jeudi 29 février 2024

Le printemps arrive !

 Bonsoir à tous,

Je suis peu présente en ce moment... Des soucis comme bien d'autres !

Quelques nouvelles donnent un peu de joie...

Je serai présente au salon du Livre de La Rochelle les 21 et 22 septembre. J'espère vous y rencontrer !!!

 J'attends d'autres confirmations dont je vous avertirai.

Suivant les conseils d'une autrice, je présente mes manuscrits à de "prestigieuses" maisons d'édition ... ce

 que je n'osais pas faire jusque-là. Après tout, qui n'ose rien n'a rien et, ne dit-on pas, que la chance sourit

 aux audacieux ? Alors osons, ou plutôt j'ose... Je vous informerai des résultats🤞🏽

Plongez-vous dans les voyages et le dépaysement avec mes livres disponibles sur Amazon:

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Bonne lecture.



samedi 20 janvier 2024

Pour bien commencer 2024 !

Bonne année nouvelle à tous !

En vous souhaitant une année 2024 pleine de bonheur, de joie, de santé, de prospérité !!! Et bien sûr, beaucoup de lectures pour rêver, voyager, rire, pleurer peut-être, vivre en lisant !

Je vous propose deux extraits de livres pour vous donner envie de découvrir deux mondes littéraires différents...


SKIPPERS EN POÉSIE

Aux deux vieux loups de mer profitent de leur pseudo retraite sous le soleil de Caraïbes en toute confiance, la vie  semble paradisiaque. De petites sorties leur permettent d'améliorer financièrement le quotidien. Ils ne s'interrogent pas sur le but de ces balades qu'ils considèrent comme anodines. Mais cela va s’avérer bien différent et douloureux !!!

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Antoine est seul sur le voilier. Yalisa est descendue à quai, munie de la cinquantaine de dollars pour faire quelques courses. Le bateau oscille doucement, au gré des vagues qui viennent mourir dans la marina où il est seul. Les autres bateaux sont la plupart du temps vides. Il est arrivé à leurs employeurs d'y arriver par la mer, dans des vedettes puissantes, pour y déposer les touristes et leurs bagages. Antoine attend Pierre qui doit arriver aujourd'hui d'Europe pour l'accompagner durant cette mission. Il a atterri hier sur l'île voisine, dotée d'un aéroport plus important, et doit prendre un petit coucou pour arriver à Sainte Poésie dans ce qui ressemble davantage à un aérodrome d'aéroclub qu'à un aéroport, en dépit de la grande pancarte qui le désigne « Aéroport International de Sainte Poésie ». Un bien joli nom pour une île héritée des flibustiers et des corsaires qui ont écumé (et écument toujours !) les Caraïbes. La petite île commence à développer quelques établissements touristiques destinés à de très riches clients, souvent américains, du nord ou du sud, quelques russes et très peu d'Européens. Antoine et Pierre, lors de leur symbolique résidence à Sainte Poésie, ont été invités par le gouverneur de l'île. Une invitation très formalisée, sur un carton ouvragé et remis officiellement par un policier local en grand uniforme. Ils s'y sont rendus, difficile de se soustraire à une telle cérémonie. Le buffet était coloré et appétissant, le champagne, le rhum et le whisky coulaient à flot et les hôtesses, légèrement vêtues, des plus accueillantes. Une musique caribéenne de fond rendait presque l'atmosphère irréelle.

  • J'ai l'impression de me trouver dans un James Bond ! chuchota Pierre à l'oreille d'Antoine, tandis qu'une très jeune callipyge s'accrochait comme une bouée à ses épaules.

  • Ne te pose pas de questions et profite, lui répondit Antoine. Un rêve tropical, bien payé de surcroît, dont on aurait tort de se priver.

Le gouverneur a été des plus chaleureux, leur a glissé sa carte avec son numéro de téléphone personnel et a précisé que l'île avait bien besoin de résidents sérieux et qu'il était prêt à accueillir leur famille s'ils le désiraient. Pierre et Antoine acquiescèrent en souriant .

  • Nous n'y manquerons pas. Ce sera avec plaisir que nous ferons découvrir votre paradis à nos enfants, répliqua Pierre.

Après la cérémonie, Antoine demanda à son ami s'il était sincère quand il prétendait accueillir en vacances ses enfants. Pierre éclata de rire.

  • Jamais, tu plaisantes. Une réponse de circonstance. C'est notre coin secret. Paradis ou pas, je ne sais pas, mais il n'est pas question d'y venir en famille. Trop risqué !

  • Tu me vois soulagé. Risqué, dis-tu ! Tu le penses ?

