chance, mais ce n'est qu'éphémère. Qu'ils en profitent avant que la vie ne leur joue ses mauvais tours habituels.
Je la trouve encore plus pessimiste que moi, plus douloureuse. 
Sa tristesse s'efface aussi rapidement qu'elle est arrivée et son masque de femme dynamique, souriante revient vite. Elle nous propose, comme à des enfants, de faire la course pour retourner au restaurant et c'est, échevelées et essoufflées, que nous parvenons dans le petit jardin, joyeuses, devant le regard étonné de Soraya et des clients. Nous sommes redevenues les petites filles insouciantes que nous avons été il y a si longtemps et ça fait du bien. Ce sera certainement moins drôle, mais je décide que je vais me mettre à courir avec mes deux chiens lors de notre retour en ville. Cela nous sera profitable à tous les trois. 
Le repas, toujours succulent, est pris dans le brouhaha du restaurant rempli pour ce midi par un groupe de touristes espagnols.
— Les affaires marchent bien, fait remarquer Armelle.
— Je n'ai pas à me plaindre. On s'en sort bien. Cela va sans doute me permettre de prendre des vacances bientôt.
— Où comptes - tu aller?
Cathy nous regarde sans répondre quelques secondes.
— Loin, très loin. Peut - être en Inde!
— Vas - tu revenir? s'inquiète Armelle.
Elle sourit un peu mystérieuse et, souriante:
— Sans doute, à moins que je ne tombe sous le charme d'un beau maharadjah.
Nous éclatons de rire et tentons de décrire le beau maharadjah qui pourra la séduire.


 Grand, beau, ténébreux, tendre, jeune, généreux…
— Riche, avec une aigrette et des diamants. Je vous inviterai dans mon palais.
Les petites filles que nous sommes redevenues, commencent à rêver sous le regard surpris de Soraya qui nous demandent si elle pourra venir avec nous chez le beau monsieur. Nous la rassurons et lui promettons de l'emmener avec nous.
C'est sur cette note qu'on quitte Cathy qui nous laisse partir avec regret, avant de retourner s'occuper de ses bruyants visiteurs.





mardi 20 novembre 2018

LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ !

Bonjour, mes amis!

Je vous propose un extrait de mon roman en cours dont le titre n'est pas complètement défini.
J'avais, dans un premier temps, pensé à un titre dont le pessimisme m'a finalement interpelée.
"Une vie échouée"
Au fur et à mesure que j'avançais dans l'écriture, un autre titre, totalement différent, complètement à l'opposé, s'est imposé:
"Le bonheur quand il est là"
Car, même dans le pire des cas, on arrive toujours à trouver des instants magiques et partagés.

Le fil rouge de mon histoire est tracé, mais j'ai toujours des digressions qui interviennent, des personnages qui s'invitent, des situations qui changent, tout en respectant la ligne directrice.

Voilà ce que je vous propose. ce n'est qu'un premier jet, relu rapidement, pas encore corrigé par ma correctrice préférée, Catherine, à qui je dois envoyer une version déjà relu et que je remercie infiniment pour sa patience, son objectivité et son affectueuse amitié. Si elle lit cette petite chronique, elle se reconnaîtra.
Je n'ai pas choisi une couverture et n'en ai qu'une vague idée. La photo que je vous suggère pour rendre mon extrait plus attractif n'est qu'une esquisse.
Je compte sur votre indulgence...et votre curiosité!
Merci à tous.

EXTRAIT 

LE BONHEUR QUAND IL EST LÀ


J'expédie ensuite rapidement le nettoyage de la cuisine, tout comme je ne m'attarde guère pour le ménage. Je profite de ces moments de vacances pour lire, maintenant que je sais, écouter de la musique et me promener. Je ne sors jamais seule, toujours  accompagnée de mon bébé et suivie comme une ombre par mes deux chiens.
Alors que nous marchons les pieds dans l'eau fraiche (je fais très attention car je ne sais pas nager et redoute les vagues pour moi comme pour mon bébé), Jasper et Jim s'ébrouent dans l'océan. Ils nagent, plongent et semblent heureux de leur liberté, tout en nous surveillant du coin de l'oeil. Je les vois aux aguets dès qu'un promeneur nous croise. La taille de Jasper et les aboiements de Jim ne tolèrent aucun étranger. Ils apprécient modérément l'intrusion de Paul qui, au bout de quelques jours, propose de nous accompagner. Ils restent méfiants et leurs jeux s'en trouvent moins expansifs, moins libres ai - je l'impression. Paul se contente de marcher à nos côtés tout d'abord, puis un jour il vient en maillot de bain et se baigne. Il propose de m'apprendre à nager mais ma crainte de l'eau est trop grande. Il prend Soraya dans ses bras et c'est presque avec terreur que je le vois s'avancer dans l'eau avec elle. Un peu surprise par la fraîcheur de l'eau, sous l'oeil vigilant de mes deux compagnons à quatre pattes qui les suivent avec méfiance, elle apprécie assez rapidement les vagues qui l'éclaboussent, rit quand Paul la fait sauter et éclate de joie quand il la trempe dans l'eau en la tenant solidement. Je suis presque jalouse de ce bonheur qui, normalement, m'est réservé. Ils sortent de l'eau tous les deux, Soraya agrippée au cou de Paul, heureuse, le corps ruisselant et criant ,"Encore, Jiji, encore Po". Il lui a appris son nom, simple à prononcer, et elle l'a rapidement mémorisé. Je me précipite vers elle et l'enveloppe dans une grande serviette de bain.
— Laisse - moi te sécher, mon amour. Tu vas prendre froid.
Elle se débat, pressée de retourner dans l'eau. Paul la prend doucement dans les bras et lui murmure quelque chose à l'oreille, que je n'entends pas, mais qui la calme aussitôt et déclenche un sourire rayonnant. Elle est conquise, tout comme Jim et Jasper, qui paraissent rassurés et heureux d'avoir trouvé un compagnon avec qui partager les joies de la mer. Je fais contre mauvaise fortune bon coeur et me joins à leur plaisir.
Ce jour - là, nous fîmes une longue promenade, Paul portant Soraya qui finit par s'endormir dans son cou. Pour une première fois depuis de longues années, je partage mes responsabilités avec quelqu'un. Un air de légèreté plane, j'apprécie le sable doux, l'eau rafraichissante, la chaleur du soleil dont le disque descend dans le ciel. Un moment magique, qui ne nécessite pas de paroles, sinon le bruit des vagues. Même les chiens trottinent calmement à nos côtés sur la plage déserte.
En arrivant dans la maison, Paul dépose délicatement Soraya endormie dans son lit. Il m'invite à partager son repas. 

J'espère que ce petit extrait vous a plu!
Je vous en promets d'autres très bientôt.

Merci pour votre disponibilité et votre indulgence pour la lecture de ce premier jet
Bonne lecture!



dimanche 21 octobre 2018

NOUS SOMMES TOUS DES DÉRACINÉS !

Bonjour à toutes et tous !
Il y a longtemps que je n'ai pas écrit dans le blog et j'espère que vous serez encore nombreux à me lire.
Il faudra que j'essaie d'avoir un suivi plus régulier... On a toujours de mauvaises raisons à avancer, aussi je ne vous les livrerai pas!

Si je reviens, c'est pour vous parler d'une lecture que j'aimerais vous faire partager.

Ce livre, et je remercie l'ami de Cabrera qui me l'a conseillé, qui a certes ses défauts (je les citerai rapidement), est prenant par le thème qu'il aborde, les sans-pays, par le récit poignant qui est conté, mais aussi parce qu'il a réveillé en moi des pages de ma vie.

Je suis moi-aussi une Déracinée et c'est une situation compliquée à vivre.
Certes, nous sommes tous des descendants d'immigrés, plus ou moins anciens. Mais la génération qui est entre deux mondes est celle qui souffre le plus, avec cette impression, plus que cela, cette sensation, de ne jamais être à sa place.

Je ne tiens pas à me faire plaindre, mais je ne suis nulle part chez moi et j'ai l'impression de fuir tout le temps, de chercher la Terre Promise en me demandant si ce n'est pas plutôt la Terre Improbable après laquelle je cours.
Mes parents, mes grands-parents étaient chez eux (même si politiquement la question est complexe). C'est une question qu'ils ne se sont pas posés leur vie durant, sans porter de jugement, je parle simplement de l'aspect humain.

Moi, je suis née, j'ai passé mon enfance, mon adolescence, ma vie de jeune adulte dans un pays que je considérais comme "chez moi", jusqu'au jour où j'ai compris que j'y étais une étrangère, qui a besoin d'une carte de séjour pour y vivre, qu'on regarde comme celle qui n'est ni d'ici ni de là-bas. Je reste partout l'étrangère, tout en ayant une nationalité, une langue, une culture peut-être, pas sûre!
Je pense que c'est plus psychologique que réel, mais c'est une déchirure que bien d'autres connaissent et qui est difficile à gérer!

Ce qui m'a amenée à cette confession est la lecture d'un livre, très bien écrit, un récit qui traverse le vingtième siècle et qui se déroule en partie dans une région que je connais bien pour y avoir vécu plusieurs années, la République Dominicaine, et plus particulièrement la région de Sosua sur la côte nord de l'île.
Il m'a renseignée plus précisément sur des brides d'histoire de cette ville dont j'avais entendu parler et qui possède encore aujourd'hui des traces humaines, économiques et architecturales de cette immigration.
J'y ai retrouvé des paysages, des caractéristiques, des sourires, des bons souvenirs et des moins bons... Mais ainsi va la vie !

