Raconter une histoire,un conte pour éclairer la vie quotidienne,pour rêver un peu,beaucoup,parler de ce qui me tient à coeur,le Maroc,les femmes,le temps qui passe,l'histoire...Publier quelques extraits de mon livre,préparer le prochain sans se décourager!!!
lundi 13 septembre 2010
STELLA
STELLA
Je vais suivre les conseils d'une amie et écrire une petite tranche de vie personnelle,pas très longue,juste un hommage,oui,je n'ai pas peur du mot,un tendre hommage à mon gros chien noir qui est parti rejoindre le paradis des chiens dimanche matin,après 15 jours d'espoir vain,pendant lesquels,j'espère,elle n'a pas trop souffert.
Je ne veux même pas entendre murmurer
"Ce n'est qu'un chien" ou "Encore une histoire avec son chien"...
A ceux-là,je demande de fermer la page. Les autres, ceux qui me connaissent, ceux qui ont connu ma compagne affectueuse, ceux qui ont juste envie de continuer leur lecture, je les remercie de partager avec moi ce moment de tendresse nostalgique.
Je sais qu'il y a des détresses incomparables, des pertes et des deuils qui peuvent être plus dramatiques. Je suis consciente de cela. J'ai un père et une soeur âgés, des enfants, un compagnon, des amis chers . Mais cela ne change rien à mon chagrin, il n'y a pas de petit et de grand chagrin.Il y a des peines qui nous affectent et que je ne cherche pas à graduer. Je veux simplement exprimer la mienne.
Stella est arrivée dans ma vie il y a presque dix ans .C'était une femelle dogue allemande noire. J'avais déjà eu deux dogues allemands, deux femelles, Maya, noire également, et Gretta, une dogue arlequin.Les dogues sont de très gros chiens, attachants et, il est vrai, très "pots de colle". J'ai toujours eu l'impression qu'ils avaient "le complexe du yorkshire", c'est à dire qu'ils ne se rendaient absolument pas compte de leur taille et que leur rêve était de se lover sur mes genoux...Je devrais dire, puisque nous en avons un maintenant, le complexe du chihuahua...qui, lui, au contraire,se prend pour un rodweiller. Les chiens seraient-ils donc comme les humains, jamais satisfaits de leur aspect? Les grands préféreraient être petits, les maigres voudraient grossir, les frisés envient les cheveux raides, les pâlichons souhaitent avoir la peau foncée...etc... Nos technologies esthétiques nous permettent de changer bien des choses... Heureusement, nous sommes, pour l'instant, infiniment plus raisonnables pour nos compagnons à quatre pattes. Et finalement,ils s'acceptent beaucoup mieux que nous! Enfin,presque.Je revois encore Stella, infiniment contente après avoir réussi le tour de force de se caser dans la corbeille(certes en mousse)du bichon de mon père! Je me demandais surtout comment elle allait en sortir.
Mes dogues ont toujours été des chiens très affectueux. Certains de mes amis me disent que l'attitude, à la fois protectrice et câline qu'ils ont envers moi, est plus le fait de ma(mauvaise)éducation que de leur caractère propre... Peut-être les deux raisons se conjuguent-elles!
Je me rappelle avoir vu Scoubidou, dogue médiatique et attachant, dans une de ses aventures cinématographiques. Stella avait alors six ou sept mois. Je me trouvais en province chez mon père. Comme tout jeune chien, elle n'aimait pas être seule et faisait un certain nombre de "bêtises", à son échelle! Pour éviter tout débordement, je décidai de la laisser dans la voiture pendant la séance. A mon retour, je lui ouvre la portière et, telle Scoubidou, elle bondit de la voiture et plaque vigoureusement ses deux pattes avant sur mes épaules, me gratifiant d'un grand coup de museau...et je me retrouve par terre sur le dos, sur la gazon, devant le cinéma. J'avais l'impression d'être encore "dans le film".Cela a fait rire mes enfants et les gens autour. Moi, beaucoup moins sur le coup. Maintenant, j'aimerais bien qu'elle me renverse encore une fois!
Stella a donc été mon troisième dogue allemand. Je crois que ce sera mon dernier dogue. J'ai trop de peine quand ces gros chiens si doux disparaissent précocement,à l'âge de 8 ou 10 ans. Ce sont des chiens fragiles. Cela fait sourire quand je le dis, mais cela est vrai. Il paraîtrait même que mes trois dogues ont eu une espérance de vie exceptionnellement longue. Quand Maya a disparu, à l'âge de presque 11 ans, elle devait être un des plus vieux dogues de France.Ces chiffres,ce sont des statistiques qui ne diminuent en rien mon chagrin.