  • Je ne crois pas aux miracles. La prise me semble trop belle. Je me suis renseigné. Apparemment, tout est clean chez International Sea Transport . Mais des questions se posent. Qui et que transportons-nous ? Crois-tu qu'on nous paie si généreusement pour accompagner des croisiéristes lambdas avec leurs bagages ? Vraiment ? Nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie. Ils utilisent notre pseudo notoriété d'anciens officiers sérieux et espèrent qu'ainsi nous n'attirerons pas l'attention des autorités, pas très regardantes. Deux vieux baroudeurs, copains de toujours, qui ne veulent pas raccrocher et qui sont contents d'engraisser leurs retraites plutôt minces. Contents de reprendre la mer, de retrouver un peu de tranquillité loin de chez eux. Tu ne crois pas que ces cadeaux, ces invitations, ces greluches qui nous tombent dans les bras sont offerts sans contrepartie. Ils veulent juste que nous fermions les yeux, tout en sachant pouvoir compter sur notre expérience de vieux loups de mer. Qui pourrait soupçonner deux retraités de la Royale, aux excellents états de service ?

Antoine réfléchit.

  • Je ne vais pas faire ça jusqu'à la saint Glinglin. Quand j'aurai une somme suffisamment rondelette, je m'arrêterai. Il faut que je termine les travaux dans notre maison, en ce moment la piscine et le tennis. Isabelle pourra bientôt s'arrêter et Clara finit ses études. Je compte lui acheter un petit appartement et ensuite, stop !

  • Ça dépend si tu veux acheter un appartement dans le seizième à Paris ou à Monaco ou au fin fond de la campagne ! Et ta piscine, tu la veux olympique ou pour faire trempette ? répliqua Pierre en riant. Mes projets ne sont pas les mêmes, liquider mes divorces avec les prestations demandées par mes ex et leurs avocats. J'ai deux enfants et donc deux pensions alimentaires. Ma progéniture s'attarde dans ses études. Donc toi comme moi, on en a pour quelques années encore. Mais, tout ça, ils le savent !

  • Ils ? De qui parles-tu ?

  • De nos mystérieux employeurs. Ils savent pertinemment qu'on a encore besoin d'eux pour quelque temps. Moi, tant qu'on ne nous demande pas davantage, ça me va très bien... à condition qu'il n'y ait pas un grain de sable qui grippe l'engrenage.

  • Tu crois qu'il y a un risque ?

  • On n'a rien sans rien, tu le sais. Je pense que le système est bien rôdé et que les risques sont limités, mais pas inexistants. On fait notre boulot correctement. Mine de rien, je me renseigne auprès d'anciennes relations. Pour l'instant, pas de nuages en vue, je t'assure. Je te préviendrai si j'apprends qu'il y a un problème en vue. Allez, viens, on en profite !

Antoine a longtemps ruminé après cette conversation, un peu inquiet. Mais il sait pouvoir compter sur Pierre, qui n'est pas une tête brûlée ni un casse-cou. Si un problème se profile, ils le sauront à temps. Ils se sont souvent interrogés tant sur leurs voyageurs que sur les marchandises transportées. Ils se doutent de la limite légale de leurs transports, même si officiellement, tout est correct, passeports, visas, contrôles. Ils ont finalement opté pour une réponse qui les satisfait et leur évite de s'interroger davantage : ils pensent transporter des cigarettes de contrebande, c'est la raison pour laquelle les paquets sont si soigneusement emballés, pour éviter l'humidité. Leurs touristes, toujours très polis et discrets sur leurs affaires, doivent être de riches personnages qui veulent voyager discrètement avec leurs jeunes compagnes et débarquer en Europe sans être reconnus. Ils n'ont jamais à transporter ni marchandises ni voyageurs lors des traversées en provenance d'Europe vers la paradisiaque île de Sainte Poésie, les voyages allers se font seuls.

Antoine s'est assoupi sur le bateau quand le bruit de pas sur le pont le réveille. Il se relève du hamac qu'ils ont installé et aperçoit une silhouette qui vient de sauter à bord. Il reconnaît la démarche décidée de Pierre, vêtu de son éternel jean et d'une chemisette blanche, mettant en valeur sa silhouette athlétique et son bronzage. Un bel homme qui ne paraît pas avoir légèrement dépassé la soixantaine. Il s'avance de sa démarche chaloupée, un sourire éclatant accroché aux lèvres.

  • Alors, flemmard, on bronze ? Et tout seul en plus.

Ils partagent une franche accolade, contents de se retrouver. Ils hésitent, par prudence, de rester seuls à Sainte Poésie. Mais Pierre a été retenu en France par un rendez-vous médical et Antoine, à la demande de leurs employeurs, a du arriver quelques jours auparavant. Il ne sait pas vraiment pourquoi, car il n'a reçu ni visites, ni marchandises. Seuls quelques policiers en goguette sont passés le saluer et s'enquérir si tout allait bien, en lui demandant si son ami allait bientôt arriver. Il a répondu qu’il l'attendait incessamment. Cette réponse a paru satisfaire les militaires qui, il l'a remarqué, jetaient de loin un œil sur le voilier. Quand il a interrogé le gardien du port, celui-ci lui a répondu qu'il n'avait vu personne, et, après réception d'un petit billet vert, l'a rassuré d'un sourire en lui précisant que tout allait bien et qu'il veillait au grain.

