dimanche 10 octobre 2021

LE TEMPS QUI PASSE !


 

En ces temps si moroses, j'ai eu envie de faire comme beaucoup de m'arrêter et de réfléchir, ou méditer pour employer un mot plus à la mode.

Ces confinements et leurs abus, comme avoir une attestation pour promener ses chiens !!!, vont-ils changer le monde ? Comment croire à un monde nouveau...et surtout meilleur ?

Nous sommes cernés par une société de sur ou hyper-consommation que la décroissance revendiquée par certains ruinerait, et nous avec, en particulier les plus vulnérables.

J'ai été, et je le suis toujours, sidérée par la soumission des gens qui ont accepté sans mot dire toutes les obligations, jusqu'aux plus absurdes. 

Cette "crise" a largement servi les médias de tous bords et a laissé ressortir la part la plus sombre de l'humain. Délation, crainte du voisin et que dire alors de la répulsion vis à vis de l'étranger, abandon des plus seuls... Les études des épidémies antérieures, pestes, variole, grippe, avaient déjà laissé entrevoir ce genre d'attitude. Mais au XXIème siècle, les méfiances, les rejets ont été bien pires. Il n'est pas si loin le temps où l'on confinait les malades, ou ceux qu'on pensait tels, dans les maladreries  que l'on trouve dans de nombreux villages de France, sans parler des lépreux dont les vêtements cousus de clochettes annonçaient la venue et faisaient se cacher les habitants.

À la décharge de nos plus ou moins lointains ancêtres, ils n'avaient pas les connaissances médicales actuelles, les explications scientifiques , les soins contemporains. Ils faisaient cependant preuve de bien  plus d'humanité que notre société du XXIème siècle.

On a entendu, aussi bien des savants penseurs que des radoteurs de café du commerce, émettre les idées de triage des hommes actuels. Triage ? Ça ne vous dit rien ? Vous savez, ces scènes historiques où des hommes en noir triaient ceux qui descendaient du train en fonction de leur âge, de leur état, de leur genre... en deux files, ceux qui allaient à la "douche" et ceux que l'on ferait travailler le temps qu'ils pourraient !

On a entendu des horreurs semblables. J'ai douloureusement vécu un épisode de cet eugénisme . Ma soeur âgée  de 78 ans était handicapée, sans doute une forme d'autisme mal détectée à une époque où on n'en parlait pas et qu'on ne connaissait pas ou mal. Elle n'ennuyait personne. Il se trouve qu'elle fut prise de vomissements le premier jour du confinement dont nous ignorions le fonctionnement. Hospitalisée, il nous fut interdit d'aller la voir. Je dus me contenter d'appeler quotidiennement les infirmières pour avoir des nouvelles. Au bout de quinze jours, un médecin m'a répondu qu'elle était en soins palliatifs, brutalement et sans autre explication. À force d'insister, mes enfants et moi pûmes aller la voir le lendemain de cette annonce. On nous harnacha comme des cosmonautes et je vis ma soeur qui était bien vivante, qui nous reconnaissait, qui riait, qui était très affaiblie car débranchée depuis plusieurs jours des perfusions qui la nourrissaient et l'hydrataient et surtout qui ne comprenait pas pourquoi nous ne venions pas la voir ! Ce qui, je pense, la perturbait beaucoup. Le matin suivant, à quatre heures du matin, un funeste coup de fil m'avertissait qu'elle était décédée ! Je n'ai jamais su de quoi, car elle n'avait pas la Covid-19 . Les obsèques déshumanisées ne nous ont pas permis de faire notre deuil.

Notre société n'est plus faite pour l'homme, nous valons tellement moins que l'argent, la production, la consommation, le bénéfice. Tellement moins que les entreprises multinationales, les vols fiscaux ! Voir des enfants mourir de faim, des populations tomber sous les bombardements (il est bien connu que nous vendons des armes de guerre avec la promesse des acheteurs de ne pas les utiliser...sauf pour les défilés !), des SDF "glaner" après les marchés (d'ailleurs suivant les promesses électorales, ils devaient disparaître...et c'est vrai, ils ont disparu de l'horizon politique et médiatique !), toutes les images de ces scènes défilent sur nos écrans entre deux annonces, trois publicités ou quatre sms, et sont oubliées ou rangées dans un coin sombre de notre pensée abrutie de trop d'informations. 

Le monde d'après sera pire que l'ancien monde, déjà pas bien fameux. Les plus pauvres encore appauvris, non ou mal soignés, la fameuse croissance dont on nous rabat les oreilles enrichit les plus riches. Les délaissés seront plus nombreux et on entend de moins en moins leurs voix ! La justice favorisera comme toujours ceux qui s'imaginent plus puissants.

Le coin de ciel que me laisse entrevoir ma fenêtre est gris, chargé de nuages comme le monde qui se construit actuellement.

Je répèterai comme Pascal :

Plus je connais les hommes, plus j'aime mes chiens.