Des souvenirs, j'en ai plein la tête. Je revois son gros museau noir, devenu gris les dernières années. Cela me rappelle une anecdote qui concernait Maya. Les chiens, tout comme nous, voient leur pelage blanchir, en particulier autour du museau. Cela se voit particulièrement quand ils sont noirs. Maya abordait ses presque dix ans avec un museau blanchi quand je la vis revenir d'une petite escapade. Elle avait changé. Mais quoi donc? Je me rendis soudain compte que son museau était redevenu entièrement noir. Elle avait rajeuni! Mais qu'avait-elle fait? Je le compris rapidement quand, dans un grand élan d'affection, elle vint se frotter sur mon bermuda beige...Elle avait fouiné dans un tas de charbon de bois d'un champ voisin(peut-être à la recherche d'un quelconque os)et, de ce fait,s'était fait une teinture noire...qui décora allègrement mes vêtements!
Il est vrai que j'ai parfois beaucoup râlé,quand d'un coup de patte tendre,elle filait mon nouveau collant, quand je la trouvais installée sur la canapé,la tête sur l'oreiller de soie brodée.Que dire du jour,où s'imaginant être prête à mettre bas à la suite d'une grossesse nerveuse(et oui,ça existe chez les animaux),elle prépara un petit nid douillet en grattant le sofa en cuir!!!
Que de fois,marqua-t-elle mon manteau ou ma robe, en venant mettre un gros coup de museau affectueux et ...baveux!
J'ai eu Stella à une période difficile de ma vie. J'étais malade, extrêmement fatiguée et je me suis sentie plus d'une fois incapable d'assumer ce jeune (grand)chiot fougueux qui courait dans le jardin,y enterrait mes chaussures et mes gants(c'est ce qu'elle préférait) et me regardait ensuite du coin de l'oeil en s'aplatissant dans sa(grande)corbeille, tout en essayant, avec une maladresse attendrissante, de se cacher sous sa patte! J'avais parfois l'impression qu'elle allait me rendre folle.Une de ses habitudes était ,lorsque je m'absentais la plupart du temps pour des séjours à l'hôpital, d'enterrer ou de grignoter un objet m'appartenant, le plus souvent un objet de cuir, chaussures, gants, sacs...Je me suis retrouvée ainsi avec des gants en exemplaire unique, avec des bottes que j'ai dû déterrer. Je me souviens encore du coup de fil d'un de mes fils m'avertissant qu'elle avait mangé une chaussure
-Tu sais,les beiges à lanières que tu as achetées il n'y a pas longtemps.On voit encore un peu la marque JB Martin!!(ceux qui connaissent apprécieront).Mais,ajouta-t-il,elle n'en a mangé qu'une!
Merci, mon fils. Je pense qu'il plaisantait...encore que...
Ce même fils rit beaucoup moins quand il me téléphona un jour qu'il était arrivé du collège le premier à la maison et qu'il se rendit compte que Stella avait déroulé un rouleau de papier toilette en faisant plusieurs fois le tour de la maison...Cette image de mon gros chien noir batifolant dans le jardin , heureuse, le papier rose (ou blanc) dans la gueule,me fait encore sourire,même si maintenant c'est avec beaucoup de mélancolie.
Stella n'a pas fait que des bêtises dans sa courte vie. Elle a joué son rôle de gardien de la maison et des enfants, nous a toujours accompagnés et témoigné de sa grande gentillesse.Ce ne fut pas une mince expédition que de prendre l'avion depuis la France jusqu'en République Dominicaine avec un chat et trois chiens dont Stella.J'avoue avoir été choquée quand j'entendis des gens de notre entourage nous demander avant notre départ
-Qu'allez-vous faire de vos chiens,surtout de la grande?
-Mais évidemment les prendre.
Si les chiens avaient été interdits, nous aurions choisi un autre lieu de résidence...
Le voyage a été certainement long pour nos animaux, mais je crois que le plus important pour eux comme pour nous était d'être ensemble. Qu'on ne me parle pas de la non-conscience des animaux. Ceux qui le prétendent n'ont jamais eu d'animaux.
Je me souviens des journées que j'ai passées dans ma chambre, allongée, trop fatiguée pour sortir. Ces jours-là, mes chiennes ne venaient pas réclamer leur promenade en forêt. Stella, qui était capable, quand elle voulait se balader, de ramener mes bottes en caoutchouc du garage et de les déposer devant moi, ces jours-là,comme les autres chiennes, se couchait près de mon lit et se manifestait en s'approchant de temps en temps,l'air de dire;
-Tu vas bien?