Ce livre est disponible en téléchargement avec le lien suivant:

https://www.amazon.fr/D%C3%A9racin%C3%A9s-Catherine-BARDON/dp/2365693318/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1540136551&sr=8-1&keywords=les+d%C3%A9racin%C3%A9s+catherine+bardon

C'est un roman assez long, très bien écrit, parfois un peu perturbant par la succession de chapitres écrits soit à la première personne, soit comme un récit.
Si cette manière de faire peut surprendre au début, on comprend assez vite qu'il faut s'obliger à lire le titre de chaque chapitre pour en suivre l'histoire.

Le roman commence à Vienne et accompagne l'histoire d'un jeune couple de juifs autrichiens depuis l'entre-deux guerres jusqu'aux années soixante.
L'histoire d'amour entre eux est émouvante, saisissante, incroyablement forte et humaine.
Le récit de leur épopée à travers l'Europe et l'Amérique, pour aboutir dans une petite ville de la République Dominicaine, doit nous faire réfléchir sur le sort des migrants dont le "voyage" est imposé par les circonstances de la vie et d'une Histoire qui les dépasse et les balotte d'un bord à l'autre.
Bien comprendre que l'émigration n'est pas une croisière de plaisir!
Leur désarroi, leur dénuement mais aussi leurs espoirs, leur enthousiasme et leur courage sont des leçons que nous devrions reconnaître.
J'ai suivi avec passion leur histoire personnelle, partagé leurs craintes, leurs coups de coeur, leurs hésitations et compris leur déchirement entre leur monde d'origine et celui qui sera celui de leurs enfants.
Ils connaissent la peur, le bonheur, les difficultés, les deuils et affrontent l'adversité avec courage.
Une aventure qui est un roman mais qui s'est fondé sur des faits réels pour les transformer en un récit de vie.
L'écriture est précise, réaliste, sensible, parfumée !
Vous serez nombreux à vous reconnaître... et partager mon plaisir à la lecture de ce livre!
Bonne lecture...

mardi 24 juillet 2018

A vos liseuses et tablettes !

Bonjour,

Voilà, c'est fait !!!

MEURTRES AU MONASTÈRE

est en ligne et disponible incessamment en version papier!

Un petit extrait pour vous intriguer ...

"
La visite des bâtiments fut rapide, le religieux portant galamment la petite valise d'Isabelle. Le réfectoire avec les heures de repas, la bibliothèque, les douches et sanitaires et sa chambre. Il est vrai que le mot cellule convenait, encore que, comparée aux cellules monastiques d'antan, elle fut dotée d'un certain confort. Certes, pas de chauffage, mais une grosse couette et des couvertures. Après tout, on était au printemps malgré la fraîcheur des nuits. Un lavabo, un petit placard, une table et une chaise, et une fenêtre à barreaux, qui donnait sur le jardin et au loin, la vallée et la montagne dont les sommets se détachaient sur le bleu du ciel. Et surtout, le silence, à peine écorné par quelques bruits de chiens qui aboyaient, d'un âne qui bramait, d'oiseaux qui semblaient discuter et, dans le lointain, des hommes qui parlaient et dont on devinait les voix.
— Parfait, acquiesça-t-elle.
— Je vous laisse. Voici vos clés. Installez vous.
Il s'inclina légèrement et disparut dans un bruissement de bure car il portait l'habit monastique. Elle posa sa valise sur le lit, en sortit les quelques vêtements qu'elle y avait rangés, se félicitant de ne pas avoir oublié une veste de laine et un coupe-vent, et les disposa dans le petit placard où quelques cintres lui permirent de les défroisser un peu. Elle ne venait pas en représentation, mais elle tenait cependant à soigner son apparence. Le lit rapidement fait, elle regarda par la fenêtre et se perdit dans la contemplation du paysage et surtout dans le silence dont on n'a plus l'habitude dans le monde actuel. Elle qui était une fille de la mer, voilà qu'elle se mettait à apprécier la montagne, pour les lieux de paix qu'elle offrait encore, alors que les côtes maritimes, même les plus lointaines, étaient de plus en plus envahies. Trouver un authentique village de pêcheurs relevait en Europe de l'impossible. Les îles les plus lointaines succombaient aux appels du tourisme qui leur apportait le progrès, les soins et surtout cet indispensable argent dont le monde est friand. Une attitude normale pour des populations pauvres à qui la lucarne de la télévision faisait découvrir une vie totalement différente et qui paraissait tellement plus facile et meilleure. Elle savait que le progrès contribuait à ce changement inéluctable et normal. C'est ainsi que le monde a toujours avancé. Peut-on reprocher à des hommes et des femmes d'espérer une vie meilleure pour leurs enfants, l'accès aux soins, à l'éducation, aux basiques comme l'eau, la santé, la vie, en bref tout ce que nous connaissons depuis des décennies et qui nous parait tellement évident que nous ne nous posons même pas la question quand nous ouvrons le robinet, allumons la lumière ou nous faisons soigner. Nous n'acceptons pas, ou mal, la maladie, la mort de nos proches. Nous n'envisageons pas de manquer de nourriture, d'eau, d'un certain confort que nous considérons comme normal.
Isabelle ne croyait pas à la théorie du bon sauvage de Rousseau, de l'Eden perdu.
Qui ose évoquer les tribus Caraïbes sauvages qui massacraient avec allégresse et cruauté les peuples ennemis et plus faibles qui les détestaient et les craignaient ?
Qui parle encore des guerres fleuries des Aztèques qui, en fait, n'étaient que le moyen de se procurer, dans les tribus vaincues, des offrandes humaines destinées à leurs propres dieux ? Pourquoi cacher les tribus amazoniennes qui, de nos jours encore, pratiquent l'infanticide pour éliminer les enfants handicapés ou les membres considérés comme inutiles ou en surnombre ?
Le passé est rarement glorieux, des Croisades aux guerres de religion, des conquêtes à l'asservissement."


https://www.amazon.fr/MEURTRES-AU-MONAST%C3%88RE-DOMINIQUE-VIETTI-LETOILLE-ebook/dp/B07FRVKXYM/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1532446281&sr=8-2&keywords=meurtres+au+monast%C3%A8re


Je vous souhaite une bonne lecture et de bons moments...


lundi 16 juillet 2018

MEURTRES AU MONASTÈRE

Bonjour à toutes et tous!

Voilà longtemps que je ne vous avais plus écrit.
Je pourrais alléguer de nombreuses raisons, déménagement, problèmes, voyages, des faits agréables et d'autres moins... Bôf, la vie quoi!
Je viens de terminer l'écriture d'une nouvelle policière que je m'apprête à publier.
Je vous réserve la primeur de lecture de quelques passages.
Isabelle fait une retraite dans un monastère perdu dans une montagne désertique d'Afrique du Nord. Elle espère y trouver un peu de calme et une certaine paix. Mais des évènements imprévus l'en empêchent et la font, bon gré, mal gré, participer à une enquête policière où la noirceur des gens pourrait lui faire perdre tout espoir quant à la nature humaine. Mais des rencontres nouvelles lui redonnent un brin d'optimisme!
Bonne lecture de ce petit extrait...


"Elle se réveilla tôt. Pas un bruit ! Les autres pensionnaires devaient assister à l'office du matin et elle déjeuna dans le silence et la solitude. Un havre de paix qu'elle conserva lors de sa promenade matinale dans les jardins, toujours aussi accueillants et solitaires, hormis un gros chien roux qui dormait et ouvrit paresseusement les yeux quand elle passa près de lui. Il sembla la reconnaître de la veille et ne prit pas la peine d'aboyer, se contenter de se retourner pour profiter du soleil.
Une nouveauté pour elle que de n'avoir rien à faire, pas si évidente contrairement à ce qu'elle pouvait croire. Libre de son temps, pas d'agenda, de rendez – vous, d'obligations professionnelles ou familiales. Et comme un sentiment de culpabilité, le luxe du temps !
Elle s'imposa quelques exercices respiratoires, face aux montagnes légèrement enneigées, au ciel bleu et au jardin coloré, comme le conseillaient les adeptes de yoga, les revues de santé et les périodiques féminins... Finalement, cela se révéla efficace et, rassérénée, elle s'assit sur un banc à ne rien faire.
Mais il devait être écrit quelque part, où ?, qu'elle n'aurait pas droit à plus de tranquillité. Presque en paix avec elle-même, elle ferma les yeux, savourant la chaleur du soleil sur son visage tout en songeant de façon très matérielle, mais on ne se change pas si facilement, qu'elle avait oublié sa crème solaire, quand elle fut ramenée à la réalité par des voix qui rapidement se transformèrent en cris, puis en hurlements pathétiques.
Elle se leva brusquement et regarda autour d'elle. Un ouvrier qu'elle n'avait pas remarqué et qui travaillait un peu plus loin, lâcha sa brouette et se dirigea en courant vers l'endroit d'où semblait provenir le bruit. Elle le suivit et trouva, devant la petite chapelle, trois moines vociférant, l'un d'entre eux, à genoux, hurlant ce qui semblait être un véritable désespoir. Isabelle ne put s'empêcher de penser au hurlement à la mort du loup. Elle chassa bien vite cette idée et se précipita vers le jeune moine avec qui elle avait brièvement parlé la veille. Il gémissait comme un animal blessé. Elle le força à se lever et à s'assoir sur une chaise apportée par un jardinier. Il pleurait, parlait dans une langue qu'elle ne comprenait pas, une langue slave lui sembla – t – il. Son désespoir était presque angoissant, elle tenta de le rassurer, un peu comme on le fait avec un enfant. Il était si jeune. Dans les bras très maternels d'Isabelle, il se calma un peu et lui désigna de la main l'église devant laquelle les autres moines étaient rassemblés, pétrifiés, n'osant entrer dans l'édifice. Isabelle s'approcha d'eux et s'adressa à celui qui l'avait accueillie la veille.