Antoine se sent moins seul maintenant que Pierre est arrivé. Il faut qu'il arrête d’échafauder des rêves délirants et inquiétants. Ils ne font que transporter des gens munis de toutes les autorisations et la loi ne leur impose pas de fouiller leurs bagages, aussi imposants et encombrants soient-ils. La police et la douane sont là pour ça. Tout est réglo. Mais la vieille morale judéo-chrétienne et la méfiance traditionnelle de l'armée le rendent prudent à l'excès. De l'argent trop facilement gagné, entend-il son père lui répéter, comme lorsqu'il était jeune, ce n'est pas normal. Mais c'était une autre époque ! Isabelle a paru inquiète lors de leur dernier séjour en Europe. Elle se doute sans doute de ses aventures, se dit-il, et en ressent une certaine jalousie. L'arrivée de Pierre le sort de ses pensées pessimistes. Ils vont pouvoir travailler ensemble. La perspective de leur prochaine transatlantique les réjouit. L'appel de la mer est toujours là, le plaisir de sentir le voilier répondre à leur gouvernance, le silence de la mer , le ciel et l'océan comme seuls horizons. Pierre dépose son sac et demande :

  • Des nouvelles de notre prochain départ ?

  • Rien de précis, dans les prochains jours, je suppose. Pour l'instant, ni voyageurs, ni marchandises.

  • Tiens donc, réplique en riant Pierre et passant la tête dans la porte de la cabine de son ami. Une nuit accompagnée... Tu ne perds pas de temps ! Où l'as-tu cachée ?

  • Il faut bien s'occuper. Tu sais que je n'aime pas être seul quand on est au port. Je l'ai envoyée faire quelques courses au village.

  • Elle va pouvoir nourrir sa famille. J'espère que tu n'as pas été trop généreux. Tu as tendance à te faire avoir.

Antoine éclate de rire.

  • Tu ne vas pas pleurer pour quelques dollars. Considère cela comme une bonne action. Elle va nous rapporter des fruits et des légumes frais. Il va falloir que l'on fasse quelques provisions avant de partir. Encore faut-il connaître notre date de départ et si nous aurons des touristes pour ce voyage. Les flics sont passés nous faire un petit coucou.

Pierre s'arrête de disposer ses affaires dans la cabine et se relève brutalement.

  • Que veulent-ils ?

  • Rien de précis, juste nous saluer. Ils m'ont demandé quand tu serais là.

  • Bizarre ! Cela ne s'est jamais produit. Tu as vu avec le gardien ?

  • Il m'a répondu qu'il n'y a rien de spécial. Ils sont venus chercher un petit bakchich que je leur ai donné. C'est bientôt le carnaval et ils ont besoin d'argent. Il n'y pas de quoi s'inquiéter.

Pierre ne semble pas très convaincu et hoche la tête, dubitatif.

  • Ouais ! Espérons. Je les sens un peu inquiets ces derniers temps.

  • Qui donc ?

  • International Sea Transport. Leurs demandes manquent de précision. Ils ne nous ont fait jamais attendre ainsi au port. Leurs missions sont nettes et sans fioritures, date et lieu de départ et d'arrivée, nombre de voyageurs. En ce moment, c'est plus flou. Mais tu as sans doute raison, je suis inutilement inquiet.

  • Bon, des nouvelles de ta santé ? Que t'a dit le cardiologue ?

  • C'est reparti pour vingt ans encore.

  • Il ne t'a pas dit davantage ?

  • Bof ! Doucement sur l'alcool, les gros cigares cubains et les petites beautés tropicales. La norme à notre âge, quoi. C'est certainement la même chose pour toi. On va manger sur le port. Je rêve de poisson frais. Au fait, tu as raison, je me suis habitué aux voyages en classe Affaires. J'ai dormi comme un loir et me sens en pleine forme, sans souffrir du décalage horaire. Ce sont de bons employeurs, qui nous traitent très respectueusement.

  • Ils ont besoin de nous.

  • Et nous d'eux. Allez, on y va.




UNE GRAND-MÈRE REDOUTABLE

Un cadre géographique et social très différent.
Les grands parents aiment leurs petits enfants. Mais l'attachement de cette grand-mère à sa petite fille disparue l'entraîne dans une vengeance presque folle mais que l'amour peut comprendre. 


Le lendemain fut jour de grasse mâtinée. Attablés au bord de la mer et face à un copieux petit-déjeuner, nous décidâmes de visiter la ville, sa médina, un petit tour au port, avant de partir dans l’après-midi, vers le village natal de Fati. Son père m’avait recommandé d’éviter les routes de campagne, la nuit. Nous ferions donc une étape en fin de journée. Nous trouvâmes une petite auberge, un peu pompeusement nommée « Riad », tenu par un couple franco-marocain qui avait passé de nombreuses années en région parisienne avant de venir s’installer dans ce coin un peu perdu mais qui avait un certain charme. Une petite mosquée d’où cinq fois par jour, le muezzin appelait à la prière, jouxtait l'auberge.

