Un extrait du roman
"Une grand-mère redoutable"
À paraitre dans les jours qui viennent!
Merci également aux 10000 visites sur mon blog...
"Une grand-mère redoutable"
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Nous sommes arrivés au village natal de Fati en fin d’après— midi.Il faisait chaud, rues et maisons de pisé se confondaient dans un ocre poussiéreux. Quelques vieilles voitures stationnaient dans les rues non— goudronnées et quelques hommes étaient attablés dans ce qui semblait être le café local, palabrant autour de deux joueurs de dames.Notre arrivée mit un terme à cette activité et, sans nous adresser la parole, tous se mirent à nous regarder.Un groupe d’enfants, sortis d’on ne sait où, se forma, nous suivant à distance.Je roulai lentement sur le chemin caillouteux en suivant les indications de Fati. Nous nous arrêtâmes face à une maison semblable aux autres, à l’exception d’une très belle porte en bois ouvragé surmontée d’un linteau de bois peint.L’ensemble était original, pas franchement beau, mais donnait à la façade de la maison un aspect particulier. A n’en pas douter, connaissant le personnage, c’était la maison de Dada.
C’est ce que me confirma Fati en la montrant du doigt :
— Voilà, nous sommes arrivés.C’est la maison de ma grand— mère.
— On ne risque pas de la confondre avec une autre…même sans adresse, je l'aurais trouvée, ajoutais— je ironiquement.
— Tu connais ma grand— mère.Il ne faut jamais qu’elle fasse comme les autres. Elle— même dit que ce n’est peut— être pas très beau mais au moins, c’est différent des autres maisons et cela a son charme, tu ne trouves pas?
Fati sortit une grosse clé de son sac de voyage et l’introduisit dans la serrure qui, avec un grincement chuintant, s’ouvrit. Elle poussa la lourde porte.Il fallut un certain temps pour que mes yeux s’habituent à l’obscurité. C’était la première fois que je pénétrais dans une maison berbère traditionnelle.Elle était fermée depuis plusieurs mois et sentait le renfermé et la terre mouillée. Fati s’avança et ouvrit une deuxième porte fermée par un loquet qui donnait accès à une petite cour intérieure. Une minuscule vasque sans eau était plantée au centre. Avec son revêtement de céramique colorée, elle paraissait incongrue dans cette atmosphère couleur terre tout en donnant une touche de couleur qui en adoucissait l’austérité.
— Attends de la voir fonctionner. Mon père a installé un système d’eau courante pour la maison qui fonctionne à partir d’un puits. C’est un peu compliqué à faire démarrer mais j’en connais le fonctionnement. C’est un vrai enchantement d’entendre et de voir l’eau couler. L'eau est une denrée rare et précieuse ici. C'est donc un circuit fermé où l'eau est réutilisée sans perte ou très peu.
Elle s’appliqua à ouvrir et aérer toutes les pièces qui, pour la plupart, ne possédaient pas de fenêtres mais simplement des portes qui ouvraient sur la cour centrale. Je retournais chercher nos bagages dans la voiture et vis qu’un véritable rassemblement s’était formé devant la maison, les villageois paraissaient attendre une explication à notre présence. J’en avertis Fati car je dois avouer que je n’étais pas très rassuré. Non pas que les hommes et les enfants(car il n’y avait pas de femmes) aient une attitude hostile, mais leurs regards curieux n’étaient pas non plus particulièrement bienveillants.
Elle sortit en souriant, les salua en arabe et continua à leur parler assez longtemps. Je vis peu à peu les visages se détendre, certains sourires s’esquisser.Les enfants se rapprochèrent, l’un d’eux me prit par la main en la secouant très fort et me dit :
— Bonjour,Monsieur.
Ils nous aidèrent à entrer nos bagages et l’un des hommes revint avec un plateau sur lequel étaient disposées un théière noircie par le temps et le feu et quelques verres à thé à la propreté un peu douteuse. Tout en souriant, Fati me dit :
— Accepte! L’eau est bouillie…
Nous partageâmes ce thé d’accueil et Fati continua à leur parler et à répondre à leurs questions. Je ne comprenais pas grand— chose et reconnaissais seulement quelques mots tels Abdellatif, Souad, Francia, Dada. Je supposais qu’ils demandaient des nouvelles de sa famille. Les laissant discuter, je regardais autour de moi: des maisons en terre, des pistes poussiéreuses et au loin, la montagne. En bruits de fond, le bêlement des moutons, le braiement des ânes, le caquètement des poules. Peu de bruits humains parvenaient du village. Je n’avais pas encore vu de femmes quand je vis passer, sans qu’elle ne s’arrête, une vieille femme chargée de fagots de bois. Elle tourna à peine la tête pour nous regarder, sans ralentir et pénétra dans une maison un peu plus loin.Une odeur de foin et de bois brûlé se mêlait au parfum de menthe qui se dégageait du plateau et aux effluves lourdes d’un magnifique chèvrefeuille qui recouvrait en partie la façade de la maison.