—Mon père, que se passe – t -il?
—Un drame, Isabelle, un drame !
—Un drame ? Qu'y a – t – il dans l'église ?
—Le père Marie-Pierre !

Isabelle essaya de se remémorer qui était le père Marie – Pierre. En procédant par élimination et en regardant les moines rassemblés devant la porte, elle nota l'absence d'un religieux qu'elle avait remarqué la veille, bien qu'elle ne lui eût pas adressé la parole. Un homme d'un soixantaine d'années, grand, à la calvitie naissante et à la voix caverneuse qui dominait le choeur chantant pendant l'office. Elle avait également remarqué, près du siège qu'il occupait, une guitare qui semblait le désigner comme un musicien.
— Qu'est – il arrivé au père Marie – Pierre ?
Le moine baissa la voix pour lui annoncer doucement :
    Il est mort .
    —Mort ? Où ? Comment ?
    —Où ? Il est étendu devant l'autel, les bras en croix ! Comment ? Je n'en sais rien."


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mardi 27 mars 2018

UNE TERRIBLE VENGEANCE (extrait)

Encore un jour ...sans !

Même en me disant qu'il y a des millions de gens plus malheureux, avec plus de problèmes, le combat contre la dépression est difficile!

L'idée de considérer la mort comme une échappatoire est, paraît-il, normale ! Je ne sais pas...C'est parfois une pensée difficile à rejeter.

Tous les moyens alternatifs et médicaux n'ont que des résultats partiels.
Alors, je dois manque de courage définitif !

Certaines choses me calment , la nature, l'écriture, la lecture, courir avec mon chien...Oui, cela peut paraître dérisoire, mais c'est un des moyens les plus efficaces...

Pour oublier la morosité du monde, du ciel, les problèmes , j'essaie de vous faire partager un épisode

 d'UNE GRAND-MÈRE REDOUTABLE

que vous trouvez actuellement en version gratuite sur kobo.fr sous le titre

UNE TERRIBLE VENGEANCE

Bonne lecture.
A bientôt, j'espère...
Vos passages sur mes pages sont un véritable baume pour moi.
MERCI ...

Une brassée de bougainvilliers pour vous avant l'extrait de

UNE TERRIBLE VENGEANCE



Version Kobo d'UNE GRAND-MÈRE REDOUTABLE.

Bonne lecture !


Le samedi, elle se leva relativement tôt tandis que je paressai au lit, faisant semblant de dormir. Un rayon de soleil, faisant fi du rideau, éclairait la chambre. Je la regardais se lever, entrer dans la salle de bain. J’entendais l’eau qui coulait et tous les bruits qui peuvent accompagner la toilette d’une femme, des tiroirs qui s’ouvrent, se ferment, des objets qu’elle déplace ou utilise. J’avais l’impression d’entendre en musique de fond une chanson de Serge Lama, ou plutôt deux chansons, l’une qui  imagine une femme qui se pare et se prépare dans sa salle de bain pour en sortir en  toute beauté, mais surtout, lancinant, revenait en boucle le refrain "Je suis malade, parfaitement malade…" Sous mon apparent sommeil et mes yeux fermés, j’étais malade de la savoir partir bientôt pour toute la journée, avec des gens dont je soupçonnais l’hostilité. Mon côté rationnel tentait de me rassurer. Cette animosité n’était-elle pas le seul fruit de mon imagination, pour ne pas dire de ma jalousie ? En réalité, qu’avais-je à reprocher à ceux que je commençais à nommer "le trio infernal"? Rien de concret, sinon qu'ils existaient dans la vie de Fati qu'ils avaient connue avant moi. J’étais en train de me fabriquer mon propre enfer. Quelques lambeaux de mon cartésianisme passé, et quelques-uns de mes proches aussi,    essayaient de me mettre en garde, mais rien ne réussissait à me raisonner durablement. Véronique me connaissait bien, depuis longtemps et avait rapidement mis à jour ce sentiment de jalousie quasi maladive. Elle en avait d’abord été étonnée, n’y ayant jamais été confrontée durant notre relation. Elle m’avait même reproché cette espèce d’indifférence qui finit par affecter nos rapports et qu’elle appelait un « désamour ». Je lui avais expliqué que ma volonté de liberté s’appliquait aussi à elle, même si je l’aimais, et que je m’en serais voulu de me comporter en propriétaire avec elle. Cela venait sûrement de mon éducation. J’avais été élevé par des parents qu’on pourrait qualifier d’intellectuels, qui avaient toujours eu un grand respect de la liberté de l’autre et de la mienne aussi. Une liberté qui n’était pas de l’indifférence mais au contraire une preuve d’amour et de confiance, qui ne les empêchait pas de se soucier de moi, mais qui les avait toujours poussés à comprendre, à discuter avec moi. À cela, s’ajoutait l’influence d’une de mes grands-mères qui, catholique très pratiquante, m’avait enseigné, lors de mes séjours de vacances dans sa vieille maison, la tolérance, l ‘acceptation de l’autre dans sa différence. Ces leçons anciennes m’avaient toujours imprégné…jusque-là. Avec Fati, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Véronique, dont la formation de psychologue la poussait à analyser et à mettre un nom sur tous les phénomènes humains, m’éclaira sans pour autant me rassurer.
— Ce qui t’arrive s’appelle la passion.
— La passion ? 
— C’est un phénomène souvent irrationnel, qui emplit la vie qu’elle peut  sublimer ou détruire. Tu as toutes sortes de passions, religieuses avec les grands personnages religieux passionnés tels Saint François d’Assise ou Sainte Thérèse d’Avila, par exemple. Artistiques, Michel-Ange ou Baudelaire. Intellectuelles aussi, Freud ou Newton. Et puis les passions amoureuses, Héloïse et Abélard, Roméo et Juliette, Paul et Virginie, Adèle H. et Rodin…Je ne te cite que les plus célèbres, mais il y en a de moins connues et souvent, tout aussi tragiques. Les faits-divers y trouvent bien des fois leur source. La passion est souvent dévoreuse, surtout quand elle n’est le fait que de l’un. Il est difficile de vivre avec un passionné, que l’on soit ou pas l’objet de la passion, car elle consume, le passionné comme son entourage qui s’y brûle souvent…Avant de fuir parfois, pour son salut …Ou de se soumettre.

vendredi 16 mars 2018

TOUJOURS EN COLÈRE !

Bonjour à vous tous !
Je vais partager mon article en deux parties :
-l'expression de ma (toujours) colère
-un deuxième extrait de mon livre en cours!

SUITE TELENOVELA INMOBILIARIA !!!!
Ça, c'est chez moi, dans cette fameuse maison achetée pour notre retraite et que nous devons vendre pour regagner l'Europe à cause de problèmes de santé de mon époux.

Ma foi, cela arrive.

Mais voilà, Century 21 de Sosua en Rque Dominicaine nous a vendu, avec de grands sourires bien sûr, une maison avec un titre de propriété erroné (mauvais numéro de parcelle) et qui, de plus, n'est pas un titre de propriété légal, mais simplement un enregistrement légal de vente intitulé "Constancia de titulo de propiedad"...Même en étant hispanophone, c'est trompeur!

...Et oui, quand on est de gentils gringos qui faisons confiance à une agence à enseigne internationale et à un notaire parlant parfaitement français, à la réputation (apparente) d'intégrité , issu d'une des plus puissantes familles de la région, avec pignon sur rue, voilà comment, disons-le, on se fait escroquer.

Là où le bât blesse, c'est que l'état dominicain, voulant éviter ce genre de problèmes, avait changé la loi quelque deux ans avant notre achat et imposé aux vendeurs la remise aux acheteurs d'un titre de propriété vérifié et légal. Mais notre charmant notaire "avait négligé" ! Comme il nous l'a élégamment dit, avec un grand sourire (il sourit moins actuellement):
"Je suis responsable mais pas coupable"...

Je ne connaissais pas ce principe !. J'ai vu des jugements de coupables déclarés irresponsables....mais pas le contraire. J'ignorais... On en apprend tous les jours!

Notre maison n'est donc pas vendable, mais elle ne l'était pas non plus quand l'agence nous l'a vendue, en dépit des garanties indiquées sur le mandat de vente (biens vérifiés conformes) et l'acte de vente (vérifications soit-disant faites par le notaire).