— En fait, c’est un enregistrement, me confia l’aubergiste comme un secret. Mais ne dites rien à ma femme, je lui fais croire qu’il grimpe à chaque fois sur le minaret pour l’appel à la prière…Et je crois que ça la fait rêver. Ne la décevez pas !

Autour de la mosquée, quelques maisons en terre et quelques échoppes auxquelles menaient des chemins de terre.

— Heureusement, ou malheureusement, il n’a pas plu depuis bientôt quatre mois. Je dis heureusement parce que, avec la pluie, on a de la boue partout. Mais malheureusement, parce les cultures et les champs auraient bien besoin d’eau. Que peut-on faire sinon prier et espérer, ajouta notre hôtesse.

Si les chambres propres n’offraient qu’un confort sommaire, une ampoule centrale et des lampes à pétrole qui signifiaient que de temps en temps, l’électricité faisait défaut, des draps un peu rêches d’avoir séché sur les buissons au soleil, une couverture de laine pour les hivers qui pouvaient s’annoncer rigoureux, un petit meuble de bois brut pour poser nos valises et pas d’eau chaude, la cuisine était par contre sublime. La femme de notre hôte avait su avec génie mêler les saveurs de la cuisine marocaine, très riche, et toute la variété de la cuisine française de ses origines. Elle nous proposa en entrée une variété de salades, tomates, poivrons, citrons confits, olives parfumées. En plat principal, elle avait préparé un gigot d’agneau pour lequel elle avait mélangé les épices traditionnels comme la coriandre, le cumin, le ras el hanut (mélange d’épices) avec du safran et du thym, faisant mijoter pendant la cuisson des petites pommes de terre nouvelles qu’elle m’assura venir de son potager. J’en garde encore, des années après, un souvenir que je qualifierai de royal. Elle termina son repas en nous offrant une pastilla à la crème anglaise. Nous calâmes devant les cornes de gazelle proposées avec le thé à la menthe. Elle nous les enveloppa délicatement pour le lendemain.

Comme je la complimentais sur ses talents de cuisinière hors pair, son époux, avec un air de clown triste, me montra son ventre rebondi en affirmant :

— Quand je l’ai connu, on m’appelait le maigre ! Voyez ce que produisent trente années de mariage.

Il éclata de rire.

— Mais je n’en changerai pour rien au monde…Et pas uniquement pour sa cuisine, affirma-t-il en la prenant tendrement par les épaules, un geste rare dans sa tradition. Mais, comme il nous le répéta timidement: "Je l'aime"!

— Ma grand-mère m’a toujours dit qu’on gardait les hommes avec de bons petits plats ! C’est ce que j’ai fait, confirma son épouse en souriant de toutes ses rides.

La chaleur et la tendresse que diffusait ce couple hors normes étaient un vrai bonheur. Nous restâmes deux jours de plus dans cette étape improvisée, parcourant les petites pistes environnantes ou discutant avec nos hôtes. J’en conserve un souvenir ému et, quand nous partîmes, j’avais l’impression de laisser de vieux amis.

Notre prochaine étape nous mena au village de la famille Manri, là où Fati et tous les siens étaient nés et avaient vécu avant de traverser la mer pour s’installer en France. Abdellatif avait franchi le pas le premier, quand, dans les années soixante, les usines réclamaient à grand renfort de publicité de la main d’œuvre pour leurs chaînes de fabrication, leurs fonderies, leurs mines, leurs travaux publics. C’étaient des travaux durs que l’on proposait à ces hommes qui venaient la plupart du temps en célibataires des anciennes colonies françaises. Les conditions de vie qui les attendaient en France étaient difficiles. Logés dans des foyers surpeuplés ou dans des bidonvilles, c’est avec bonheur que certains découvrirent les premiers HLM, avec des constructions en dur, de l’eau courante, du chauffage et un confort comme ils n’en avaient jamais connu. Leur intégration se faisait mal en Europe, ils vivaient en communautés, envoyaient l’essentiel de l'argent durement gagné à leur famille et au village, retournaient  chez eux chaque année, tels des pères Noël du mois d'août, date de fermeture des usines, chargés de cadeaux et ne pensaient qu’au jour où ils auraient suffisamment d’argent pour retourner finir leur vie au pays.

Abdellatif avait fait partie des premiers émigrés du village. Il avait à peine dix-huit ans quand il décida de partir. Son père avait un petit lopin de terre insuffisant pour nourrir toute la famille, il était jeune, fort et se sentait le goût de l’aventure, car c’était vraiment une aventure que ces départs vers des pays inconnus, lointains (il fallait plusieurs jours de bateau), froids et avec qui les rapports restaient souvent très ambigus.