Je ne fais pas d'anthropomorphisme. C'est simplement la constatation de dizaines d'années passées en compagnie de mes chiens qui m'amènent à ces conclusions. J'ose le dire,un chien peut comprendre, un chien peut aimer ou ne pas aimer, un chien peut ressentir des sentiments. Il y a des gens qu'il rejette instinctivement(et souvent avec raison), il est capable de gérer certaines situations. Un chien n'est pas que réflexe de Pavlov.
J'ai toujours été désagréablement surprise de voir que les animaux sont peu présents dans les religions monothéistes. Seul le chat a un statut un peu différent dans l'islam. Je crois que finalement, c'est pour cela que j'aimais bien citer à mes élèves dans le cadre de l'histoire du clergé, le cas de St François d'Assise qui est représenté avec des animaux à qui,dit la légende,il était capable de parler. C'est bien le seul cas que je connaisse(mais peut-être en connaissez-vous d'autres?) et je ne pense pas que ce soit une des priorités des règles des franciscains.
On m'a reproché de nombreuses fois d'accorder trop d'attention aux animaux.
-Comment peut-on s'occuper autant des animaux alors qu'il y a des millions d'humains en détresse?
J'ai remarqué(et fait remarquer)que souvent les auteurs de ce genre de réflexions ne sont pas des plus charitables avec les hommes.Cela me parait une excuse bien facile!
Je reprendrai bien volontiers, en le transformant, l'adage de Rousseau qui pensait que l'homme était bon par nature et qui a développé le mythe du bon sauvage.Je pense que l'animal est naturellement correct et que ses dévoiements ne sont que le fait des humains qui les utilisent.
"L'homme est un loup pour l'homme"?Certainement pas,le loup ne torture pas pour le plaisir,n'éprouve aucune joie à faire le mal.Il ne fait qu'essayer de survivre dans un monde que l'homme a détourné à son seul profit.
Je remercie l'amie qui m'a conseillé d'écrire pour Stella. Elle se reconnaîtra, si elle me lit. J'ai toujours de la peine,elle me manque toujours autant,elle restera ma douce compagne ,j'en parlerai à mes petits-enfants...si j'en ai.
Je crois que les personnes qui nous sont chères et qui ont disparu, restent auprès de nous tant que nous pensons à eux et que nous les associons à notre quotidien,à nos pensées....ça en fait du monde autour de nous et que l'on choisit!
Ecoutez,après avoir eu la gentillesse de lire mon histoire,d'écouter Jean Ferrat chanter "Oural,ouralou"(à rechercher sur le net!!!)
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Bonsoir,
RépondreSupprimerJe tenais à laisser ce petit commentaire pour vous dire qu'en rien vous n'avez à vous justifier de votre passion envers les animaux, et particulièrement les chiens.
C'est précisément grâce à vous que cette passion des chiens nous a été transmise. L'absence de Miska chez nous aurait été plus que regrettable.
Stella était une très belle chienne, et quand je lis ce passage dans lequel vous parlez du fait qu'elle ne se rendait pas compte de sa taille, ça me rappelle des tas de souvenirs, notamment quand sa queue frappait tout ce qui se trouvait autour d'elle.
Miska commence lui aussi à accuser le poid des années, et même si il va fréquemment chez le vétérinaire, par précaution, nous savons que la vie commence à devenir difficile pour lui. Le sujet est dur à aborder à la maison (nous avons déjà été confrontés à la mort de plusieurs chats à ce jour, ce fut toujours très difficile), notamment pour mon père qui supporte à peine l'idée de se séparer de lui une seule journée.
Chaque jour, nous profitons de sa présence justement par peur de la future peine que l'on aura quand il s'éteindra.
En tout cas, j'ai assez vécu chez vous pour savoir à quel point cette disparition peut vous atteindre, et encore une fois, je vous souhaite toutes mes condoléances.
Guillaume.
Stella est sur la toile et dans les étoiles. Adorables compagnons, bêtes à chagrin, on sait ce qu'il en est.... on nous prend pour des fous, mais peu importe, les animaux nous donnent tellement ce dont les humains ne sont pas capables...
RépondreSupprimerLe gros chien baveux, comme disait Célestine... hahahaha !!!! normal elle lui arrivait au ras du museau alors un coup de langue c'était bien tentant !
Tendres pensées.
Laurence
Je partage votre passion pour les animaux et
RépondreSupprimeret je comprend votre souffrance. J'ai moi aussi connu cette souffrance. Les animaux nous donnent tant d'amour et de bonheur. Je suis triste pour ceux qui ne connaissent pas cet amour exceptionnel.
Mes pensées sont avec vous et Stella
Nicole