Le pire est que le notaire, Maître Guido Perdomo pour le citer, est très en colère après moi !
D'abord, je publie l'affaire sur Face-Book et mon blog. Ensuite je prends un avocat et enfin je lui demande une solution rapide et juste, c'est à dire le remboursement de notre achat (j'y ajoute les nombreux travaux effectués et les dommages et intérêts).
Mais, m'écrit-il, on ne peut pas discuter avec vous ! De quoi ? Puisqu'il ne fait rien ou pas grand-chose!

Depuis le temps que cela dure, face à sa mauvaise volonté, sa mauvaise foi et sa proposition tarabiscotée d'échanges de terrains ( il me rassure , je n'aurais rien à payer !!! Il est généreux, mon notaire...), je ne suis plus d'humeur à tergiverser.

Nous déposons plainte et irons jusqu'en justice si nécessaire.
Le pot de fer contre le pot de terre.
Je ne suis pas la représentante d'une famille puissante et millionnaire! Je suis juste une étrangère qui voulait vivre en symbiose dans une île des Caraïbes, charmante par bien des aspects, difficile par d'autres.
Aujourd'hui, des pb de santé importants nous imposent une retour urgent en Europe et nous n'avons pas les moyens de perdre une maison à cause du mauvais travail d'une agence et de son notaire.

Attendons la suite de la telenovela...




Comme promis, un petit extrait de mon roman en cours qui va vous faire voyager derrière un fabuleux héritage du XIXème siècle italien au XXIème siècle monégasque... Il devrait être terminé à la fin du mois. S'il y a des béta-lecteurs potentiels....

UNE OMBRE AU PROGRAMME (extrait)


Céline et Claire, assises dans le taxi qui les ramène chez Claire ( car après une telle nouvelle, Claire a décidé qu'elle peut le payer ! ) restent d'abord muettes, comme assommées par les révélations de Bruno Lamberet. Céline est la première à prendre la parole :
—Cette vieille, originale et richissime cousine, en as – tu déjà entendu parler dans tes recherches généalogiques ?
—Non, pas vraiment. Je sais que certains membres de la famille Prietti ont émigré vers l'Amérique du Sud, comme de nombreux Italiens. Quand je cherche le nom sur internet, je trouve le nom un peu partout dans le monde, Italie bien sûr, France, États – Unis, Brésil, Uruguay, Argentine et jusqu'en Polynésie... Je vais rechercher plus en détails. Mais il ne nous a pas donné le prénom de cette vieille parente !
— C'est vrai ! Peut – être en recherchant Prietti associé à Argentine ou Monaco ou fortune.
— En effet, je vais m'y mettre de suite. Tu restes avec moi ce soir ?
— J'aimerais bien, mais j'ai rendez – vous avec mon charmant voisin. De plus, je ne veux pas laisser Billy trop longtemps seul.
Claire sourit, hésitant entre le beau voisin et le petit épagneul ! Peut – être les deux.
— Tu me rappelles demain, continue Céline, pour me tenir au courant. Te rends – tu compte que je suis peut – être la cousine d'une des femmes les plus riches du monde ?
— Arrête de te moquer. Je ne crois pas trop à cette histoire. Je me demande plutôt ce que cela peut bien cacher.
— Ton éternelle méfiance ! Mais on peut gagner au loto, également.
— Une chance sur quelques millions.
— Oui, mais une chance tout de même !
Claire ne répond pas car le chauffeur s'est arrêté devant son immeuble. Elle embrasse rapidement sa cousine avant de descendre du véhicule.
— Bonne soirée. N'oublie pas de me rappeler demain. À moins que tu ne puisses passer me voir ?
— Je ne te promets rien, mais j'essaierai. Ne reste toute la nuit sur ton ordi.
Claire rejoint rapidement l'entrée de son immeuble alors que le taxi s'éloigne rapidement.
Depuis l'incident de la fuite de gaz, Claire entre toujours chez elle avec une certaine appréhension. Elle pense que c'est ridicule, mais ne maîtrise pas vraiment ce sentiment. Elle pousse sa porte d'entrée, si lourde, et renifle tout en regardant à l'intérieur. Après quelques secondes, elle pénètre franchement et appuie sur l'interrupteur. Tout est normal, l'appartement est dans le même état que lorsqu'elle l'a quitté. Rien ne semble avoir bougé. Les reliefs du repas partagés avec Céline sont toujours sur la table. Elle les débarrasse, met le lave-vaisselle en marche et branche la bouilloire pour se préparer un thé. Pendant qu'elle ronronne, elle ouvre son ordinateur. Plusieurs messages nouveaux sont signalés dans sa boîte mail. Elle les parcourt rapidement, des messages anodins de publicité, un message de sa mère qui lui rappelle qu'elle est « toujours là et sans nouvelles depuis deux jours », ce qui arrache à Claire un soupir et un sourire, un message de Marc, son futur-ex-mari, qui lui souhaite un bon week-end et lui demande à quelle heure il peut ramener Séraphine dimanche soir. Peut-être, pourraient – ils manger ensemble, ce que Claire refuse systématiquement depuis plusieurs mois, « pour parler de leur divorce », ajoute – t – il, pour la tenter, pense – t – elle. Elle lui répondra plus tard. Il y a également un mail de Bruno Lamberet. Elle l'ouvre avec curiosité, d'autant plus qu'il est assez long.
Il la remercie d'être venue à son rendez – vous, « avec une excellente conseillère », précise – t – il, ce qui, espère – t – il, la rassure sur le sérieux de leur affaire. Il lui donne un lien sur internet, afin qu'elle puisse voir l'étendue de la richesse de cette vieille cousine dont elle est l'héritière. Claire clique et se retrouve sur une description en anglais et en espagnol, d'un holding qui paraît très complexe et pour lequel les sommes annoncées en dollars lui paraissent astronomiques. Il lui semble irréaliste de penser qu'elle est vraiment la future - propriétaire de cette immense fortune.
Elle se lance dans des recherches généalogiques sur internet, mais avec le seul nom de famille, elle se trouve face à des milliers de réponses, de tous les coins du monde. Le fait de ne pas connaître le prénom de cette prétendue richissime aïeule la prive de résultats précis. Elle examine un arbre généalogique aux multiples branches qui la laissent dubitative. Si l'origine reste en effet toujours italienne, elle le sait depuis toujours, la dispersion de la famille Prietti lui fait presque penser à la mondialisation de l'entreprise où elle travaille. Une véritable internationale, avec des ramifications sur les cinq continents et dans des dizaines de pays. Elle trouve deux groupes familiaux sur Facebook qui recensent tous les Prietti qui veulent se faire connaître, elle parcourt un livre téléchargé sur le net détaillant l'origine, toujours cette même région du nord de l'Italie, les émigrations, surtout américaines, ce qui lui permet de trouver des petits cousins au Brésil, comme aux États – Unis, en Argentine comme en Uruguay, exerçant toutes sortes de professions, routiers ou professeurs, médecins ou militaires, commerçants ou entrepreneurs. Rien qui mentionne une richissime femme d'affaires. Il est vrai que, dans certains milieux, la discrétion est de mise.
Elle ferme son ordinateur alors qu'il est plus de minuit et que, perdue dans ses recherches, elle n'a même pas pensé à dîner, ni même à répondre à sa mère et à Marc. Un nouveau message de Céline apparaît avant que l'appareil ne s'éteigne.
—Coucou, alors où en es – tu de tes recherches ? J'ai passé une très bonne journée et...une super soirée. Je vais dormir. Je t'appelle demain.
Claire sourit en évoquant la belle soirée de sa cousine qui ne doit pas être sans rapport avec son beau voisin. Elle a dû le renvoyer chez lui, comme elle a coutume de le faire, prétextant son lit trop petit pour dormir à deux !
Le sommeil de Claire est si agité qu'elle se réveille plusieurs fois, rêvant d'une ombre noire qui tourne autour d'elle en sautant, toutes griffes dehors, la menaçant, tirant ses cheveux si brutalement qu'elle se réveille. Elle est épuisée par ces visions qui l'empêchent de dormir et se décide à prendre un somnifère qui lui a été prescrit par son médecin il y a quelques mois, en pleine période de surmenage au travail. Elle tombe finalement dans un sommeil lourd dont elle n’émerge que le dimanche matin, réveillée par la vibration de son téléphone sur la table du salon. Elle décroche face un numéro inconnu et répond d'une voix ensommeillée.