Je vous souhaite une bonne journée et de délicieuses lectures  !


  

lundi 21 août 2023

Un extrait de 

SORAYA

pour vous donner envie de le lire


 La vie est dure sans Grand-mère. Je m’ennuie alors que j’ai de plus en plus de travail à la maison. J’apprends à cuisiner, à coudre, mais aussi à ne plus parler, à ne plus sourire. Mon grand frère va à l’école, pas moi : je suis trop jeune, et surtout, je suis une fille. Ma belle-mère, qui ne sait ni lire ni écrire, ne voit pas l’utilité pour moi d’aller à l’école. Papa insiste bien, mais il n’a plus le soutien de sa mère pour résister et se réfugie dans le silence, restant aux champs le plus longtemps possible, y partant très tôt le matin, rentrant tard le soir. Mon frère me fait remarquer qu’il a recommencé à dormir dans le même lit que sa femme.

— Bientôt, elle va encore se retrouver enceinte. Cela va être encore le cirque, tu verras.

Moi, je pense que ce serait plutôt bien, un petit bébé dans la maison. La vie sera moins triste et tout pourra recommencer, un peu, même sans Grand-mère. J’ai toujours aimé les bébés.

— Tu ne comprends rien. Elle va essayer de se débarrasser de nous.

— Papa nous aime. Il nous défendra.

— Elle est plus maligne qu’il n’y paraît. Et papa est faible. Il recherche la paix et la tranquillité. Il a connu trop de malheurs et préfère laisser faire.

Je proteste vigoureusement.

— Papa nous aime, comme maman et Grand-mère nous aimaient. Il nous protègera et, j'en suis sûre, n’acceptera pas qu’elle nous fasse du mal.

—Il ne se rendra pas compte. Elle le persuadera d'agir pour notre bien.

Les prévisions pessimistes de mon frère vont très vite s’avérer réelles : notre belle-mère est enceinte. Dès le début de sa grossesse, elle nous avertit qu’elle doit se reposer, ce qui signifie qu’elle ne fait plus rien, passant la journée allongée, à nous donner des ordres. Parfois, elle empêche mon frère d’aller à l’école, prétextant qu’elle a besoin de lui à la maison. C’est avec beaucoup de mauvaise grâce qu’il se plie à ses ordres. Il s’en plaint à papa qui excuse sa femme et parfois l’envoie tout de même à l’école. Pour moi, pas de problème semblable puisque je ne vais pas à l’école. Je nettoie, je cuisine, je lave, je vais chercher l’eau, j’obéis. Elle est loin, l’insouciance de ma petite enfance, et je n’ai que huit ans !  Plus le ventre de ma belle-mère s’arrondit, plus elle devient autoritaire.

— Despotique, dit mon frère, qui a appris le mot dans son livre d’école. 

Il m’explique ce que cela signifie et je comprends vite le sens de ce mot que j’aurai l’occasion de subir si souvent durant ma vie. 

Alors que le terme de sa grossesse approche, elle commence à nous regarder bizarrement, c’est du moins l’impression que nous avons.

— Faisons attention, elle nous prépare quelque chose, m’avertit mon frère. Je le sens. Mais quoi ?

De longs conciliabules ont lieu avec sa mère et les femmes de sa famille qui se taisent quand nous approchons. Mon frère essaie d’en parler à mon père qui nous assure qu’il n’en est rien, que c’est simplement son état qui la rend irascible, qu’elle a encore le souvenir traumatisant de la mort des bébés. Il promet de se montrer vigilant et garantit qu’il nous aime et nous protégera dans toutes les circonstances.

Je surprends un jour, c’est à cette époque que j’ai appris à écouter aux portes, à m’approcher sans bruit, et là, j’entends l’expression « enfants porte-malheur ». Je comprends qu’il s’agit de nous. Toutes ces bonnes femmes superstitieuses sont persuadées que nous sommes responsables de la fausse-couche de notre belle-mère. Il est toujours tellement facile d’accuser les autres d’être responsables de nos malheurs ! Il faut qu’elle nous écarte avant la naissance du bébé. Elles réfléchissent toutes à la solution. Laquelle y a songé la première ? C’est maintenant sans importance. Toujours est-il que, quelques jours après cette conversation, notre belle-mère redevient aimable, nous sourit. Je révèle alors ma découverte à mon frère qui est aussitôt sur ses gardes.

— Méfions-nous, ça sent le coup fourré.

— Mais, non, elle va bientôt avoir son bébé, tout s’est bien passé jusqu’à présent. Elle est plus tranquille.

— Tu es vraiment trop naïve ! Une vraie gourde. J’espère que tu changeras un jour. Je te dis qu’elle va nous jouer un sale tour.

On y a réfléchi, mais jamais, au grand jamais, on a pensé à ce qu’elle nous a concocté.