— Je vous réveille ? Je suis désolé. Bruno Lamberet à l'appareil !
— Non, non, ça va ! Que se passe – t – il ?
— J'ai oublié de vous préciser hier que votre vieille cousine est décédée en décembre 2007.
—Et alors ?
— L'héritage doit être conclu avant le dixième anniversaire de sa disparition, c'est à dire avant la fin de l'année.
— Il nous reste presque deux mois.
—En effet. Mais les vérifications doivent être faites par les dirigeants à qui vous devez vous présenter. Enfin, nous vous les présenterons. Pourrez – vous prendre des dispositions pour vous libérer ?
— Je vais essayer. Nous attendons la visite importante d'un dirigeant.
— C'est idiot finalement ce que je vous demande. Vous êtes la propriétaire effective de votre boîte.
— Ça, ce n'est encore que de la théorie. Je ne vais pas risquer de perdre mon emploi …
— Vous allez procéder à votre propre renvoi ? Non, je plaisante. Je comprends qu'une telle nouvelle demande réflexion. Mais il faudrait pouvoir commencer les démarches d'ici une dizaine de jours.
— En quoi consistent ces démarches ?
— Vous devez vous rendre aux différents sièges du holding car ils sont assez dispersés. Monaco, tout d'abord, où se trouve le dernier domicile de votre parente. Cela vous permettra d'en constater la réalité. Elle est parfaitement entretenue depuis la disparition de la vieille dame. C'est une goutte d'eau par rapport à sa fortune qui génère d'autant plus de bénéfices que personne ne les dépense depuis bientôt dix ans. Il en est de même pour ses autres domiciles. Elle avait racheté une grande partie de son village d'origine qu'elle aidait beaucoup. Il y a d'ailleurs une rente qui est prévue pour le village dans son testament. Ses parents y sont enterrés. Elle a obtenu je ne sais comment l'autorisation d'être enterrée, après incinération, dans le parc de sa maison monégasque, auprès de ses chiens.
— Et ses enfants ?
— Son fils est enterré dans un cimetière américain en France et sa fille dans le cimetière religieux du couvent où elle s'était réfugiée. Son frère, qu'elle adorait en dépit de ses errances, est également dans le cimetière italien auprès de ses parents.
— Tout cela est bien compliqué. Devrai – je aussi faire le tour des cimetières familiaux ? Je peux vous paraître sarcastique, mais j'ai du mal à assimiler, et même à croire, toutes ces nouvelles que vous m'assénez depuis hier.
— Je comprends.Il faut un temps pour réaliser cette situation assez extraordinaire, mais plutôt réjouissante.
— Sans doute, mais cela bouleverse ma vie, et certainement celles de mon entourage.
— À qui en avez – vous parlé, en dehors de votre cousine qui était présente lors de l'annonce ?
— Depuis hier, à personne. Je vous avouerai que j'ai passé une grande partie de la soirée et même de la nuit à faire des recherches sur cette intrigante arrière-cousine dont vous ne m'avez pas donné le prénom, d'ailleurs.
Claire attend une réponse qui ne vient pas et se demande la raison de cette volonté évidente de passer son silence le prénom de celle dont elle est censée hériter une fortune. Pour l'empêcher de prendre des renseignements plus précis ? Il faudra bien qu'elle en connaisse l'identité complète .
— Pensez – vous pouvoir entreprendre les voyages dont je viens de vous parler ?
— En dehors de Monaco, dans les Caraïbes...
— Car il y a aussi des sociétés off-shore !
Un rire répondit à sa réflexion.
— Nous devons nous rendre aux États – Unis, dans le Delaware...
— Où, bien évidemment, comme de nombreuses sociétés, il y a un siège social, profitant de la générosité fiscale de l'état.
— Je ne vous apprends rien ! plaisanta – t – il. Votre vieille cousine était très au fait de l'optimisation fiscale. C'était un vrai génie de la finance avec un sens des affaires extraordinaire.
— Quel paradis fiscal, doit – on encore visiter ?
— il vous faudra aller en Argentine où cette branche de votre famille s'était établie au début du siècle.
— Comme des millions d'Italiens ! Presque la moitié de la population argentine actuelle est d'origine italienne.
— Certes, mais tous ne sont pas multi-millionnaires, que je sache.
— C'est la misère qui les a chassés d'Europe et la réussite sociale et financière était leur préoccupation première.Enfin, ils voulaient vivre mieux, manger à leur faim, avoir un avenir.
— Cela est l'histoire de la majorité des grands mouvements migratoires, avoir une vie meilleure. Cela ne répond pas à ma question . Quand pouvez – vous partir pour ce périple qui risque de prendre trois ou quatre semaines. Dans chaque pays, vous aurez à vous présenter à des conseils d'administration, à des hommes de loi, à des dirigeants d'entreprises.
— C'est un grand oral ?
— Non, leur choix est déjà arrêté. Vous êtes l'héritière, à moins que vous ne refusiez ou ne vous présentiez trop tard, c'est à dire après le 31 décembre de cette année.
— Comment ont – ils pu me choisir ? Je ne connais personne de ces dirigeants.
— Ils ont mené leur enquête.
— Une enquête sur moi ?
— Ils en ont les moyens, évidemment. Nous vous avons retrouvée, quand je dis nous, je parle de notre entreprise de généalogie, il y a quelques mois. En fait, il y avait deux héritières potentielles, votre mère et vous.
— Vous avez enquêté sur maman et moi ?
— Non, pas nous. Nous vous avons retrouvées et avons donné nos résultats aux dirigeants qui avaient diligenté ces recherches. Ils ont chargé une agence (ou plusieurs, je ne sais pas) de détectives qui ont enquêté.
— Cette enquête a duré longtemps ?
— Quelques mois, je pense. À la vue des résultats, il a été décidé que vous seule étiez apte à prendre en mains cet héritage.
— Mais pourquoi pas maman ?
— Si mes renseignements sont exacts, ils l'ont trouvée trop malléable, oui c'est le mot qu'ils ont employé, pas assez solide, pour gérer cette énorme entreprise. Vos études, votre sérieux leur ont plu. N'oubliez pas qu'ils ont votre portrait professionnel par l'intermédiaire de votre travail. Je sais, c'est une situation paradoxale, je dirais presque bizarre.
— Qui est au courant ?
— Personne au niveau où vous travaillez. Peut – être le dirigeant qui vient inspecter la branche française ! Mais je n'en suis pas sûr. C'est une décision qui ne concerne que les instances dirigeantes au plus haut niveau.
Céline se tait quelques secondes.
— En bref, il faut que je demande un mois de vacances, qui me seront accordées, vous en êtes certain. Peut – être puis – je prendre un congé sans solde pour permettre à ma future entreprise de faire des économies ?
— Vous voyez, déjà le réflexe du chef d'entreprise, rit son interlocuteur.
— Petite question bassement matérielle, qui va payer tous ces voyages ? Et avec qui, vais – je les entreprendre ?
— Très simple : votre entreprise prend évidemment tout en charge, en fait, c'est comme si vous payez vos propres déplacements. Quant à l'accompagnateur, c'est moi.
— Vous ?  Pourquoi donc ?
— Pourquoi pas moi ? Je vous déplais tant que ça ?
— Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Mais vous êtes simplement le responsable des recherches généalogiques.
— Qui vous a retrouvée. Ce n'était pas gagné d'avance. Notre commission sur ce genre d'héritage est, vous le supposez, importante, suffisamment conséquente pour je mène cette affaire jusqu'au bout.
— C'est à dire jusqu'à réception de votre commission !
— Tout à fait. Ce n'est que lorsque je vous aurai présentée aux décideurs que je pourrai prétendre à mon chèque.
— Votre gros chèque, précise Claire avec une certaine curiosité.
— Moins que la fortune qui vous attend.
— Puis – je avoir un accompagnant ?
— Je pense que cela peut s'arranger. Vous songez à votre cousine ?
— Je ne sais pas si elle sera disponible. Peut-être ferai – je appel à un ami dans la finance ou à mon père.
— Réfléchissez vite.
— D'accord, j'entreprends ce périple. Après tout, je ne risque rien et le jeu semble en valoir la chandelle. Mais, je ne sais pas encore par qui je serai accompagnée.
— J'organise tout cela. Je vous recontacte, mais fixons le départ dans dix jours. Si vous avez une quelconque question, contactez – moi, par mail ou par téléphone. N'hésitez pas, je reste à votre disposition.


lundi 12 mars 2018

EXTRAIT ROMAN EN COURS : UNE OMBRE AU PROGRAMME

Un titre provisoire

"Une ombre au programme"

Une couverture ????? en attente....

Mais une histoire en tête et une écriture bien avancée !

Une façon de m'évader des problèmes quotidiens....

Je vous livre un passage de cette course fabuleuse derrière un hypothétique et étrange héritage, assorti d'un testament non moins bizarre, qui vous fera voyager de l'Italie du début du vingtième siècle à l'Argentine des années cinquante, pour aboutir à Monaco et dans la France contemporaine, avec toujours des personnages féminins forts, Claire, Maria, Luisa, Céline.... et leurs compagnons, Tonio, David..., des paysages fabuleux, des destins extraordinaires....

Bonne lecture

Il fait chaud en ce début d'après - midi dans la campagne italienne. Maria transpire en rapportant la jarre d'eau de la fontaine installée sur la place du village. Le mois de septembre s'achève. La fraîcheur va bientôt rendre son travail moins difficile. Plus que l'arrivée d'un temps plus supportable, Maria attend surtout une lettre. Son mari, Tonio, est parti depuis plus d'un an, comme tant d'autres habitants du petit bourg du Nord de l'Italie, en Amérique. Ils sont nombreux, les hommes qui ont émigré. Le village est surtout peuplé de personnes âgées, de femmes et d'enfants qui attendent. Qui attendent quoi ? Une lettre, un peu d'argent et surtout un billet qui leur permettra de quitter leur misère, leur vie de peine. Maria, comme les autres, espère le passage du courrier une fois par mois, une enveloppe avec de l'argent pour que sa petite fille Luisa, qui vient de faire ses trois ans, et elle-même puissent partir, loin de cette poussière, de ce village perdu dans la campagne, loin de tout, alors qu'on est à la veille du nouveau vingtième siècle que certains attendent avec appréhension et d'autres avec espoir. Maria se dit qu'elle n'a rien à perdre à partir. Ses parents ont disparu il y a déjà plusieurs années, leur laissant à ses deux frères et à elle-même un minuscule lopin de terre que ses frères ont abandonné pour aller s'embaucher dans les usines de Turin et qu'elle-même a renoncé à cultiver seule. Cette terre aride, infertile, est tout juste bonne pour les chèvres, celles de Maria et de quelques voisins encore plus pauvres. Il y a longtemps que la dernière somme d'argent envoyée par Tonio est dépensée. Il n'y en avait pas beaucoup dans sa dernière enveloppe. Maria a économisé autant qu'elle l'a pu, mais il faut bien vivre. La vente du lait et des fromages de chèvre rapportent si peu. Maria sait coudre et a un véritable talent pour fabriquer avec peu de moyens des accessoires dont les femmes sont friandes, chapeaux, colliers, breloques, châles, rubans et autres chiffons. C'est ce qui leur permet à Luisa et à elle de vivre, peut-être un peu mieux que la majorité des habitants du village. Elle exerce ses talents lors des noces en fabriquant des bouquets colorés, des voiles scintillants, des coiffes aériennes. Elle vend aussi, par l'intermédiaire de quelques colporteurs qui passent de temps à autre, des colifichets dont ils lui rapportent ensuite le prix de la vente après avoir pris leur commission. Maria soupire quand elle voit le peu qu'ils lui rapportent mais elle n'a pas d'autre choix. Il faudrait qu'elle s'installe en ville pour vendre davantage. Elle a décidé d'attendre une dernière réponse de Tonio avant de prendre une décision, pour le siècle nouveau. Si l'espoir de partir en Amérique le rejoindre s'évanouit, elle partira pour la ville avec la petite Luisa. Elle met tout son espoir dans cette enfant brune aux immenses yeux verts, remarquablement vive et attachante. Maria veut que sa fille aille à l'école et fasse des études, pas comme elle qui sait à peine lire, écrire et compter grâce à l'enseignement que le vieux curé donne aux enfants du village. Elle désire un autre avenir pour sa fille. Ce sera l'Amérique ou la ville, mais pas ce trou perdu où l'espoir est mort depuis longtemps. La jarre pleine pesant sur son épaule, Maria pénètre dans la petite maison de terre. La soudaine obscurité l'aveugle quelques secondes. Elle n'a pas assez d'argent pour laisser une lampe allumée la journée. On ne l'allume que le soir, et encore, quand le feu crépite dans la cheminée, on se contente de sa lueur. Elle pose la lourde jarre près de l'évier de pierre qui sert pour laver les quelques assiettes et plats qu'elles utilisent, mais aussi le linge, faire la toilette, cuisiner. La maisonnette est constituée de deux pièces, une salle principale où sont installés une table de bois foncé, quatre chaises et, dans un coin, un petit lit recouvert d'un couvre-lit de patchwork soigné, surprenant dans ce lieu et œuvre de Maria, constitué de bouts de tissus des ouvrages qu'elle a fabriqués pour les uns et les autres. Pour le plus grand bonheur de Luisa, elle l'a rebrodé de petits nœuds de rubans de couleurs qui donne douceur et élégance au petit lit et même à toute la pièce car Maria a poussé le luxe jusqu'à confectionner un rideau assorti qui voile légèrement la seule fenêtre éclairant la petite maison. La deuxième pièce fermée par un rideau de toile écrue est pompeusement appelée la chambre. C'est un petit lieu clos où un lit un peu plus grand a été casé, laissant à peine un minuscule espace pour y accéder. Pour cette chambre, Maria a également utilisé des pièces de tissu pour fabriquer un couvre-lit, moins sophistiqué que celui de Luisa, mais agréablement coloré, sur lequel elle a brodé avec la laine filée des chèvres, des petits angelots qui donnent de façon surprenante à cette pièce rustique un air raffiné.
Maria était fière, au début de son mariage avec Tonio, de sa maison, mais les difficultés quotidiennes ont vite eu raison de sa joie et de son enthousiasme. C'est elle qui a poussé son mari à partir avec les autres émigrants volontaires du village, encouragés par une première série de départs qui, dans les lettres reçues par les familles, décrivaient une vie pleine de lumière, de travail, d'argent, de terres.
Maria avait parcouru certains de ces courriers qui étaient accompagnés de photographies montrant des gens bien nourris, bien habillés, souriant béatement à l'objectif du photographe. Un des hommes du village avait envoyé un journal. Écrit en anglais, Maria n'avait pu qu'en regarder les images de villes illuminées, grouillantes de passants, des intérieurs de maison grands et meublés confortablement, comme elle en avait rarement vu, sinon en se rendant une seule fois en ville dans une riche famille qui l'avait employée pour préparer un mariage. Bien que logée dans une sombre soupente, elle avait cependant vu, lors des séances d'essayage des femmes et filles des riches propriétaires, un confort et un luxe qu'elle n'imaginait pas et qui lui avaient laissé un souvenir obsédant et un arrière-goût amer. Pourquoi sa fille et elle ne goûteraient-elles pas aux mêmes conditions de vie ? Elle avait du longuement argumenter avant que Tonio, moins ambitieux qu'elle, ne se décide à partir. Elle l'avait même menacé de partir sans lui.En aurait-elle été capable ? Nul ne sait...
Le facteur doit passer aujourd'hui ou demain. Elle espère qu'il aura du courrier pour elle. Elle n'attendra pas plus longtemps. On est en 1899. En 1900, elle change de vie, que ce soit dans la ville proche, Turin, ou, pourquoi pas, à Rome, ou en Amérique, si Tonio lui donne des nouvelles et envoie de l'argent pour leur voyage. Elle est si fatiguée de cette vie de labeur, sans espoir ni avenir pour Luisa et pour elle. Elle se laisse tomber sur une chaise de bois et pose sa tête sur les coudes étalés sur la table. Elle n'en peut plus, épuisée après avoir charrié la lourde jarre, mais aussi lassée par sa vie seule. Tonio lui manque et elle se demande ce qu'il fait dans la lointaine Amérique. Elle sait que c'est un homme sérieux, mais elle imagine les tentations offertes par sa nouvelle vie. Ce ne serait pas le premier qui disparaîtrait sans donner de nouvelles, mort ou embrigadé dans une autre vie dans laquelle elle n'aurait pas sa place. Loin des yeux, loin du cœur, disait sa mère dont plusieurs frères avaient été happés par le Nouveau Monde sans plus donner de nouvelles, abandonnant père, mère, sœur et, pour certains, femmes et enfants. Il se raconte des choses sur la violence qui règne dans la grande ville où vont la plupart des émigrants de la péninsule qui s'appelle New York. C'est le port d'entrée pour tous. Un certain nombre d'arrivants y sont refusés, sans toujours comprendre pourquoi. Il paraît qu'en s'engageant pour des puissants, ils pourraient entrer clandestinement. On parle de la mafia, des parrains. C'est un monde inconnu pour ces paysans du nord de l'Italie qui inquiète les femmes et les anciens mais qui subjugue les plus jeunes qui prétendent qu'ils peuvent ainsi rapidement s'enrichir. Maria est inquiète. Elle sait que Tonio est influençable. Elle aimerait être à ses côtés pour être sûre qu'il ne se laisse pas embrigader par ces illusions.
Luisa entre dans la maison en sautillant joyeusement, tirant sa mère de ses sombres pensées.
      Maman, j'ai soif, crie la petite fille tout en riant avec sa meilleure amie du village, Elena. Tu en veux ? lui propose – t – elle.
      Je vais vous ajouter un peu de sirop de sucre que j'ai fait, suggère Maria aux deux gamines qui approuvent en applaudissant.
Maria sort deux verres du petit placard que Tonio a installé quand ils se sont mariés pour ranger leur peu de vaisselle. Elle y fait couler un fond de sirop marron qu'elle dilue dans l'eau fraîche rapportée dans la cruche. Les deux enfants se régalent en se léchant les babines et ressortent jouer. Maria admire leur innocence et se jure que jamais sa fille ne connaîtra la même vie que la sienne. Elle vivra dans une vraie maison, ira dans une vraie école, apprendra des tas de choses et coulera une vie heureuse loin de ce village de poussière. Il faut que Tonio se dépêche de lui écrire ou elle partira seule avec Luisa. Elle ne pourra même pas le prévenir car elle n'a pas son adresse en Amérique. Elle doit attendre, mais n'a pas l'intention de le faire très longtemps. Elle accorde jusqu'à la Nativité à Tonio. S'il ne se décide pas à écrire une bonne nouvelle, elle se débrouillera seule avec Luisa, même si elle reconnaît que partir en plein hiver n'est pas l'idéal. Aura – t – elle la patience d'attendre le printemps ? Peut-être serait – ce plus sage ! Elle secoue ses longues boucles brunes aux reflets acajou donnés par l'huile de noyer qu'elle ajoute quand elle les lave et se met à préparer le repas du soir, une soupe épaisse parfumée avec un reste de poulet et de la polenta, le plat des pauvres. Elle complètera le menu avec une pomme de son petit jardin. Elle veut que Luisa ait une nourriture suffisante et équilibrée pour garder la bonne santé qui la caractérise depuis sa naissance. Sa fille est forte, comme elle, comme toutes les femmes de sa famille. Il fait un peu frais ce soir. Mais il faut économiser le bois et Maria choisit de ne pas encore allumer de feu dans la petite cheminée de pierre. Sitôt le repas terminé et la maigre vaisselle rincée avec un peu d'eau, la mère et la fille se lovent dans le grand lit sous les couvertures que Maria a préparées. Elle aime ce moment de tendre complicité entre elles deux. Tout en caressant tendrement les longues boucles de Luisa, elle lui raconte des histoires de fées, de princesses et de princes