Un matin, la voilà, à la fois souriante et embarrassée. Elle s’adresse à mon père :

— Je suis contente. Tout semble bien se passer cette fois-ci. Comme la naissance approche, ma famille va venir de la ville. Ils ont des enfants. Ce sera une compagnie pour les deux nôtres.

C’est bien la première fois qu’elle parle de nous ainsi. La proximité de sa propre maternité, peut-être! C'est ce à quoi papa a sans doute songé !

Mon frère et moi restons méfiants, mais nous sommes aussi très contents d’avoir de la visite. La maison est si triste. Et c’est avec un certain plaisir que nous voyons débarquer quelques jours après, d’une vieille camionnette, toute une smala d’adultes et d’enfants bruyants, qui ont les bras chargés de menus cadeaux, qui nous embrassent et nous complimentent et qui font éclater leurs rires et leur bonne humeur dans tout le village. Les enfants découvrent avec nous la campagne, les bois, les fermes, les animaux. Les filles partagent avec moi la corvée d’eau qui n’en est plus une, mais l’occasion de rire, de chanter, de jouer.

Le père est chauffeur de taxi, la mère s’occupe de la maison et de sa nombreuse nichée et fait des travaux de couture pour les gens. Leur vie paraît harmonieuse, ponctuée de cris et de rires, pleine d’une joie de vivre que nous avons oubliée. La mère prend la maison en main, qui résonne à nouveau de cris, qui embaume de bonnes odeurs de cuisine. La vie est revenue et papa apprécie les discussions avec le cousin, un homme actif, qui a voyagé et qui, de plus, accepte de l’aider aux champs. Volubile, il a toujours des histoires à raconter qui souvent se terminent par de grandes claques sur ses cuisses ou sur les épaules de son interlocuteur, accompagnées de rires sonores. Notre belle-mère se détend, comme rassurée. Toujours méfiant, tout en appréciant la présence de camarades de son âge, mon frère me tient en haleine.

— Je me demande où elle veut en venir. Il y a quelque chose qui va nous tomber sur la tête. 

Il a raison. Les jours passent, harmonieux en apparence. On attend l’arrivée du bébé. La cousine de la ville régit la maisonnée avec une certaine autorité. Elle a eu de nombreux enfants et a aidé de nombreuses femmes à accoucher. Elle fait nettoyer la pièce où le bébé doit naître, demande du linge propre et prépare de la tisane qu’elle fait boire à la future maman, pour la calmer, dit-elle. Mon père ne semble pas inquiet et continue à écouter les récits bruyants du cousin qui lui assure qu’une naissance est une affaire naturelle et féminine. Sa femme en a eu tant, sans problème !

En effet, le bébé naît, sans trop de problèmes, même si le travail a duré plusieurs heures. Il est très sage. Je le trouve mignon. Après tout il est mon petit frère. Les cousins parlent de repartir.


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BONNE LECTURE !

vendredi 4 août 2023

Maladies rares et invisibles

 La maladie est difficile à vivre, surtout quand il s'agit d'une maladie rare, que la plupart des généralistes ignorent et que la mienne qualifie de "psychosomatique", me taxant presque d'hypocondriaque. Mes très nombreuses hospitalisations et mon suivi par un centre très spécialisé ne lui semblent pas convaincants ! J'ai même eu un médecin qui m'a "accusée" d'être, avec les nombreux examens effectués à l’hôpital, responsable, avec des gens comme moi, des problèmes financiers de la sécurité sociale... Il est vrai qu'une opération de l’hypophyse et des traitements permanents depuis plus de dix-huit ans ne sont effectués que pour le plaisir !

Une maladie rare et inconnue qui ne se voit pas, n'est pas, pour bien des gens, une "vraie"maladie, surtout quand, en plus, elle fait grossir ! 

"Fais donc un régime!!! Bouge-toi !!!"

 Que n'ai-je entendu ? J'ai laissé tomber l'explication, je vis avec ma maladie (tiens, je me l'approprie!), ses symptômes, la fatigue permanente, les douleurs et la dépression, sans parler des kilos... Je sais que c'est une maladie qui ne se guérit pas, elle peut rester sous-jacente, se "cacher" quelque temps, et puis elle ressurgit, triomphante, avec ses déformations physiques, ses troubles tant physiques  que psychologiques, sa fatigue , ses douleurs ...

J'ai souvent envie de mettre un point final à tout cela.

Cette maladie s'appelle la maladie de Cushing, à laquelle s'ajoute, depuis peu, à la suite de la prise d'un médicament destiné à essayer de la combattre, une insuffisance surrénalienne.

Les deux conjuguées, c'est difficile. Et si j'arrêtais tout, me délivrant et délivrant mon entourage... 

vendredi 2 décembre 2022





NONNA DES SOURCES

Pour ceux qui habitent dans l'Orne, près de L'Aigle, j'aurai le plaisir de vous retrouver le samedi 3

 décembre au centre culturel Leclerc de L'Aigle pour vous présenter mon livre qui a gagné un prix

 littéraire au Salon du Livre de Buzet sur Baïze .

NONNA DES SOURCES

Je le vous dédicacerai, nous pourrons en discuter.

Quelques images et documents pour vous donner envie de le lire et de vous évader !!!





 

mercredi 26 octobre 2022

 BIZARRE  ?



Elle avance en se dépêchant, avec cette satanée pluie qui lui donne l'impression d'être transpercée jusqu'aux os. Elle n'a pas de parapluie, comme d'habitude. Elle les perd tout le temps, ou ils se cassent. Elle trouve ça tellement gênant pour se déplacer  ! On accroche les gens, ou les autres parapluies, il faut soulever le parapluie ou le mettre de côté, s'excuser quand on heurte les passants.Encore que sa grande taille lui permette de passer plus facilement que les petites mamies et leurs ombrelles dont on a l'impression parfois qu'elles comptent s'en servir comme d'une arme. 

Ce matin, redoutant la pluie et écoutant les prévisions météorologiques qui pour une fois ne se sont pas trompées, elle s'est prudemment vêtue d'un long ciré rouge qui, avec sa capuche, la protège tant bien que mal. Il n'empêche que la pluie est si dense qu'elle semble s'immiscer même sous le vêtement imperméable. 

Il lui tarde de retrouver la chaleur et l'intimité de son appartement. Elle n'a pas de courses à faire, son réfrigérateur et son congélateur sont bien pourvus de toutes sortes de denrées qu'elle aime. Elle s'imagine déjà sous une douche chaude, puis confortablement installée dans son canapé de cuir,  son plateau de sushis et de fruits sur la table basse, hésitant entre regarder un film à la télévision ou se plonger dans sa liseuse pour y choisir un bon livre. Elle vient de terminer une étude sur le bouddhisme contemporain et a bien envie de se choisir un bon polar. Elle y pense tout en luttant contre l'eau qui inonde son visage. 

— Je me demande si mon maquillage waterproof a résisté. C'est une façon de le tester  !

Plus que deux ou trois cents mètres. Le porche de son confortable immeuble est en vue, enfin. Il y a un mois qu'elle a arrêté de fumer. Ce soir, va - t - elle avoir le courage de poursuivre ou va - t - elle, comme elle l'a fait pendant des années, allumer une cigarette, après avoir ôté son imperméable et ses bottes  ? Il faut qu'elle tienne, même si l'envie de fumer est très forte après une journée comme celle-là. Elle se promet un voyage au bout d'un trimestre d'abstinence sans tabac. Au bureau, sa secrétaire assure qu'elle a un teint beaucoup plus clair. Elle essaie une ou deux fois par semaine de nager une vingtaine de longueurs de bassin dans la piscine de son club sportif où son coach lui affirme, entre deux séances d'abdo-fessiers, qu'elle n'a pas “vraiment grossi”   après son sevrage tabagique . C'est le “vraiment” qui la gêne un peu  ! 

Enfin arrivée devant la porte. Le code, un clic, le lourd portail s'ouvre. Elle enjambe la marche en bois qui marque le coffrage du système de fermeture et se retrouve sous le porche, protégée des intempéries. Elle marque un arrêt devant les boîtes aux lettres. Quelques pubs, un petit mot de la concierge lui signifiant qu'elle a déposé un colis chez elle. Quelle commande a - t - elle faite, récemment  ? Elle ne se souvient pas. Elle verra bien. Elle regarde distraitement la végétation de la cour de l'immeuble, soigneusement entretenue par le syndic, hume en passant le bosquet dégoulinant de lavande et de romarin, traverse rapidement le jardin qui constitue un luxe en plein centre-ville et pénètre dans le hall de l'immeuble. Elle hésite, ascenseur ou escaliers, comme le conseillent toutes les revues féminines et son coach  ? Elle considère qu'elle a fait suffisamment d'exercices pour pouvoir emprunter l'ascenseur. Quatre étages plus haut, elle foule l'épaisse moquette beige qui conduit à son appartement et s'arrête devant la porte. Elle fouille dans son sac à la recherche de ses clés. Deux tours dans la serrure trois points et elle pousse la porte blindée dont sont équipés tous les logements.

À peine entrée, elle s'arrête. Claire a peut-être des problèmes de myopie, bien que corrigés par une opération ophtalmique, elle craint et est très attentive aux troubles de l'audition dont souffrent de nombreux membres de sa famille, mais elle a un sens olfactif extrêmement développé. Chaque endroit, en particulier chaque maison, a son odeur, à laquelle on s'habitue et à laquelle peu de gens sont sensibles. Mais Claire sent le monde. Il y a, dès l'entrée, une odeur anormale. Une deuxième respiration lui fait reconnaître l'odeur entêtante du gaz, associée à un autre parfum, plus subtil, qui lui échappe. Elle réagit aussitôt  : ne pas allumer pour ne pas risquer une étincelle. Elle se dirige dans l'obscurité dans son logement qu'elle connait bien vers la terrasse pour en ouvrir la baie. Un pouf de cuir a été déplacé, ainsi qu'une petite table qu'elle heurte. Elle parvient tout de même au balcon dont elle ouvre en grand la porte coulissante. Une bouffée d'air frais et de pluie s'engouffre dans le salon, tandis que Claire reste quelques minutes dehors à inspirer l'air humide et pollué de la ville, mais infiniment moins dangereux que le gaz. Elle bénit son idée récente d'arrêter la cigarette et n'ose imaginer ce qui se serait produit si elle était entrée en fumant, comme cela lui est arrivé si souvent.