que sa grand-mère lui racontait lorsqu'elle était enfant. Sa nona ne savait pas lire mais elle était une véritable mémoire orale impressionnante dont les histoires captivaient tout le village, grands et petits. La vieille dame disait en riant que, si elle avait su écrire, elle serait devenue écrivaine. C'est elle qui avait beaucoup insisté pour que Maria suive l'enseignement de monsieur le curé, ce qui n'était pas une évidence pour les enfants, et encore moins pour les petites filles. Maria lui en sait gré et, dans les prières qu'elle fait tous les soirs et qu'elle partage avec Luisa, elle ne manque jamais d'évoquer la vieille dame avec qui il lui arrive de converser ! C'est elle, pense Maria, qui lui conseille de partir et de prendre son destin en charge. Sa grand - mère parlait toujours avec regret des voyages qu'elle aurait aimés faire. Ils étaient peu nombreux les émigrants en ces temps – là, mais il y en avait quelques uns qui, baluchon sur le dos, partaient travailler ailleurs, en France, en Suisse, en Belgique. Certains, plus téméraires, osaient la grande traversée, parfois vers l'Afrique du nord ou, plus courageux encore, vers l'Amérique. Un voyage incertain, de plusieurs semaines, dans des conditions difficiles. De la plupart, on n'avait plus de nouvelles. L'un d'entre eux avait, semble – t – il fait fortune. Il avait envoyé au village une importante somme d'argent pour restaurer la vieille église, chargeant le prêtre de l'époque d'entretenir la tombe de ses parents et d'organiser un bon repas pour les habitants du village, ce que l'homme d'église s'était empressé de faire. Il avait profité de la fête de Maria, le quinze août, pour réunir tous les habitants (ils n'étaient pas si nombreux ! ) et leur préparer de fabuleuses agapes dont on parla durant des années. Sa grand-mère lui avait énoncé le menu de multiples fois, surtout quand elles avaient faim, de la charcuterie à profusion, du pain pour tous, du brasato avec du riz parfumé au safran, du fromage et un immense gâteau fabriqué par les femmes du village. Sa grand-mère disait qu'ils étaient ensuite restés une semaine sans manger tellement leur panse était pleine, mais que cet ancien habitant avait envoyé une si grosse somme d'argent que le curé avait pu acheter du tissu pour faire des vêtements aux enfants et pour entretenir l'église pendant plusieurs années. Maria rêvait en écoutant ce récit miraculeux. Elle aussi, si elle partait et gagnait beaucoup d'argent, elle en enverrait au village, surtout pour les personnes âgées seules et les enfants. Elle disait à sa grand-mère qu'elle construirait une école, ce que sa nona approuvait vigoureusement. Mais la vieille dame était morte sans voir ce rêve réalisé. Sur son lit de mort, à quelques secondes de pousser son dernier soupir, elle avait murmuré à sa petite-fille qui pleurait :
      N'oublie pas tes rêves et les miens, Maria.
Maria qui considère ce jour comme le plus triste de sa vie, n'a pas oublié et c'est la raison pour laquelle elle est décidé, avec ou sans Tonio, de partir tenter l’aventure d'une vie ailleurs qui, se dit – elle, ne peut être pire que celle qu'elle connait en ce moment.
Perdue dans ces pensées, Maria ne voit pas que Luisa s'est doucement endormie, blottie contre elle. Elle remonte les couvertures jusqu'à sa chevelure qu'elle embrasse et plonge à son tour dans le sommeil. Les journées sont physiquement fatigantes et le sommeil salutaire est bienvenu.
Il fait frais lorsque le jour se lève et ce n'est pas encore l'hiver ! Maria se lève doucement en prenant garde de ne pas réveiller Luisa. Elle se glisse hors du lit et se dirige vers l'évier de la salle. Elle sort une bassine en émail qu'elle remplit d'eau dont elle s'asperge d'abord le visage, puis courageusement avec un gant, elle se lave le corps en frissonnant. Elle ouvre la porte de la petite maison et arrose les quelques légumes qui poussent dans son petit potager. L'eau est bien trop précieuse pour qu'on la gaspille. Elle remplit une deuxième fois la bassine et la pose sur la cuisinière qu'elle vient d'allumer pour qu'elle se réchauffe avant le réveil de Luisa. La chaleur du feu permet également de préparer le petit déjeuner, un brouet de céréales épais dans lequel elle rajoute pour sa petite fille un peu de lait de chèvre trait la veille et quelques gouttes de miel pour en adoucir l'âpreté. Elle vient de finir son bol quand la petite Luisa, les yeux tout brouillés de sommeil, sort de la chambre. Elle est toute jolie dans sa chemise de nuit de laine que Maria lui a taillée dans une vieille chemise de Tonio qui n'en a plus l'usage et qu'elle a parsemée de jolis nœuds de satin jaunes. Un ruban de même couleur essaie de retenir sa chevelure rebelle.
      Luisa, remets tes chaussettes. Tu vas prendre froid, s'exclame Maria tout en posant sur les épaules de la petite fille un châle.
La petite fille s'assoit en face de sa mère et plonge sa cuillère dans le bol.
      C'est bon. Pourquoi le tien n'a pas la même couleur que le mien ?
      Je t'ai rajouté un peu de lait et de miel.
      Et toi, t'aimes pas le lait et le miel ?
      Non, pas trop.
Ce pieux mensonge fait monter les larmes aux yeux de Maria. Elle se souvient de sa grand-mère lui faisant la même réponse et elle, insouciante, la croyant, tout comme Luisa.
      C'est bon ,pourtant !
      Oui, ma chérie. Mange tout ton bol. Il commence à faire froid et cela réchauffe. Quand tu auras fini, l'eau est tiède pour ta toilette.
Sitôt son petit déjeuner englouti, la petite fille se laisse avec plaisir laver et habiller par sa mère. Cela fait partie du rituel du matin, comme la prière fait partie des habitudes du soir, avant de dormir. Luisa sait que beaucoup de ses camarades se couchent et se lèvent sans se laver ni se changer. La toilette, c'est au mieux une fois par semaine. Les voisines chuchotent entre elles que Maria se donne bien du travail à se laver et à doucher la petite tous les jours, à avoir du linge pour la nuit et du linge pour le jour. On porte les vêtements de tous les jours et, le dimanche pour aller à l’église et les jours de fête, les beaux vêtements soigneusement rangés le reste du temps dans un grand coffre où sont déposées toutes les pauvres richesses des villageois. Les portes ne sont jamais fermées à clé. Qu'y aurait – il à voler ?
Maria, suivie de Luisa, sort dans la petite cour et commence par se rendre dans le minuscule poulailler où quatre poules, quand elles le veulent bien, leur donnent des œufs frais qui constituent une part non négligeable de leur repas. Elles leur distribuent quelques miettes de pain soigneusement conservées, des grains de maïs durs et des déchets de pommes et de légumes. Les poules se précipitent en caquetant et se jettent sur la nourriture éparpillée sur le sol. Maria vérifie qu'elles ont de l'eau dans la vieille casserole cabossée qui leur sert d'abreuvoir et referme soigneusement la cage. Elle ne veut pas voir ses poules devenir la proie de quelques chenapans à la recherche de nourriture, surtout que ses poules, Maria ne les a jamais mangées. Elle ne peut s'y décider et celles qui ont disparu sont mortes de leur belle mort. Maria les a alors offertes à des voisins, incapables d'en faire son repas. Certes, elle sait que cela est hypocrite car, quand le marché se tient, une fois par mois, elle achète des morceaux de poulet ou de porc. Mais manger ses poules à elle, qu'elle soigne, nourrit , caresse, à qui elle parle de temps en temps, qu'elle a vu grandir. Non, décidément, elle ne peut pas. C'est la même chose avec ses deux chèvres qu'elle trait, dont elle file la laine en la leur ôtant le plus délicatement possible. Mais elle n'en fera jamais un ragoût. Elle a d'ailleurs décidé de donner ses bêtes à monsieur le curé quand elles partiront. Elle lui fera jurer sur la croix qu'il s'en occupera et qu'il ne les mangera pas. Il ne pourra pas faire un parjure après un tel serment !
Elle décide ensuite de se rendre dans la forêt voisine pour y ramasser des glands puisque c'est la saison. Il ne semble pas se décider à pleuvoir aujourd'hui, autant en profiter ! Elle pourra en faire de la farine , après séchage, et des gâteaux. Si elles sont encore là pour quelques mois, il faut qu'elle prévoie la difficile période de l'hiver.
Le soleil est haut dans le ciel quand elles reviennent, les joues rosies par l'air frais et la marche. En passant devant la seule petite boutique du village qui sert aussi d'auberge et de dépôt pour le courrier, la tenancière l'aborde en criant son nom, une enveloppe à la main.
      Maria, tu as une lettre de l'étranger. Elle pèse lourd mais elle ne vient pas de New-York !
    La curieuse mégère a déjà regardé l'adresse d'envoi et soupesé l'enveloppe. Elle ne l'a pas ouverte, mais l'envie la démange. Elle la remet à Maria et reste là, la tête penchée sur son épaule, attendant qu'elle l'ouvre. Maria la prend en remerciant et, sous l'oeil ébahi et furieux de l'aubergiste, met le tout dans le gros sac de toile qui contient leur cueillette du matin. Elle presse le pas, traînant presque Luisa fatiguée de leur longue marche de la matinée qui a été fructueuse car le sac est plein de glands, mais aussi de châtaignes et le visage barbouillé de la petite fille prouve qu'elle a mangé des mûres.
    Tu marches trop vite, maman. Attends – moi.
    Maria ralentit un peu le pas, mais elle veut ouvrir la lettre seule, sans les yeux curieux des villageois qui, avertis par la commère d'aubergiste, paraissent attendre.Elle aussi est intriguée par la provenance de la lettre. Elle reconnaît l'écriture appliquée de Tonio, mais a rapidement regardé le cachet postal qui ne paraît pas provenir de New-York où son mari est censé se trouver, ni même en anglais, car elle a eu l'impression de vaguement reconnaître la langue employée. Les mots « Buenos » et « Plata » l'ont accrochée, mais elle n'a pas lu davantage, pressée de dérober l'enveloppe à la curiosité de la mégère qui a du, depuis la réception de la lettre, largement l'examiner sous toutes les coutures. Il doit la démanger d'en connaître le contenu. Mais l'opacité de l'enveloppe ne laisse rien filtrer. Enfin arrivée devant sa petite masure, Maria en pousse la porte qu'elle referme aussitôt. Elle installe Luisa sur une chaise face à un grand verre d'eau fraîche et se laisse tomber, impatiente, sur la chaise en face.
    C'est une lettre de papa, annonce – t – elle à la petite fille assoiffée.
    On va partir ? demande l'enfant. Elena m'a dit qu'on partirait quand on recevrait une lettre de papa. C'est sa maman qui le lui a dit.
Les langues vont bon train dans le village.Que de commérages doivent être rapportés !
      Il ne faut pas croire tout ce qui se raconte, Luisa. Papa nous a écrit pour nous envoyer des nouvelles. S'il pense que c'est mieux pour nous, il nous demandera de le rejoindre.
    Mais il paraît que tu veux quitter le village. C'est Elena qui a entendu sa grand-mère et sa mère en parler. Elle dit qu'avec ou sans papa, on partira parce que tu ne te plais pas ici. Moi, j'aime bien Elena et si on part, je ne la verrai plus. Je serai contente de revoir papa, même si je m'en souviens pas trop, mais je serai triste de quitter Elena.
    On verra, ma chérie, la réconforte Maria tout en déchirant précautionneusement la grosse enveloppe avec un couteau.
    Plusieurs feuillets sont couverts d'une écriture appliquée qu'elle reconnaît. L'en-tête indique :
« Plata de Oro, le 15 juillet 1899

    Ma chère femme, ma petite Luisa,
Je ne voulais pas vous écrire avant d'être sûr de pouvoir vous envoyer de quoi me rejoindre. J'espère que vous ne m'avez pas oublié, mais le chemin a été long pour moi. J'ai débarqué à New-York il y a plusieurs mois avec Giordano qui avait embarqué en même temps que moi. Nous avons été triés comme du bétail à notre arrivée et Giordano a été refusé d'entrer. Trop maigre, ont – ils dit. Je suis parti seul dans la ville en lui promettant de revenir le chercher. Il y avait des compatriotes qui attendaient le bateau, pas tous fréquentables. J'ai rencontré un garçon qui venait de notre région et je lui ai expliqué le problème de Giordano et ma promesse. Il m'a dit que ce serait difficile mais qu'il essaierait de m'aider. Il m'a hébergé dans sa chambre et j'ai travaillé quelques semaines dans une boulangerie. Cela me plaisait bien, j'ai appris des choses, mais je ne voulais pas abandonner Giordano. Je savais qu'ils n'allaient pas tarder à le renvoyer. Mario, mon nouvel ami, m'a expliqué qu'ils attendaient le prochain départ de gros bateaux pour y remettre tous les refoulés, car il y en a pas mal.
Un soir , Mario est arrivé tout excité en me disant qu'il avait une opportunité pour nous trois qu'il ne fallait pas manquer. Il m'a expliqué que, le lendemain matin, à la première heure, partait de New-York, un gros navire transportant des marchandises et des voyageurs vers le sud de l'Amérique, l'Argentine m'a – t – il précisé, où de nombreux italiens s'installent depuis quelques années. Il y a des territoires vierges énormes, très peu d'habitants et beaucoup de travail pour tout le monde. Lui était décidé à partir. J'ai vite réfléchi. J'aurais voulu te demander ton avis, mais c'était impossible, il fallait que je donne ma réponse de suite. Nous avons rassemblé nos quelques affaires, cela a été rapide vu le peu que nous possédons. Par l'intermédiaire d'un docker du port, nous avons pu faire embarquer Giordano et nous voilà tous les trois avec des dizaines d'autres compatriotes sur ce grand bateau qui a pris la mer dès le lever du jour. Le voyage a duré plus d'une semaine dans des conditions difficiles. Il y avait des familles avec des femmes et des enfants, beaucoup de déçus ou de refusés des États-Unis, des bien plus pauvres que moi car, avec mon travail de boulanger, j'ai fait un peu d'économies qui m'ont permis de me nourrir convenablement pendant cette traversée. J'ai aidé aussi quelques familles dont les enfants décharnés mais souriants me faisaient penser à notre petite Luisa qui me manque tant, tout comme toi. Je me suis ainsi fait quelques amis.
La mer a été plutôt tranquille, je n'ai pas souffert du mal de mer que j'avais subi lors de ma venue à New York. Nous avons débarqué dans un grand port, certes bien plus modeste que New York, mais à l'activité importante. On n'a pas subi la séance humiliante du tri. Les autorités nous ont accueillis avec sympathie car le pays a besoin de main d'oeuvre, tant pour exploiter les immenses terres et y garder les troupeaux que pour travailler comme artisans ou ouvriers dans les ateliers et les usines qui poussent rapidement de partout.
Je n'ai pas hésité. Je veux pour Luisa et toi une vie plaisante, heureuse, pas perdue au bout du monde, mais avec des écoles, des commerces, des rues, des maisons confortables. Giordano et Mario qui n'ont ni femmes ni enfants, ont choisi de partir dans les terres, s'employant comme gardiens pour commencer, mais avec la promesse de recevoir des terres bientôt pour avoir leurs propres exploitations. Je t'ai dit que j'avais en quelques semaines à New York appris le métier de boulanger. C'est un travail qui me plaît. Ainsi on ne risque pas de manquer de pain ! J'ai remarqué qu'il y en avait très peu dans la ville de Buenos Aires où nous avions débarqué. J'ai repéré un petit local, bien situé dans une rue passante. Avec les quelques sous qui me restaient, je l'ai loué, j'y ai installé un pétrin et un fournil récupérés dans une boutique qui avait fermé à la mort de son propriétaire. Avant de partir pour le sud du pays, Mario et Giordano m'ont aidé à l'aménager : on y a installé un comptoir, quelques étagères et, dans l'arrière-boutique, une petite cuisine et une chambre. Je n'y suis que depuis trois mois et cela marche bien. Je crois qu'on peut s'installer tous les trois dans une nouvelle vie. Tu vois, j'ai déjà gagné assez d'argent pour t'envoyer deux billets pour le bateau, que tu trouveras dans l'enveloppe et que j'ai payés à la principale compagnie maritime qui fait les traversées de Gênes jusqu'à Buenos Aires directement. Ils m'ont expliqué qu'il te suffit d'aller dans leurs bureaux du port de Gênes. Ils t'indiqueront les prochains bateaux en partance et tu choisis celui qui te convient. Mais ne tarde pas trop, ma Maria chérie. Tu me manques et je t'attends avec impatience. Dans la petite enveloppe cachée dans la lettre, je t'ai envoyé de l'argent, pour que tu puisses préparer votre voyage et peut-être rester quelques jours à Gênes dans l'attente d'un bateau . Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas seule. Il y a plusieurs compatriotes qui font venir leurs femmes et leurs enfants.
Je t'attends avec impatience. Je ne sais pas quand tu recevras cette lettre. Mais si on pouvait commencer le nouveau siècle tous les trois ensemble, ce serait un vrai bonheur. Tu pourrais arriver avant Noël, ce sera l'été ici, car les saisons sont inversées.
Je t'embrasse, ainsi que ma petite Luisa. Ne perds pas ton temps à essayer de me répondre à l'adresse que j'ai indiqué au dos de mon courrier . Notre boutique est près du port et à partir du mois d'octobre, j'irai à toutes les arrivées de bateaux de Gênes pour vous accueillir.
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           Ton Tonio »

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