Elle se dirige ensuite vers sa chambre où l'odeur est moins violente mais ouvre cependant la porte qui donne sur une petite véranda. Elle termine son inspection par le bureau qu'elle aère en levant le store resté fermé depuis le matin. 





mercredi 14 septembre 2022

Une rose pour accompagner votre lecture

 EXTRAIT DE 

NONNA DES SOURCES

classé dans les meilleures ventes chez Leclerc,

Une famille recomposée, atypique mais qui partage rires et tendresse, et qui va servir de soutien affectif à Maria, Tonio, Paolo et Luisa qui, tout en gardant son objectivité pour les évaluer, ne les abandonnera jamais. Andy est la figure paternelle, de référence, le roc à qui ils se confient, qui connaît leur fragilité et qui les aime comme ils sont, se plaît – il à le préciser.
La guerre qui endeuille l'Europe ne semble pas les concerner, sauf, quand Ézéchiel, à peine âgé d'une vingtaine d'années, annonce à sa mère qu'il s'engage dans l'armée des États – Unis dont il a la nationalité par son père.Luisa est désespérée, l'histoire va – t – elle se répéter ? Non, ce n'est pas possible!Elle fait tout pour le dissuader, il est trop jeune, elle est seule, l'Europe est loin, ce conflit ne les concerne pas, il peut aider les belligérants en recueillant des réfugiés, il y en a beaucoup en Argentine. Ils viennent d'Allemagne, font escale à Buenos Aires pour s'y installer ou pour partir ailleurs,mais apprécieront son aide. Andy peut l'aider à les recevoir. Ézéchiel ne veut rien savoir. Il s'est documenté auprès de l'ambassade des États – Unis et veut rejoindre l'armée américaine. Il a été horrifié par Pearl Harbour et se sent autant argentin qu’étasunien. Comme son père dont il a fait un héros, il veut défendre sa patrie et la liberté. Ni Luisa ni Andy ne parviennent à le faire changer d'avis. Laissant sa mère et ses grands – parents en larmes sur le quai du port de Buenos Aires, il s'embarque pour les États – Unis où il va rejoindre ses grands – parents paternels qu'il ne connaît qu'épistolairement et qui sont ravis de l'accueillir. De là, il s'engagera et s'embarquera pour l'Europe sur un de ses

nombreux Liberty Ship qui depuis 1943 partent pour l’Europe. Tonio essaie de le raisonner en lui expliquant que l'Italie, leur patrie d'origine, est engagée dans la guerre et qu'il ne faudrait pas qu'il se retrouve à combattre ses cousins.Rien n'y fait ! Aussi tête brûlée que son père et engagé dans ce qu'il nomme la défense de la liberté et de la démocratie, il part. Luisa a un très mauvais pressentiment. Elle va jusqu'à consulter des machis, chamanes traditionnels d'Argentine. De nombreux escrocs, attirés par la fortune de la famille Prietti, se précipitent, prêts à déclamer ce qu'elle veut entendre. L'un d'entre eux, Jeronimo, la regarde et la prend dans ses bras en la serrant affectueusement sans rien dire, avant de s'éloigner. Luisa comprend que l'avenir lui réserve bien des drames. Elle inonde les églises de la ville d'aumônes, de prières, entreprend des pèlerinages,va jusqu'à solliciter le rabbin de la grande synagogue Or Torah récemment ouverte et dont le style oriental lui rappelle les églises d'origine byzantine qu'elle a visitées en Italie.

Ézéchiel embarque, elle reste dans l'attente de courriers, et dans la crainte du télégramme, comme pour Harry. Ézéchiel est heureux de lui annoncer son départ pour l'Europe. Elle suit comme elle le peut la progression des soldats américains , n'hésitant pas à faire appel à toutes ses connaissances pour se tenir au courant. Il participe à l'opération Husky de débarquement en Sicile et en Italie. Sur la terre de ses ancêtres, il ne peut rien lui arriver. Les oncles eux – mêmes réussissent à lui fournir des renseignements par l'intermédiaires de

« collègues » qui aident et profitent des américains.Les combats se poursuivent et Lucia pense que la guerre est bientôt terminée et qu'elle va retrouver son fils.



Bonne lecture et de doux moments, dont nous avons bien besoin !!!